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Aullène
Aullène {{{image}}} Pays France Région Corse Département Corse-du-Sud Arrondissement Arrondissement de Sartène Canton Canton de Tallano-Scopamène Code Insee 2A024 Code postal 20116 Maire
Mandat en coursPierre Castellani
2008-2014Intercommunalité Latitude
LongitudeAltitudes moyenne : 850 m
minimale : 629 m
maximale : 1724 mSuperficie 4092 ha = 40,92 km² Population sans
doubles comptes177 hab.
(2006)Densité 4,32 hab./km² Aullène est une commune française, située dans le département de la Corse-du-Sud et la région Corse.
Sommaire
Géographie
Aullène est un village de montagne de tradition pastorale dont le territoire s'insère dans la partie haute d'une vallée parallèle et méridionale à celle du Taravu.
Situé à 850 mètres d'altitude sur la rive gauche du Chiuvone (Chjuvonu en corse), le village d'Aullène s'enroule autour de deux "pogs" (poghji en corse) dominés par la Punta d'Ariola, un sommet de 1449 mètres.
L'impétueuse rivière Chjuvonu, surnommé "le fleuve" par les habitants, prend sa source sur le plateau du Cuscionu, qui marque la frontière nord-nord-est de la commune, et longe le village avant de poursuivre sa course vers le sud-sud-ouest en direction du Valinco et se jeter dans le Rizzanese en-dessous de Zoza.
Les lignes de crête, dont le sommet principal Punta di Sistaja culmine à 1724 mètres, constituent les limites naturelles du village à l'est, au nord et à l'ouest tandis que le Col de la Tana borne le territoire au sud-sud-ouest.
Histoire
Origine du nom du village
Aullène en français, Audde' en corse.
[l'accent sur le "e" correspond à la marque de la tonique sur une finale et non au "é" français ; en fait on prononce presque au|g|ddè]
Tout d'abord, notons qu'on parle le corse de manière différente selon qu'on se situe dans le diquai (di qua dai monti) ou dans le dilai (di là dai monti). Un test tout simple consiste à demander comment se dit grand-mère et grand-père ; si on vous répond mamone et babonu, vous êtes dans le diquai, si on vous répond mina et missiau, vous êtes dans le dilai. De plus, chaque micro-région possède ses indiosyncrasies et particularités phonologiques. Ainsi, en Alta Rocca, situé dans le dilai, le "ll" est fortement dentalisé, ce qui le transforme en un "d" légèrement palatal, d'où l'orthographe moderne de Audde' au lieu du "Aullé", tel qu'on le retrouve par exemple transcrit dans le terrier de la Corse de 1769.
On se perd dans les suppositions élaborées par tous les érudits du village depuis plusieurs lustres quant à l'étymologie du nom "Aullène".
Parmi les certitudes, on sait que les gens de l'Alta Rocca disent Audde', que les ingénieurs géographes français de la fin du XVIIIe siècle utilisèrent le nom "Aullène", que c'est "aullene" que l'on trouve écrit sur les actes italiens du XVIIe siècle et qu'au XVIe siècle "auguliena" apparaît dans le détail des lieux habités de la pieve de Talla.
Au village, certains ont prétendu que l'origine proviendrait du grec ancien signifiant "carrefour" (mes vieux souvenirs d'étudiante me disent : diodos = endroit où se rencontrent deux routes ; triodos = endroit où se rencontrent trois routes). Soit, mais c'est un peu court quand on se souvient que la croisée des chemins est plutôt récente à Aullène ; de fait, si on est certain de l'antiquité du chemin de Zicavo à Levie via Aullène, si on est également assuré de la jeunesse de la route d'Ajaccio ouverte à la fin du XIXe siècle et achevée en 1927, en revanche, il n'est pas avéré que la route qui descend vers Carghiaca puis vers le Valinco soit aussi importante que celle de Zicavo à Levie via Aullène. Cette théorie se retrouve actuellement ici et là sur le Web et on peut même lire qu'Audde' signifierait "carrefour" en corse ; il serait intéressant de savoir qui, en Alta Rocca, voire ailleurs dans l'île, dit audde' pour cruciuia ou cruciamentu.
