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Siège de Calais (1346)
Pour les articles homonymes, voir Siège de Calais.Le siège de Calais est entrepris durant la guerre de Cent Ans par les Anglais en septembre 1346 et va durer onze mois. Au début du mois d'août 1347, après une résistance héroïque des habitants, six bourgeois de la ville conduits par Eustache de Saint Pierre se livrent en otages au roi Édouard III d'Angleterre, et sauvent ainsi la ville de la destruction.
En 1349, déjà très affaiblis par la famine occasionnée par le siège, les habitants sont presque tous fauchés par la peste noire. Repeuplée par des Anglais, Calais va rester sous domination britannique jusqu'en 1558.
Sommaire
Contexte
Tout commence le 12 juillet 1346, lorsque Édouard III d'Angleterre débarque à Saint Vaast la Hougue pour faire une promenade en France[1].
En réalité il dévaste la Normandie, menace Paris et, poursuivi par les armée du Roi de France s'en retourne vers le nord.Le 26 aout 1346 le face à face a lieu aux abords de la foret de Crécy.
Les chevaliers français venant d'Abbeville attaquent en désordre et sont jetés à terre sous une pluie de flèches[2].
Après avoir remporté la bataille de Crécy, le roi Édouard III (issu de la Maison d’Anjou-Plantagenêts), qui ne pensait quelques mois plus tôt qu'à retourner en Grande-Bretagne, n'a plus d'adversaire. Il se presse d’aller faire le siège de Calais, après avoir incendié Wissant et Wimille, extrêmement nuisible au roi et à son royaume, afin d'avoir une tête de pont qui serait la clef pour le départ ultérieur de ses chevauchées en France.Le siège anglais (1346-1347)
Le roi d'Angleterre commença l’investissement devant la place, le 4 septembre 1346.
La ville de Calais, protégée par sa situation au milieu de terrains marécageux envahis par les eaux à chaque marée, était défendue par une garnison placée sous le commandement d’un chevalier originaire de Dole dans le Jura, Jean de Vienne (ou, de Via(e)ne). Ce dernier était secondé par un certain nombre de chevaliers d’Artois dont Jean Froissart nous a transmis les noms « Ernoulz d’Audrehem, Jean de Surie (ou, de Sury), Baudouin de Belleborne (ou, de Bellebrune), Geoffroi de le Motte, Pépin de Were (ou, de Wiere, ou, de Werie) », auxquels la chronique normande ajoute les sires de Beaulo, de Grigny.
Voyant l’armée anglaise définitivement établie (pour un siège au « finish »), le capitaine de Calais craignant avec raison d’être contraint par la famine à se rendre, se résolut de se défaire de bouches inutiles et d’expulser de la ville les personnes dépourvues de biens et de provisions (entre 500 et 1 700 personnes selon les chroniqueurs).Il y eut peu de bataille sur terre autour de Calais, qui se soldèrent toutefois par des assauts infructueux et chèrement payés. Mais en mer, le roi anglais fit placer 25 bateaux faisant le blocus de Calais. Des navires génois, au service de la France, ainsi que des navires normands et des marins d’Abbeville, réussirent cependant à forcer le blocus pour ravitailler Calais et ses assiégés. Édouard III décida de bloquer l’entrée du chenal avec des obstacles de toute nature et à partir de juin 1347, il fut impossible pour les Français de ravitailler Calais. [3]
Reddition de la ville
En juin 1347, en désespoir de cause, Jean de Vienne, capitaine de Calais assiégée, écrivit une lettre au roi Philippe VI de Valois lui demandant de venir lui porter secours « ...la garnison n’avait d’autres alternatives que de tenter une sortie désespérée : nous aimons mieux mourir aux champs honorablement que de nous manger l’un l’autre !... ». Cette lettre transmise par l’intermédiaire d’un bateau génois fut interceptée par la marine anglaise. Édouard, ayant lu la lettre, y ajouta son sceau royal puis l'envoya à Philippe[4]. Le 27 juin 1347, l’armée française parut à hauteur de Sangatte. Des Flamands et des Germaniques se portèrent du côté anglais, des Hennuyers se portèrent du côté français. Deux légats du pape furent envoyés à Calais et une trêve de trois jours fut conclue. Tous les passages menant à Calais étant obstrués de fossés et gardés par les Anglais, le roi de France ne put intervenir. C’est alors que Jean de Vienne, pressé par la population de Calais assiégée, demanda à parlementer avec le roi anglais sur la reddition de Calais à condition d’épargner la population et la garnison. Sur ce, Édouard III exigea que six bourgeois viennent en chemise, pieds nus et la corde au cou se mettre à sa disposition : ce furent Eustache de Saint-Pierre, Jean d’Aire, Jacques de Wissant et son frère Pierre, Jean de Fiennes, et André d’Ardres. À leur arrivée auprès d’Édouard III, ces six bourgeois de Calais furent épargnés grâce à l’intervention de Philippa de Hainaut, épouse du roi anglais. La ville fut occupée par les Anglais fin août 1347 et le roi rembarqua pour l’Angleterre (laissant des troupes à la garde de Calais sous les ordres de Jean de Montgomery au service du roi anglais) avec les chevaliers français prisonniers (parmi lesquels Jean de Vienne, Jean de Sury et Ernoul d'Audrehem) : ces prisonniers demeurèrent six mois en Angleterre et furent par après mis à rançon. Philippe VI de France les racheta[5].
Conséquences
Le siège de Calais avait duré onze mois. Le cardinal Guy de Boulogne, arrivé à Amiens, négocia une trêve avec Édouard III au nom de son cousin Philippe VI, et obtint gain de cause[6], Édouard III étant satisfait de maintenir Calais. Les hostilités ne reprirent qu'à la mort de Philippe, trois ans plus tard, cette fois dans le Poitou.
Quant à la ville de Calais, elle ne redevint française qu’en 1558.
Culture
Le sujet a donné lieu à deux pièces de théâtre : Les Décius français ou le Siège de Calais sous Philippe VI de Durosoy (1764) et Le Siège de Calais, une tragédie de Dormont de Belloy (1765)
Il est également le thème d'un opéra italien, L'assedio di Calais (1836) de Gaetano Donizetti (musique) et Salvatore Cammarano (livret).
Il a aussi inspiré le groupe statuaire en bronze d'Auguste Rodin Les Bourgeois de Calais (plâtre 1889, première fonte 1895).
Notes et références
- La Présence Anglaise à Calais au Moyen Age, Curveiller Stéphane.
- ↑ Histoire de Calais, Alain Derville et Albert Vion - Westhoek, 1985
- ↑ Pays du Nord no 81
- ↑ D'après Georges Daumet, Calais sous la domination anglaise, p. 4, cité dans Chroniques de Froissart, Imprimerie Repressé-Crépel et Fils, Arras (France), 1902 . Georges Daumet (1870-1912) était archiviste aux Archives Nationales.
- ↑ K. DAVIS, Paul. Besieged: 100 Great Sieges From Jericho to Sarajevo. New York, Oxford University Press, 2003. 376 pages.
- ↑ D'après le baron Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart, Bruxelles (Belgique), 1868-1876.
- ↑ Jean Froissart, Chroniques, chap. CXLVI (« Le roi d'Angleterre repeuple Calais »)
Voir aussi
- Liste des sièges
- Siège de Calais (1436)
- Siège de Calais (1558)
- Liste des batailles de la guerre de Cent Ans
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