- Rodrigo Borgia
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Alexandre VI
Alexandre VI
Pape de l’Église catholique romaineNom de naissance Roderic de Borgia Naissance 1er janvier 1431
à XàtivaÉlection
au pontificat11 août 1492 Intronisation: 26 août 1492 Fin du
pontificat :18 août 1503 Prédécesseur : Innocent VIII Successeur : Pie III Listes des papes : chronologie · alphabétique Projets Catholicisme et Histoire · Modèle Roderigo (ou Rodrigue) de Borja, né le 1er janvier 1431 à Xàtiva (Espagne), mort le 18 août 1503, devenu Rodrigo Borgia après son arrivée en Italie, fut pape sous le nom d'Alexandre VI de 1492 à 1503.
Sommaire
Biographie
Issu d'une famille noble du royaume de Valence, Roderigo de Borja est le neveu et fils adoptif du pape Calixte III (Alphonse de Borgia).
Homme d'église
En 1456, âgé de vingt-cinq ans, il est nommé archevêque titulaire de Valence et créé cardinal par son oncle puis, l'année suivante, fait vice-chancelier de l'Église romaine (le poste le plus élevé du Saint-Siège, après le pape, puisqu'il n'y avait pas de chancelier : il le restera jusqu'à son élévation au souverain pontificat). En 1468, douze ans plus tard, il est ordonné prêtre. Le 11 août 1492 il est élu pape à la majorité canonique des deux tiers des cardinaux réunis en conclave. (Il n'est pas improbable qu'il ait acheté certains votes). Il est sacré le 26.
En tant que pape, il a pris le nom d'Alexandre VI, alors qu'Alexandre V, pape de Pise, est aujourd'hui considéré comme un antipape. Ce qui crée un hiatus dans la liste officielle des souverains pontifes.
Vie privée
Un des témoins les plus crédibles de la conduite scandaleuse du pape Alexandre Borgia est Jean Burckhardt (ou Burchard), de Strasbourg. Ce prélat, maître des cérémonies de la cour pontificale, tint de 1483 à 1508, un journal très précis relatant jour par jour, parfois même heure par heure, tous les événements se passant au Vatican.[1]
En 1470, alors qu'il a déjà été ordonné prêtre, Rodrigo Borgia fait la connaissance de Vanozza Catanei, jeune patricienne romaine, qui lui donnera quatre enfants (Jean ou Joan, César, Lucrèce, et Geoffroi ou Jofre). En 1494, un parti de prélats à la tête duquel se trouve Giuliano Della Rovere, le futur pape Jules II, tente de faire déposer ce pontife qu'ils accusent, non sans raisons, de simonie et de corruption de toute sorte. Sa vie privée fait aussi scandale : Francesco Guicciardini rapporte un épisode au cours duquel le pape attire au Château Saint-Ange le jeune et beau Astorre Manfredi, seigneur de Faenza, qu'il viole et fait jeter dans le Tibre[2]. Mais il pourrait également s'agir de César Borgia qui tenait prisonniers les deux frères Manfredi. Quoi qu'il en soit, le népotisme et les scandales n'en continueront pas moins au Saint-Siège, et ce malgré les remontrances du frère Jérôme Savonarole. Sans scrupules, ni remords, Alexandre VI fera face: Savonarole sera arrêté, torturé et exécuté le 23 mai 1498. Jamais, et de loin, la dignité pontificale n'aura été déshonorée à ce point par celui qui la détient. Selon Jean Burckhart, témoin muet, mais indigné, la débauche du pape Alexandre et de sa progéniture atteint au paroxysme en cette nuit orgiaque du 31 octobre 1501 avec l'évocation de la danse de cinquante prostituées entièrement nues et d'un concours arbitré par César et Lucrèce pour évaluer et récompenser les prouesses de virilité des assistants. Les dépêches envoyées aux cours d'Europe par leurs ambassadeurs et figurant dans de nombreuses archives diplomatiques confirment l'incroyable témoignage du Père Burckhardt. On comprend dès lors pourquoi tant de récits faisant référence à des pactes avec le Diable ont pu circuler à la mort d'Alexandre VI.
