Transformisme

Transformisme
Page d'aide sur les redirections Cet article concerne la théorie biologique. Pour les techniques scéniques, voir transformisme (art).
Le dodo, ici illustré, est un exemple d'extinction (au XVIIe siècle) souvent cité.

Le transformisme est une théorie biologique, rivale du fixisme, dont l'histoire remonte à l'époque Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) énonça sa fameuse théorie sur l'évolution des espèces. Elle désigne aujourd'hui indifféremment toute théorie impliquant une variation (ou transformation) des espèces au cours de l'histoire géologique.

Sommaire

Le problème de l'extinction des espèces

En plus de la problématique scientifique du grand âge de la Terre, causant plusieurs conflits inévitables avec linterprétation littérale de la Bible, une autre grande problématique irrésolue à cette époque fut la question des fossiles et lextinction des formes de vie. En effet, avec lintensification des études, il était devenu évident que de nombreuses espèces fossiles étaient différentes des espèces vivantes daujourdhui. Mais la problématique devint inévitable lorsque lon découvrit, au XVIIIe siècle, des mammifères fossilisés, tel que les mastodontes, en Amérique du Nord, et les mammouths, en Sibérie.

Pour plusieurs théologiens naturels théistes, les extinctions étaient inconcevables, car le concept de plénitude ne saccordait pas avec ces dernières ; Dieu, ayant créé toutes les espèces vivantes possibles, ne permettrait pas que lune delles disparût. Pour les autres naturalistes, majoritairement déistes, la problématique des extinctions nétait pas plus claire, puisque Dieu ne pouvait intervenir sur Terre et modifier ou créer quoi que ce fût. Ils devaient alors soit postuler une loi établie dès la création du Monde expliquant la constante extinction despèces anciennes et l'apparition de nouvelles espèces au cours du temps géologique, ou tout simplement nier ces dernières. On tenta alors plusieurs hypothèses au cours du XVIIIe et du XIXe siècle.

L'explication populaire identifiait le Déluge, ou tout autre catastrophe, comme cause des extinctions. Malgré le fait que cette hypothèse était fragilisée par le constat de l'extinction de plusieurs espèces aquatiques, le catastrophisme fut soutenu par plusieurs naturalistes tels que Georges Cuvier (1769-1832) ou Louis Agassiz (1807-1873)

Selon une autre explication, les espèces supposées éteintes auraient pu survivre dans une région encore inexplorée du globe. Enfin, certains expliquèrent les extinctions en soutenant quelles avaient été lœuvre de lhomme, surtout dans le cas du mammouth et du mastodonte.

Le revirement de Lamarck

En introduisant les données géologiques et le facteur temps, au grand âge de la Terre, Lamarck cerna la faille de la théologie naturelle et des explications antérieures de l'extinction des espèces. Selon lui, l'idée d'une création parfaite des organismes, qui seraient parfaitement adaptées à l'environnement, contredisait la modification avérée et continue de la Terre. Conséquemment, les espèces, se devant dêtre en équilibre avec leur environnement pour survivre, devaient aussi changer, car les adaptations, dans de telles conditions de changements géologiques, ne pouvaient être maintenues que si les organismes sajustaient constamment aux circonstances, cest-à-dire évoluaient.

La nouvelle conception de Lamarck faisait des extinctions un pseudo-problème: les espèces fossilisées que lon croyait éteintes existaient encore ; elles avaient tout simplement changé dans de telles proportions quon ne les reconnaissait plus, sauf quand on pouvait suivre, en étudiant une série ininterrompue de fossiles, une évolution extrêmement lente.

Et cest précisément de cette manière que plusieurs historiens[Qui ?] expliquent le revirement de positions que Lamarck effectue entre son Discours douverture pour son cours annuel sur les invertébrés en 1799 et celui de 1800. En effet, Lamarck, alors essentialiste, adopta des positions fixistes dans ses travaux pendant une trentaine dannée avant de modifier radicalement sa vision du monde, à plus de 50 ans, et de devenir le premier défenseur du transformisme en France, théorie radicalement révolutionnaire et à contre-courant. Comment expliquer cette mutation théorique chez Lamarck ?

