- Thérémine
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Le Theremin, thérémine, theremine, theremin ou thereminvox est un des plus anciens instruments de musique électronique, inventé en 1919 par le Russe Lev Sergueïevitch Termen (connu sous le nom de Léon Theremine). Composé d’un boîtier électronique équipé de deux antennes, le thérémine a la particularité de produire de la musique sans être touché par l’instrumentiste. Dans sa version la plus répandue, on commande la hauteur de la note de la main droite, en faisant varier sa distance par rapport à l’antenne verticale. L’antenne horizontale, en forme de boucle, est utilisée pour faire varier le volume selon sa distance par rapport à la main gauche.
Sommaire
Principe
Le son est produit à partir d'un signal électrique généré par un oscillateur hétérodyne à tubes électroniques. Deux signaux de fréquences élevées (l’un fixe à 170 kHz, l’autre variable entre 168 et 170 kHz) se combinent pour former un battement et fournir un signal audible, entre 20 et 20 000 Hz[1]. L’effet de capacitance apporté par le corps de l’instrumentiste, à proximité des antennes, affecte la fréquence produite, tout comme une personne se déplaçant dans une pièce peut altérer la qualité d’une réception de radio ou de télévision. Cette caractéristique est mise à profit dans le thérémine, et la combinaison des deux mains, l’une commandant le volume et l’autre la hauteur de la note, permet d’obtenir des effets sonores insolites. Le thérémine, disposant d’un seul oscillateur, est un instrument monophonique. Son timbre, que l’on ne peut modifier, s’apparente de loin à celui de la voix humaine ou à celui de la scie musicale.
Histoire
L’invention de Léon Theremin suit de près la révolution russe de 1917. Ayant eu la chance de faire une démonstration convaincante à Lénine, son instrument fut immédiatement promu par le nouveau pouvoir. Lénine prit des leçons de thérémine, et en commanda 600 exemplaires afin qu’ils soient distribués partout en URSS. De plus, Léon Theremin fut envoyé en tournée mondiale, comme ambassadeur de la nouvelle technologie soviétique.
Le succès fut au rendez-vous en Europe, et plus tard aux États-Unis, où l’ingénieur s’installa et obtint un brevet en 1928. Il concéda les droits de production de l’instrument à la firme RCA. Ce ne fut pas une grande réussite commerciale, mais Léon Theremin continua ses recherches et inventa de nouveaux instruments :
- le rhythmicon : premier générateur électronique de rythme ;
- le terpistone : générateur sonore commandé par le mouvement de danseurs. Il utilisait le même principe que le thérémine, mais l’antenne était dissimulée sous la piste de danse ;
- le thérémine à clavier ;
- le violoncelle thérémine.
En 1938 Theremin retourne brutalement en Union soviétique. À l'époque, les raisons de son retour ne sont pas claires; certains ont affirmé qu'il avait tout simplement le mal du pays, tandis que d'autres croyaient qu'il avait été kidnappé par des agents soviétiques. Beryl Campbell, l'un des danseurs de Theremin, a déclaré que sa femme Lavinia "a appelé pour dire qu'il avait été enlevé dans son studio" et que "certains Russes était venu» et qu'elle sentait qu'il allait être amené hors du pays.
Plusieurs années plus tard, il a été révélé que Theremin était retourné dans son pays natal à cause de problèmes fiscaux et financiers aux États-Unis. Toutefois, Theremin aurait dit à Bulat Galeyev qu'il a décidé de partir parce qu'il était inquiet de la guerre approchant. Peu de temps après son retour, il a été incarcéré à la prison de Boutyrka et, plus tard envoyés pour travailler dans les mines d'or de Kolyma. Bien que les rumeurs de son exécution ont été largement diffusés et publiés, Theremin a été, en fait, mis au travail dans une charachka (un laboratoire secret dans le système des camps du Goulag), en collaboration avec Andrei Tupolev, Sergueï Korolev, et d'autres scientifiques et ingénieurs. L'Union soviétique le réhabilite en 1956.
