- Yves Hélory de Kermartin
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Saint Yves
Les reliques de saint Yves et de saint Tugdual sortant de la cathédrale de Tréguier.Naissance 17 octobre 1253
manoir de Kermartin à Minihy-TréguierDécès 19 mai 1303 (à 53 ans)
TrégorVénéré à Tréguier où a lieu un célèbre Pardon tous les ans le 19 mai Canonisation 1347
par Clément VIVénéré par l'Église catholique romaine Fête 19 mai Attributs On le représente généralement avec une bourse dans une main, pour signifier tout l'argent qu'il a donné aux pauvres dans sa vie, et un parchemin dans l'autre, qui rappelle sa charge de juge ecclésiastique. Il est également souvent figuré entre un homme riche et un homme pauvre. Saint patron Il est le saint patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment celle des avocats. Il est aussi l'un des deux saints patrons de la Bretagne. Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint modifier Saint Yves Hélory de Kermartin, Yves de Tréguier ou simplement saint Yves dans la tradition catholique, est né vers 1250 et mort en 1303. En breton, il est appelé sant Erwan dans le Trégor, Iwan, Youenn ou Eozen dans d'autres régions. Prêtre et official[1] du diocèse de Tréguier, il a consacré sa vie à la justice et aux pauvres. L'Église catholique l'a reconnu saint et le fête le 19 mai. Il est le saint patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment celle d’avocat. Il est également saint patron de la Bretagne. Sa fête tend de plus en plus à être considéré comme la fête de la Bretagne.
Nous n’avons aucune Vie de saint Yves écrite par ses contemporains, mais seulement la procédure faite en 1330 pour parvenir à sa canonisation. Après sa canonisation, plusieurs récits de sa vie ont été écrits en français, en latin, en breton, en italien.
Sommaire
Biographie
Yves Hélory (ou Héloury) est né au milieu du XIIIe siècle, probablement le 17 octobre 1253, dans une famille noble au manoir de Kermartin sur la paroisse de Minihy-Tréguier. À l'âge d'environ 14 ans, il part étudier à Paris, accompagné de son précepteur Jean de Kergoz (Kerc'hoz). Il y fait ses humanités, suivant des cours de théologie probablement à la Sorbonne. Ces premières études achevées, il étudie le droit à l'université d'Orléans dont la faculté est réputée à travers toute l'Europe à cette époque. Déjà, il se fait remarquer par sa vie de privation en faveur des pauvres. Ses études achevées, il revient travailler en Bretagne à Rennes dans un premier temps, où il devient conseiller juridique du diocèse. L'évêque de Tréguier remarque ses talents et le presse de revenir à Tréguier. En 1284, l'évêque de Tréguier le nomme official, l'ordonne prêtre et lui confie successivement les paroisses de Trédrez et de Louannec, proches des terres de son enfance.
Yves étonne ses paroissiens en prêchant en breton, alors que ses prédécesseurs le faisaient en latin, rendant ainsi accessible au peuple la compréhension de l'Évangile et de son message. Il se déplace beaucoup à pieds dans la région de Tréguier, est vu plusieurs fois dans la même journée à des lieux différents et de bonne distance. Les gens l'apprécient pour sa façon de rendre la justice, il est réputé pour son sens de l'équité qui lui interdit de privilégier le riche sur le pauvre. L'enquête de canonisation nous fournit un certain nombre de témoignages sur ce que fut sa vie et la manière dont les gens le percevaient. Ceux qui l'ont connu témoignent, ceux qu'il a guéris racontent[2]. Un certain nombre de faits sont ainsi rapportés sur la manière dont Yves Hélory rendait justice. Ainsi à Rennes, doit-il traiter une affaire opposant un aubergiste à un mendiant. Ce dernier est accusé par le premier d'avoir été pris à rôder autour des cuisines; comme l'aubergiste ne peut l'accuser d'avoir volé de la nourriture, il l'accuse de se nourrir des odeurs de sa cuisine… Le jugement a dû en étonner plus d'un ! Yves Hélory prend quelques pièces dans sa bourse et les jette sur la table devant lui ; l'aubergiste tend la main pour les prendre mais saint Yves retient sa main. L'aubergiste s'exclame : « c'est à moi » Yves lui répond « ah non ! le son paye l'odeur, à cet homme l'odeur de ta cuisine, à toi le son de ces pièces ! ». En arrière-fond de ce petit épisode plutôt amusant, saint Yves sera reconnu par les démunis comme l'avocat qui fait justice aux pauvres et ne tient pas compte de la condition sociale. C'est ainsi qu'autrefois dans un vieux cantique populaire, on le fêtait en chantant « Sanctus Yvo erat brito; advocatus sed non latro, res mirabilis populo », « Saint Yves était breton, avocat mais pas voleur, chose admirable pour le peuple ! ».
