Tablatarang

Tablatarang

Tablâ

Le tablâ est un instrument de musique à percussion Indien. Certainement dérivé des nagaras ou des « tablas » arabes, la légende en rapporte l'invention à Amir Khusrau, fondateur de la Delhi gharânâ, au XIVe siècle. On dit aussi qu'il serait né de la colère d'un musicien qui aurait jeté son mridangam par-terre et l'aurait brisé en deux : l'instrument fonctionnait toujours et donna naissance au tablâ.

Facture

Tablâ

Avec le mridang, c'est le membranophone le plus complexe qui soit. Le tablâ est composé de deux fûts, un petit tambour mâle, le dâyan ou dahina (droite) et une timbale femelle, le bâyan ou bâya (gauche), accordé généralement à la quinte grave (en fonction de la tonalité et du râga, ce peut être à la quarte ou à l'octave).

Le dâyan est un petit tonneau de 15 cm de diamètre et 25 cm de haut, taillé dans un tronc de thun, de teck ou de pallissandre, mais seule une petite partie est excavée. Il importe de garder un fond lourd pour assurer stabilité et résonance vibratoire. Une première peau de chèvre y est posée sur la bouche, sur laquelle une autre est liée par un tissage en cuir de chameau, puis coupée en son centre.

Une pâte, nommée suru et composée de farine et de fer, est appliquée au centre de la peau pour former une pastille noire, la shyahi, permettant de faire sonner l'harmonique fondamentale.

Acoustique : L'amortissement apporte par la friction de la peau decoupee sur la peau pleine, et l'ajout de masse et d'amortissement apporte par cette pastille, confère a l'instrument un accordage en série presque harmonique,ce qui est exceptionnel pour une membrane vibrante (l'autre exception étant la timbale d'orchestre). Des mesures de vibration sur la membrane montrent que les différents modes s'établissent en série jusqu'au 5e ou 6e avec des rapports quasi constants les uns avec les autres. Les techniques de jeu permettent de changer la note en bloquant certains modes ou en les favorisant en posant les doigts sur certaines lignes nodales.

Des lanières de cuir et des cales en bois (guti) permettent de tendre les peaux et d'en faire l'accord avec la tonalité du râga.

Le bâyan (30 cm de diamètre pour 25 cm de haut) est une timbale en terre cuite ou en cuivre (ou laiton), recouverte elle aussi du même système complexe de peaux et pastille, mais cette dernière est décalé du centre.

Les lanières sont souvent des cordelettes avec des anneaux et plus rarement des petites cales de bois (guti) pour les accorder. Il faut aussi un marteau pour accorder l'instrument (opération délicate là aussi).

Il existe plusieurs tailles adaptées à la fois à la morphologie du joueur, et au style de musique (grand tablâ pour le chant).

Jeu

On en joue assis par terre, les instruments reposant sur des petits coussins afin de les orienter proprement.

Les peaux sont frappées avec les doigts. Les mains sont en contact permanent avec l'instrument, offrant un appui aux doigts, qui ont ainsi plus de précision. La technique en est très évoluée et permet de réaliser une grande variété de sonorités, aiguës ou graves, sèches ou profondes, la frappe sur le tambour grave servant surtout à donner la cadence.

Le tablâ est utilisé en solo, en accompagnement de chants et de danses kathak ou d'ensemble d'instruments traditionnels indiens, comme le sitar ou le sarod. On y joue surtout la musique indienne hindoustani, mais il apparaît aussi dans la musique de film, et la world music.

Diverses régions indiennes ont élaboré leur propre style de jeu du tablâ et on se réfère à six écoles majeures ou gharânâ : celles du Punjab, de Delhi, d'Ajrada, de Farukhabad, de Lucknow et de Vârânasî. L'apprentissage du tablâ est très long et nécessite la présence d'un guru qui transmet les bols, c'est à dire, les onomatopés désignant les divers techniques de frappes. Il y a en effet des milliers de rythmes à mémoriser ainsi.

Dans le sud de l'Inde, on lui préfère le mridangam.

Le tablâ tarang est un ensemble de sept tablâs posés en demi-cercle autour du tabliste, et accordés chacun selon une note afin de former un râga. Les instruments sont dès lors joués les uns après les autres afin de décliner les mélodies. C'est une formation assez rare, mais prisé au cinéma indien.

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