Quatre Branches du Mabinogi

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Mabinogion

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Les Mabinogion ou les Quatre Branches du Mabinogi (Pedair Cainc y Mabinogi en gallois) sont quatre textes médiévaux (des chwedl ou cyfarwyddyd, mots qui signifient contes), écrits en moyen-gallois (langue en vigueur du XIIe siècle au XVIe siècle), qui font référence à la mythologie celtique de l'Antiquité. Traditionnellement s'y sajoutent d'autres contes relevant de la légende arthurienne. Le mot Mabinogion est le pluriel de Mabinogi. Diverses explications sur le sens du mot ont été avancées, mais il vient vraisemblablement du dieu Mabon (Maponos en Gaule) qui figure dans le conte Kulhwch et Olwen, et qui fait partie de la même collection. Les quatre récits s'intitulent : Pwyll, prince de Dyfed, Le Mabinogi de Branwen, Manawydan fils de Llyr et Math fils de Mathonwy.

Sommaire

Manuscrits

Les Mabinogion ont été élaborés à partir de deux manuscrits, le Livre Blanc de Rhydderch dont la rédaction s'étale de 1380 à 1410, et le Livre Rouge de Hergest qui est daté approximativement de 1350. Rappelons que dans le monde celtique, la poésie était la spécialité des bardes[1]. Les thèmes développés se retrouvent dans la tradition irlandaise, ce qui atteste de leur antiquité. On peut citer, à titre d'exemple, les rapports du druide (ou magicien) et du roi, les obligations de la Souveraineté, l'Autre Monde (le Sidh des Tuatha Danann, en Irlande), la guerre, la pratique des fonctions artisanales. C'est l'illustration de l'idéologie trifonctionnelle des Indo-Européens, telle qu'elle a été exposée par Georges Dumézil. Tout comme pour les textes mythologiques irlandais, un vernis chrétien se superpose parfois aux récits.

Dans la vague de celtomanie du XIXe siècle, une première publication expurgée en anglais a été faite par Lady Guest entre 1838 et 1849, dont certaines parties ont été traduites en français par Théodore Hersart de la Villemarqué, mais c'est Joseph Loth qui va établir la première édition française intégrale.

La rédaction tardive indique une longue tradition orale, ces mythes se sont transmis de générations en générations, à travers les siècles, de ce fait il n'est pas possible d'en préciser l'origine (voir l'article consacré aux druides).

Les Quatre branches

Pwyll, prince de Dyved

Ce conte a pour sujets l'origine, le fondement et la légitimité de la royauté. Le contrat passé avec un roi de l'Autre Monde indique clairement l'origine divine. Le mariage de Pwyll avec la déesse Rhiannon[2] est conforme à la mythologie celtique puisque la souveraineté est un concept féminin. La justice et la générosité du roi sont deux qualités fondamentales et indispensables de la fonction.

Léchange des royaumes

Pwyll, prince de Dyved, quitte sa résidence dArberth pour aller à la chasse à Glynn Cuch. Il lâche sa meute et voit passer un cerf poursuivi puis tué par une autre meute de chiens blancs. Ayant distribué la viande à ses propres chiens, arrive le propriétaire de lautre meute, Arawn le roi dAnnwvyn, qui lui reproche de sêtre approprié le gibier. Pwyll accepte de réparer et Arawn propose quils échangent leurs places et identités pour une année, au terme de laquelle Pwyll devra se battre contre Havgan, un ennemi dArawn.

Laccord étant conclu, Arawn accompagne Pwyll jusquà sa résidence il est accueilli, sous lapparence dArawn. Après le repas de la cour, il va dormir avec la reine, mais il ne la touche pas et ne la touchera pas durant son séjour. Il occupe cette année « dans les chasses, les concerts, les banquets, lamitié et la conversation avec sa compagnie, jusquau soir fixé. »

Lannée passée, cest lheure du duel au « milieu du gué ». Pwyll tue Havgan au premier coup donné. Le vainqueur « reçoit lhommage des guerriers » et règne sur les 2 royaumes, Pwyll est surnommé « prince dAnnwvyn ». Puis, il se rend à Glynn Cuch et y retrouve Arawn ; ils reprennent leurs identités et aspects respectifs. Le soir, Arawn retrouve sa femme et lui fait lamour ; dans la conversation qui suit, il se rend compte que Pwyll na pas touché sa femme. Il se félicite de son allié et lui raconte la vérité à sa femme. Pwyll retourne en Dyved, on le rassure sur la façon dont son royaume a été administré en son « absence » et raconte la vérité aux nobles).