Son attachement aux pauvres et au soulagement de leur misère est de notoriété publique. Il a dû bien scandaliser sur le moment ces deux femmes qui bavardaient près de l'Hôtel-Dieu à Tréguier. Elles rapporteront le fait au procès de canonisation : entré environ une heure plus tôt dans l'hospice, Yves en sort à moitié nu et passe devant elles en courant vers Minihy où se trouve son manoir. Les femmes se demandent ce qui a bien pu se passer, elles entrent dans l'Hôtel-Dieu et remarquent qu'un malade porte telle pièce des vêtements d'Yves, un autre telle autre, etc.
On lui prête également des miracles, comme celui d'avoir sauvé des gens de la noyade. Après une vie d'ascèse, de prière et de partage, mangeant très peu et vivant très pauvrement en distribuant ce qu'il a (il ne mangeait que deux œufs le jour de Pâques et tenait table ouverte pour les pauvres en son manoir), Yves Hélory s'éteint le 19 mai 1303. Ses obsèques à la Cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier où est érigé son mausolée, sont l'objet d'un faste et d'une ferveur populaire extraordinaire ; pour tous, il devient le « mirouër[3] des ecclésiastiques, avocat et père des pauvres, veuves et orphelins ».
Vénération et iconographie
Moins de 50 ans après sa mort, en 1347, le pape Clément VI lui accorde la sainteté. Son culte s'est répandu dans toute l'Europe, jusqu'à Rome où deux églises lui sont dédiées. En effet, dès la première moitié du XVe siècle, Mgr Alain de Coetivy obtint du pape Nicolas V la concession d'une église bâtie probablement au XIIe siècle et placée alors sous le patronage de saint André. Par bulle du 16 septembre 1455, Calixte III, successeur de Nicolas V, ratifiait cette décision. Cette vieille église (probablement dans le style de Santa Maria in Cosmedine à Rome) fut détruite en 1875 pour cause de vétusté et reconstruite dans le même temps plus petite dans un style néo-renaissance florentine. Un tympan en terre cuite vernissée surmonte la porte d'entrée principale et représente au centre une Vierge à l'Enfant, à sa droite saint Yves et à sa gauche saint Bernard. L'ancienne église conservait de nombreuses pierres tombales de bretons décédés à Rome et enterrés dans l'église. Elles ornent aujourd'hui le cloître de Saint-Louis-des-Français à Rome[4]. La façade a été restaurée pour l'année 2003, année du septième centenaire de la mort du saint. Cette petite église dite « Saint-Yves-des-Bretons » (Sant'Ivo dei Bretoni), située au n° 8 Vicolo della Campana se visite sur demande auprès du recteur de Saint-Louis-des-Français. Le 19 mai, chaque année, une messe en français y est célébrée en l'honneur de saint Yves. La seconde église dédiée au saint s'appelle Sant'Ivo alla Sapienza. Église originale en particulier par la tour qui la surmonte représentant la tour de Babel. Elle fut construite entre 1642 et 1660 par Borromini dans l'enceinte du Palazzo della Sapienza abritant alors le Studio Romano qui devint ensuite l'université de Rome (jusqu'en 1935). À l'intérieur de l'église, se trouve un retable représentant saint Yves commencé par Pierre de Cortone (1596-1669) et achevé par un ou plusieurs de ses élèves. D'autres églises furent consacrées à saint Yves à travers l'Europe : en Espagne, en Allemagne, et aux Pays-Bas.
Son culte est resté particulièrement vivace en Bretagne: les chapelles qui lui sont dédiées, les statues le représentant sont innombrables ; les récits hagiographiques également comme, à titre d'exemple, celui-ci :
- Quand les Bretons voyaient passer dans la campagne
- Saint Yves revêtu de son grand manteau blanc
- Ils se disaient que Dieu l'avait mis en Bretagne
- Pour défendre des grands les faibles, les petits.
