Wang Hui

Wang Hui
Voyage dans le Sud de l'empereur Kangxi par le peintre chinois Wang Hui 1632-1717

Wang Hui ou Wang Houei, surnom: Shigu, noms de pinceau: Gengyan Sanren, Qinghui Zhuren, Jianmen Qiaoke, etc... Né en 1632, originaire de Changshu, province du Jiangsu, mort en 1717. XVIIe ‑ XVIIIe siècles. Chinois. Peintre de paysages.

Sommaire

Les Six Maîtres du début des Qing

Wang Shimin, Wang Jian, Wang Hui, Wang Yuanqi, Wu Li et Yun Shouping (aussi connus comme les Quatre Wang, Wu et Yun). De par leurs vues sur l'art et leur style artistique, les Six Maîtres appartiennent à la catégorie des peintres lettrés. Ils sont les figures principales de l'École orthodoxe du paysage.
A la fin de l'époque Ming et au début de la dynastie Qing, un grand nombre d'artistes lettrés se groupent autour de Dong Qichang créateur d'une orthodoxie nouvelle fondée sur l'étude et la copie des Anciens. Les plus illustres représentants de cette tendance, qui s'avère être des réformateurs inspirés, capables de redonner vie aux œuvres passées, sont les Quatre Wang, Wang Shimin et Wang Jian les deux plus âgés qui font le lien entre Dong Qichang et leurs élèves, Wang Yuanqi et Wang Hui. Tous quatre originaires de la province du Jiangsu, ils s'encouragent mutuellement et portent une admiration réciproque à leurs œuvres, peintures d'ailleurs fort appréciées en Chine, mais diversement reçues en Occident qui ne voit souvent que redites et monotonie là où il ya interprétation propre et individuelle[1].

Le plus connu d'entre eux, Wang Hui, très prolifique mais d'une invention moins remarquable dans ses débuts, n'est qu'un éclectique fort doué; il passe ensuite par une période centrale de maturité relativement fertile, et sa carrière s'achève sur un foisonnement d'ouvrages assez monotones, où il met rarement, semble-t-il, ses pensées ou ses sentiments. son œuvre va donc du bon et de l'excellent au médiocre et au pire. La production, pourtant moins importante, de Wu Li, si elle est, de qualité variable, suscite dans son ensemble un intérêt plus grand. Ils ont tous deux, presque le même âge et ont eu Wang Shimin comme professeur[2].

Biographie

Wang Hui né à Changshu, province du Jiangsu, vient d'une famille d'artistes: les cinq générations précédentes comportent des peintres professionnels. Dans sa jeunesse, il est profondément influencé par Huang Gongwang, (car son premier professeur, Zhang Ke[n 1] est un fervent adepte de l'École de Huang). En fait, il assure durant un temps sa subsistance en faisant des copies de peintures de Huang. Il fait preuve d'un génie éclectique très remarquable dans la synthèse qu'il représente[3].

Wang Hui, le troisième Wang, puis élève de Wang Jian, peintre très doué par la nature consacre l'essentiel de son énergie à l'imitation des maîtres. Il s'assimile à tant de langages, que le sien propre lui échappe[4].

D'origine modeste, il montre très tôt des dons particuliers pour la peinture et Wang Jian, qui le remarque, entreprend de diriger sa formation de calligraphe et de peintre, en 1651. Dès l'année suivante il se présente à Wang Shimin qui lui propose de venir travailler dans son studio de Taicang: cela va permettre à Wang Hui d'être en contact avec de vraies peintures. Il commence par étudier les styles de Dong Yuan et de Juran et des maîtres Yuan tel Huang Gongwang. Il acquiert vite une surprenante maîtrise technique et s'attache d'emblée aux problèmes d'organisation de l'espace; ne pouvant se limiter à l'étude d'une seule école, il essaye bientôt, dans une sorte de vaste synthèse, d'embrasser la tradition picturale chinoise dans son ensemble[5].

Sous la direction de Wang Shimin, les talents de Hui accusent de solides progrès. Ultérieurement, il voyage à travers le pays et perfectionne au fur et à mesure sa technique. Après les décès de Wang Shimin et de Wang Jian, il devient le peintre le plus important du Sud et acquiert un renom national. L'empereur le charge de superviser l'illustration de sa tournée dans le Sud. Voyage dans le Sud de l'empereur Kangxi représente douze énormes rouleaux. Après l'inscription de la louange par l'empereur «montagnes et rivières claires et lumineuses» sur l'un des rouleaux, wang Hui entreprend de se donner le nom de Vieil Homme clair et Lumineux[6].

