- Péniche
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Une péniche est un bateau à fond plat adapté à la navigation sur les fleuves et canaux pour le transport de marchandises, généralement sèches, stockées dans une cale non spécialisée, accessible par des panneaux amovibles (les panneaux d'écoutilles). À l'origine construite en bois et halée ou tractée, elle a évolué vers la construction métallique et la motorisation embarquée.
Sommaire
Historiques
Depuis le Moyen Âge
Depuis la fin du Moyen Âge, des bateaux de différents types selon les rivières, ancêtres des péniches, furent construits pour exploiter les chemins d'eau qu'étaient les rivières « calmes » et les canaux construits en premier lieu pour assécher les marais et joindre deux rivières entre elles (Canal de Briare, 1642). De formes simples, portant des tonnages déjà intéressants (en comparaison avec la voie terrestre) en dépit de leur faible enfoncement, grâce à la poussée d'Archimède, ces bateaux permirent l'expansion économique de certaines zones grâce à la possibilité de faire voyager sans heurt et à moindre coût diverses denrées que l'absence de routes carrossables contraignait à ne satisfaire qu'un marché local. Ils pouvaient être de construction assez sommaire, ne devant faire qu'un voyage pour être détruits à l'arrivée et leur bois revendu comme bois de chauffe ou d'œuvre. Ces bateaux se nommaient, suivant leur origine et leur architecture, « marnois» (haute Seine, Marne, Yonne...), « chaland » (Loire), « sisselande » (Saône et Rhône), « courpet » (Dordogne), « chalibardon » (Adour), « sapine » (Loire et Allier), etc. (La liste complète est quasiment impossible à dresser, même sur la France seule).
L'appellation « péniche » est impropre pour désigner ces bateaux. Le mot viendrait de « pinasse » (bateau fabriqué en pin) qui aurait transité par l'Angleterre en devenant alors « pinace » dont la prononciation aurait donné « péniche ». Le conditionnel est de rigueur.
Les gabarits Becquey et Freycinet
Divers gabarits furent expérimentés en fonction des écluses équipant les canaux construits jusqu'à la fin du XIXe siècle. Les plus standardisés furent alors le gabarit « Becquey » (1822. Ecluses de 30,40 m × 5,20 m, mouillage 1,60 m, hauteur libre 3 m), supplanté en 1879 par le gabarit Freycinet déterminé par les dimensions de la péniche dite « flamande » ou « spits » : écluses de 39,50 m × 5,20, mouillage 2,20 m, hauteur libre 3,70 m adoptées et imposées par la réforme Freycinet de 1879
La péniche traditionnelle la plus courante, en bois et dite ainsi gabarit Freycinet, mesure 38,50 m de long sur 5,05 m de large. Selon son origine et sa morphologie, elle peut être une « bélandre », un « alsacien », un « flamande »...
Durant les guerres
Lors de la Première guerre mondiale, l'armée française a fait construire des canonnières fluviales et aménager des « péniches-canons » utilisées armées d'un canon de marine[1],[2].
Un terme galvaudé
Pour les puristes, seul mérite le nom de « péniche » ce dernier type de bateau, avec ces dimensions-là. On remarquera d'ailleurs que le mot « péniche » n'est pas employé par les mariniers qui parlent de « bateau », « trente-huit mètres », « automoteur », « chargé » ou « vide ». Autrefois, du temps où tous les bateaux n'étaient pas motorisés, on distinguait les « tractés » ou « tractions », qui étaient encore halés, et les « moteurs ».
Si l'on peut tolérer l'emploi du mot péniche pour des bateaux du genre tjalk, luxmotor, aak (qui furent et sont encore pour certains des bateaux de transport hollandais) ou automoteur de rivière, il ne saurait être question de l'appliquer aux petits bateaux de plaisance, dont l'appellation officielle est « coche de plaisance » : la différence est la même qu'entre un semi-remorque et un camping-car ! Pour ne pas passer pour un ignare total en ce domaine, il suffit de se rabattre prudemment derrière le mot « bateau », tout simplement ! Le terme est uniquement utilisé par les « terriens ». Il est impropre pour désigner un bateau de transport fluvial.
Modes de traction
Traction animale et humaine
Avant d'être motorisées, les péniches étaient tractées le long des chemins dits de halage par des hommes qui tiraient à deux ou trois à l'aide d'un harnais appelé « bricole », avant que, le gabarit et par conséquent le tonnage augmentant, il fut nécessaire de confier ce travail à des animaux (chevaux, ânes ou mulets), et dans certaines régions du sud de la France, des bœufs . Sur les petits canaux, comme celui de Berry, par exemple, il n'était pas rare que le marinier tire son « berrichon » (60 tonnes de fret) en même temps que l'âne ou le mulet alors que sa femme était au(x) timon(s).
