Huang Gongwang

Huang Gongwang
Huang Gongwang. Dwelling in the Fuchun Mountains. detail. National Palace Museum, Taipei.jpg

Huang Gongwang ou Houang Kong-Wang ou Huang Kung-Wang, surnom : Zijiu, noms de pinceau : Yifeng, Dazhi et Jingxi Daoren, né en 1269, originaire de Changzhou, province de Jiangsu, mort en 1354. Chinois. Peintre[1].

Sommaire

Biographie

Falaise de pierre près de l'étang du ciel (1341)

Huang est l'aîné de ces « Quatre Grands Maîtres Yuan », les trois autres étant Wu Zhen (1280-1354), Ni Zan (1301-1374) et Wang Meng (1298-1385) qui donnent au paysage de l'époque Yuan son visage particulier et exercent une influence déterminante sur la peinture de lettré des dynasties Ming et Quing.

À l'âge de quatre-vingts ans, il se replonge une fois de plus sans la solitude des Monts Fushun en compagnie d'un ami moine. Les Monts Fushun lui inspirent, d'ailleurs, la plus célèbre de ses peintures, puisqu'aussi bien, la fréquentation intime de la montagne et la communion avec la nature constituent les éléments fondamentaux de sa formation artistique et spirituelle.

Ayant l'habitude de faire des croquis d'après nature, , il dit : « il est utile d'avoir des pinceaux dans votre sac, de sorte que lorsque vous rencontrez quelques arbres extraordinaires dans un bel endroit, vous puissiez en faire des croquis comme aide mémoire. Ils ajouteront de la vie à certaines peintures ».

Sa destinée de peintre lettré est sans doute aussi exemplaire que son art. Son existence se partage entre les centres intellectuels et artistiques de Suzhou et de Hangzhou, devenu depuis les Song du Sud les principaux foyers culturels de Chine, et de fréquentes retraites dans les monts Lu et Fushun (au sud-ouest de Hangzhou). Après avoir occupé un poste de fonctionnaire, il renonce vers quarante-cinq ans à la bureaucratie pour une vie indépendante et vagabonde.

Se plaçant ainsi dans une situation de désengagement individualiste vis-à-vis de l'ordre politique régnant, il rejoint la condition commune de l'élite intellectuelle de son temps. Il pratique quelque peu la profession de diseur de bonne aventure, ce qui est le fait, assez fréquemment, d'intellectuels ou de moines errants. Très intéressé par la philosophie et la religion, il adhère vers soixante ans au courant néo-taoïste. Puis il se retire quelques années au Mont Lu, se consacrant au vin et à la contemplation de la nature.

Huang ne se met vraiment à la peinture que vers l'âge de cinquante ans, ayant auparavant cultivé cet art comme un passe-temps de lettré. Reconnu comme guide par ses cadets, son influence ne fera que grandir auprès de la postérité : son art conditionne la production lettrée pendant au moins cinq siècles. Il ne subsiste qu'une seule œuvre dont l'attribution soit certaine, mais c'est une pièce maîtresse : Séjour dans les Monts Fushun (Taipei, National Palace Museum qui en conserve en réalité deux versions dont une seule est authentique). Ce rouleau exécuté entre soixante-dix-huit et quatre-vingts ans, au moment où Huang est à l'apogée de son génie, est un des jalons fondamentaux de l'histoire du paysage Chinois.

Commencé dans les Monts Fushun, il est complété pendant trois au quatre ans, au gré de l'inspiration : il est donc le fruit d'une démarche typiquement lettrée. « La cohérence de l'œuvre est sans faille, elle présente à la fois l'unité rythmique d'un premier jet et la solidité d'une méditation lente et soutenue », selon Pierre Ryckmans. Elle est aussi très neuve : tout au plus y trouverait-on quelques souvenirs de Dong Yuan (mort en 962), premier des grands paysagistes méridionaux dont Huang a étudié le style.

