- Walter Flex
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Walter Flex (6 juillet 1887 à Eisenach — 16 octobre 1917 à Pöide) est un écrivain et poète allemand.
Les lettres et poèmes de guerre de Walter Flex, Le vagabond entre deux mondes (Der Wanderer zwischen beiden Welten, allusion au Wandervogel) furent le bréviaire posthume de toute une génération après la défaite allemande de 1918.
Sommaire
Biographie
Né le 6 juillet 1887 à Eisenach, fils de l'enseignant et militant national-libéral Rudolph Flex, il rédige très tôt, à onze ans, ses premiers poèmes, consacré à la mort du Prince Bismarck et sa première pièce de théâtre.
Lycéen, Walter Flex rédige un drame, Demetrius, qui est joué au Théâtre de la Ville d'Eisenach en 1909.
Entre 1906 et 1910, il étudie, grâce à l'attribution d'une bourse, la philologie germanique et l'histoire à l'université d'Erlangen et de Strasbourg.
Durant sa brève vie avant la Grande Guerre, il travaille en tant que professeur, éditant, entre autres travaux, Das Volk in Eisen et Sonne und Schild, considérées comme des œuvres romantiques et nationalistes. Son poème Wildgänse rauschen durch die Nacht connu une grande popularité comme chant du Wandervogel repris par toute une jeunesse allemande.
De 1910 à 1914, il devient le percepteur des enfants de la famille Bismarck puis des enfants du Baron von Leesen à Retchke en Posnanie.
Il s'engage comme soldat volontaire en 1914. Il sert dans l'infanterie, en dépit d'une légère infirmité à la main droite qui l'aurait dispensé du service militaire.
Walter Flex combattra d'abord sur le front occidental, dans la Forêt d'Argonne[1]. Au printemps de 1915, Walter Flex est envoyé au camp de la Warthe pour suivre une formation d'officier et il y fait la connaissance d'Ernst Wurche, « un fameux gaillard », dont il annoncera la mort au combat dans une lettre poignante à ses parents le 24 août[2].
Bouleversé par la mort de son ami, Walter Flex entame alors une longue série de correspondances philosophiques qui précisent encore sa vision de la vie, comme "pont entre deux mondes", thématique essentielle de Der Wanderer zwischen beiden Welten[3].
Le 6 juillet 1917, il reçoit la Croix de Fer de première classe. Il est blessé au combat sur le front de l'est lors d'une charge héroique[4] et meurt de ses blessures le lendemain le 16 octobre 1917 à Pöide, sur l'île de Saaremaa en Estonie alors que s'achève l'Opération Albion (en).
Le vagabond entre deux mondes est devenu très populaire en quelques mois, depuis sa parution à la fin de l'année 1916 et la nouvelle de la mort du poète suscite une vive émotion chez les soldats et les officiers du front, « qui lui disaient avoir trouvé dans ce texte consolation, force et sérénité »[5]. Il sera reédité à titre posthume par les éditions München Verlag et sa réputation devait s'affirmer pendant l'entre deux guerre dans une Allemagne en recomposition. En deux ans, 250 000 exemplaires seront vendus, pour un total de 682 000 exemplaires en 1940.
Il est resté populaire pour certains de ses poèmes, étudiés dans les écoles allemandes jusque dans les années 1970, mais après la Seconde Guerre mondiale il est retombé progressivement dans l'oubli, victime indirecte de l'idéologie nazie qui avait repris à son compte son chant patriotique et son idéalisme romantique.
Ces écrits demeurent comme un témoignage du lyrisme national allemand et exaltent le patriotisme, les sentiments d'humanité, de camaraderie et de souffrance des soldats de la Première Guerre mondiale.
On peut rapprocher son œuvre de jeunesse de celle Ernst Jünger et on cite souvent en contraste À l'Ouest, rien de nouveau (Im Westen nichts Neues) du pacifiste Erich Maria Remarque « très éloigné des valeurs des nationalistes, et aussi, finalement, de l'éthique hégélienne de la vieille Prusse »[6].
