- Saint sang (relique)
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Saint Sang (relique)
Selon la tradition gnostique, le Saint Sang est difficilement dissociable de la coupe de la Cène (le Saint Calice) et du mythe du Graal, aussi, il fait partie de l'ésotérisme des mystères de la Chevalerie chrétienne. Il s'inscrit dans les traditions et les légendes alors très populaires au Moyen Âge.
La Cène et le sang du Christ
Les Évangiles rapportent que Jésus a envoyé ses disciples préparer le repas pascal. Les textes du Nouveau Testament font référence à ce repas.
Le récit commun raconte que le soir venu tandis qu'ils étaient à table, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples en disant : « Prenez, ceci est mon corps », puis, prenant une coupe de vin, il rendit grâce et la leur donna en disant « Ceci est mon sang, le sang de l'alliance qui va être répandu pour une multitude »
Les textes apocryphes et le mythe du Graal
Les textes apocryphes, qui ne font pas partie du Nouveau Testament et ne sont pas reconnus par le catholicisme pour la simple raison qu'ils furent rédigés quelque trois cents cents plus tard, accordent une grande importance à Pilate après la crucifixion. La coupe de la Cène - c'est-à-dire la coupe de vin bénie par Jésus-Christ au cours du repas - est alors confondue avec son sang versé sur la croix. L'ensemble se confond dans le mythe du Graal.
Le Graal lui-même n'apparaît dans l'Histoire qu'à partir du XIIe siècle, soit plus de mille ans après la date supposée de la crucifixion.
Pilate (selon certaines légendes associées au mythe du Graal) aurait donné ce vase à Joseph d'Arimathie (considéré par cette tradition comme "premier chevalier") pour y recueillir, au pied de la Croix, le Saint Sang du Christ qui coulait d'une blessure au flanc droit provoquée par le soldat Longin avec la Sainte Lance. La légende en Occident le fait venir en Gaule avec Lazare, Marthe et les Saintes Maries. Par la suite (cf. Robert de Boron) le Graal aurait été rapporté par les fils de Joseph d"Arimathie en Angleterre comme sainte relique.
Le Saint Sang de Fécamp en Seine-Maritime
Après la crucifixion, Nicodème qui accompagnait Joseph d'Arimathie, reçut le corps du Christ et procéda à son ensevelissement. Selon la tradition gnostique, il semble que Nicodème soit un des derniers hommes à avoir eu un contact physique avec la dépouille mortelle du Christ. Il l'aurait vue et touchée, aussi il aurait été à même de devenir le pourvoyeur de la précieuse relique. Selon la tradition gnostique, il aurait recueilli des particules ou les gouttes de sang christique récupérées par Joseph d'Arimathie. À la suite d'un périple miraculeux, les gouttes du sang qui se trouvaient dans une boîte de plomb, auraient été portées par le tronc d'un figuier jusqu'au rivage de Fécamp.
Un deuxième récit fait état d'une autre origine : le Précieux-Sang serait apparu à Saint-Léonard (aujourd'hui dans la banlieue de Fécamp) au cours d'une messe célébrée à la fin du Xe siècle[1].
La relique a ensuite été retrouvée au cours des travaux dans l'église de la Trinité, vers 1170[2]. Les premiers pèlerinages et récits de miracles datent de cette fin du XIIe siècle. Après une période de déclin, le pèlerinage connaît un nouveau succès sous le Second Empire. La confrérie du Précieux Sang fut officiellement fondée en 1906[3].
Aujourd'hui, la relique du Saint Sang est toujours conservée dans une fiole conservée dans l'abbaye bénédictine de la Sainte-Trinité.
Chaque année on y montrait la célèbre relique du Précieux-Sang dont on peut encore voir le magnifique reliquaire en marbre blanc dans l'abbatiale.
