René-Augustin Lair-Lamotte

René-Augustin Lair-Lamotte

René Augustin Lair de la Motte, né à Saint-Martin de Mayenne le 1er avril 1762 et décédé à Mayenne le 10 octobre 1803, était un homme politique français, maire de la ville de Mayenne entre 1795 et 1796, avocat en Parlement, magistrat au tribunal de Mayenne, de Laval et à la cour d'Appel d'Angers, député de la Mayenne au Conseil des Anciens en 1799 et au Conseil des Cinq-Cents de 1796 à 1799.

Biographie

René-Augustin Lair de la Motte, sieur de la Mézière est le fils de Jean-Claude Lair de la Motte, échevin de Mayenne, et de Renée Morice de la Rue. Sa famille remonte au XIVe siècle. En 1367, Jean de la Motte, habitant Saint-Martin de Mayenne, donna son nom à cette famille dont la particule fut abandonnée sous la Révolution pour être rétablie par jugement au XIXe siècle « pour avoir été portée dès avant 1663 ». Cette famille de robe, de très ancienne bourgeoisie mayennaise, est réputée par un mémoire du 17ème, cité par plusieurs historiens, avoir eu ses armes sur le tableau du Rosaire, « d’argent à une fasce d’azur chargée de 3 étoiles d’or », situé dans la chapelle de la Sainte Trinité de l’abside de l’église de Notre-Dame de Mayenne aux côtés de celles des Cotteblanche. René-Augustin, avocat en Parlement et à la barre ducale de Mayenne, possède, entre autres, la closerie de la Chevalerie, sise commune de Mayenne. Comme beaucoup d'intellectuels issus de la noblesse ou de la bourgeoisie, la Révolution changera le cours de la vie de René-Augustin Lair de la Motte.

En 1787, René-Augustin est bachelier et licencié en droit. Il épouse à Notre-Dame de Mayenne sa cousine germaine le 10 juin 1788, Marie-Mathurine Lair de la Motte, fille de Claude-Louis Lair de la Motte, échevin de Mayenne, avocat en parlement et à la barre ducale de Mayenne. La dispense de consanguinité, du deux au deux, est accordée par un bref du Pape donné à Rome le 8 février 1788, fulminé à l'officialité du Mans par sentence du 5 février, et signé de Dugast avec paraphe scellé du sceau de Monseigneur l'évêque et dument insinué au greffe des insinuations ecclésiastiques le 5 février. Le mariage est célébré par Michel-Toussaint Lair de la Motte, leur cousin, prêtre vicaire de St Martin de Mayenne. Postérité nombreuse de ce mariage...

Le 26 avril 1791 est fondée la « société des amis de la Constitution », formant le « Club Patriotique de la Ville de Mayenne ». Ce club a deux objectifs: la lutte contre les Chouans et résoudre le problème de la faim (Mayenne a cette époque compte 8 000 têtes; le sarrasin manque et les Mayennais pour leur pain ont besoin de sarrasin et de farine de gland). Le 1er mai 1791, le club rallie les Jacobins de Paris et devient le « Club des Jacobins de Mayenne ». Les séances ont lieu les dimanches. Elles se tiennent d'abord dans la grande salle du palais ducal puis à partir du 13 juin 1791 dans l'église des Capucins. Les Jacobins de Mayenne comptent 131 membres dont 3 prêtres jureurs, 4 officiers ministériels, 3 chirurgiens et 20 négociants. Deux personnalités sont importantes: le franc-maçon et anti-clérical, Bissy et Grosse-Durocher. Dupont-Grandjardin en est le président jusqu'à la fin de mai 1791. Le 5 juin 1791, il est remplacé par Jean-Baptiste Morice-Larue, médecin, oncle de René-Augustin. René Augustin Lair-Lamotte, avec 26 voix, est proclamé vice-président. Le 3 juillet 1791, René-Augustin est élu président. Sa présidence est courte car l'article 5 du règlement du club limite les fonctions de Président à un mois. L'article 6 stipule que tous pourront être réélus plusieurs fois président, à condition de laisser un intermède de 2 mois.

