- Salo ou les 120 journees de Sodome
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Salò ou les 120 journées de Sodome
Salò ou les 120 journées de Sodome est un film italien réalisé par Pier Paolo Pasolini et sorti en France le 19 mai 1976. Il s'agit du dernier film du cinéaste, assassiné peu après sa sortie.
Sommaire
Synopsis
L'action commence par la réunion de quatre notables riches et d'âge mûr qui décident de leur projet macabre. Elle se poursuit par la capture de 9 jeunes garçons et 9 jeunes filles dans la campagne et quelques villages alentours.
Les quatre notables, le Duc, l’Évêque, le Président et le Juge entourés de divers servants armés et de quatre prostituées, ainsi que de leurs femmes respectives, s'isolent dans un palais des environs de Marzabotto, dans la « République de Salò » (ou République sociale italienne). Le séjour débute par le mariage de certains notables avec les filles des autres.
Le film se divise en quatre tableaux ou cercles, allusion à l'Enfer de la Divine Comédie de Dante :
- le premier tableau est intitulé Antiferno ("le vestibule de l'enfer"), dans lequel le réalisateur plante le décor ;
- le deuxième se nomme Girone delle manie ("cercle des passions"). Il est l'occasion de diverses scènes de viol sur les adolescents ;
- le troisième est celui du Girone della merda ("cercle de la merde"), où les victimes doivent notamment se baigner dans des excréments ou manger les fèces du Duc ;
- le dernier jour est celui du Girone del sangue ("cercle du sang"), et l'occasion de diverses tortures et mutilations (langue coupées, yeux énucléés, scalpations, marquages au fer...), et finalement meurtres des adolescents.
Le tout crûment montré dans un scénario proche de la réalité (vision au travers de jumelles). Toujours interdit à la TV, Salo fait l'objet d'un véritable culte et est toujours projeté dans une salle de cinéma « Art et Essai » du Quartier latin de Paris. Réservé à un public très averti, il a toutefois été diffusé en France sur CinéCinéma Classic à l'occasion d’une intégrale Pasolini.
Commentaire
Le film est inspiré à la fois de l'œuvre du marquis de Sade, Les Cent Vingt Journées de Sodome, et des évènements qui se sont déroulés dans la ville de Salò, au nord de l'Italie, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque Mussolini s'y est réfugié face à l'avancée des Alliés par le sud et y a fondé une république fasciste, la République sociale italienne. On y trouve également quelques inspirations de Dante et sa description des cercles de l'Enfer.
C'est le film le plus sombre et le plus désespéré de Pasolini. Il est minutieusement construit comme une descente progressive à travers différents cercles de la perversité, à l'image des cercles de l'Enfer de Dante. Après avoir réalisé une série de films exaltant la sexualité dans l’allégresse (Trilogie de la vie), Pasolini considère la libération sexuelle comme une tromperie. Il s’élève contre la société de consommation et le capitalisme qui asservissent la sexualité, qui devrait être libératrice, et expose les vies privées[1]. Il dénonce donc dans son film, une nouvelle fois, les horreurs de la société bourgeoise : la sexualité, auparavant vue comme une grâce pour l’humanité, devient une simple marchandise à consommer, sans égard pour la dignité humaine[1]. Les dernières scènes, particulièrement difficiles à soutenir, sont vues à travers des jumelles, afin d’installer une distance[1].
Le film a fait scandale lors de sa sortie. Il a été interdit ou censuré dans de nombreux pays pendant plusieurs années, y compris en Italie. En février 2007, sa projection avait été interdite à Zurich, en Suisse, suite à des plaintes.[1]. Finalement, quelques jours plus tard, la censure avait été levée suite à la pression des défenseurs de la liberté d'expression. [2]. Encore aujourd’hui, des réalisateurs comme Gaspard Noé et Claire Denis avouent leur malaise au visionnage du film[1].
Il est resté un sommet pour de nombreux cinéastes dont R.W. Fassbinder qui pourtant avait vu la projection en France[2] de son film Maman Küsters s'en va au ciel perturbée le 22 novembre 1975 lors du Festival de Paris, les foules envahissant la salle de cinéma avant l'heure pour être sûr d'avoir les bonnes places au film suivant, Salò.
Fiche technique
- Titre français : Salò ou les 120 journées de Sodome
- Titre original : Salò o le 120 giornate di Sodoma
- Réalisation et Scénario : Pier Paolo Pasolini, sur une idée de Sergio Citti
- Inspiré par Les Cent Vingt Journées de Sodome du Marquis de Sade ainsi que par La Divine Comédie de Dante et le personnage de Faust[réf. nécessaire].
- Producteurs : Alberto De Stefanis, Antonio Girasante, Alberto Grimaldi
- Photographie : Tonino Delli Colli
- Musique originale : Ennio Morricone
- Musique additionnelle : Frédéric Chopin (Prélude en do mineur et Prélude en ré mineur), Carl Orff (Carmina Burana)
- Film Italien
- Durée : 117 minutes
- Date de sortie : 19 mai 1976
- Genre : drame
- Interdit aux moins de 16 ans
Distribution du film
- Paolo Bonacelli : le Duc
- Giorgio Cataldi : l'évêque
- Umberto Paolo Quintavalle (VF : René Arrieu) : le juge
- Aldo Valletti : le président
- Caterina Boratto : Madame Castelli
- Hélène Surgère : Madame Vaccari
- Sonia Saviange : La pianiste
- Elsa De Giorgi : Madame Maggi
- Ines Pellegrini : La jeune esclave
- Rinaldo Missaglia, Giuseppe Patruno, Guido Galletti, Efisio Etzi : les gardiens
- Claudio Troccoli, Fabrizio Menichini, Maurizio Valaguzza, Ezio Manni : collaborateurs
- Sergio Fascetti, Bruno Musso, Antonio Orlando, Claudio Cicchetti, Franco Merli, Umberto Chessari, Lamberto Book, Gaspare Di Jenno : victimes garçons
- Antiniska Nemour, Giuliana Melis, Faridah Malik, Graziella Aniceto, Renata Moar, Dorit Henke, Benedetta Gaetani, Olga Andreis : victimes filles
- Tatiana Mogilansky, Susanna Radaelli, Giuliana Orlandi, Liana Acquaviva : filles des notables
- Paola Pieracci, Anna Maria Dossena, Carla Terlizzi, Anna Recchimuzzi : femmes des notables
Les actrices françaises Hélène Surgère et Sonia Saviange ont été choisies par Pier Paolo Pasolini parce qu'il les avait remarquées dans le film Femmes femmes (1974) de Paul Vecchiali : ces deux actrices reprennent le sketch éponyme « Femmes femmes » dans Salò ou les 120 journées de Sodome.
Citations
- Regardez...regardez cette merveille...regardez ce p'tit cul délicieux...vous n'en avez jamais vu d'aussi ferme...
- Il n'est point de pardon sans répandre le sang.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Notes
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