Œuvres
- Demetrius (Drame), 1909
- Zwölf Bismarcks (essai : Douze Bismarck ), 1913
- Klaus von Bismarck (Drame), 1913
- Die evangelische Frauenrevolte in Löwenberg ( La révolte protestante des femmes à Löwenberg au profit de l'Association féminine Gustav-Adolf présidée par sa mère), 1913
- Das Volk in Eisen (Poèmes Le peuple de fer , référence au Chancelier de Fer ), 1914
- Weihnachtsmärchen des 50. Regiments (Contes de Noël), 1914
- Sonne und Schild (Poèmes : Soleil et Bouclier), 1915
- Der Wanderer zwischen beiden Welten (Poème : Le vagabond entre deux mondes ), 1916
- également traduit sous Le pèlerin entre deux mondes . - Les Oies sauvages vont vers le Nord. 1996 - Le Porte-Glaive
- Im Felde zwischen Nacht und Tag (Poèmes : Au champ entre nuit et jour ), 1917
- Die russische Frühjahrsoffensive 1916, (l'offensive russe du printemps 1916 ), 1919
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
- Walter Flex: une éthique du sacrifice au-delà de tous les égoïsmes C'est le 3 octobre 1914 qu'il pénètre sur le territoire français avec son régiment. Il écrit, le 5, à ses parents: "Au moment où, avant-hier, nous franchissions la frontière française, il y avait un magnifique clair de lune à trois heures du matin. Nous pensions à la scène du Serment de Rütli dans le récit de Guillaume Tell et nous nous en sommes réjouis. Hier nous avons eu une longue marche, que je n'ai pas trouvé extraordinaire; nous avons pris nos quartiers de nuit dans la paille d'une écurie: au-dessus de nous un ciel tout éclairé par la lune que nous contemplions à travers le trou percé dans le toit par un obus. Du côté des hauteurs devant nous, vers lesquelles nous marchions, nous entendions le fracas des canons et le crépitement des fusils. Pendant la nuit nous pouvions apercevoir le bombardement de Verdun. Au-dessus des collines, des ballons captifs. Hier soir, j'ai passé la soirée autour d'un feu avec trois femmes françaises, heureuses d'entendre quelqu'un leur parler dans leur langue; elles me répétaient sans cesse: nous aussi nous serons Allemands"
- ibid. « Jamais je n'ai tant eu de peine à écrire une lettre mais j'ai demandé au chef de compagnie de votre cher fils de me permettre d'être le premier à vous écrire et à vous dire ce que Dieu vient d'infliger à votre famille. Car je voulais que l'annonce de la mort héroïque de votre garçon, si formidable, si bon, soit faite par un homme qui l'aimait. Depuis la mort de mon propre frère cadet, il y a presque un an, rien ne m'a touché aussi profondément que la mort de votre fils, mon excellent ami, de cet homme fidèle et droit, chaleureux et sensible à l'égard de tout ce qui est beau et profond. Mais permettez-moi de vous dire que, après sa mort, quand je me suis agenouillé pour prendre longuement, silencieusement, solitairement congé de lui, et que j'ai regardé son visage pur et fier, je n'ai eu qu'un seul souhait pour ses parents: s'ils pouvaient le voir couché comme je le vois, ils accepteraient plus sereinement leur douleur»...
- ibid
- ibid. "Dans la cour du domaine de Peudehof, près du village de Leval, s'était retranché un fort parti de Russes avec leurs chariots à bagages. Le représentant du corps des officiers, Weschkalnitz, est allé de l'avant et a demandé aux Russes de se rendre. Un officier russe lui a mis la main sur l'épaule et lui a dit: "Non, vous êtes mon prisonnier". Weschkalnitz a fait un bond en arrière et a cherché à s'abriter derrière un rocher, tandis que les Russes ouvraient le feu sur lui. C'est alors que Flex a sauté sur un cheval cosaque qui n'était plus monté, a sorti son épée du fourreau et s'est élancé vers l'ennemi. W. lui a crié: "Mon Lieutenant, ils ne veulent pas se rendre!"...
- ibid.
- réflexion parmi d'autres sur theatrum belli : il y aura toujours un champ de bataille
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