Style sous influence

Dans ses peintures de paysages, Hui emprunte divers éléments aux peintres précédents, et les fusionne dans son propre style. Il cherche à reproduire la façon dont les peintres Yuan manient le pinceau, celle dont les peintres Song représentent les montagnes et les vallées, et dont les peintres Yuan créent l'atmosphère. bien qu'il tire la majeure partie de ses connaissances des Quatre Grands Maîtres de la dynastie des Yuan, il s'intéresse aussi aux œuvres de l'Académie impériale de peinture des Songs. Il sait prendre ce qu'il y a de meilleur chez chaque artiste et c'est le peintre le plus créatif des Quatre Wang[7].

Vers 1667, il fait sa première étude importante d'après Li Cheng grand paysagiste des Song du Nord, dont le style était jugé trop spectaculaire par Dong Qichang qui le classe avec un mépris certain dans les artistes professionnels. Dans une œuvre de 1672, d'après Juran, Wang Hui parvient à recréer le paysage des Song du Sud, débarrassé de tout élément descriptif non essentiel, trouvant par là la voie de sa grande synthèse (da cheng) telle qu'il l'expose en 1673, dans un album de douze feuilles, où il combine successivement les réalités différentes des écoles des Song du Nord et du Sud, parvenant ainsi à faire revivre les maîtres anciens de façon toute personnelle et sans la moindre servilité[8].

Après 1680, il revient à des thèmes antérieurs où se mêlent souvent la luxuriance de Wu Zhen et les couleurs de Zhao Mengfu. Son style habile et raffiné fait de lui le peintre préféré de l'empereur Qing Kangxi qui, de 1691 à 1698, lui demande de superviser l'exécution d'une série de rouleaux commémorant son voyage dans le sud en 1689, commande officielle qui confirme Wang Hui dans sa position de peintre principal de l'empire, ce qu'aucun contemporain ne sait lui disputer. De retour dans sa ville natale après 1698, il continue de travailler mais avec une certaine tendance à se copier lui-même de telle sorte que seule sa rigoureuse discipline technique est en mesure de conférer de la grandeur à ses dernières œuvres[9].

