- Reception de la Comedie humaine
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Réception de la Comédie humaine
Cet article contient des commentaires de différents écrivains sur la La comédie humaine de Balzac.
Articles principaux : La Comédie humaine et Honoré de Balzac.Commentaires
« Vous cherchez l’homme tel qu’il devrait être ; moi, je le prends tel qu’il est. Croyez-moi, nous avons raison tous deux. (…) J’aime les êtres exceptionnels, j’en suis un. Il m’en faut d’ailleurs pour faire ressortir mes êtres vulgaires et je ne les sacrifie jamais sans nécessité. Mais ces êtres vulgaires m’intéressent plus qu’ils ne vous intéressent. Je les grandis, je les idéalise, en sens inverse, dans leur laideur ou leur bêtise. Je donne à leurs difformités des proportions effrayantes ou grotesques. »— Balzac à George Sand (correspondance)[1]
« Ce n’est pas le lieu de dire ici tout ce qu’était cette splendide et souveraine intelligence.Monsieur de Balzac était un des premiers parmi les plus grands, un des plus hauts parmi les meilleurs. Tous ses livres ne forment qu’un livre, livre vivant, lumineux, profond, où l’on voit aller et venir, marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d’effaré et de terrible, mêlé au réel, toute notre civilisation contemporaine; livre merveilleux que le poète a intitulé Comédie et qu’il aurait pu appeler Histoire; qui prend toutes les formes et tous les styles ; qui dépasse Tacite et qui va jusqu’à Suétone ; qui traverse Beaumarchais et qui va jusqu’à Rabelais ; livre qui est l’observation et qui est l’imagination ; qui prodigue le vrai, l’intime, le bourgeois, le trivial, le matériel, et qui, par moment, laisse entrevoir le plus sombre et le plus tragique idéal.À son insu, qu’il veuille ou non, qu’il y consente ou non, l’auteur de cette œuvre immense et étrange est de la force des écrivains révolutionnaires. De Balzac va droit au but: il saisit corps à corps la société moderne; il arrache à tous quelque chose ; aux uns l’illusion, aux autres l’espérance, à ceux-ci un cri, à ceux-là un masque. Il creuse et sonde l’homme, l’âme, le cœur, le cerveau, et par un trait de sa vigoureuse et libre nature, il se dégage souriant et serein de ces redoutables études qui produisaient la mélancolie chez Molière et la misanthropie chez Rousseau.
Voilà l’œuvre qu’il nous laisse, œuvre haute et solide, robuste entassement d’assises de granit, monument ! œuvre du haut de laquelle resplendira désormais sa renommée. Les grands hommes font leur propre piédestal, l’avenir se charge de la statue (...) »— Victor Hugo, discours prononcé le 21 août 1850, sur la tombe de Balzac[2] et [3] et[4]
« Shakespeare seul a enfanté une humanité aussi large et aussi vivante. »« Si Balzac a fait de ce genre roturier [le roman de mœurs] une chose admirable, toujours curieuse et souvent sublime, c’est parce qu’il y a jeté tout son être. J’ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur ; il m’avait toujours semblé que son principal mérite était d’être visionnaire, et visionnaire passionné. Tous ses personnages sont doués de l’ardeur vitale dont il était animé lui-même. Toutes ses fictions sont aussi profondément colorées que les rêves. Depuis le sommet de l’aristocratie jusqu’aux bas-fonds de la plèbe, tous les acteurs de sa Comédie sont plus âpres à la vie, plus actifs et rusés dans la lutte, plus patients dans le malheur, plus goulus dans la jouissance, plus angéliques dans le dévouement, que la comédie du vrai monde ne nous les montre. Bref, chacun, chez Balzac, même les portières, a du génie. Toutes les âmes sont des armes chargées de volonté jusqu’à la gueule. C’est bien Balzac lui-même. Et comme tous les êtres du monde extérieur s’offraient à l’œil de son esprit avec un relief puissant et une grimace saisissante, il a fait se convulser ses figures ; il a noirci leurs ombres et illuminé leurs lumières. Son goût prodigieux du détail, qui tient à une ambition immodérée de tout voir, de tout faire voir, de tout deviner, de tout faire deviner, l’obligeait d’ailleurs à marquer avec plus de force les lignes principales, pour sauver la perspective de l’ensemble. Il me fait quelquefois penser à ces aquafortistes qui ne sont jamais contents de la morsure, et qui transforment en ravines les écorchures principales de la planche. De cette étonnante disposition naturelle sont résultées des merveilles. Mais cette disposition se définit généralement : les défauts de Balzac. Pour mieux parler, c’est justement là ses qualités. Mais qui peut se vanter d’être aussi heureusement doué, et de ne pouvoir appliquer une méthode qui lui permette de revêtir, à coup sûr, de lumière et de pourpre la pure trivialité ? Qui peut faire cela ? Or, qui ne fait pas cela, pour dire la vérité, ne fait pas grand-chose. »« Il reste prouvé que Balzac n’est pas seulement un grand poète, un faiseur dans le sens antique du mot, un vrai génie de création et de découverte, mais que de plus il est aussi, et il est surtout, un penseur d’une force et d’une variété infinies, qui se joue des généralités les plus hautes et ne se diminue pas dans les aperçus les plus fins. Pour tout dire en un mot, il restera prouvé qu’en hachant n’importe où, une page de Balzac, en tronquant cet ensemble merveilleux d’une page, on aura, avec des teintes nouvelles et l’originalité la plus profonde, quelque chose comme les Caractères de La Bruyère, les Maximes de La Rochefoucauld, les Pensées de Vauvenargues et de Joubert, et les Aphorismes de Bacon. »— Jules Barbey d'Aurevilly [6]
« Balzac, c’est vous, c’est moi. En Balzac, je m’instruis beaucoup, non pas dans le vocabulaire des idées, mais dans celui des choses. »« J’admire comme les pensées de Balzac sont cosmologiquement justes. Telle est la part de sa forte tête dans ses créations qu’il entre dans les lieux communs et les rend vrais »« Balzac n’est pas un précurseur. Il est le créateur du monde moderne. C’est pourquoi tout jeune auteur d’aujourd’hui doit passer par lui. »Notes et références
- ↑ André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, Hachette livre, p. 444 1965
- ↑ Grand Album Victor Hugo pour le centenaire de la mort de Victor Hugo (1985). Grandes Œuvres. Hachette livre.
- ↑ André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, Op. cit., p. 599.
- ↑ Victor Hugo : Avant l’exil, Funérailles de Balzac le 21 août 1850 dans Actes et Paroles, t. I. Éd. de l’Imprimerie nationale. Paris. 1937, p. 296-7.
- ↑ Charles Baudelaire, L’Art romantique, Paris, Garnier, 1962, p. 678-9.
- ↑ Dictionnaire des auteurs Laffont Bompiani, vol I. p. 207.
- ↑ dans Avec Balzac, Gallimard, 1954 198 pages.
- ↑ Avec Balzac. Cité par le Dictionnaire des auteurs Laffont-Bompiani, p. 208.
- ↑ Ibid. p. 208.
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Catégorie : Honoré de Balzac
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