À partir de 1961, Robert Moog a créé une version transistorisée du thérémine, dont de nombreux exemplaires ont été vendus, et continuent à trouver des acquéreurs.
Utilisation musicale
Le thérémine est en premier lieu associé avec la musique contemporaine et expérimentale du XXe siècle. Sa difficulté de jeu, où l’instrumentiste doit rester parfaitement immobile (à l’exception des bras), l’absence de clavier ont confiné sa diffusion à une certaine élite. La création des ondes Martenot, qui utilisent le même principe électronique mais qui sont pourvues d’un clavier, a rapidement contribué à sa marginalisation. Parmi les compositeurs ayant exploité le thérémine, on peut notamment citer Edgar Varèse ou Bohuslav Martinu (Fantaisie pour thérémine, hautbois, quatuor à cordes et piano composée en 1945).
Quelques interprètes deviendront des virtuoses du thérémine :
- Randy George, anciennement bassiste, interprète encore actuellement au thérémine des musiques de jeux vidéo. On peut citer notamment son interprétation de To Zanarkand, tirée de Final Fantasy X et The legend of Zelda Theme ;
- Clara Reisenberg Rockmore (1911-1998). Une autre expatriée russe, qui collabora avec Léon Theremin au perfectionnement de son invention. De formation violoniste classique, elle s'appropria complètement le nouvel instrument, notamment grâce à sa parfaite maîtrise de la justesse des notes ;
- Lucy Bigelow Rosen (1890-1968) ;
- Samuel J. Hoffman (1903-1967) : interprète dans de nombreuses musiques de films ;
- Lydia Kavina (née à Moscou le 8 septembre 1967). Lointaine parente de Léon Theremin, elle a appris à jouer avec lui dès l'âge de 9 ans. Concertiste virtuose internationale, elle compose également pour cet instrument ;
- Masami Takeuchi.
- Tim Blake joues aussi le Theremin, en particulier dans ses performances avec le groupe Hawkwind
Dans les années 1950, le thérémine a été largement utilisé pour créer les ambiances sonores des films de science-fiction. On le retrouve depuis régulièrement dans la musique populaire ou électronique, ainsi que le jazz :
- Audio-mastick.
- Bee Gees.
- Benjamin Biolay.
- Biffy Clyro : sur le morceau Shock Shock.
- CEvin Key sur bOb's Shadow de l'album The Ghost Of Each Room et en concert.
- Chimaira : sur le morceau Six.
- Cosmic trip machine.
- Dionysos : sur leur album Monster In Love. L'instrument est même le sujet du titre Giant Jack et le sanglophone. Il a aussi l'habitude d'utiliser le thérémine lors de ses concerts.
- Fishbone.
- Goldfrapp sur le morceau Yes Sir.
- Heather Nova : sur le morceau When somebody turns you on de l'album South.
- IAMX.
- Imai Hisashi, le guitariste du groupe de visual-rock japonais BUCK-TICK, utilisera le thérémine à de nombreuses reprises lors des concerts de sa formation.
- Inspecteur Barnaby : le thème de la série télévisée, n'est pas de la scie musicale mais bien du thérémine[réf. nécessaire].
- Jean Michel Jarre, utilisateur épisodique du thérémine sur des morceaux comme Oxygène 10, les Chants magnétiques 1 ou encore plus récemment Zoolookologie, lors du concert à Pékin en 2004 et de sa tournée 2010.
- Jimmy Page : sur le morceau Whole lotta love.
- Jon Spencer Blues Explosion.
- Katia Goldmann.
- Laurent Dailleau.
- Linkin Park : lors du concert à Moscou en 2011.
- Michel Aumont sur l'album Armorigène Trio.
- Mercury Rev sur les morceaux Holes et Tonite It Shows de l'album Deserter's songs.