Le 28 mars 1792 à Mayenne a lieu une cérémonie de bénédiction d'un guidon donné par les citoyennes de Laval et d'un drapeau donné par les citoyennes de Mayenne au régiment de Château Vieux. Sont signataires des minutes de cette cérémonie: René Augustin Lair, membre du directoire et Françoise Adélaïde Lair Lamotte. Le 17 mai 1792, Lair Augustin, administrateur du district de Mayenne, fait un don patriotique. Les élections pour élire les députés à la Convention sont prévues pour le 2 septembre 1792. Les 407 électeurs réunis dans l'église Notre-Dame de Mayenne assistent à une messe célébrée par l'évêque intrus Villar. La soirée est employée à vérifier les pouvoirs. Le 3, sous la présidence du doyen d'âge J-B. Chouquet, a lieu la formation du bureau. Les séances sont coupées par les visites des autorités constituées de Mayenne. Successivement défilent dans la salle, les administrateurs du district, la municipalité, l'état-major de la garde nationale. Un des administrateurs, Lair-Lamotte, prononce une violente diatribe contre:"le Roi, traître à la patrie, ligué avec les ennemis de la liberté et de l'égalité".

René Augustin devient juge au tribunal du district de Mayenne en 1793.

En 1794, René-Augustin devient l'un des présidents du « Club des Sans-culottes », appelé aussi « Société des Républicains de Mayenne » ou encore « Société Populaire de Mayenne »; société fondée à Mayenne le 7 avril 1793 par Thirion et François Joachim Esnue-Lavallée. L'emblème de cette société est une pique surmontée d’un bonnet rouge, placée au-dessus du nom « Société des Républicains ». Morice-Larue, fils est élu président et ses membres s'engagent par serment à vivre libres ou à mourir. Ce club se situe politiquement très à gauche. Dès le 14 avril, la société commence son épuration et ses membres sont ramenés à 38. En majorité girondin comme le comité révolutionnaire de Laval, le club de Mayenne se hâte de faire amende honorable à la Convention en adhérant au mouvement fédéraliste. Le 21 juillet, le club célèbre « l'acceptation faite par tous les citoyens de l'acte constitutionnel et des droits de l'homme ». Le 10 août 1793, une messe à Paris est donnée sur l'autel de la patrie au champ de Mars pour l'anniversaire de la prise des Tuileries le 10 août 1792 sous le feu des gardes suisses par les sans-culottes qui imposent ainsi la déchéance du Roi. À Mayenne, après la messe célébrée à Notre-Dame, Desbarbets, officier municipal, Lair, président du district, Pottier, président de la Société républicaine (le club des sans-culottes) et Louis-Augustin Auray, prononcent chacun un discours sur la liberté, salué par les: « Vive la république, la liberté, l'égalité ». Les citoyens prêtent serment, on brule les titres des ci-devants nobles et on danse sur les cris de: « Vive la république ». Le 15 septembre, 50 aristocrates sont arrêtés et sont déclarés « suspects tous ceux qui leur porteraient des mets raffinés ». Le 8 octobre 1793, René-Augustin est destitué de son poste d'administrateur du club par les fondateurs de la société, Esnue-Lavallée et Thirion. En janvier 1794, le club des sans-culottes déménage dans l'église Notre Dame devenue le temple de la Raison depuis que les curés intrus l'ont désertée. Le 9 janvier 1794, le tambour annonce l’ordre d’enlever de l'église le lutrin de cuivre doré et la grille en fer forgé du cœur pour installer la statue de Marat, envoyée par Bissy. Le 26 janvier, Lair-Lamotte, pour faire disparaître les signes extérieurs du culte catholique, propose de « détruire les grilles du chœur avec les ci-devants saints ». On décide de placer sur l'autel les bustes de Marat et de Le Peletier et d'écrire sur les murs: « Liberté, égalité, fraternité ou la mort! ». Les citoyens Rojou et Marlotteau sont nommés commissaires chargés de faire disparaître « tout ce qui pouvait rappeler à l'homme la superstition sous laquelle il avait gémi depuis tant de siècles ». Le 8 février 1794, on fête pompeusement Marat et Le Peletier. L'historien local, l'abbé Gaugain raconte que les séances ressemblaient de plus en plus à des exhibitions foraines ou à des rendez-vous galants. Le 21 février 1794, on décide, malgré l'opposition des hussards, de mettre un terme à ces débordements, en traçant sur le sol une ligne, surveillée par des commissaires, pour séparer les deux sexes. Le club des sans-culottes de Mayenne s'est affilié tardivement, soit le 6 ventôse an II (24 février 1794), au club parisien de la rue Saint-Honoré en raison de l’isolement de la province. Le 7 mars 1794, le club considérant l'incivisme de quelques-uns de ses membres procéde à son épuration et se nomme désormais la « Société régénérée des républicains de Mayenne ». 60 membres en font partie. La qualité des débats ne va pas en s'améliorant. Au bruit des tambours et du: « Cà ira! », une épuration des fonctionnaires du district est entreprise au profit des membres de cette assemblée. Le 4 juin 1794 (16 prairial an II), Voile et les délégués de la Société populaire fêtent l’être suprême. Ponthault, Voile et Georget-Bretonnière sont témoins de la destruction par le feu des archives féodales en face de la mairie. La chute de Danton est applaudie autant que celle du « tyran Robespierre » le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et la Convention est remerciée « en sauvant encore une fois l'impérissable république ». Le président Lair écrit à la Convention: « Vous vous êtes montrés dignes du poste important que vous occupez. C'est sans doute le plus beau jour des annales républicaines, que celui où vous avez déjoué les trames perfidement ourdies par ses scélérats qui, ennemis de la liberté de leurs pays, lui voulaient donner un maître... Ils n'existent plus ces monstres! » (Archives nationales C 312). Le 26 octobre 1794, la « société régénérée des républicains de Mayenne » passe à 202 membres dont la moitié composée de bourgeois qui assistent rarement aux séances. La société est dissoute le 29 ventôse an III (19 mars 1795), soit cinq mois après la fermeture en novembre 1794 par la Convention du Club de Paris. Son registre est conservé aux archives de la Mayenne.