Huang ne cherche pas à impressionner mais se satisfait de décors très ordinaires, rendant au quotidien sa vraie saveur et son émotion. Les choses sont montrées telles qu'elles se présentent, uniquement décrites sous la lumière d'un jour sans faille : c'est un art d'intériorité et de spontanéité, aux antipodes de la peinture spectaculaire et concertée des Song du Sud. À l'assurance rapide et infaillible des recettes d'école, se substitue une apparente irrésolution qui voile une certitude plus subtile et plus profonde.

Huang construit ses œuvres progressivement, touche par touche, débutant à l'encre pâle puis évoluant vers des encres de plus en plus foncées avec un pinceau de plus en plus sec. Il procède par un jeu d'additions successives dont la texture se resserre progressivement. Il manie son trait de la même façon avec des accents de plus en plus riches : il monte en intensité et tout se termine par une distribution de taches à l'encre onctueuse qui forment une ponctuation très classique où culmine le rythme de la peinture toute entière. L'œuvre apparaît d'une simplicité déconcertante : le spectateur est de plain-pied dans le paysage car tout y est naturel, clair, transparent et profondément vrai, « vrai » le geste créateur de l'artiste, « vraie » la nature elle même.

Bibliographie

  • (fr)Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol. 7, éditions Gründ, janvier 1999, 13440 p. (ISBN 2700030176), p. 215-216 
  • (fr)Les trésors de l'Asie – La peinture chinoise, de James Cahill – Skira Genève – 1960. Editeur: les éditions d'Art d'Albert Skira.
  • (fr)Pierre Ryckmans – Encyclopédie universelle. Volume, 8.
  • (en)O. Siren : Chinese paintig, Leading masters and principles, volumes : 4 et 6. Londres, 1958.
  • (fr) Trois mille ans de peinture chinoise, Éditions Philippe Picquier, 1997, 402 p., p. 154-166-167-168-232-233-257-316- .

Musées

Dwelling in the Fuchun Mountains (first half).JPG
  • Pékin (Mus.du Palais) :
    • Neiges légères sur les 9 pics 1349, signé et daté, d'après l'inscription, peinture généralement reconnue comme authentique.
  • Pékin (Ancienne Maison Impériale Mandchou) :
    • Le Pavillon de l'orchidée, peint, grande feuille d'album, inscription du peintre datée 1342, généralement reconnue comme authentique
    • Éclaircie sur la rivière après la neige, attribution
    • Arbre dans le brouillard d'automne, signé et daté 1342, court rouleau en longueur, attribution.
    • Paysages, signés et datés 1342, poème de Hua Yan daté 1417.
  • Shanghai :
    • La Résidence rupestre des fées, coul. Sur soie, rouleau en hauteur, peinture faite pour le poète Zhang Yu (?)
    • Douces collines boisées, signé et daté 1338, sceau du peintre et colophon de Ni Zan.
  • Taipei (Nat. Palace Mus.) :
    • Séjour dans les monts Fushun, encre sur papier, rouleau en longueur, inscription authentique du peintre datée 1347-1350, colophon du peintre Chen Zhou (1450-1535) daté 1488, de Wen Peng daté 1570, de Wang Chichang daté 1571 et de Dong Qichang
    • Séjour dans les monts Fushun, rouleau en longueur, inscription de Huang Gongwang datée 1338, plusieurs colophons et beaucoup d'inscriptions et de sceaux de l'Empereur Qianlong
    • Falaises de pierres de Tianchi, encre et couleurs légères sur soie, rouleau en hauteur, colophon
    • Temples sur les falaises, sur les nuages, encre sur papier, feuille d'album
    • Deux pêcheurs sur des bateaux sur la rivière, Feuille d'album.
  • Washington D.C (Freer Gal. Of Art) :
    • Vu du mont Lu, encre et couleur, inscription datée 1342, copie tardive
    • Montagnes boisées, encre sur soie, imitation libre.

Notes et références

  1. Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol. 7, éditions Gründ, janvier 1999, 13440 p. (ISBN 2700030176), p. 215-216 

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