- Révisionnisme en histoire
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Révisionnisme
À l'origine, le terme de révisionnisme désignait le mouvement demandant la révision du procès Dreyfus. Le sens de ce terme s'est ensuite étendu, et désigne aujourd'hui un courant de pensée tendant à remettre en cause et modifier plus ou moins profondément, selon les cas, un système idéologique ou politique établi, un traité international ou un texte de loi majeur, ou encore des faits considérés comme historiques.
Son utilisation au sujet de la Seconde Guerre mondiale a restreint dans le grand public l'usage du terme à ce seul sujet, souvent avec une connotation péjorative dans ce contexte. Le terme de négationnisme a été créé pour distinguer le révisionnisme historique au sens large du discours tendant spécifiquement à contester la réalité de crimes contre l'humanité, s'agissant tout particulièrement de la négation de la Shoah.
Sommaire
Le révisionnisme historique
Pour les historiens, le révisionnisme est un terme sans connotation particulière qui désigne une démarche critique consistant à réviser de manière rationnelle certaines opinions couramment admises en histoire, que ce soit par le grand public (le plus souvent), ou même par des historiens de profession non spécialistes de la période ou du domaine d'études considéré. Il se fonde sur un apport d'informations nouvelles, un réexamen des sources et propose une nouvelle interprétation (une ré-écriture) de l'histoire.
Comme l'avait énoncé Auguste Comte, l'histoire est une discipline fondamentalement ambiguë, où l'interprétation de la réalité historique doit souvent composer avec les vérités de son époque, l'historien se trouvant convoqué à tenir le discours attendu de lui par ses contemporains, sa société, en fonction des préjugés de son temps, de sa nation d'appartenance, etc. Un exemple flagrant, rapporté par Pierre Vidal-Naquet, en est l'œuvre de Jules Michelet, construisant au XIXe siècle une patrie française éternelle, à travers une lecture romantique (et parfois romanesque) des faits historiques.Tout historien se doit donc d'être selon ces termes « révisionniste ». De nouveaux documents, de nouvelles sources, la levée de barrières politiques, idéologiques, sociologiques, etc., lui permettent de réviser et d'apporter avec une nouvelle vision, de nouvelles informations, de nouvelles sources, des éléments supplémentaires à la construction du fait historique.
La notion de révisionnisme peut également désigner, par abus, la remise en cause de certains aspects de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale par la négation, la minimisation ou la contestation de certains éléments du génocide commis par les nazis. La plupart des historiens utilisent le terme de négationnisme, alors que les négationnistes se désignent eux-mêmes par le terme de « révisionnisme ». Ainsi, en histoire, le révisionnisme diffère du négationnisme, et il ne faut pas confondre ces deux termes.
En élargissant cette dernière signification du mot, « révisionnisme » peut également être employé dans un sens politique, le plus souvent péjoratif. Il est utilisé par des observateurs non historiens pour dénoncer le caractère supposé biaisé d'un travail historique, ou simplement pour discréditer des mouvements d'idées ou des idéologies politiques, des branches dissidentes, remettant en cause la tendance majoritaire.
Exemples d'utilisation
- En soviétologie, on parle du tournant « révisionniste », amorcé principalement par l'école d'histoire anglo-saxone à partir des années 1960, visant à remplacer une historiographie perçue comme trop « manichéiste » ou « abstraite » (comme la kremlinologie) par de nouvelles études plus sociales et moins politisées.
- Au sein du mouvement socialiste, le terme de révisionnisme et l'abréviation « réviso » furent utilisés pour qualifier la position de courants marxistes qui prétendaient remettre en cause certaines des thèses révolutionnaires, ou, par la suite, s'écartaient de l'orthodoxie marxiste-léniniste. La principale utilisation du terme a été faite en Allemagne avec le socialisme révisionniste (Revisionismus) d'Eduard Bernstein au sein du SPD dans les années 1890. En France, les positions du Parti communiste français furent qualifiées de « révisionnistes » par certains groupuscules gauchistes.
- Au sein du mouvement sioniste, le sionisme révisionniste fut un mouvement créé par Vladimir Jabotinsky, qui affirmait que les termes du mandat britannique en Palestine devaient être revus pour faire apparaître explicitement l'objectif de la création d'un État juif. Aujourd'hui, le parti israélien Likoud est un descendant direct des sionistes révisionnistes.
- En France à la fin des années 1880, on appelait « républicains révisionnistes » les radicaux ayant soutenu le général Boulanger et le boulangisme à la fin du XIXe siècle. Le Comité national républicain révisionniste réclamait en effet une « révision » de la constitution de la IIIe République[1].
- En Allemagne, en Hongrie, et en Italie après 1918, le révisionnisme désigne les courants réclamant une révision du Traité de Versailles.
- L'étude renouvelée des massacres de Katyn a montré que, contrairement à ce qui était communément admis depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ces massacres n'étaient pas dus aux Nazis mais aux Soviétiques. Il s'agit d'un révisionnisme « positif » au sens où il permet de corriger des erreurs historiques passées.
- Des exemples de révisionnisme plus critiqués sont, par exemple, l'Historikerstreit (littéralement la « querelle des historiens », sur les causes du nazisme, qui a secoué l'Allemagne des années 1980), le courant révisant à la baisse les crimes du Japon lors de la guerre sino-japonaise, ou encore la remise en cause du caractère artificiel de l'Holodomor (terme désignant l'avatar ukrainien de la famine soviétique de 1932-33), menée notamment, en France, par l'historienne Annie Lacroix-Riz.
- Dans les années 1950, les tenants de la vulgate stalinienne accusèrent abondamment le gouvernement de la Yougoslavie de « révisionnisme titiste ».
Notes et références
- ↑ Parmi ces revendication, l'élection du président de la République au suffrage universel, et l'affaiblissement du pouvoir parlementaire
Voir aussi
Articles connexes
- Thèse mythiste (Jésus non historique)
- Négationnisme
- Révisionnisme au Japon
- Révisionnisme irlandais
- Antisémitisme
- Historikerstreit
- Sionisme révisionniste
- Légende noire espagnole
- Historiographie, dont le révisionnisme constitue une radicalisation.
Bibliographie
- Gonzalo Arriaga, Le révisionnisme historique, Action nationale, Montréal, 1997, 201 p.
- Anvar Khamei, Le Révisionnisme, de Marx à Mao Tsé-toung, Éditions Anthropos, Paris, 1976, 423 p. (ISBN 2-7157-0269-8)
- Domenico Losurdo, Le révisionnisme en histoire : problèmes et mythes, Albin Michel, Paris, 2005, 316 p. (ISBN 2-226-15885-5)
- Pierre Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire : « Un Eichmann de papier » et autres essais sur le révisionnisme, La Découverte, Paris, 2005, 227 p. (ISBN 2-7071-4545-9)
- Maxime Steinberg, Les yeux du témoin et le regard du borgne : l'histoire face au révisionnisme, Éd. du Cerf, Paris, 1990, 213 p. (ISBN 2-204-04107-6)
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