Le 18 décembre 1795, Lair-Lamotte devient président de l'administration municipale de Mayenne, c'est-à-dire maire de Mayenne. Il est remplacé par Jean Baptiste Voille le 27 février 1796 pour devenir député au Conseil des Cinq-Cents en octobre 1796 avec Jacques-François Bissy le Jeune, ex-président de l'administration municipale. Le Conseil des Cinq-Cents est composé de 500 députés élus par les électeurs et le Conseil des Anciens de 250 députés. Les Anciens rejettent ou approuvent sans amendement les résolutions des Cinq-Cents qui ensuite deviennent des lois.

Le 21 janvier 1796, l'oncle Claude-Louis Lair, l'aîné, commissaire près la police correctionnelle et son neveu, René-Augustin Lair, le jeune, juge de paix de la 1re section de Mayenne, sont présents à la fête de la mort de Louis XVI. À cette occasion, ils prêtent avec tous les autres fonctionnaires le serment: « Nous jurons que nous sommes sincèrement attachés à la République, que nous vouons une haine éternelle à la royauté ». Claude-Louis est devenu juge-commissaire du Pouvoir Exécutif près le tribunal de Mayenne entre 1797 et 1800.

En septembre de l'an V (1796), René-Augustin est juge de paix de la 1re section du canton de Mayenne. Pour être juge de paix, il faut avoir 30 ans révolus et payer un impôt égal à 10 jours de travail. Le rôle de ce juge est d'organiser avant de juger un essai de conciliation entre les parties. Les tribunaux de district ont été supprimés par la constitution de l'an III qui ne laisse qu'un seul tribunal composé de 20 juges élus, un commissaire et un substitut, tous nommés par le directoire.

En septembre 1797, un an après la pacification de Laval le 14 mai 1796, René-Augustin décrit la situation au Directoire: « Depuis 6 mois, on ne parle plus de cocarde, 50 prêtres disent la messe dans des chambres, on entend sonner l'Angelus dans les paroisses voisines; les croix, les Bonnes Vierges reparaissent parées comme sur des autels; les juges mêmes acquittent des royalistes et des prêtres ». Le 10 nivôse an VI (30 décembre 1797), « R-A Lair et Lair-Lamotte, l'aîné, Martin Bignon » font partie des fondateurs de la « société populaire de Mayenne » créée pour « la défense et la propagation des principes qui ont dicté la constitution de l'an III ».

En 1799, les assemblées électorales se réunissent pour le renouvellement du tiers des députés au Corps législatif. Dès le 21 janvier, François de Neufchâteau, ministre de l'intérieur, a demandé à toutes les administrations de rassembler les amis du gouvernement pour ces élections.

