Taliesin

Taliesin
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Taliesin est une figure importante de la mythologie celtique et de la littérature galloise, c’est à la fois un poète historique du VIe siècle et un barde mythique de la littérature galloise. Il n’est pas toujours aisé de les différencier d’autant que le dernier est parfois assimilé à Myrddin. Son nom est aussi associé au Livre de Taliesin, un recueil de poèmes manuscrits du Xe siècle mais dont la composition serait contemporaine du barde historique. La légende en fait le « Chef des Bardes de Bretagne ».

Sommaire

Le poète historique

Taliesin serait né vers 534, dans le Powys[1] et serait mort vers 599, il serait le fils de saint Henwg de Llanhennock[réf. souhaitée]. Il fait partie des Cynfeirdd, c’est-à-dire les premiers bardes, certains ont émis l'idée selon laquelle son œuvre aurait été composée en cambrien. Selon l’Historia Brittonum attribuée à Nennius, c’est un contemporain d’Aneirin et l’un des plus grands poètes de Bretagne.

Une douzaine de poèmes du Livre de Taliesin sont authentifiés et lui sont attribués, ce sont des louanges des différents rois au service desquels il a été attaché. Vers 555 il est le barde du roi du Powys Brochfael, puis de son successeur, Kynan Garwyn et enfin du roi de Rheged (actuel Cumberland) Urien et de son fils Owain mab Urien. Le poète Alfred Tennyson (1809-1892), dans son recueil Idylls of the King, l’incorpore à la légende arthurienne et en fait un barde du mythique roi Arthur.

Il aurait effectué un voyage en Bretagne continentale et aurait séjourné à l’abbaye de Rhuys, à la demande du roi de Domnonée, Judicaël, puis à son retour, aurait enseigné sa science à Merlin. Il accompagne Bran Vendigeit lors de l’expédition militaire en Irlande et figure dans le conte Culhwch ac Olwen au côté du roi Arthur[1].

Le barde mythique

Le conte de Taliesin

Au XVIe siècle, Elis Gruffydd, un soldat gallois en garnison à Calais (alors ville anglaise) compose Hanes Taliesin : le conte de Taliesin. Ce texte qui raconte la naissance mythique du barde et expose ses pouvoirs magiques a été traduit en anglais au XIXe siècle par lady Charlotte Guest et édité avec les Mabinogion.

L’histoire de Gwion Bach

Tegid Foel (le « Chauve ») vit au Pays de Galles sous le règne d’Arthur, sa femme s’appelle Ceridwenn, elle est experte en magie, divination et sorcellerie. Ils ont un fils hideux et au comportement odieux, nommé Morfran mais que l’on surnomme Afangddu ou Avangddu ("le Monstre Noir" à cause de la couleur de sa peau) – ils ont aussi une fille Creirwy, la plus belle fille de cette époque. Le fils est rejeté par tous. Pour qu’il soit accepté, sa mère décide de lui donner le don de l’inspiration prophétique (l'Awen). Elle ramasse des plantes à des moments précis, puis les met dans un chaudron empli d’eau et fait bouillir la mixture pendant un an et un jour. Après ce délai, la mixture donne trois gouttes qui rendent savant et devin celui ou celle sur qui elles tombent, le reste du bouillon étant un puissant poison. Un vieil aveugle, Morda, est chargé de surveiller le chaudron, il a un guide nommé Gwion Bach (Guyon le Petit) qui s’occupe du feu sous le chaudron, Ceridwenn maintient le niveau de l’eau. Le fils monstrueux est placé près du chaudron, pour recevoir les trois gouttes quand le moment sera venu. Alors que la mère s’est endormie, les gouttes sautent et tombent sur Gwion Bach qui prend prestement la place de Morfran. Le chaudron explose sous l’effet du poison, Ceridwenn se réveille et Gwion Bach, que la potion a rendu prescient, devine instantanément qu’elle va décider de le tuer. Il s’enfuit en prenant l’apparence d’un lièvre, elle se change en lévrier. Suivent différentes métamorphoses : il se change en un saumon bleu, elle en loutre, lui en un chien, un cerf, un chevreuil, une borne, une corde, une hache, etc., Ceridwenn se transforme autant de fois. Dans une grange, il se transforme en grain de blé, Ceridwenn prend l’apparence d’une poule noire, elle avale le grain de blé et quelque temps plus tard, donne naissance à un très bel enfant, réincarnation de Gwion Bach. Ne pouvant se résoudre à le tuer, elle l'installe dans un coracle, embarcation légère, et l’abandonne sur la mer.

