- Rond de sorcière
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Le rond de sorcières, cercle des fées ou mycélium annulaire est un phénomène naturel, consistant en une colonie de champignons pérennants alignés en une formation plus ou moins circulaire, en sous-bois ou dans les prés.
Les véritables ronds de sorcières voient leur rayon croître par pas de 20 à 40 cm, le record étant atteint par le Catathelasma imperiale avec un accroissement de son rayon d'un mètre par an. La fréquence de ces « bonds » , chaque année, dépend de l'espèce considérée.
Georges Becker signale deux types de faux cercles : celui dont un arbre est le centre, et où le mycélium ne fait que suivre la progression des radicelles périphériques, et le cas des ronds qui apparaissent spontanément tout formés et ne progressent pas.
Sommaire
Description
Tous les Hygrophores des sous-genres Limacium et Camarophyllus, la plupart des Psalliotes et des Hébélomes, la majorité des Tricholomes et des Clitocybes, beaucoup de Cortinaires et de rares Amanites peuvent produire ce type de formation circulaire. Les plus typiques sont celles produites par le Tricholome de la Saint-Georges, le Marasme des Oréades et le Clitocybe géotrope.
Ces cercles de champignons ont donné naissance à de nombreuses et anciennes légendes pour tenter de les expliquer : Nymphes et dryades, elfes et gnomes en seraient les responsables. Au Moyen Âge, les hommes y voyaient la trace de la « danse des sorcières pour évoquer le démon », celle des fées, la main du diable ou celle de génies nocturnes tels que korrigans et farfadets.
La couverture herbeuse dépérit fréquemment sur cette zone dénudée où apparaissent plus tard, en saison, les nouveaux champignons. L'intérieur du cercle se distingue par une végétation maladive, alors qu'à l'emplacement du cercle de l'année précédente, l'herbe forme un anneau luxuriant d'un vert foncé. Ces cercles sont ainsi repérables avant l'apparition des champignons sur leur pourtour. Les plus grands cercles sont plus aisément repérables d'une hauteur ou à bord d'un avion.
Explication scientifique
Selon Henri Romagnesi, ces formations circulaires ont pour origine une unique spore qui germe puis émet son mycélium dans toutes les directions, à une vitesse de croissance sensiblement égale. Quand le sol est épuisé, le mycélium colonise une nouvelle bande de terrain. Il s'ensuit au cours des ans une progression de la colonie en un cercle de plusieurs dizaines de mètres de diamètre, voire plusieurs centaines de mètres pour les plus anciens.
Dans les immenses prairies des États-Unis et du Canada[1], certains spécimens atteignent plus d'un kilomètre de diamètre, et Georges Becker a repéré, près de Belfort, un rond de sorcière d'environ 600 mètres produit par un Clitocybe gigantea.
La distance franchie annuellement par le mycélium annuaire étant connue, son âge peut en être déduit. Les cercles d'une dizaine d'années sont les plus courants, mais les ronds de sorcières de plus d'un siècle ne sont pas rares. Celui de Belfort cité plus haut est ainsi estimé à plus de 700 ans. Même quand ils sont aussi anciens, ils restent aussi prolifiques qu'au premier jour; V. Piane a compté plus de 700 exemplaires de Pieds bleus (Lepista nuda) dans un cercle d'une cinquantaine de mètres de rayon.
La variation de couleur de l'herbe et du comportement de la végétation sont issues de deux phénomènes :
- Le dépérissement s'explique par l'épuisement des substances nutritives du sol au profit du mycélium ou la production de toxines sécrétés par ce dernier, notamment une quantité excessive de nitrates et de substances antibiotiques.
- Mollard explique la formation d'un anneau de végétation luxuriante par les mêmes nitrates (sels ammoniacaux) qui, dilués par les pluies et atteignant un taux comparable à celui aux engrais horticoles, perdent leur nocivité et favorisent la croissance de la végétation.
Variantes orthographiques
- Rond de sorcière (Trésor de la langue française informatisé définition sur le site)
- Rond de sorcières (Encyclopédie Hachette Multimédia)
- Rond-de-sorcières (Grand Dictionnaire terminologique)
Notes et références
- Myron Smith, spécialiste de la génétique des plantes à l'Université Carleton, à Ottawa, a découvert au Michigan un « anneau » d'Armillaire bulbeuse (Armillaria bulbosa), qui s'étendait sur plus de 15 hectares de forêt, estimant son poids à plus de 10 tonnes et son âge à 1 500 ans, soit un des plus vieux organismes vivants au monde.
Bibliographie
- Henri Romagnesi (1956) : Nouvel atlas des champignons (4 Volumes), Bordas, ouvrage publié sous les auspices de la Société mycologique de France
- A. Tsoumou-Gavouka & J.-J. Guillaumin (1984) : Croissance et ramification du rhizomorphe d'Armillaria bulbosa (Barla) Romagn., Bull. Soc. botanique de France, vol. 131, no.1, pp. 31-41
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