Pwyll et Rhiannon

Le tertre Gorsedd Arberth (« le siège dArberth ») est réputé pour les sortilèges. Après un festin, Pwyll prince dAnnwvyn y voit arriver une cavalière dont la monture avance dun pas lent et régulier. Il envoie quelquun lui demander qui elle est, mais lhomme à pied ne parvient pas à la rattraper. À cheval non plus, plus il le force, plus la cavalière séloigne sans quelle ait changé dallure. Au 3e jour, Pwyll lui-même se lance à la poursuite et, ne pouvant lui non plus la rejoindre, il lappelle et elle sarrête immédiatement. La voyant, il est conquis par sa beauté.

Elle lui dit quelle est venue pour le rencontrer et quelle se nomme Rhiannon, fille dEveydd le Vieux. Elle explique à Pwyll quon veut la marier contre son gré, mais quelle est amoureuse de lui et veut lépouser. Il accepte et le mariage est décidé pour dans un an, à la cour dEveydd. Lannée suivante, lors du banquet de mariage, un homme fait une requête à Pwyll, que celui-ci accepte davance : il lui demande sa future épouse et les provisions pour les noces. Il sagit de Gwawl, à qui Rhiannon avait été promise et quelle avait éconduit. Ne pouvant revenir sur son accord, Rhiannon imagine un stratagème pour ne pas épouser Gwawl.

Le jour venu, Pwyll, muni dun sac magique, arrive avec 100 cavaliers. Il entre habillé comme un mendiant et demande que lon remplisse le sac de nourriture. Le sac magique ne peut se remplir et Pwyll demande à Gwawl de tasser la nourriture avec son pied et il le met dans le sac, quil ferme avec les lacets. Pwyll sonne du cor pour faire venir ses chevaliers et tous frappent le sac. Gwawl demande grâce et Pwyll rentre en Dyved avec Rhiannon. Son règne est caractérisé par l'équité, la justice et la générosité.

Lenlèvement de Pryderi

Après 4 ans, Pwyll et Rhiannon ont un fils, qui est enlevé la nuit même de sa naissance. Les 6 femmes chargées de garder lenfant accusent Rhiannon dinfanticide. Il est décidé que sa pénitence sera de rester sept ans dans la cour dArberth, assise près du « montoir aux cavaliers », raconter son histoire aux passants et leur proposer de les amener dans la cour sur son dos.

Teirnon Twrv Vliant, seigneur de Gwent-Is-Coed, avait une jument qui poulinait chaque année le 1er mai, mais invariablement le poulain disparaissait. La nuit venue, il surveille la jument qui met bas et voit une griffe passer par la fenêtre pour prendre le poulain ; dun coup dépée il coupe la griffe et sort de la pièce mais ne peut voir ce qui se passe à cause lobscurité. Quand il rentre, il trouve un enfant quil donne à sa femme et quon baptise sous le nom de Gwri Wallt Euryn (cest à dire « à la chevelure dorée »). Il grandit rapidement, à lâge d1 an il en parait 3 ; à 4 ans il cherche à monter à cheval et on lui donne le poulain, le jour on la trouvé.

Teirnon a vent de linfortune de Rhiannon et comprend que lenfant est le fils de Pwyll.. Avec sa femme, ils décident de restituer lenfant. Arrivés à Arberth, Rhiannon leur propose de les porter sur son dos jusquà la cour, ce quils refusent. À la fin du banquet auquel ils ont été invités, Teirnon raconte son histoire et présente son fils à Rhiannon. On décide de lappeler Pryderi (« souci »).

Pryderi est élevé par Pendaran Dyved. À la mort de Pwyll, Pryderi lui succède et agrandit le royaume. Cest un bon roi, aimé de tous ses sujets. Il épouse Kigva.

Le Mabinogi de Branwen

Le second conte des Mabinogion traite des relations difficiles entre les nations celtes. La guerre est le thème central, et on voit une glorification du guerrier héroïque[3]. La guerre, les razzias sont d'ailleurs des notions récurrentes dans la civilisation celtique. Bran est un géant, dont le nom signifie « corbeau », animal emblématique des divinités associées à la mort.

