Assemblée électorale de Paris

Assemblée électorale de Paris

LAssemblée électorale de Paris est une instance du département de Paris pendant la Révolution française qui fonctionna de 1790 à 1792.

Sommaire

LAssemblée électorale de Paris

La loi fixant lorganisation judiciaire de la France a été votée le 16 août 1790 par l'Assemblée nationale constituante. Elle prévoit, pour lélection des juges, un système électoral à plusieurs étages.

Lapplication de ces décisions dans le département de Paris (futur département de la Seine) provoqua la création de plusieurs instances.

Des assemblées primaires sont constituées dans chacune des 48 sections de la ville de Paris et dans les 16 cantons regroupant des communes de banlieue. Elles élisent les juges de paix et les électeurs de lassemblée secondaire.

LAssemblée électorale de Paris est lassemblée secondaire dans le département. Ses membres sont élus à raison dun électeur par tranche de cent citoyens actifs. Elle désigne lensemble des fonctionnaires soumis à élection, notamment les juges, le procureur, lévêque, les curés, les députés et les administrateurs du département[1].

Trois assemblées entre 1790 et 1793

Lassemblée de 1790

Les assemblées primaires pour lélection de la première Assemblée électorale de Paris sont convoquées le 30 septembre 1790 par le procureur de la Commune de Paris. Elle a lieu le 11 octobre.

Les assemblées primaires se composaient des citoyens actifs. Pour être citoyen actif, il fallait jouir de la qualité de Français, avoir vingt-cinq ans, être domicilié depuis un an dans la commune, payer une contribution directe de la valeur locale de trois journées de travail ne pas être serviteurs à gages, ni banqueroutier, ni failli, ni débiteur insolvable, avoir fait la contribution patriotique et avoir prêté le serment civique[2]. À Paris, la journée de travail fut évaluée à une livre, un citoyen actif devait donc acquitter un impôt direct de trois livres au moins[3].

Il y avait 78 090 citoyens actifs dans les 48 sections de Paris, et 13 000 environ dans les 16 cantons, soit 91 000 citoyens qui purent désigner 913 électeurs, soit un par tranche de cent citoyens actifs. Le nombre de votants est souvent faible : 75 pour 1 713 électeurs dans la section de lObservatoire. Il est plus élevé dans les cantons : 548 pour 860 dans le canton de Vincennes.

Les élections se font au scrutin de liste double. Chaque électeur écrit sur le même bulletin un nombre de noms double de celui des nominations à faire. Ce mode de scrutin rendit les opérations longues et le dépouillement difficile. Il souleva des critiques dans la presse[4].

L'assemblée départementale siégea dans la salle de lÉvêché de Paris et tint trois sessions. Du 18 novembre 1790 au 16 février 1791, elle élit 30 juges, 24 juges suppléants, 36 administrateurs et le procureur général syndic. Du 13 au 17 mars 1791, elle désigne l'évêque de Paris. Du 8 au 15 juin 1791, elle élit le président du tribunal criminel et l'accusateur public ainsi que leurs suppléants et des juges devant remplir les vacances survenues dans les tribunaux[3].

Parmi les 781 électeurs choisis à Paris les professions les plus répandues étaient les négociants et marchands (353) ainsi que les professions juridiques (239 électeurs dont 145 avocats ou hommes de loi, 29 notaires, 13 magistrats, 12 commissaires, 29 procureurs, 11 huissiers). Loin derrière venaient les professions de santé (27 médecins ou chirurgiens, 13 apothicaires), les ecclésiastiques (21), les métiers de la culture (18 libraires ou imprimeurs, 4 journalistes, 2 acteurs, 1 auteur dramatique), 19 architectes, 14 savants ou professeurs et 4 instituteurs. Dans les cantons des deux arrondissements de Bourg-la-Reine et Saint Denis, les électeurs sélectionnés étaient principalement des négociants, des marchands ou des laboureurs[3].

Lassemblée de 1791

Lélection de la deuxième Assemblée électorale de Paris est convoquée le 7 juin 1791 par le procureur de la Commune de Paris. Elle a lieu le 16 juin. Le régime électoral de 1790 reste en vigueur. La participation fut fréquemment très peu élevée : on comptait ainsi 46 votants pour 1 300 électeurs dans la section de Popincourt.

967 électeurs sont désignés, toujours dans la proportion dun par tranche de cent citoyens actifs, dont 829 pour Paris et 138 pour les cantons regroupant les autres communes du département. Parmi eux, 431 avaient appartenu à lassemblée de 1790 (44,6%), contre 533 nouvellement élus. Lassemblée siégea dans la salle de lÉvêché de Paris.

Lassemblée fut marquée par une division croissante en son sein, avec deux partis constitués, le Club de lÉvêché et le Club de la Sainte Chapelle, qui rivalisent en soutenant des candidats différents aux postes à pourvoir, notamment pour lélection des députés.

Lassemblée élue en 1791 tint sa dernière séance le 12 août 1792[5].

