- Yuhi V du Ruanda
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Yuhi V du Ruanda
Rwanda
Cet article fait partie de la série sur la
politique du Rwanda,
sous-série sur la politique.Portail politique - Portail national Yuhi V (mort en exil à Moba, Congo Belge, en 1944), de son vrai nom Musinga, fut l'un des derniers souverains du royaume du Ruanda. Devenu mwami (roi, en kinyarwanda) après l'assassinat de son demi-frère Rutalindwa en 1896, il favorisa les échanges avec les colonisateurs allemands mais se heurta à l'administration coloniale belge lorsque celle-ci reçut mandat de la SDN à l'issue de la défaite allemande durant la première guerre mondiale.
Privant peu à peu le mwami de ses prérogatives, cherchant à imposer la religion catholique à la cour de Nyanza, les Belges finirent par déposer le roi le 12 novembre 1931 sous l'accusation d' « égoïsme et de lubricité »[1].
Déporté au Congo Belge voisin le 14 novembre, le roi finira ses jours à Moba, tandis que son fils Charles Rudahigwa est intronisé mwami du Ruanda le 16 novembre 1931.
À la mort du roi Kigeri IV en 1895, les abirus (conseillers royaux) choisirent tout naturellement son fils Rutalindwa pour lui succéder, comme le voulait la coutume. Intronisé sous le nom de Mibambwe IV, il ne règna cependant que quelques mois et fut assassiné par sa belle-mère Kanjogera, laquelle intriguait pour mettre son propre fils sur le trône. C'est précisément ce qu'il advint : le jeune fils de Kanjogera, Musinga, monta sur le trône du Ruanda en 1896 sous le nom de Yuhi V[2].
Deux ans après son accession au trône, le mwami fut confronté aux premières incursions allemandes dans la région des grands lacs. En 1898, un établissement allemand est installé à Ishangi, sur le Kivu. Contre toute attente, les relations entre colons et gouvernement royal apparaissent comme dépourvues d'animosité. Le résident allemand Richard Kandt s'installe à Kigali, tandis que la cour, autrefois itinérante, se fixe à Nyanza[2]. Si l'économie est contrôlée par les colons, ceux-ci se gardent bien d'intervenir dans les affaires de la famille royale et du gouvernement. Roi de droit divin, considéré comme investi de pouvoirs magico-religieux par ses sujets[3], Yuhi V se heurte cependant aux premiers missionnaires, choqués les rites et par les traditions rwandaises qu'ils voient comme des « pratiques païennes ». Les querelles récurrentes entre les premiers Pères Blancs et le mwami sont cependant tempérées par le pouvoir colonial allemand, désireux de préserver le principe d'administration indirecte garantissant la paix civile.
La défaite des allemands lors de la première guerre mondiale n'a pas uniquement des répercussions sur le sol européen (division des anciens empires, création de nouveaux états) mais également dans les colonies. Les possessions allemandes sont saisies et confiées à des mandataires choisis parmi les vainqueurs. Les belges se voient confiés le Ruanda-Urundi au titre de réparation de guerre en 1919[1].
Si la SDN stipule que le mandat belge doit être basé sur « une mission de civilisation basée sur un système d'administration indirecte »[1], les nouvelles autorités coloniales ne se privent pas de s'immiscer dans les affaires du royaume, rognant de plus en plus sur les prérogatives du mwami. Le résident belge favorise les ordres missionnaires, lesquels s'opposent à ce qu'ils voient comme du paganisme et cherchent à anéantir les anciennes croyances et coutumes, qualifiées de « supersitions ». Les fils du roi eux-mêmes sont instruits dans les écoles des Pères Blancs, où plusieurs d'entre-eux se convertissent à la fois nouvelle (ainsi notamment de Rudahigwa, le futur Mutara III). Un vicariat apostolique est créé en 1922 à Kigali, dont la charge est confiée à Mgr Léon Classe[1].
Au fil des ans, l'église catholique imprime son empreinte dans le pays. Des pressions sont exercées sur le mwami pour qu'il se convertisse, ce qu'il refuse de faire. Le 12 novembre 1931, un coup d'état organisé par le résident du Ruanda, par le vice-gouverneur du Ruanda-Urundi et par le vicaire apostolique Léon Classe mène à la déposition du roi et à la mise sur le trône de l'un de ses fils, Charles Rudahigwa. Deux jours plus tard, l'ancien mwami est exilé à Moba, au Congo Belge, où il meurt le 13 janvier 1944[1].
Notes et références
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Catégorie : Personnalité politique rwandaise
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