Lhistoire de Matholwch représente trois infractions à chacune des classes indo-européennes[4] : la violation du traité de paix (nature juridique) est une faute qui relève de la première fonction ; le piège tendu par Matholwch pour massacrer les « Bretons » est une faute contre léthique de la fonction guerrière ; la disgrâce de Branwen est une atteinte à la fonction de production[5].

Le mariage et la disgrâce de Branwen

Matholwch, le roi d'Iwerddon (lIrlande), débarque dans lîle de Bretagne avec une flotte de treize navires. Il se rend à la cour de Bran le Béni[6], le géant fils de Llyr, pour lui demander la main de sa sœur Branwen, et ainsi conclure un traité de paix. Après délibérations, le conseil décide d'agréer la demande et tous se rendent à Aberffraw pour célébrer le mariage[7] pour les noces. La nuit même, Matholwch et Branwen dorment ensemble.

Evnissyen, le demi-frère de la jeune fille, furieux de ne pas avoir été consulté, coupe les lèvres, les oreilles, les paupières et la queue des chevaux des Irlandais, dans lespoir de rompre laccord. Devant laffront, Matholwch va repartir pour lIrlande, mais loffense est réparée par le don de nouvelles montures, une baguette dargent et une plaque dor et dun chaudron magique, qui a le pouvoir de ressusciter les guerriers morts au combat. Matholwch emmène sa nouvelle épouse en son royaume, elle est bien accueillie ; lannée se passe dans la « gloire » et la « célébrité » et Branwen donne naissance à un fils Gwern.

Lannée suivante, des rumeurs circulent à propos de laffront subit par Matholwch et, en guise de vengeance, on exige que Branwen soit chassée du lit royal et condamnée à faire la cuisine dans la cour, chaque jour le cuisinier vient lui donner une gifle. De plus, toutes les relations sont interdites entre lIrlande et le pays de Galles. Ce traitement va durer pendant trois ans, pendant lesquels elle élève un étourneau. Elle envoie loiseau, porteur dun message, à son frère Bran.

Linvasion de lIrlande

Dès quil reçoit le message de Branwen et quil a connaissance de sa disgrâce, Bran le Béni, il réunit les 154 royaumes et débarque en Irlande, ne laissant que sept guerriers pour défendre son royaume. Pour éviter la guerre, Matholwch propose dabdiquer et de confier le royaume à son fils Gwern, qui est donc le neveu de Bran. On construit un bâtiment immense pour accueillir les belligérants (Bran est un géant qui ne peut entrer dans aucune maison, ni monter sur aucun bateau, il a traversé la mer dIrlande à gué). Mais les Irlandais décident de piéger les Gallois : de chaque côté des 100 colonnes de la maison, ils accrochent des sacs de farine contenant chacun un guerrier. Evnissyen découvre le stratagème et tue les 200 guerriers irlandais en leur écrasant la tête. La réunion a finalement lieu, chaque camp dans une partie de la maison. Gwern va successivement auprès de chacun de ses oncles : Bran le Béni, Manawyddan Fab Llyr, Nisien. Quand le garçon sapproche dEvnissyen, celui-ci le saisit par les pieds et le jette dans le brasier.

La guerre est totale, Evnissyen détruit le chaudron magique et tous les Irlandais sont tués. Côté gallois, il ny a que sept survivants.

La tête coupée de Bran le Béni

Les guerriers gallois survivants sont Pryderi, Manawydan, Gliuieu Eil Taran, Taliesin, Ynawc, Gruddyeu et Heilyn. Bran, qui a reçu une lance empoisonnée dans le pied, leur demande quils lui coupent la tête[8] et quelle soit enterrée à Y Gwynvryn (la « Colline Blanche ») à Londres, face à la France. Mais durant ce long voyage, la tête coupée sera dune compagnie aussi agréable, que du vivant de son propriétaire.

Branwen les accompagne, mais elle meurt le cœur brisé et est enterrée à Glan Alaw. Les sept vont à Harddlech avec la tête de Bran et pendant quils festoient, les oiseaux de Rhiannon viennent chanter pour eux. Au bout de sept ans, ils partent pour Gwales en Pembroke, ils demeurent vingt-quatre ans. Puis ils gagnent Londres, ils enterrent la tête de Bran[9].

