- Joseph-Antoine Cerutti
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Joseph-Antoine Cerutti Nom de naissance Joseph-Antoine-Joachim Cerutti Naissance 13 juin 1738
NoneDécès 3 février 1792 (à 53 ans)
ParisNationalité France Profession Homme de lettres, journaliste Joseph-Antoine-Joachim Cerutti[1], né le 13 juin 1738 à None et mort le 3 février 1792, à Paris, est un homme de lettres et journaliste français d’origine italienne.
Biographie
Cerutti fit ses études dans sa ville natale avant de venir, dès l’âge de quatorze ans, en France dont il fit sa patrie. Les jésuites, qui avaient vu en lui un de leurs plus brillants élèves, ne négligèrent rien pour l’affilier à leur ordre et, sous tous les rapports, la compagnie n’eut qu’à se féliciter de cette acquisition. Tout en professant avec distinction dans une des chaires de leur collège de Lyon, le jeune Cerutti emporta, en une seule année, trois des prix mis au concours par plusieurs Académies.
On remarque surtout sa dissertation sur les républiques anciennes et modernes, couronnée à Toulouse, et qui avant que l’auteur se fut fait connaître offrit assez de mérite de style pour être attribuée à Jean-Jacques Rousseau. Aussi lorsque les jésuites, vivement attaqués, durent s’occuper de leur défense, ce fut à la plume éloquente de Cerutti qu’ils se confièrent le plus. Si son Apologie de l’institut des Jésuites, publiée en 1762, ne parvint pas à justifier cet ordre devant les parlements et n’empêcha pas sa destruction, cet écrit, qui révéla du moins une âme honnête, sensible et compatissante et fournit une nouvelle preuve du talent de son auteur, valut, en revanche, à Cerutti deux grandes protections, celle du roi Stanislas et de son petit-fils le dauphin. Ces protections ne furent pas inutiles à la fortune de Cerutti, qui s’éleva plus tard jusqu’à onze mille livres de rentes viagères.
Moins heureux sous un autre rapport, le littérateur ex-jésuite, rendu au monde à l’âge de vingt-quatre ans, trouva une source de tourments dans une passion violente pour une dame de haut rang, dont les dédains blessèrent son cœur et affecteront sa santé. L’amitié pure et vraie d’une autre grande dame de ce temps fut pour lui une puissante consolation. Retiré chez la duchesse de Brancas, dans une terre près de Nancy, il revint à ses travaux littéraires et ce fut là qu’il composa, entre autres ouvrages, son Poème sur le jeu d’échecs, où les difficultés d’un tel sujet parurent vaincues avec bonheur.
En 1788, Cerutti ne resta pas étranger au grand mouvement des esprits vers les matières politiques. Son Mémoire pour le peuple français fut, avec l’écrit fameux de l’abbé Siéyès, l’un de ceux qui furent le mieux accueillis par l’opinion publique.
Cerutti ne fit pas partie de l’Assemblée constituante, mais on sait qu’il fut l’un de ces hommes de talent que Mirabeau avait choisis pour préparateurs de ses discours. Il fut désigné pour prononcer, dans l’église de Saint-Eustache, l’éloge de cet orateur : nul ne pouvait mieux remplir une semblable mission.
Cerutti s’en donna lui-même une autre, moins brillante peut-être, mais d’une utilité journalière. Il entreprit, sous le titre de Feuille villageoise, un journal où, se mettant sans trivialité à la portée de l’intelligence du peuple des campagnes, il lui parlait, avec une sage et patriotique modération, de ses droits et de ses devoirs.
Le mérite et l’utilité de ce journal populaire furent appréciés et reçurent leur récompense, d’abord par la nomination de Cerutti à l’une des places d’administrateur du département de la Seine, puis par son élection à l’Assemblée législative ; mais il ne remplit pas longtemps ces dernières fonctions.
La fin prématurée de Cerutti, comme celle du grand orateur dont il avait célébré la mémoire, produisit une assez vive impression pour que l’une des rues de Paris reçût son nom, honneur transitoire, que lui enleva la Restauration en y substituant le nom du comte d’Artois qui devait à son tour se voir remplacer par Lafitte. À cette rue Cerutti s’ajouta un boulevard Cerutti, appellation tout aussi éphémère du boulevard des Italiens.
Notes et références
- Parfois épelé « Cérutti » : lui-même signait ainsi son nom.
Sources
- Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 3, Paris, Aux bureaux de l’Artiste, 1858, p. 418.
Catégories :- Naissance dans la province de Turin
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- Journaliste français du XVIIIe siècle
- Poète français du XVIIIe siècle
- Essayiste politique du XVIIIe siècle
- Membre de l'Assemblée Législative de 1791-1792
- Naissance en 1738
- Décès en 1792
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