Le Saint Sang de la basilique de Bruges
Selon une légende, quelques gouttes du Saint Sang auraient été rapportées comme reliques, en 1146, par Thierry d'Alsace à son retour de Terre Sainte et furent conservées en la Basilique du Saint-Sang de Bruges. Les premiers récits sont relatés pour la première fois dans la Chronicon Sancti Bertini écrite en 1380 par Jean le Long d'Ypres, abbé de Saint-Bertin à Saint-Omer. Le premier écrit à faire la description du transfert fut les Commentarii rédigés entre 1538 et 1552 (quatre siècles après cet événement) par l'historien brugeois Jakob De Meyer. L'auteur situe l’arrivée au vendredi 7 avril 1150 mais ne fait aucunement référence à des sources. Selon certaines hypothèses non vérifiées, la relique provenait de Constantinople. Le précieux Saint Sang était alors conservé dans la Chapelle de Marie du palais impérial. Après la prise de Constantinople en 1204, plusieurs reliques de la Passion du Christ auraient été emportées en Occident. On ignore lesquelles, d'autant plus que le Nouveau Testament n'y fait pas allusion. Un flacon supposé contenir le Saint Sang fut taillé en Orient dans un cristal de montagne évidé ; cet objet aurait servi de récipient pour le transport jusqu'à Bruges. On peut voir du sang coagulé adhérer aux parois intérieures. Dès 1338, le flacon fut serti dans un cylindre de verre garni de montures en or, toujours intact à l'heure actuelle. Il est la propriété de la ville de Bruges. Il est toujours conservé dans la chapelle de Saint-Basile du Château, également propriété de la ville. La procession du Saint Sang, qui sort annuellement depuis la fin du XIIIe siècle, donna lieu à une manifestation communale auxquelles étaient associées les guildes et les corporations de métiers. Chaque année, le magistrat de Bruges invitait l’évêque et le clergé à participer à la procession. Jusqu’en 1578, la procession suivait les remparts à l'extérieur de la ville. L'itinéraire était long. Il commençait à 10 heures au château et se terminait l’après-midi par l’exposition de la relique. Après 1584, par mesure de sécurité, la procession ne sortit plus des enceintes. La procession se limitait au cheminement des rues intérieures de la cité. Cette tradition est toujours en vigueur de nos jours le jour de l'Ascension.
Le Saint Sang de la Sainte-Chapelle, Paris
L’acquisition des reliques de la Passion du Christ par Louis IX le contraignit à ériger la Sainte-Chapelle. Le Saint Sang rejoint la Couronne d’épines (achetée en 1239 aux Vénitiens), la Vraie Croix, les Clous, la Lance, l’Éponge, le Suaire, le Manteau de pourpre et la Croix de la Victoire directement (achetés en 1241 à l’Empereur Baudouin II). Il disparut, comme beaucoup d'autres Saintes reliques, durant les évènements révolutionnaires.
Le Saint Sang de l'église Saint-Jacques de Rothenburg ob der Tauber
L'église Saint-Jacques (XIV-XVe siècle) de Rothenburg ob der Tauber est célèbre pour ses retables, principalement pour celui dit du « Saint Sang » de Tilman Riemenschneider. Le nom du retable est dû à une relique, une goutte de sang du Christ. Parvenue à Rothenbourg à la fin des croisades, cette relique attira très vite une multitude croissante de pèlerins.
Autres localisations
Il existe d'autres reliques du sang de Jésus en Europe :
- Vers 1170, elle a été retrouvée dans un pilier de la cathédrale de Norwich en Angleterre[2].
- Abbaye de Westminster
- Mantoue (dès le XIe siècle)[1]
- Charroux en France
Voir aussi
Notes
- Patrice Boussel, Des reliques et de leur bon usage, 1971
- ↑ a et b Cécile-Anne Sibout, Le Précieux Sang, une relique vénérée et convoitée dans Études normandes n°2, 2007, (ISSN 00142158), p. 28
- ↑ a et b Cécile-Anne Sibout, Le Précieux Sang, une relique vénérée et convoitée dans Études normandes n°2, 2007, (ISSN 00142158), p.29
- ↑ Cécile-Anne Sibout, Le Précieux Sang, une relique vénérée et convoitée dans Études normandes n°2, 2007, (ISSN 00142158), p. 32
Articles connexes
- Sainte Couronne
- Sainte Éponge
- Sainte Lance
- Vraie Croix
- Saint Prépuce
- Saint Ombilic
- Saint Suaire
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