Manawydan fils de Llyr

Manawydan, fils de Llyr, a épousé Rhiannon, après le décès de son premier époux, Pwyll. Lors d'une promenade à laquelle se sont joints Pryderi, le fils de Rhiannon et Kigva son épouse. Un orage soudain éclate suivi dun brouillard magique qui laisse le pays dévasté et désert. Après avoir épuisé les provisions de la maison, ils décident d'aller en Loegrie afin d'exercer un métier et subvenir à leurs besoins. Ils s'installent à Henford comme selliers, ils réussissent si bien que les autres artisans de la ville, jaloux, les chassent. Ils deviennent fabricants de boucliers, puis cordonniers, avec autant de réussite et d'exil. De retour en Dyved, ils se font chasseurs puis agriculteurs.

Selon le schéma dumézilien, ce récit décrit la troisième classe de la société, celle des artisans/producteurs et des agriculteurs/éleveurs. Les deux autres classes sont celle des druides et bardes et celle des guerriers. Le rôle des artisans (au sens le plus large) est de produire pour l'ensemble de la société. Manawydan est l'équivalent gallois de l'Irlandais Manannan Mac Lir.

Math fils de Mathonwy

La quatrième banche du Mabinogi se compose de trois parties, dont les personnages principaux sont Math, souverain du Gwynedd et son neveu, le magicien Gwydion. Le dernier conte des Mabinogion est plus spécialement consacré aux fonctions de la classe sacerdotale. Le rôle de Goewin, en tant que principe féminin, est de légitimer la royauté de Math, qui ne s'occupe que de la prospérité et de la guerre. Gwydion est le prototype du druide, omnipotent et omniscient, qui se doit d'initier, son neveu qui, par sa qualité trifonctionnelle (voir l'article Lug) peut aspirer à la royauté.

Le viol de Goewin

Goewin, « la plus belle jeune fille que lon connut de sa génération », est la jeune vierge dans le giron de laquelle, Math doit mettre ses pieds, quand il nest pas à la guerre. Il ne peut même pas faire la tournée de son royaume, ce sont ses deux de ses neveux, Gilfaethwy et Hyfeidd, qui sen chargent. Lun deux, Gilfaethwy, est tombé amoureux de Goewin et, avec son autre frère le magicien Gwydion, il imagine un stratagème pour que Math séloigne de Goewin. Il sagit de provoquer une guerre entre le Gwynedd, le Powys et le Deheubarth. Gwydion informe son oncle que des porcs fabuleux, venus de lAnnwvyn, sont arrivés chez Pryderi, le prince de Dyved. Et quil peut se les approprier avec onze de ses compères déguisés en bardes[10].

À la résidence de Pryderi, les faux bardes sont reçus à la cour et Gwydion, qui est un excellent conteur, charme son auditoire en racontant une histoire. Puis il révèle le but de sa visite et échange les porcs contre 12 étalons et 12 lévriers, qui ne sont que le fruit de sa magie et nexistent que 24 heures. Gwydion et ses complices rentrent en Gwynedd avec Pryderi et ses armées à leurs trousses. Le soir même, pendant que Math est à la guerre, Gilfaethwy en profite pour violer Goewin. La bataille est un grand massacre et elle prend fin quand Gwydion tue Pryderi dans un combat singulier. De retour à la résidence royale, Goewin apprend à Math quelle peut plus assumer sa fonction de « porte-pieds » puisquelle nest plus vierge et lui raconte le viol. Il lépouse pour préserver son honneur et lui « remet lautorité sur ses domaines ». En guise de punition, il transforme ses neveux, lun en cerf et lautre en biche, les condamne à avoir un petit et les bannit. Puis, il les transforme en laie et en sanglier et ensuite en loup et en louve et, au bout de trois années, leur rend apparence humaine. Les trois enfants quils eurent pendant ces transformations sont Hyddwn, Hychtwn et Bleiddwn.