Lassemblée de 1792

Lélection de la troisième Assemblée électorale de Paris a lieu le 26 août 1792 ; cependant, dans certaines sections ou cantons, elle est plus tardive, jusquau 6 septembre dans les sections du Temple et de Popincourt. Le système électoral a été modifié avec la disparition de la notion de citoyen actif et labaissement de lâge minimal à vingt-et-un an lieu de vingt-cinq. Peuvent voter tous les citoyens domiciliés depuis un an dans la commune, vivant des revenus de leur travail et nétant pas en état de domesticité[6].

990 électeurs sont désignés, dont 850 pour Paris et 140 pour les cantons regroupant les autres communes du département. Le nombre délecteurs désignés reste proportionnel aux électeurs actifs de la section ou du canton (un pour cent), bien que la distinction entre électeurs actifs et passifs ait été supprimée. Parmi les élus, le taux de renouvellement est très élevé, puisque seuls 158 appartenaient déjà à lassemblée de 1791 (16%), dont 62 avaient également été élus en 1790 (6,2%)[6].

Lassemblée siégea dans la salle des Jacobins, afin de pouvoir accueillir le public. En novembre 1792, elle siégea dans l'église de Bourg-de-l'Égalité (Bourg-la-Reine). Le 2 septembre, elle décida dexclure « ceux de ses membres qui auraient assisté à quelque club anticivique, tels que le club monarchique, le club de la Sainte-Chapelle, celui des Feuillants et leurs affiliés, ou qui auraient signé la pétition des 29 000. » Lorganisation de clubs à lintérieur de lassemblée fut interdite le 4 septembre[6].

Lassemblée débat de manière souvent polémique de lélection comme députés de Paris de Robespierre, Danton, Pétion, Camille Desmoulins, Brissot, Marat, Philippe Égalité, etc[6].

Lambiance de lassemblée est dénoncée par Louvet dans un discours le 29 octobre, il rapporte les menaces que proférèrent contre lui les « gardes du corps » de Robespierre : « Ainsi l'on était libre dans cette assemblée , sous les poignards, on votait à haute voix[6]! »

Lassemblée élue en 1792 tint sa dernière séance en nivôse an II (décembre 1793janvier 1794) [6].

Les clubs électoraux

Les membres de lassemblée électorale de Paris élus en 1790 se sont réunis au sein du Club de lÉvêché. Après les élections municipales de mars 1791, lassemblée se divise en deux factions : les membres radicaux restent dans le Club de lÉvêché tandis que les électeurs modérés rejoignent le Club de la Sainte Chapelle. Le seul fait d'avoir appartenu au Club de la Sainte Chapelle devint un motif d'exclusion de l'assemblée électorale de 1792[7].

Les présidents de lAssemblée électorale de Paris

Sources

Les principaux travaux sur lAssemblée électorale de Paris ont été réalisés par Étienne Charavay (1848-1899), historien et archiviste paléographe, membre de lÉcole nationale des chartes, avec le concours du conseil municipal de Paris. Après sa mort, la publication du troisième et dernier tome des Procès-verbaux de lAssemblée électorale de Paris fut achevée par Paul Mautouchet, docteur ès lettres.

  • Étienne Charavay : Assemblée électorale de Paris, Procès-verbaux : volume 1 (18 novembre 179015 juin 1791), Quantin, Paris, 1890
  • Étienne Charavay : Assemblée électorale de Paris, Procès-verbaux : volume 2 (26 août 179112 août 1792), Cerf, Quantin, Charles Noblet, Paris, 1894
  • Étienne Charavay : Assemblée électorale de Paris, Procès-verbaux : volume 3 (2 septembre 179217 frimaire an II), Cerf, Quantin, Charles Noblet, Paris, 1905

Voir aussi

Références

  1. Jules Guiffrey, Bibliothèque de l'école des chartes, 1890, volume 51, numéro 51, pp. 330-333
  2. Loi du 16 août 1790 sur lorganisation judiciaire de la France
  3. a, b, c et d Étienne Charavay : Assemblée électorale de Paris, Procès-verbaux : volume 1 (18 novembre 179015 juin 1791), Quantin, Paris, 1890
  4. Brissot de Warville, Le Patriote français, 15 octobre 1790, cité par Étienne Charavay, op. cit.
  5. a, b, c, d et e Étienne Charavay : Assemblée électorale de Paris, Procès-verbaux : volume 2 (26 août 179112 août 1792), Cerf, Quantin, Charles Noblet, Paris, 1894
  6. a, b, c, d, e, f, g, h et i Étienne Charavay : Assemblée électorale de Paris, Procès-verbaux : volume 3 (2 septembre 179217 frimaire an II), Cerf, Quantin, Charles Noblet, Paris, 1905
  7. Haim Burstin, Une révolution à l'œuvre : Le Faubourg Saint-Marcel (1789-1794), Faubourg Saint-Marcel, Paris, 2005
  8. a et b Paul Bouteiller : Armand-Guy de Coetnempren, amiral comte de Kersaint, Un amiral « révolutionnaire » (1742-1793), Marie-France Robelin éd., GenemilAssoc, 2007

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Assemblée électorale de Paris de Wikipédia en français (auteurs)

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