Signal-prix

Signal-prix

Le prix d'un objet, d'un produit ou d'un service peut être artificiellement soutenu ou diminué par l'action (fiscalité, écotaxe règlementation, primes, subventions..) des banques et des états. Il devient alors un « signal prix ». Ce signal jouera de manière différente selon le secteur (primaire, secondaire ou tertiaire), à court, moyen et long terme, et selon le type dinvestissement (placement, dépenses de loisir ou de plaisir, dépenses urgentes, etc.) et selon les capacités de dépenses de l'agent économique considéré.

Le « signal » peut être un prix plus élevé, ou au contraire diminué, par exemple par une moindre taxation des énergies renouvelables, propres et sûres (dans l'Union européenne, une directive de 2003 autorise aussi une détaxation pour lélectricité issue de cogénération)

Les écotaxes sont un des moyens de redresser un prix vers un « juste prix » ou un « vrai prix » (c'est-à-dire cherchant à intégrer dans la vente d'un bien ou d'un service la réparation des coûts environnementaux directs et parfois indirects générés par sa production, son transport et son élimination ou recyclage ; cest ce quon appelle linternalisation des coûts externes). Cette démarche peut sappliquer à un service (ex : le transport aérien). Un signal-prix fort sur le carbone inciterait à mieux respecter les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre estiment les partisans de la taxe carbone décidée par le Grenelle de l'environnement en octobre 2007 à Paris

Sommaire

Théorie

En théorie économique pure, dans le domaine microéconomique comme à échelle macroéconomique, le prix (à ne pas confondre avec le coût) est réputé être un signal inconsciemment et/ou consciemment perçu par l'acheteur/consommateur, avec plus ou moins de force selon sa richesse et son intérêt pour les économies. Ce signal est réputé pouvoir orienter les choix de consommation et certains comportements, ce qui est expliqué par la référence à dautres concepts théoriques :

  • la fourchette du « consentement à payer » de l'acheteur
  • la théorie qui voudrait que ce qui est rare est cher, et que ce qui est cher soit moins acheté,
  • la théorie selon laquelle le consommateur tendrait à acheter au "moins cher" à service égal.

Signal ambigu

Cependant, dans la réalité les déterminants du consentement à payer et des choix de consommation sont nombreux, complexes et en grande partie sociopsychologiques (quand ils ne sont pas simplement déterminés par le besoin vital d'une ressource).

Les choix dachat sont aussi de plus en plus orientés par la publicité commerciale qui dispose de moyens nombreux et efficaces de pousser le consommateur à acheter.
Ainsi le signal-prix devrait inciter les acheteur à acheter des bijoux beaux, mais peu chers plutôt quen or, argent ou platine, ou les voitures les plus efficientes, sûres, pratiques et sobres plutôt que des 4x4 dispendieux et encombrants. Ce nest que rarement le cas. De même, le prix des carburants ou du tabac augmentant régulièrement, de nombreux experts pensaient que la consommation en diminuerait fortement, mais on en consomme toujours beaucoup, notamment pour des raisons daddiction dans le cas du tabac, et souvent parce que la société est conçue pour imposer le déplacement automobile dans lautre cas. Dans ces cas laugmentation du signal-prix risque de se heurter à des troubles sociaux et à des réactions violentes.

Signal prix et développement durable

Le grenelle de l'environnement a en octobre 2007 en France suggéré que la part du signal-prix (quil sagisse des investissements déconomie ou du prix à la consommation de lénergie) soit soigneusement analysée avant détablir de nouvelles niches fiscales ou de nouvelles taxes à la consommation. Incorporer les coûts environnementaux dans les prix est à lévidence une nécessité, et réduire les temps de retour sur investissement pour les équipements et travaux de même. Mais il ne faut utiliser larme fiscale (dépense ou taxe) que elle joue un rôle décisif.