- À son nom s'éveillaient, sur leurs couches funèbres
- Des enfants dont les mères avaient fermé les yeux
- Les marins l'invoquaient au milieu des ténèbres,
- Et leurs barques passaient les brisants périlleux[5].
Il est le saint patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment celle des avocats. Chaque 19 mai, à Tréguier (Côtes d'Armor), lors de la Fête de la Saint-Yves une délégation de ces professions accompagne le pardon à saint Yves qui est une des grandes fêtes religieuses bretonnes, au même titre que le pardon de Sainte-Anne-d'Auray.
On le représente généralement avec une bourse dans une main, pour signifier tout l'argent qu'il a donné aux pauvres dans sa vie, et un parchemin dans l'autre, qui rappelle sa charge de juge ecclésiastique. Il est également souvent figuré entre un homme riche et un homme pauvre.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Christophe Cassard, Saint Yves de Tréguier, P., Beauchesne, 1992
- Jean-Christophe Cassard, Jacques Dervilly et Daniel Giraudon, Les Chemins de saint Yves, Morlaix, éd. Skol Vreizh, 1994,
- Sous la direction de J.-C. Cassard et Georges Provost, Saint Yves et les Bretons. Culte, images, mémoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, 368 pp (actes du colloque organisé à Tréguier du 18 au 20 septembre 2003).
- René Couffon, La Confrérie de Saint-Yves à Paris et sa chapelle, Saint-Brieuc, Presses bretonnes, 1933
- abbé François Falc'hun, Les noms bretons de saint Yves ; Rennes, Imprim. Oberthur (tiré à part des Annales de Bretagne), 1943, 18pp (Yves voudrait donc dire "fils d'Esus", "de la race d'Esus", et nous aurions là un nom gaulois réintroduit en France par les Bretons émigrés de Grande-Bretagne. C'est la mythologie celtique qui aurait fourni son nom au saint le plus populaire de la Bretagne armoricaine).
- abbé France, Saint Yves, étude sur sa vie & son temps, Saint-Brieuc, Prud’homme, 1893
- Pierre de La Haye, Saint Yves de Tréguier, Éditions d’art Jos Le Doaré, 1973
- Jean-Paul Le Guillou, Saint Yves, ceux qui l’ont connu témoignent, ceux qu’il a guéris racontent. Enquête de canonisation, Imprimerie Henry, 1989
- M. Th. Le Moign-Klipffel, Saint Yves, St-Brieuc, Presses bretonnes, 1939
- Alexandre Masseron, Saint Yves, P., éd. Henri Laurens
- abbé Louis Mahé, Saint Yves, son pardon à Tréguier, St-Brieuc, éd. L. Aubert, 1941
- abbé Louis Mahé, Monsieur Saint Yves. Sa vie, ses miracles, ses triomphes ; Saint-Brieuc, Prud'homme, 1949.
- Henri Poisson, La vie de saint Yves, Rennes, Éditions Ouest-France, 2003 (ISBN 2-73733-331-8)
- Henri Queffélec, Saint Yves, P., Ramsay, 1987 (réédition Éditions de la Seine, 1991).
- Marie-Paule Salonne, Saint Yves, patron des avocats, avocat des opprimés, Éditions franciscaines, Paris, 1945
- François Semur, Yves de Kermartin, magistrat et avocat du XIIIe siècle, Éditions Jos Le Doaré, 1983
- Dans les pas de Saint-Yves, collection Le Trégor, Éditions Impram, 1989
- Conseil général des Côtes-d’Armor, D’Yves Hélory à saint Yves, Éditions Lieux communs, 2003
- Michel Carrouges, Saint Yves, avocat des pauvres, Mai 2010, - 34 pages, Éditions Le Cerf .- Collection « Albums Fêtes & Saisons»
Liens externes
Notes et références
- Official = juge ecclésiastique du diocèse,
- Enquête de canonisation, traduit par Jean-Paul Le Guillou, édité à l'Imprimerie Henry, Pédernec (22) en 1989, réédité en 2003
- modèle
- XIXe siècle : la reconstruction de Saint-Yves-des-Bretons. François de LEPINAY, Architecture religieuse à Rome à la fin du
- Extrait d'un chant écrit par Joseph Rousse pour l'inauguration du nouveau tombeau de saint Yves dans la cathédrale de Tréguier
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