Yann Piat

Yann Piat
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Yann Piat

Parlementaire française
Date de naissance 12 juin 1949
Date de décès 25 février 1994
Mandat Député 1986-1994
Circonscription Troisième circonscription du Var
Groupe parlementaire FN (1986-1988)
Non-inscrite (1988)
UDF (1988-1994)
Ve République

Yann Piat, née le 12 juin 1949 à Saïgon (Viêt Nam) et assassinée le 25 février 1994 à Hyères (Var), est une femme politique française, membre du Front national, puis de l'UDF.

Sommaire

Biographie

Enfance

Yannick Marie naît à Saïgon pendant la Guerre d'Indochine, de père inconnu et de mère auxiliaire féminin de l'Armée de terre, qui est ensuite envoyée en Algérie où elle milite à l'OAS et est incarcérée. Élevée loin de sa mère à Saint-Raphaël, elle se marie ensuite à un officier marinier, puis à un pilote d'essai, conservant le nom de ce dernier, Piat[1].

Carrière politique

Filleule de Jean-Marie Le Pen, elle adhère au Front national. Avec le soutien du leader frontiste, elle devient secrétaire départementale du parti dans les Landes, puis, revenue dans son département d'origine, est élue députée du Var en 1986. Seule parlementaire du FN réélue en 1988, elle s'écarte peu à peu de son parrain jusqu'à être exclue du parti et se rapproche de l'UDF, tout en conservant son discours dénonçant la collusion entre la classe politique locale et le milieu mafieux.

Pressentie pour intégrer la liste UDF-RPR pour les élections régionales de mars 1992, elle en est finalement écartée, ce qui l'entraîne à réfléchir à la constitution d'une liste dissidente. En échange de l'abandon de cette ambition régionale, elle se serait assurée, selon Hervé Gattegno, l'investiture de la droite pour les législatives de 1993[2]. Ainsi réélue députée UDF du Var en 1993, elle reste toutefois isolée de l'UDF varoise de Maurice Arreckx et des hommes forts locaux, tels Jean-Claude Gaudin et François Léotard, et brigue la mairie d'Hyères pour les élections municipales françaises de 1995[1].

L'Affaire Yann Piat

Assassinat

Le 25 février 1994, elle est assassinée par deux hommes à moto alors qu'elle rejoint son domicile en voiture, au débouché d'un lacet sur la route panoramique du Mont des Oiseaux. À cette époque Hyères était surnommée « Hyères-les-Bombes » pour ses nombreux attentats, incendies et règlements de compte dans un contexte de spéculations affairistes pour le contrôle de l'économie locale. Une partie de la classe politique locale entretenait d'ailleurs des rapports ambivalents avec le milieu.

Piste politique

Aussitôt, l'« affaire Yann Piat » suscite en France une vive émotion, et on lui suppose une origine politique. Les suspicions sont alimentées par la révélation dans la presse écrite de lettres[3] et de rapports récents de la députée, concernant des liens entre des élus du Parti républicain et la mafia varoise[4], ainsi que par la découverte d'une lettre écrite par Yann Piat deux ans auparavant, alors qu'elle venait d'être écartée de la liste de droite pour les régionales, et dans laquelle elle met en cause en cas de mort suspecte, cinq hommes dont Maurice Arreckx, Bernard Tapie et le parrain Jean-Louis Fargette abattu entre-temps[2].

Piste mafieuse

Puis, l'enquête s'oriente vers le meurtre mafieux, la police recueillant les aveux des tueurs Marco di Caro et Lucien Ferri arrêtés en juin 1994, et suspectant le commanditaire comme étant Gérard Finale le patron du bar Le Macama (situé sur le port de plaisance de Hyères), dont l'ambition était de devenir un des parrains de la pègre du Var[1] et qui aurait vu en Yann Piat, un obstacle dans cette ascension, la créditant de plus de poids qu'elle n'en avait.