Il fut un temps où circulait au village l'histoire que les ingénieurs géographes de la fin du XVIIIe siècle s'appuyèrent sur le terme de latin désignant l'aulne pour donner un nom français au village car ils auraient imaginé que le mot avait un rapport avec l'aulne odorant, cette variété qui parfume avec délicatesse certaines de nos vallées de montagne ("Alnus alnobetula subsp. suaveolens" ; u bassu en langue corse).
Finalement, il semble tout de même plus juste de partir du terme d'Auguliena relevé sur des textes du milieu du XVIe siècle (voir les recherches d'Antoine-Dominique Monti dans "Eléments pour un dictionnaire des noms propres").
Alors, Aullène, point de scrutation, poste d'observation ?
C'est une solution tout à fait plausible car elle nous rappelle l'existence de la probable place fortifiée du XIe siècle et celle, indéniable, du XIIIe siècle d'où le Giudice (Sinucello Della Rocca dit "il Giudice di Cinarca") surveillait et contrôlait les seigneurs voisins.
Petite histoire du village
Le village d'Aullène, situé au cœur de l'Alta-Rocca, est fortement marqué par une vieille tradition pastorale. Jusqu'avant la Première Guerre Mondiale, qui amputa les familles corses de leurs forces vives, les habitants d'Aullène se déplaçaient avec leurs bêtes de la montagne vers les pâturages du littoral pendant les mois d'hiver -- c'était l'hivernage ou l'impiaghiera, puis remontaient en montagne pour l'estive ou a muntanera, si possible avant l'apparition des moustiques, vecteurs du paludisme. Entre Monacia d'Aullène, le village d'été, et Aullène se trouve Ghjanuciu, un hameau maintenant bien peuplé qui ne fut, jusqu'à une époque proche, qu'une simple escale au pied de la montagne de Cagna sur le chemin de transhumance des bergers. Il n'est donc pas étonnant de retrouver les mêmes familles dans les trois villages.
Les biens des particuliers ne sont pas les seuls à se retrouver en partage sur les deux villages, en effet, une partie des terrains détenus par la commune d'Aullène sur le Cuscionu l'est en indivision avec Monacia et une partie des terrains du littoral de Monacia lui appartient en indivision avec Aullène.
L'activité d'élevage de la commune était tellement importante que chaque premier dimanche du mois d'août, lors de la fête paroissiale, se tenait, jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, la plus importante foire aux bestiaux de la région.
Aujourd'hui, 396 habitants permanents sont répertoriés à Monacia, passé du statut de hameau d'Aullène à celui de village indépendant en 1870, et 138 à Aullène. Ces chiffres peuvent quintupler, ou plus encore, lorsque les Corses dits "de la diaspora" viennent passer les vacances d'été au village.
Administration
Liste des maires successifs Période Identité Parti Qualité . . . . 1948-1983 Blanchard Lucchini - pharmacien 1983-2006 Michel Martini - enseignant 2006-2008 Pierre Castellani - entrepreneur 2008- Pierre Castellani - Toutes les données ne sont pas encore connues. Démographie
Évolution démographique 1769 1818 1856 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2004 2006 602 831 1412 296 315 246 176 149 138 183 177 Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes Lieux et monuments
- Église paroissiale San' Nicolau (Santu Nicolau / Saint Nicolas en français) : la chaire à prêcher du XVIIIe siècle en menuiserie sculptée est classée auprès des "Monuments historiques" depuis le 29 avril 1960 ; les stalles en bois du XIXe siècle, les fonts baptismaux du XIXe siècle en marbre taillé et poli, le tabernacle du XIXe siècle en bois et le meuble de sacristie du XIXe siècle en bois sont inscrits au registre des "Monuments historiques" depuis le 11 mars 1988 ; le clocher du XIXe siècle, à étages et percé de baies, y est inscrit depuis le 30 janvier 1990. La cuve de la chaire de l'église d'Aullène est supportée par quatre dauphins ailés et repose sur une console en forme de masque nègre. Geneviève Moracchini dans "Trésors oubliés des églises de Corse" écrit au sujet de cette chaire : "[...] la console en forme de masque nègre, où prennent appui les supports de la chaire, rappelle peut-être les raids barbaresques qui ravagèrent les côtes jusqu'au XVIIIe siècle mais qui échouèrent parfois devant la résistance des habitants. Ce trophée symbolique, réduit au rang d'atlante, aurait alors pour but de conjurer le péril barbaresque."