Les 3 interdits de Llew Llaw Gyffes

À la recherche dune vierge pour succéder à Goewin, le nom dArianrhod, fille de Dôn et nièce du roi, est suggéré. Pour sassurer de sa virginité, elle doit subir une épreuve qui consiste à passer sur la baguette magique de Math. Or, elle donne immédiatement naissance à deux fils. Le premier, à peine baptisé, rejoint la mer et se font dans locéan, d son nom Dylan Eil Ton, cest-à-dire « Dylan fils de la vague ». Le second enfant est dérobé par Gwydion, qui le met secrètement en nourrice ; il grandit deux fois plus vite que la normale. Quand il a 8 ans, Gwydion lemmène au château de sa mère, mais elle lui jette un sort (geis: il ne pourra voir de nom sauf sil lui est donné par sa mère. Le lendemain, au bord de la mer, il construit un bateau avec des algues et ils retournent au château dArianrhod, sous une forme qui les rend méconnaissables. Sur le pont du bateau, elle constate ladresse de lenfant et le nomme Llew Llaw Gyffes (« Lleu à la Main Sûre »), sans lavoir reconnu. Voyant quelle a été bernée, elle jette un second sort : il ne pourra avoir darmes que celles quelle lui donnera. Devenu adulte, Llew, toujours accompagné de Gwydion, retourne au château de sa mère, sous laspect de bardes, ils sont reçus à la cour. Le lendemain, Gwydion use de magie pour simuler une flotte immense et une attaque imminente. Sans savoir quil sagit de son fils, Arianrhod laide à sarmer. Le charme disparaît immédiatement, alors elle jette un nouveau sort à son fils : il ne pourra avoir de femme de lespèce humaine.

Ils vont alors se plaindre auprès du roi Math et les deux magiciens unissent leurs dons pour créer une femme (« la fille la plus belle et la plus parfaite du monde ») à partir de fleurs de chêne, de genêt et de reines-des-prés, qui est appelée Blodeuwedd (« Aspects de Fleurs »). Puis Math lui donne le cantref de Dinoding et en fait le souverain.

Blodeuwedd

Lors dune absence de Llew en visite à la cour de Math, un groupe de chasseur mené par Gronw Pebyr, passe près de sa résidence de Mur Castell. Blodeuwedd linvite pour la soirée, ils tombent amoureux immédiatement et passent la nuit ensemble et les jours suivants. Au retour de son époux, Blodeuwedd feint de craindre sa mort. Il lui dit que ce nest pas facile de le tuer : la lance qui pourrait le tuer devra être fabriquée pendant un an. Il ne peut être tué à lintérieur à lextérieur dune maison, sil chevauche ou marche à pied. Il ne peut être tué quau moment il prend son bain, quand il a un pied sur la cuve et lautre sur le dos dun bouc.

Pendant un an, Gronw Pebyr fabrique la lance, puis Blodeuwedd demande à Llew de lui montrer les conditions qui le feraient mourir. Il accepte et lamant le frappe avec la lance ; Llew senvole sous la forme dun aigle. Gronw Pebyr prend sa place à la tête du royaume.

Gwydion parcourt le Gwynedd à la recherche de son neveu. Il retrouve laigle et, chantant des englyn, lui redonne son aspect humain. Il le ramène à Caer Dathyl pour être soigné par les meilleurs médecins. Puis ils mobilisèrent les hommes du Gwynedd et marchèrent vers le cantref de Dinoding. Gwydion transforme Blodeuwedd en chouette pour quelle vive que la nuit et soit méprisée des autres oiseaux. Gronw Pebyr périt de la même manière quil avait tenté de tuer Llew. Celui-ci récupère ses terres et règnera sur tout le Gwynedd.


Pour Georges Dumézil, « [...] les personnages, Math et ses neveux, les enfants et petit-enfants de Dôn, forment une structure qui sarticule selon la conception trifonctionnelle du monde et de la société que le druidisme avait hérité des Indo-Européens et à laquelle il avait donné des particularités propres »[11].

Les contes arthuriens

Dans le recueil de Lady Charlotte Guest figurent cinq contes traditionnels gallois :

  • Breuddwyd Macsen Wledig (Le Rêve de Macsen), qui a pour sujet l'empereur romain Magnus Maximus
  • Lludd a Llefelys (Lludd et Llevelys)
  • Culhwch ac Olwen (Kulhwch et Olwen)
  • Breuddwyd Rhonabwy (Le songe de Rhonabwy)
  • Hanes Taliesin (Le conte de Taliesin), est une pièce tardive, qui ne fait pas partie des Livres Blanc et Noir, et qui est écarté des traductions les plus récentes.