L’histoire de Taliesin

L’écuyer Gwyddno Garanhir tient une pêcherie à Caer Ddegannwy, dans l’estuaire de la Coonwy. Chaque 1er novembre lui apporte une grande quantité de saumons. Il a un fils Elffin qui est serviteur à la cour du roi Maelgwn. Le 1er novembre Elffin, aidé de ses amis, va recueillir la pêche habituelle, mais la nasse est vide à l’exception d’un coracle. Il tranche les cordons de cuir et un front blanc (tal-iesin) apparaît. C’est le nourrisson Gwion Bach qui erre sur la mer depuis quarante ans. Elffin met le sac sur un cheval pour l’emmener chez lui et Taliesin entame un chant qui doit consoler l’infortuné pécheur : sa trouvaille a beaucoup plus de valeur que les saumons. De ce jour, la fortune d’Elffin s’accroît considérablement, de même que sa réputation à la cour du roi. Aussi, il se vante d’avoir un barde plus savant que tous les bardes du roi et que sa femme est la plus estimable du royaume ; ce qui lui vaut d’être emprisonné. Le roi dépêche son fils Rhun au château d’Elffin pour qu’il séduise l’épouse de l’impudent. Taliesin qui sait l’avenir, remplace la femme par une de ses servantes que Rhun endort avec un philtre, il s’en rend maître et lui coupe un doigt, porteur d’une bague. Le roi fait venir Elffin et lui présente le doigt, Elffin lui démontre par trois arguments que ce doigt n’est pas celui de son épouse, furieux le roi le renvoie en prison. Taliesin explique à la femme d’Elffin comment il va libérer son maître. Le barde arrive à la cour du roi, dans la grande salle, il s’installe à l’écart. Les bardes de la cour, passent devant Taliesin qui leur jette un sort, arrivés devant le roi pour lui rendre hommage, ils ne savent dire que « blub, blub ». Tancé, Heinin leur chef, explique au roi qu’ils sont victimes d’un sortilège et il désigne le responsable qui est sommé de s’expliquer. Taliesin prend la parole et se présente en récitant un poème, affirmant ses origines bibliques et ses exploits au cours de l’Antiquité. Puis il enchaîne un autre chant dans lequel il prédit la libération de Elffin et un autre qui déclenche une formidable tempête ; le roi fait libérer Elffin. Taliesin demande à Elffin de faire un pari avec le roi, il affirme posséder un cheval plus rapide que tous ceux du roi. Une date de concours est arrêtée, le roi arrive avec 24 chevaux mais c’est celui d’Elffin qui remporte la course. Taliesin fait alors creuser un trou et l’on découvre un chaudron plein d’or, c’est la récompense du sauvetage de l’enfant du coracle.

Commentaire

Élaborée dans un contexte chrétien, rédigée alors que la tradition a été oralement transmise pendant des siècles, la légende de Taliesin nous décrit l’archétype du poète gallois, qui est une évolution du druide celte. Chez les Celtes, la divination comme la médecine est une branche de la magie, exercée par la classe sacerdotale. C’est par la ruse que Gwion Bach s'approprie le don prophétique mais il doit fuir et montrer ses capacités à se transformer ; ces métamorphoses sont courantes dans la mythologie celtique et on pense particulièrement à l’histoire de Finn Mac Cumaill.

Autre élément important de la mythologie celtique, le chaudron qui est notamment l’un des talismans du dieu-druide le Dagda irlandais. C’est le symbole de la prospérité, de la richesse et aussi l’ustensile de référence pour la préparation de la magie.

Dans la société celtique de l’Antiquité, le druide et le roi forment une sorte de binôme, si le second règne sur son peuple, il ne peut le faire qu’avec les conseils et sous la direction spirituelle du premier. C’est ce qu’illustrent, d’une manière très altérée, les rapports entre Taliesin et Elffin.

Statue

Une statue de Taliesin, « prince des magiciens, barde du roi Arthur », par R.Joncourt, se trouve depuis 2000 sur la place de la mairie de la commune de La Forest-Landerneau (Finistère).

Source

Articles connexes

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Bibliographie

  • Paul-Marie Duval, Les Dieux de la Gaule, Paris, éditions Payot, février 1993, 169 p. (ISBN 2-228-88621-1).
    Réédition augmentée d'un ouvrage paru initialement en 1957 aux PUF. Paul-Marie Duval distingue la mythologie gauloise celtique du syncrétisme dû à la civilisation gallo-romaine.
     
  • Albert Grenier, Les Gaulois, Paris, Petite bibliothèque Payot, août 1994, 365 p. (ISBN 2-228-88838-9).
    Réédition augmentée d'un ouvrage paru initialement en 1970. Albert Grenier précise l’origine indo-européenne, décrit leur organisation sociale, leur culture et leur religion en faisant le lien avec les Celtes insulaires.
     
  • Christian-J. Guyonvarc'h, Magie, médecine et divination chez les Celtes, Bibliothèque scientifique Payot, Paris, 1997, (ISBN 2-228-89112-6).
  • Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux :
    • Les Druides, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1986 (ISBN 2-85882-920-9) ;
    • La Civilisation celtique, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1990 (ISBN 2-7373-0297-8) ;
    • Les Fêtes celtiques, Rennes, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », avril 1995, 216 p. (ISBN 2-7373-1198-7).
      Ouvrage consacré aux quatre grandes fêtes religieuses : Samain, Imbolc, Beltaine, Lugnasad.
       
  • Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, Yoran embanner, Fouesnant, 2007 (ISBN 978-2-914855-37-0).
  • Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins » , Paris, 2000 (ISBN 2-7028-6261-6).
  • Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, Paris, Marabout, octobre 2009, 470 p. (ISBN 978-2-501-05410-2) .
  • Consulter aussi la Bibliographie sur la mythologie celtique et la Bibliographie sur la civilisation celtique.

Notes

  1. a et b Voir Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, pages 99 à 108.

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