- Vie de bohème
-
Bohème
Pour les articles homonymes, voir Bohème (homonymie).La vie de bohème désigne généralement une façon de vivre au jour le jour dans la pauvreté mais aussi dans l'insouciance.
Sommaire
Les origines françaises
L'apparition du mot Bohème remonte à 1659 chez Tallemant des Réaux, dont l'accent (è) diffère avec l'habitant de la Boh(ê)me. Il s'agissait de décrire un personnage vivant en marge de la société et cultivant une forme nouvelle de liberté de pensée, ainsi qu'un souci vestimentaire excentrique annonçant déjà une sorte de proto-punk-dandy de la Renaissance.
C'est Balzac en 1844, dans Un prince de la bohème qui donne ses lettres de noblesse à la Bohème du XIXe siècle : « Ce mot de bohème vous dit tout. La Bohème n'a rien et vit de tout ce qu'elle a. L'espérance est sa religion, la foi en soi-même est son code, la charité passe pour être son budget. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur, au-dessous de la fortune mais au-dessus du destin. »[réf. nécessaire]
En 1848, c'est le roman aujourd'hui oublié de Henry Murger, Scènes de la vie de bohème (1847-49) qui fit entrer le mot dans le langage courant. Irradiant depuis le quartier latin et plus particulièrement les mansardes de la rue des Canettes, la bohème, en ne faisant plus qu'un avec le monde des artistes, allait définitivement forger la légende de Rimbaud, Verlaine ou Modigliani.Parfois idéalisée pour sa liberté, d’autres fois critiquée pour son excentricité, la Vie de Bohème trouve ses sources dans un Paris sous l’influence d’un mouvement artistique en pleine expansion… Au temps où l’expression culturelle et l’art connaissaient une apogée, les plus pauvres, les plus démunis se réfugiaient dans une vie où tout était poussé à l’extrême : la Bohème. Une sorte de philosophie ou de façon de penser. Ce mouvement existe pourtant depuis la fin du XVIIème siècle, mais c’est au début du XXème qu’il se retrouve à son zénith. Paris est alors la capitale du monde, réputé pour sa culture Bohème, Montmartre qui était en quelque sorte le siège des enfants de la Révolution Bohème, et tous les lieux de prédilection dans lesquels une ambiance extravertie et décalée émane. Montmartre, le Moulin Rouge, le café d’Harcourt, la rue de la Tour d’Auvergne et la rue des Martyrs, le quai des fleurs sur l’Ile de la Cité, tous ces lieux inspirent à l’époque la débauche et la perdition pour les plus réticents, mais bel et bien le symbole de la naissance d’une nouvelle catégorie de personnes et la richesse artistique et émotionnelle pour tous les excentriques voulant croire à un monde plus simple, plus beau.
Voici une petite description de ce que pouvait être une simple nuit passée avec ces personnes dans ces temps où tout était possible, où tout paraissait si simple, une nuit seulement, pendant laquelle nous n’avions plus aucun souci ; encore fallait-il se donner la peine d’y croire…- Probablement autour des 2 ou 3 heures du matin, le temps n’a alors que si peu d’importance. Dans une ruelle en plein cœur de Montmartre, il y a encore beaucoup de monde qui erre dans les rues.
- Deux ou trois jongleurs amusent la foule au rythme d’une petite formation de violonistes et de percussionnistes assis sur le seuil d’un bar à Absinthe. La foule est ivre de danser mais s’écarte alors pour laisser place à un accordéoniste venant compléter l’orchestre. Le son des verres frappant le comptoir en bois se fait entendre, priant le serveur afin d’être à nouveau remplis de cette étrange boisson d’un vert aussi vif qu’hallucinogène. Un homme assis seul au fond du bar derrière son chevalet, est en train d’immortaliser la scène…
La bohème allemande
En Allemagne, Hermann Hesse deviendra le chantre des oiseaux de passage, les Wandervögel à la recherche d'un ailleurs entre l'Orient et l'Occident. Harry Haller, son « loup des steppes » pénétrant dans le théâtre magique et ouvrant une à une « les portes de l'être », peut être considéré comme le premier héros bohème moderne, et un archétype qui perdure jusqu'à aujourd'hui. Gusto Gräser, le « poète aux pieds nus » et personnage totémique des Naturmenschen, sera le modèle des héros de Hermann Hesse. Les expériences sur les drogues par Ernst Jünger et Aldous Huxley, dans Les Portes de la perception, se situent dans le chemin tracé par l'œuvre de Hesse. Le mouvement Dada de Zurich, tel qu'il a été décrit par Greil Marcus dans Lipstick traces, une histoire secrète du XXe siècle avec ses ramifications jusqu'à Johnny Rotten, est un héritage direct de la bohème originelle. On sent encore l'influence de Hesse sur les membres de la Beat generation, et Jack Kerouac en particulier. N'oublions pas William S. Burroughs et Philip K. Dick, qui se perdront dans l'interzone, cette bohème intermédiaire entre fiction et réalité renvoyant à la fancie d'Edgar Allan Poe.
La bohème au XXIe siècle
En France, c'est le roman de Tonino Benacquista, Les Morsures de l'aube paru en 1992, qui allait devenir une œuvre culte en posant les bases d'une nouvelle forme de bohème à la française. Cette fois, les deux héros sont des enfants de la crise, entre marche à l'ombre et le phénomène SDF qui submerge la France. Il s'agit d'une bohème affiliée au gatecrashing social de survie, qui surfe sur les soirées branchées. C'est cependant un mouvement littéraire de science-fiction, le cyberpunk, né aux États-Unis au début des années 1980, qui aura une influence particulière sur la bohème française du XXIe siècle et qui comblera les vides laissés en suspens par le roman de Benacquista. En 2002 l'écrivain Thierry Théolier, connu sous le nom de THTH, fonde le Syndicat Du Hype (SDH), premier réseau d'information pour les Crevards et les cybermondains de la bohème.[réf. nécessaire]
Liens externes
Catégories : Romantisme | Sous-culture
Wikimedia Foundation. 2010.