Polémiques

Cependant, en octobre 1997, les journalistes d'investigation André Rougeot et Jean-Michel Verne relancent la piste du complot politique avec L'Affaire Yann Piat : Des assassins au cœur du pouvoir, dans lequel ils affirment que la députée a été assassinée parce qu’elle en savait trop sur les affaires immobilières impliquant des hommes politiques et le grand banditisme varois. Ils citent les propos d'un « général », présenté comme un ancien de la Direction du renseignement militaire, qui font de François Léotard et Jean-Claude Gaudin, surnommés « Trottinette » et « Encornet », les commanditaires du meurtre. Ceux-ci portent plainte et entament une action en référé pour supprimer les passages du livre jugés diffamatoires. Incapables d'apporter la preuve de leurs accusations, les journalistes sont condamnés avec leur éditeur à verser 230 000 euros d'amende, et leur livre est retiré de la vente[5]. En réponse, Léotard écrit Pour l'honneur. Quelques mois plus tard, André Rougeot est écarté de la rédaction du Canard enchaîné[6].

Selon Claude Ardid, il y aurait eu, outre la bande du bar Le Macama, une seconde équipe, chargée de finir le travail. Pour lui, cela s'explique par le fait que Yann Piat voulait s'opposer à l'agrandissement de l'aéroport de Toulon-Hyères ainsi qu'à des projets immobiliers. Elle entendait, selon lui, en se présentant à la mairie de Hyères, mettre fin aux liens entre le milieu maffieux et le milieu politique.

Procès

Le 4 mai 1998, se tient le procès de Gérard Finale, de deux comparses et des meurtriers de Yann Piat devant la cour d'assises du Var. Le président du tribunal interroge Lucien Ferri :

« Le Président : comment la préparation s'est-elle déroulée ?
Ferri : Il y a eu des réunions préparatoires avec les commanditaires, j'étais présent mais seul.
Le Président : Qui sont ces commanditaires ?
Ferri : Je ne peux pas vous le dire.
Le Président : S'agissait-il d'hommes politiques ou de voyous ?
Ferri : Les deux.
Le Président : Y avait-il des personnalités politiques ?
Ferri : Oui.
le Président : Ces politiques sont-il si puissants que vous les redoutiez ?
Ferri : Ma foi oui, autrement je vous dirais leurs noms[7]. »

Après six heures de délibération, il aboutit le 16 juin à la condamnation de Gérard Finale[8], et du tireur, Lucien Ferri, à la réclusion criminelle à perpétuité, des deux comparses à 15 et 13 ans de prison. Le conducteur de la moto, Marco Di Caro, est condamné à vingt ans de réclusion[5].

Synthèse des mandats

Notes et références

  1. a, b et c François Caviglioli, « Yann Piat : la femme aux deux visages », Le Nouvel Observateur no 2022, semaine du 6 août 2003.
  2. a et b Hervé Gattegno, « L'autre énigme de l'affaire Yann Piat », Le Nouvel Observateur no 1532, semaine du 17 mars 1994.
  3. Pierre Barbancey, « Les assassins de Yann Piat avaient des complices », L'Humanité, 7 mars 1994.
  4. Élisabeth Schemla, « Yann Piat : le rapport qui accuse », Le Nouvel Observateur no 1530, semaine du 3 mars 1994.
  5. a et b Bénédicte Charles, « Affaire Yann Piat : le «complot» Encornet et Trotinette », marianne2.fr, 5 juillet 2008.
  6. Pierre Péan et Philippe Cohen, La Face cachée du Monde : du contre-pouvoir aux abus de pouvoir, éditions Mille et une nuits, Paris, 2003 (ISBN 2-84205-756-2).
  7. Christian English, Frédéric Thibaud, affaires non classées, First éditions 2004, p.266
  8. Le commanditaire de l'assassinat décède à l'âge de 65 ans dans un hôpital de Toulouse dans la nuit du mercredi 12 au jeudi 13 mai 2010 alors qu'il purgeait sa peine à la centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées)[1]

Annexes

Bibliographie

Vidéographie

  • « Yann Piat, le mystère de la députée assassinée », Secrets d'actualité, 7 novembre 2004 (rediff. 14 août 2005)
  • « Yann Piat, une femme à abattre », Faites entrer l'accusé, 21 mai 2006 (rediff. 10 juin 2008)

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Yann Piat de Wikipédia en français (auteurs)

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