Selon Ernst Mayr (1904-2005)[réfincomplète], Lamarck accepta de prendre en main, à la fin des années 1790, la collection dinvertébrés du Muséum de Paris, à la mort de son ami Jean-Guillaume Bruguière (1750-1798), une collection impressionnante qui contenait à la fois des mollusques récents et dautres fossilisés. Lors de ses études sur cette collection, Lamarck réalisa que plusieurs espèces actuelles de moules et de mollusques possédaient des ressemblances étonnantes avec certaines espèces fossiles considérées comme éteintes.

Effectivement, il était souvent possible de ranger les fossiles des couches anciennes et récentes du tertiaire selon une série chronologique se terminant par une espèce actuelle. Dans le cas le matériel était complet, il était même possible détablir des séries phylétiques virtuellement sans rupture. Il finit par conclure que de nombreuses séries phylétiques avaient subi un changement lent et graduel au cours du temps.

Pour Lamarck, le changement évolutif était donc la seule réponse logique au problème des extinctions. Il élabora ainsi le premier une théorie scientifique systématique de lévolution de la vie, qui formule, en postulant lorigine de la vie sur Terre consécutive à une génération spontanée, une progression graduelle des organismes les plus simples vers les plus complexes ou organiséssoit lHomme, dans la vision de Lamarck - pour expliquer les transformations des êtres vivants. Ainsi, limage linéaire de la Grande Chaîne des Êtres est, pour une première fois, remplacée par celle dun arbre buissonnant : Lamarck postule deux principaux troncs évolutifs, lun pour le règne végétal, lautre pour le règne animal.

Lois lamarckiennes

Lamarck considérait que lon avait besoin dune théorie afin dexpliquer deux phénomènes bien connus en biologie. Le premier était que les animaux montrent une série graduée de perfectionnement, allant des animaux les plus simples jusquà ceux dotés de lorganisation la plus complexe. Lautre phénomène quil tentait dexpliquer était létonnante diversité des organismes. Dans sa Philosophie zoologique, quil publia en 1809, Lamarck discerne fort bien ce qui sépare sa conception de celle du fixisme et du créationnisme. Il formule ainsi deux lois qui, en réalité, ne sont que deux hypothèses intuitives censées rendre compte du mécanisme fondamental du processus évolutif.

La première loi était la capacité des être vivants, suite à lemploi plus fréquent et soutenu dun organe quelconque, de développer peu à peu cet organe en fonction de lemploi quon lui réserve, et à lopposé, de détériorer progressivement les facultés dun organe si ce dernier nest pas utilisé. Ainsi en simplifiant, la fonction crée lorgane. Cette loi dusage et de non-usage dun organe était une observation couramment admise à lépoque de Lamarck, et il ne fit que la radicaliser.

Dans sa deuxième loi, Lamarck postule sa fameuse thèse de lhérédité des acquis qui consiste en la possibilité de transmettre à notre descendance les changements organiques ou morphologiques acquis au cours de notre vie en rapport avec la première loi. Lamarck utilisa, pour supporter sa théorie de lévolution, des exemples aujourdhui célèbres, tel que lallongement du cou de la girafe, à une utilisation soutenue, ou latrophie des yeux des taupes sous linfluence du milieu.

Débats scientifiques en France

La France dut attendre lapparition de la théorie transformiste de Lamarck pour quun véritable débat sur la théorie de l'évolution éclate. Contrairement à Buffon (1707-1788), qui tempérait ses positions, Lamarck navait pas peur de laffrontement. Il fut cependant durement attaqué à la fin de sa vie par Cuvier, le célèbre paléontologiste champion du fixisme. Néanmoins, la mort de Lamarck ne marqua pas la fin de lévolutionnisme en France : en 1825, le zoologiste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844), fondateur de la tératologie, science étudiant les monstres de la nature, se déclarait ainsi, dans la lignée de Lamarck, évolutionniste.

Bien que le transformisme de Saint-Hilaire soit distinct du transformisme de Lamarck, on y retrouve toujours lidée de lhérédité des acquis. Geoffroy Saint-Hilaire participa au transformisme principalement dans ce que lon appellera la controverse des « crocodiles » de Caen contre Cuvier.

Notes et références

Voir aussi

  • Portail de l’histoire de la zoologie et de la botanique Portail de lhistoire de la zoologie et de la botanique
  • Portail de l’origine et de l’évolution du vivant Portail de lorigine et de lévolution du vivant

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