Effets pervers parfois

Dans les pays de lOCDE, presque toutes les taxes relatives à lenvironnement sont comprise sur les taxes daccises sur les produits pétroliers ou construites sur le même modèle (sur la consommation ou la pollution pour financer lépuration dans le cas des agences de leau en France) . Leur but était dabord fiscal, avant dêtre environnemental ; il sagissait de générer des revenus pour financer les actions de lEtat et des collectivités. Dans les années 70, en réponse aux chocs pétroliers 70, ces taxes ont été augmentées et orientées vers des services moins polluants et plus sobres en pétrole.

Mais on peut y voir leffet pervers suivant : Pour alimenter le système, il faut consommer autant ou plus (puisque le système est censé générer des économies de consommation deau ou dénergie dans les exemples ci-dessus). Le signal prix à lui seul ne semble donc pas pouvoir à long terme toujours suffire, ce qui ne signifie pas quil ne puisse pas être efficace dans certaines circonstances.

La théorie veut que le signal-prix pousse tous les agents économiques (producteurs, consommateurs, investisseurs, tiers-investisseurs) à économiser les ressources naturelles pas, peu, difficilement ou coûteusement renouvelables. De nombreux exemples le montrent ; En taxant le SO2 émis, la Suède a réduit ses émissions de 80% de 1980 à 1991. Au Danemark, la même taxe a permis en deux ans une chute des émissions du de 24% du SO2 (de 1995 à 1997). En Suède, on estime que la taxe sur le CO2 a permis une baisse des émissions de 9% entre 1990 et 1994[1]

Mais divers autres exemples montrent que ce signal-prix na pas toujours fonctionné de la sorte, ou qu'il semble moins efficace dans certains domaines ou dans certaines conditions ; Par exemple, le prix du poisson a régulièrement augmenté suite à la raréfaction des ressources, mais plutôt que moins en pêcher, et notamment grâce à des subventions, ce sont les coûts de production qui ont été fortement diminués par la mécanisation et les progrès techniques, et on a simplement été pêcher de nouvelles ressources plus loin, puis plus en profondeur, qui ont également été surexploitées en quelques décennies. Dans le secteur de limmobiliser, les flambées des prix du terrain et de lhabitat ou du tertiaire qui ont affecté toutes les grandes villes et capitales à la fin du XXème siècle nont pas réduit les investissements dans la construction, au contraire. Les prix élevés ne semblent pas avoir freiné ni lurbanisation, ni la périurbanisation, ni dans certains pays lexode rural. En Europe, chaque pays taxait certains carburants (pas toujours pour les kérosènes par exemple), mais avec des taux très variables. Une directive adoptée le 20 mars 2003 a fourni un premier cadre européen de taxation énergétique. Ce cadre est symbolique (1 euro par mégawatt produit avec pétrole, gaz ou charbon), mais avant cette directive les distorsions de taxes et du marché favorisaient d'importants trafics et détournements légaux de carburants d'un pays à l'autre, avec des coûts environnementaux et des pertes pour les finances publiques.

Vouloir utiliser le signal-prix pour influer sur les choix dachat et les comportements semble donc nécessiter un large accompagnement explicatif pour éclairer les acheteurs, ce qui devrait augmenter leur consentement à payer la taxe. Il faut aussi avoir pris en compte en compte les incertitudes et certains comportements non-rationnels de certains acteurs économiques (dont états, entreprises, banques et bourse le cas échéant). Il faut aussi envisager les moyens quont les marchés ou consommateurs dutiliser des alternatives pour contourner la taxe. Ainsi un renchérissement du prix de lénergie peut encourager lefficience énergétique ou au contraire, mais sans accompagnement du public, dans de nombreux pays, une forte taxe carbone ou une écotaxe sur les produits pétroliers pourrait se traduire par une rapide surexploitation de la forêt voir par un pillage (direct ou délocalisé) de la ressource en bois (cf. syndrome de lîle de Pâques), ou le développement anarchique et dangereux de centrales au charbon ou du tout-nucléaire qui ne ferait que déplacer le problème (pollution par le charbon, risque et épuisement des ressources en uranium dans le cas du nucléaire). Enfin, la défaillance du marché reste possible dans de nombreux secteurs

Notes et références

  1. Source : Agence Européenne de lEnvironnement

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