Théorème de taniyama-shimura

Théorème de taniyama-shimura

Conjecture de Shimura-Taniyama-Weil

La conjecture de Shimura-Taniyama-Weil énonce que, pour toute courbe elliptique sur \mathbb{Q}\,, il existe une forme modulaire de poids 2 pour un sous-groupe de congruence Γ0(N), ayant même fonction L que la courbe elliptique.

Une grande partie de cette conjecture, suffisante pour en déduire le dernier théorème de Fermat, a été démontrée par Andrew Wiles. En date de 2009, cette conjecture est un théorème grâce aux travaux de Christophe Breuil, Brian Conrad, Fred Diamond et Richard Taylor qui ont traité les cas restants.

Cette conjecture est un cas très particulier de conjectures énoncées par Robert Langlands reliant motifs et représentations automorphes.

Sommaire

La conjecture

La (partie affine d'une) courbe elliptique E définie sur \mathbb{Q}\, (le corps des nombres rationnels) est donnée par une équation du type

y2 + a1xy + a3y = x3 + a2x2 + a4x + a6,

où les coefficients sont des entiers. On peut choisir une telle équation minimale (c'est-à-dire que le discriminant est minimal).

Si p est un nombre premier, on peut réduire modulo p les coefficients de cette équation minimale définissant E ; pour toutes les valeurs de p, sauf un nombre fini, l'équation réduite définit une courbe elliptique sur le corps fini \mathbb{F}_p\,. L'équation réduite a n_p\, solutions[note 1]. On peut alors considérer la suite

ap = pnp

qui est un invariant important de la courbe elliptique E.

Par ailleurs, une forme modulaire donne aussi naissance à une suite de coefficients. Une courbe elliptique telle que la suite des ap est en accord avec celle obtenue à partir d'une forme modulaire est appelée modulaire. La conjecture de Shimura-Taniyama-Weil prédit que :

« Toutes les courbes elliptiques sur \mathbb{Q}\, sont modulaires. »

Son histoire

Une version faible fut énoncée par Yutaka Taniyama en septembre 1955, au cours d'une session de problèmes lors d'une conférence à Tokyo : il demanda s'il était possible de trouver une forme dont la transformée de Mellin donnerait la fonction L de Hasse-Weil de la courbe elliptique. Dans une série d'articles, Goro Shimura construisit pour chaque forme modulaire dotée de bonnes propriétés (en particulier de poids 2 et à coefficients rationnels) une courbe elliptique adéquate, c'est-à-dire qu'il établit la moitié du dictionnaire entre « elliptique » et « modulaire ». Taniyama se suicida en 1958.

La conjecture fut reformulée par André Weil dans les années 1960, lorsqu'il montra que la modularité résulterait de propriétés simples sur les fonctions L de Hasse-Weil[note 2]. Cette formulation rendit la conjecture plus convaincante et le nom de Weil lui fut longtemps associé, parfois de manière exclusive[note 3]. Elle devint aussi une composante importante dans le programme de Langlands.

Dans les années 1960, Y. Hellegouarch avait étudié les propriétés de courbes elliptiques associées à des contre-exemples au dernier théorème de Fermat. Reprise dans les années 1980 par Gerhard Frey, et précisée par Jean-Pierre Serre, cette idée permit à Ken Ribet de démontrer que la conjecture de Shimura-Taniyama-Weil pour ces courbes « de Hellegouarch-Frey » impliquait le dernier théorème de Fermat. En 1994, Andrew Wiles, avec l'aide de son ancien élève Richard Taylor, démontra un cas particulier de la conjecture (le cas des courbes elliptiques semi-stables), qui suffisait pour la preuve du dernier théorème de Fermat[1].

La conjecture complète fut finalement démontrée en 1999 par Breuil, Conrad, Diamond et Taylor en s'appuyant sur les idées de Wiles.

On peut en déduire un certain nombre de résultats dans la lignée du dernier théorème de Fermat. Par exemple : « aucun cube n'est la somme de deux puissances n-ièmes premières entre elles avec n ≥ 3 ».

En mars 1996, Wiles partagea le Prix Wolf avec Robert Langlands. Bien qu'aucun des deux n'ait démontré la conjecture complète, il fut reconnu qu'ils avaient établi les résultats clés menant à sa démonstration.

Annexes

Notes

  1. La courbe elliptique réduite a donc np + 1 points, en comptant le point à l'infini.
  2. Plus précisément de ce que les fonctions L d'une famille de courbes elliptiques déduites de celle de départ admettraient un prolongement analytique à tout le plan complexe et vérifieraient une équation fonctionnelle liant leurs valeurs en s et leurs valeurs en 2-s, voir A. Weil, Collected Papers, vol. 3, p. 165. De telles propriétés, analogues à celles de la fonction zêta de Riemann, étaient attendues pour toutes les fonctions L.
  3. Le mathématicien S. Lang mena une campagne active au moment de la preuve de Wiles pour éliminer le nom de Weil de l'énoncé de la conjecture, voir son article dans la Gazette des mathématiciens ainsi que les références qui s'y trouvent. Une présentation mesurée du rôle de chacun se trouve dans l'exposé de Jean-Pierre Serre à Bourbaki en 1994.

Références

  1. Voir l'exposé de Serre cité plus haut et, pour plus de détails Yves Hellegouarch, Invitation aux mathématiques de Fermat-Wiles [détail des éditions]

Bibliographie

Source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Modularity theorem ».
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