- Messer Chups : formation russe de surf rock organisée autour du Theremin dont la virtuose principale n'est autre que la descendante directe de l'inventeur (vu aux Transmusicales de Rennes en 2005).
- Muse sur le morceau The Gallery et sur le morceau "Exo Politics".
- Nine Inch Nails (Notamment Charlie Clouser sur plusieurs morceaux de l'album live And All That Could Have Been, comme l'intro de Sin ou Just Like You Imagined).
- Pamelia Kurstin.
- Pixies sur Velouria.
- Placebo sur Taste in Men en live.
- Portishead : sur les morceaux Mysterons du premiere album Dummy et Humming du second album du groupe. Mais si l'on s'en fie aux concerts, il s'agirait d'un son de thérémine reconstitué au synthétiseur.
- Radiohead.
- Rob Schwimmer dans Theremin Noir.
- Sher ki Awaaz.
- Spirit of the matter : sur les albums "Moka Club", "Le miroir à trois façes", "Zuble Land" (joué par Ian Marek, guitariste du groupe).
- System of a down sur Ego Brain.
- The Beach Boys : sur les morceaux Good Vibrations et I Just Wasn't Made For These Times. Il s’agit en réalité d’un instrument proche, le Tannerin, inventé et joué par Paul Tanner.
- The Damned : sur la chanson "Absinthe" de l'album Grave Disorder (il est joué par le chanteur Dave Vanian qui est l'auteur-compositeur de cette chanson).
- The Flaming Lips.
- The Gathering : René Rutten combine guitare électrique et Thérémine sur cet album.
- The Polyphonic Spree.
- The Rolling Stones sur 2000 Light Years from Home, de l'album Their Satanic Majesties Request.
- Ulver : sur les morceaux Eos et Funebre de l'album Shadows of the sun, joué par Pamelia Kurstin.
- Un drame musical instantané.
- Zazie : sur le morceau Cyber de l'album Rodéo Tour extrait de la tournée du même nom.
On peut citer le collectif expérimental français ATELIER 112 qui associe la technologie midi au thérémine.
De jeunes talents tels que Claude-Samuel Lévine, avec des adaptations surprenantes du répertoire classique et ses œuvres, permettent aussi de rapprocher cet instrument du public toujours curieux. Jean-Luc Fonck du groupe belge Sttellla l'utilise également lors de sa tournée One man chose.
Le thérémine a droit à quelques apparitions dans le film canadien Les Aimants du réalisateur Yves Pelletier.Sting l'utilise aussi lors de sa tournée avec l'Orchestre philharmonique royal en 2010, plus précisément dans la chanson Moon ver Bourbon Street.
Le thérémine apparaît brièvement dans la série Les Simpson (saison 15, épisode 14), ainsi que dans l'adaptation cinématographique du manga « Nodame cantabile », lorsque Nodame rencontre le 'fantôme' du conservatoire, à Paris. Le thérémine est aussi utilisé dans la série The Big Bang Theory (saison 4, épisode 12), lorsque Sheldon l'utilise pour jouer le thème de Star Trek et la chanson Nobody knows the trouble I've seen.
Simulateur de thérémine
Il existe un exemple de simulateur ou émulateur de Thérémine utilisant l'interface homme-machine naturelle Kinect pour Xbox 360, capable de reconnaître les mouvements du corps, développé par le designer Ken Moore[2].
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Theremin Family
- Theremin World
- Theremin Vox
- etheremin, la plateforme francophone de thérémine
- Claude-Samuel Lévine au Theremin
- Video
- Une vidéo qui montre bien le principe de l'instrument
- Vidéo: Présentation du thérémin
- Le cygne de Saint-Saëns joué au thérémine par Masami Takeuchi, musicien japonais
- - Petit historique des précurseurs des musiques électroniques avec des images sur l'univers du thérémine
- Pamelia Kurstin: Theremin, the untouchable music (TED conference)
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