Le 10 avril 1799, l'assemblée secondaire réunie à Laval dans l'église de la Trinité sous la présidence de René-Mathurin Berthelot, notaire, commissaire près la municipalité d'Izé, compte 204 électeurs. François-Jean Le Pescheux, commissaire près l'administration de Mayenne en est le secrétaire. À la première assemblée, soit le Conseil des Anciens, on envoie par 129 voix sur 202 votants Michel Maupetit, précédemment député aux Cinq-Cents. À la seconde assemblée, soit les Cinq-Cents, sont élus: Fanneau-Lahorie, administrateur du département; Anjubault, député sortant le 13 avril; René-Augustin Lair-Lamotte, juge au tribunal civil de Laval.

René-Augustin est ainsi élu pour la seconde fois député aux Conseil des Cinq-Cents. Il est élu pour deux ans. Tellot, commissaire de l'administration centrale, dit qu'il est un « républicain exalté mais ami du gouvernement ».

Dès la fin de l’an VII, le désordre est à son comble car le Directoire est une époque de désorganisation totale. Midy préside le jury d’accusation de Laval. Les Chouans arrêtés sont transférés à Tours devant le conseil de guerre de la 22e division militaire dont dépend la Mayenne. Dans une lettre, restée sans effet, adressée au ministre de la justice du 14 floréal an VII (3 mai 1799), Midy s’interroge: « N’existerait-il pas un projet d’une faction de ressusciter la guerre civile, car une certaine classe dit hautement que cette année le Directoire ne sera pas le maître (ce sont leurs expressions) et qu’ils ont des députés qui le ruineront. Des deux nouveaux nommés (député au Conseil des 500), l’un est l’administrateur du département chargé de la police (Fanneau-Lahorie (Charles-Julien) de Lassay); l’autre a dit que la constitution de l’an III a quelque chose de bon mais qu’elle n’est pas assez populaire (Lair-Lamotte (René-Augustin), juge à Mayenne, élu pour 2 ans pour remplacer Chartrier de Craon, dont l’élection avait été annulée l’année précédente) ».

Le 18 juin 1799, une coalition de députés formée de Jacobins obtient la démission du triumvirat des Directeurs les plus antijacobins: Merlin de Douai, La Révellière-Lépeaux et Treilhard. Une atmosphère de coup d'État régne et la situation militaire est de plus en plus tendue. L'historien Grosse-Duperon, mentionne René Augustin comme député au Conseil des Anciens en octobre 1799. Le 23 octobre 1799, Lucien Bonaparte est élu à la présidence des Cinq-Cents. Les Anciens et leur président, Lemercier, sont acquis à Bonaparte. Le 18 brumaire, un décret des Anciens motivé par un complot fictif des Jacobins confie les troupes de Paris à Bonaparte et ordonne le transfert des Conseils au château de Saint-Cloud. Le Directoire offre de son côté sa démission. Le pouvoir exécutif apparaissant vacant et la République étant menacée, Bonaparte et Sieyès deviennent les sauveurs de la patrie et de la liberté. Les Néo-Jacobins montrent une résistance le 19 à Bonaparte qui leur fait un discours sans effet. C'est Lucien, grand orateur et les soldats de Murat qui réussissent à les impressionner, réunissant le soir une poignée de [parlementaires] qui nomment pour consuls: Bonaparte, Sieyès et Ducos.

Rallié à Bonaparte après le coup d'État du 18 brumaire, René-Augustin est nommé par le Premier Consul, le 9 floréal an VIII (29 avril 1800), juge à la cour d'appel d'Angers. Le 21 mars 1800, René Augustin devient conseiller général de la Mayenne. Il a 38 ans.

Le 28 juin 1800, une commission réunissant les citoyens Boudier, Voille, Esnault, Chabrun, Carlier et Lair-Lamotte est nommée pour s'occuper de l'établissement d'un octroi à Mayenne.

René-Augustin Lair Lamotte, juge au tribunal d'Appel d'Angers, domicilié à Angers, meurt à 14 heures le 10 octobre 1803 à 41 ans chez Morice La Rüe Morice de la Rue, docteur en médecine à Mayenne. Marie-Mathurine Lair de Lamotte décède à Mayenne à 83 ans le 9 octobre 1843.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article René-Augustin Lair-Lamotte de Wikipédia en français (auteurs)

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