Les contes Culhwch ac Olwen et Breuddwyd Rhonabwy ont soulevé l'intérêt des chercheurs parce qu'ils contiennent des éléments de la légende arthurienne.

Les Romans

Trois autres contes sont appelés Y Tair Rhamant (« Les Trois romances ») et sont des versions galloises de contes figurant dans les œuvres de Chrétien de Troyes.

Compléments

Notes

  1. Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, page 205, « La louange et le blâme. La satire et ses conséquences ».
  2. Le nom de Rhiannon est issu de Rigantona, il signifie « Grande Reine ». « Elle est un aspect de la grande divinité celtique » de la mythologie galloise. Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, page 415.
  3. Voir Les Quatre branches du Mabinogi et autres contes gallois du Moyen-Age, introduction de Pierre-Yves Lambert au Mabinogi de Branwen, page 57.
  4. Voir larticle Fonctions tripartites indo-européennes. Selon Georges Dumézil, les mythes et les sociétés s'organisent selon 3 fonctions primordiales : la fonction sacerdotale, la fonction guerrière et la fonction productrice.
  5. Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, page 113 et suivantes.
  6. Bran le Béni est aussi appelé Bran Vendigeit.
  7. Aberffraw : lestuaire de la Ffraw, résidence royale. Voir Les Quatre branches du Mabinogi note 10 de Pierre-Yves Lambert, page 358.
  8. Couper la tête dun ennemi vaincu était un rituel guerrier, courant chez les Celtes. Il est attesté par les sources littéraires et les études archéologiques. Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, page 839.
  9. Il nest pas dit ce que devient le reste du corps. « La décapitation, rite guerrier bien attesté, sexplique par une doctrine de lhéroïsation », Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, pages 342 et suivantes : « Lexaltation de la tête, de la parole et de la fidélité ».
  10. Les bardes sont une catégorie de druides, dans la civilisation celtique, ils appartiennent donc à la classe sacerdotale. Voir Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, pages 33 à 44, « Définitions et distinctions : druides, vates et bardes.
  11. Georges Dumézil, Esquisses de mythologie, GLM (Gallimard), Paris, 2003, (ISBN 2-7028-8243-9), ch. 59 « La quatrième branche du Mabinogi », page 610.

Les textes en français

  • Les Mabinogions par Joseph Loth (éditions Fontemoing) disponible gratuitement à la Bibliothèque numérique Gallica
  • Les Quatre branches du Mabinogi et autres contes gallois du Moyen-Age traduit du gallois, présenté et annoté par Pierre-Yves Lambert, éditions Gallimard, collection « L'aube des peuples », Paris, 1993, (ISBN 2-07-073201-0).

Articles connexes

Bibliographie

  • Paul-Marie Duval, Les Dieux de la Gaule, éditions Payot, Paris, février 1993, 169 p. (ISBN 2-228-88621-1).
    Réédition augmentée d'un ouvrage paru initialement en 1957 aux PUF. Paul-Marie Duval distingue la mythologie gauloise celtique du syncrétisme à la civilisation gallo-romaine.
     
  • Albert Grenier, Les Gaulois, Petite bibliothèque Payot, Paris, août 1994, 365 p. (ISBN 2-228-88838-9).
    Réédition augmentée d'un ouvrage paru initialement en 1970. Albert Grenier précise lorigine indo-européenne, décrit leur organisation sociale, leur culture et leur religion en faisant le lien avec les Celtes insulaires.
     
  • Christian-J. Guyonvarc'h, Magie, médecine et divination chez les Celtes, Bibliothèque scientifique Payot, Paris, 1997, (ISBN 2-228-89112-6).
  • Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, Ouest-France Université, coll. « De mémoire dhomme : lhistoire », Rennes, 1986, (ISBN 2-85882-920-9).
  • Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, La Civilisation celtique, Ouest-France Université, coll. « De mémoire dhomme : lhistoire », Rennes, 1990, (ISBN 2-7373-0297-8).
  • Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Fêtes celtiques, Ouest-France Université, coll. « De mémoire dhomme : lhistoire », Rennes, 1995, (ISBN 2-7373-1198-7).
  • Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, Yoran embanner, Fouesnant, 2007, (ISBN 978-2-914855-37-0)
  • Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins » , Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6).

Consulter aussi la Bibliographie de la mythologie celtique et la Bibliographie sur les Celtes.

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