- Chapelle rurale Sant'Antiochu (Santu Antiochu / Saint Antioche ou Saint Antiochus en français) où la communauté catholique du village mène chaque premier dimanche du mois d'août la représentation du Saint en procession depuis l'église, célébrant ainsi la "Transfiguration" tout en contribuant à la fête du village. La "Fiera di Sant'Antiochu" (foire de Saint Antioche) d'Aullène fut jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale l'une des plus importantes foires aux bestiaux de Corse.
- Temple protestant qui fut créé en 1905 et qui resta en activité jusqu'avant la Deuxième Guerre mondiale.
- Place fortifiée du XIe siècle. Au nord-est du centre du village, au lieu-dit "Castellare" (ainsi référencé sur la carte IGN), se trouve un petit sommet sur lequel fut érigée, probablement au XIe siècle, une place-forte. Cette position de trouve en surplomb de l'actuelle D. 69, un ancien axe descendant de Zicavo qui fut très pratiqué par les populations en transhumance. Au lieu-dit du "Castellare" (Casteddaru en corse), on accède à l'emplacement du château par les vestiges d'un fort ancien escalier de pierre, une vraie curiosité.
- Place fortifiée du XIIIe siècle. Plus bas que le "Castellare", sur le dôme planté de châtaigners autour duquel s'enroule une partie du village ("Campanaju" sur la carte IGN), aurait été construit au XIIIe siècle la place-forte du "Giudice di Cinarca", de son vrai nom Sinucello Della Rocca, celui qui parvint un très court temps à unifier l'île dans sa presque totalité. La position sur le Campanaghju permettait à Sinucello Della Rocca, en perpétuel conflit avec les seigneurs de Levie et de Carbini, de surveiller les mouvements sur l'axe de Zicavo à Levie et pouvoir se replier sur une position facilement protégeable.
Personnalités liées à la commune
- Sinucello Della Rocca dit "il Ghjudiciu di Cinarca" (1221-1306 ou 1312) - Il fit accepter en 1264 une forme de constitution et réussit à unir l'île quelque temps à la fin du XIIIe ; avait installé sa place-forte sur les hauteurs d'Aullène.
- Jean-Baptiste Natali (1883-1974) - Né à Aullène ; écrivain ; instituteur, procureur de la République ; auteur de "Nos Géorgiques" (1921), de "Parmi le thym et la rosée" (1934), d'une étude sur le dialecte de l'Alta Rocca et de "La Poésie dialectale du peuple corse" (1961).
- Simon Dary aka Simonu d'Auddè (1900-1978) - Né à Monacia d'Aullène ; poète, prosateur et fabuliste (textes, poésies et œuvres de théatre) ; inspecteur principal honoraire du Commerce et des Prix ; auteur de "Filosofia, cumediola in dui atti è sei sceni" (1965) et de "Risa Corsa" (1977).
- Pierre Rossi (1920-2002) - Né à Aullène ; écrivain et philosophe ; enseignant et diplomate ; auteur de "L'Irak des révoltes" (1962), "La Libye", "La Tunisie de Bourguiba", "De Suez à Akaba", "Le pétrole arabe dans la guerre", "Les clefs de la guerre", "La verte Libye de Khadafi", "La cité d'Isis, histoire vraie des Arabes" (1976), "L'Irak, le pays du nouveau fleuve", "Un soir à Pise", "Les conjurés d'Aléria", "U disturbu 1789-1989, la mise à sac" (1989), "La Corse, l'Europe et le droit" (1991).
- Lucie Dolène (1931) - Originaire d'Aullène ; chanteuse et comédienne
Voir aussi
Notes et références
Liens externes
- Aullène Site personnel
- Aullène sur le site de l'Institut géographique national
- Aullène sur le site de l'Insee
- Aullène sur le wiki de GeneaNet
Catégorie : Commune de la Corse-du-Sud
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