Politique
Le 6 juin 1494, par le traité de Tordesillas, conclu entre les rois catholiques et Jean II de Portugal, le pape divise le Nouveau Monde en attribuant le Brésil au Portugal et le reste de l'Amérique latine à l'Espagne, les Anglais, les Hollandais et les Français devant se contenter de simples comptoirs en Guyane. Cette décision ne sera pas sans conséquences lorsque éclatera la Réforme. Pour Alexandre VI, cet arbitrage doit affirmer l'autorité papale face aux puissances. En 1495, pour lutter contre la présence française en Italie, il forme avec Milan, Venise, l'empereur Maximilien et les rois catholiques d'Espagne la Ligue de Venise qui connut une lourde défaite à la bataille de Fornoue, remportée par Charles VIII grâce à la supériorité de son artillerie. César Borgia, fait duc de Valentinois par son père, prototype du Prince de Machiavel, conquerra néanmoins la Romagne, puis Urbino et Camerino. Dépouillant les unes après les autres les grandes familles romaines, les Colonna, les Savelli, les Caëtani, les Orsini, il ne vise rien moins que la royauté sur l'Italie. Pour mener toutes ces guerres il faut de l'argent. L'année 1500 proclamée année sainte par le souverain pontife, va renforcer les finances avec les revenus du pélerinage. Quant à la vente du chapeau de cardinal, elle rapporte de gros revenus au pape et à ses bâtards. "Offrir la pourpre à un candidat rapportait gros. L'assassiner ensuite encore davantage, tous les biens d'un cardinal revenant de droit au pape. Enfin, il y avait l'apport régulier des indulgences." [3]
Mécène et administrateur
Aimant s'entourer d'oeuvres d'art et d'objets précieux, Alexandre VI fut un mécène généreux; il protégea les artistes (Pinturicchio, Michel-Ange) et montra de grandes capacités dans la remise en ordre de l'administration de l'église.
La fin
Alexandre VI meurt à 73 ans le 18 août 1503 après une soirée de fête.[4] Sa dépouille était dans un état de décomposition avancée dû peut-être à la malaria; elle fut transportée dans la chapelle de febribus où personne ne la veilla. Après une messe de requiem à laquelle n'assistèrent que quatre prélats le cercueil fut inhumé à Saint-Pierre de Rome. Plus tard, en raison des travaux dans la basilique, la dépouille fut déplacée de la crypte de Saint-Pierre à l'église romaine de Sainte-Marie de Montserrat des Espagnols.
Postérité
Alexandre VI laisse dans la chrétienté un grave malaise qui s'amplifiera avec les années. Même parmi les historiens chrétiens, il ne trouva pas de véritable défenseur. Le nom de Borgia, notamment par la vie de son fils César qui a inspiré Le prince de Machiavel, est devenu synonyme d'ambition et d'absence de scrupules[5]. Rome, sous le pape Alexandre VI, ne connaît ni loi, ni divinité; [mais] l'or, la violence et l'empire de Vénus.[6]
Bibliographie
- Johannes Burckard, Dans le secret des Borgia, Journal du cérémoniaire du Vatican, édité pat I. Cloulas, Paris, Tallandier, 2003, ISBN 2-84734-042-4.
- Machiavel, Histoires florentines, édité par E. Barincou, Paris, Gallimard, coll. Pléiade, 1952.
- Francesco Guicciardini, Histoire d'Italie 1492-1534, Paris, Laffont, coll. Bouquins, 1996.
- Ivan Cloulas, Les Borgia, Paris, Fayard, 1987.
- Ivan Cloulas, Savonarole, Paris, Fayard, 1994 Ivan Cloulas, Vito Castiglione & Joseph Turmel, Dans le secret des Borgia, Paris, Tallandier, 2003
- Ivan Cloulas, César Borgia, fils de Pape et aventurier, Paris, Tallandier, 2005.
Ouvrages historiques
- (en) Barbara W. Tuchman, The March of Folly: From Troy to Vietnam, éd. Abacus, 1985, (ISBN 978-0345308238)
Ouvrages de littérature
- Dumas, Alexandre, Les Borgia, éd. Grand Caractère, 2005 (éd. orig. 1840) ISBN 2744406015
Notes et références
- ↑ Journal de Jean Burchard, évêque et cérémoniaire au Vatican, trad. introd. et notes de Joseph Turmel, Paris, éd. Rieder, 1933
- ↑ Guicciardini relate que le meurtre aurait été commis saziata prima la libidine di qualcuno sans préciser le qualcuno.
- ↑ Jean MATHIEU-ROSAY, La véritable histoire des papes, Paris, GRANCHER, 1991.
- ↑ Certains prétendent que le poison en fut la cause (Cf. Montaigne, Essais, Livre I, chapitre XXXIV : « La fortune se rencontre souvent au train de la raison », où est avancée une version de la mort par poison d'Alexandre VI)
- ↑ B. Truchman, The March of Folly
- ↑ selon Égide de Viterbe, (1465 - 1532), vicaire général des Augustiniens, cité par B. Truchman, in The March of Folly.
Voir aussi
liens internes
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