Musées

Arbre en automne et corneilles 1712 par le peintre chinois Wang Hui
  • Beijing (Musée du palais impérial):
    • Arbres en automne et corneilles[n 2], rouleau mural, encre et couleurs sur papiers, 1712. 118x74,7cm
  • Boston (Mus. of Fine Arts):
    • Série de dis peintures, datée et signée 1689, éventail.
  • Cleveland (Mus. of Art):
    • Bouquets de bambous et montagnes lointaines, daté 1694, encre sur papier, rouleau en hauteur.
  • Cologne (Mus. für Ostasiatische Kunst):
    • Ancien temple dans les arbres feuillus entre deux abruptes falaises, daté 1692, d'après une copie de Juran par Shen Zhou, signé.
    • Paysage, d'après Juran, inscription signée.
  • Kyōto (Yurinkan Museum) site web):
    • En bateau sur le lac au clair de lune, d'après Tang Yin, signé, colophon du peintre.
  • New York: (Metropolitan Museum of Art):
    • Pavillon près d'un lac, daté 1702, signé.
  • Paris Mus. Guimet:
    • Voyage dans le Sud de l'empereur Kangxi, section d'un rouleau portatif, encre et couleurs sur soie, dynastie des Qing, 67,8x2313,5cm.
    • Hutte couverte de chaume dans les montagnes d'automne, daté 1674, signé.
    • Paysage de rivière dans les couleurs d'automne, daté 1677, d'après Wang Meng, signé.
    • Paysage de rivière hivernale, oiseaux dans les saules défeuillés, sceau du peintre.
  • Pékin (Mus. du Palais):
    • Gorge de montagne avec cascade, daté 1673, encre et couleurs légères sur papier, d'après Wang Meng.
    • Demeure de lettré près d'une rivière, daté 1694, encre sur papier.
    • Paysage, daté 1696; d'après Fan Guan, signé.
    • Paysage de rivière avec îlots et promontoires, daté 1697, encre et couleur sur papier, d'après Zhao Danian.
    • Le Mont Hua, daté 1703, d'après Wang Meng, signé.
    • Pavillons sur la berge avec un lettré, des arbres nus, dans les bambous et un vol de corbeaux, daté 1711, encre et couleurs légères sur papier.
  • Princeton (University Art Mus.):
  • Shanghai:
    • En composant dans la retraite rupestre, couleurs sur soie, rouleau en hauteur.
    • Dans le bosquet de bambous, encre sur papier, rouleau en hauteur.
    • Taishan songfeng tu, vaste scène de montagne avec voyageurs, daté 1692, signé.
  • Stockholm (Nat. Mus.):
    • Vieux arbres et bambous, daté 1688, signé.
  • Taipei (Nat. Palace Mus.):
    • Pics et vallées à perte de vue, daté 1693, encre et couleurs légères sur papier, rouleau en hauteur.
    • Paysage, daté 1678, encre et couleurs sur soie, dans le style de Xu Daoning, rouleau en hauteur.
    • Paysage, encre et couleurs sur soie, rouleau en hauteur.
    • Vieux pins, encre sur papier, dans le style de Shen Zhou, rouleau en hauteur.
    • Montagnes dans la brume et la pluie estivales, encre et couleur sur soie, rouleau en longueur.
    • Vieux arbres près de la rivière à l'automne, encre sur soie, rouleau en longueur.
    • Album de douze feuilles d'études de fleurs et de paysages, daté 1672, encre et/ou couleurs sur papier, d'après différents maîtres anciens.
    • Paysage de montagne, daté 1666, d'après Guon Tong.
    • Studio près d'un arbre Wutong, daté 1673, d'après Wang Meng, signé.
    • Haut sommet, daté 1678, d'après Fang Congyi, signé.
    • Paysage, daté 1680, d'après Juran, signé, deux vers.
    • En buvant le thé, daté 1696, d'après Dong Qichang, signé, poème.
    • Fleurs de prunier, daté 1697, signé.
    • Village près d'une rivière à l'été, daté 1706, d'après Zhao Mengfu, signé, colophon.
    • Deux études de paysages en couleurs, datées 1712, d'après des maîtres Song, feuilles d'album signées.

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol. 14, éditions Gründ, janvier 1999, 13440 p. (ISBN 2700030249), p. 431-432 
  • Nicole Vandier-Nicolas, Peinture chinoise et tradition lettrée, Éditions du Seuil, 1983, 259 p. (ISBN 2020064405), p. 222 
  • Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chongzheng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung (trad. Nadine Perront), Trois mille ans de peinture chinoise, Éditions Philippe Picquier, 1997, 4 02 p., p. 259, 261, 262, 263, 264, 266, 307, 316, 339 
  • James Cahill (trad. Yves Rivière), La peinture chinoise - Les trésors de l'Asie, éditions Albert Skira, 1960, 212 p., p. 165 
  • Wen C. Fong: Orthoxy and Change in Early Ch'ing Landascape Painting, in: Oriental Art, vol. XVI, no 1, 1970

Notes et références

Notes
  1. Ne pas confondre avec Zhang Ke footballeur chinois. Dans la période de Wang hui, Zhang Ke, en tant que peintre ou professeur de peinture, ne figure pas sur la bibliographie version française
  2. Arbres en automne et corneilles est un rouleau mural datant des dernières années de sa vie (quatre-vingt ans alors). On y voit une dense plantation de bambous, un pavillon situé au bord de l'eau, et des arbres. Les branches de l'arrière-plan apparaissent entre les arbres du premier plan, créant ainsi une illusion de perspective inhabituelle à l'époque. Les étendues d'eau désertes et le brouillard donnent à l'espace pureté et respiration. Les collines ondoyantes de l'arrière-plan attirent l'œil du spectateur vers le lointain. Le poème inscrit sur la peinture est de Tang Yin, il exprime une mélancolie conforme à l'état d'esprit évoqué par le peinture: La petite maison au bord de l'eau semble plus belle au crépuscule,
    Vers le soir, sur les arbres en automne, se rassemblent de sombres corneilles.
    Je me demande quand nous nous reverrons
    Et pourrons boire du thé ensemble sous la froide lumière.
    Comme on le dit souvent dans les œuvres chinoises, «dans la peinture, il y a un poème, dans le poème, il y a une peinture»
Références

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