Article détaillé : halage.Motorisation
Dans le nord de la France, au début du XXe siècle, des halages furent faits par des locotracteurs électriques, circulant sur rails, dans les zones à fort trafic pour augmenter le rendement de la voie d'eau.
Dans le centre de la France, des tracteurs sur pneus de marque Latil travaillèrent à haler les bateaux jusqu'à la fin des années 1960.
Dans les passages délicats (traversées de rivière, tunnels) les péniches assemblées en convois étaient tractées par des bateaux motorisés (vapeur puis électrique) d'un type spécial, les toueurs, qui se halaient eux-mêmes, au moyen d'un treuil à bord, sur une chaîne immergée dont les extrémités étaient fixées à terre aux deux extrémités de leur parcours.
Plus tardivement (fin du XXe siècle) de puissants pousseurs peuvent pousser des convois de péniches ou barges.
Les types de péniches
Le type « Freycinet » en bois
Selon l'enfoncement possible dans l'eau (canal ou fleuve), une péniche « Freycinet » peut porter de 250 à 350 tonnes de fret (elle-même pèse aux alentours de 50 tonnes). Compte tenu de la longueur des voyages et de l'habitabilité du bateau, l'équipage vit en général à bord, souvent en famille dans le logement du batelier.
Les chalands automoteurs en fer
Les dernières péniches en bois ont disparu après la Seconde Guerre mondiale, remplacées par des chalands automoteurs en fer, de mêmes dimensions. Ces derniers sont parfois appelés eux aussi « péniches », mais de manière abusive.
La motorisation a d'abord été peu puissante. Les premiers moteurs (souvent de marque Bolinder, monocylindres, puis plus tard Baudouin) ne développaient que 70 à 90 ch. Les plus récents bateaux sont équipés de moteurs développant une puissance de 200 à 450 ch, leur permettant de pousser une barge devant eux. À l'enfoncement maximum du gabarit actuel, un ensemble péniche automotrice + barge peut alors emporter près de 700 tonnes.
Le contrôle du fret se fait en mesurant six points d'enfoncement autour du bateau, d'abord à charge, puis à vide ainsi que, en même temps, le niveau de l'eau résiduelle dans les pics (locaux à l'avant et à l'arrière, pouvant servir de réservoir à ballast) et en reportant les mesures sur un diagramme de jauge qui donne le tonnage avec une précision satisfaisante.
À noter que, pour ne pas pénaliser le tirant d'eau, l'hélice se situe au-dessus du niveau du fond du bateau. Pour avancer lège (à vide), il est donc nécessaire, pour éviter la cavitation, de ballaster partiellement sur l'arrière afin que l'hélice soit dans l'eau. Des dispositifs anti-cavitation ont bien été inventés, mais la manœuvrabilité (surtout en marche arrière) est alors diminuée.
Les péniches à grand gabarit
Les grandes péniches naviguant sur le Rhin et les canaux à grand gabarit mesurent actuellement entre 60 et 135 mètres de long pour une largeur de 8 à 15 mètres et un enfoncement de 3,50 mètres. Pourvues d'un moteur d'environ 1 000 ch, elles peuvent emmener 2 500 tonnes de fret. Équipées de radars, d'équipements de navigation de nuit, elles peuvent évoluer sans arrêt, en fonction de leur équipage, et couvrir ainsi des distances importantes dans des délais relativement faibles. Le rapport carburant/fret/distances est alors imbattable. Le terme « automoteur de rivière » est cependant plus indiqué pour désigner ce type de bateau.
Usages spéciaux
- Certaines péniches ont été transformées pour un usage de plaisance ou d'habitation, mais aussi d'hôtel, de restaurant ou de discothèque.
- Les péniches de mer sont construites plus solidement et peuvent faire du cabotage.
- Une péniche de débarquement est un bateau militaire à fond plat utilisé pour débarquer des troupes et du matériel sur les plages.
Notes et références
- Les canonniers marins, Extraits des bulletins de l'ASMAC, consulté 2011/06/06
- A propos d'une exposition sur les péniches-canon
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Les péniches logements et l'habitat fluvial
- Annuaire gratuit des péniches de location
- La péniche, vivre sur l'eau, transport fluvial, histoire et patrimoine fluvial
- Découvrir la France de la voie d'eau
- La péniche flamande, dictionnaire des bateaux fluviaux de France
- Picaro Transport fluvial en France et aux Pays-Bas, autrefois et aujourd'hui. Beaucoup d'informations sur les canaux, écluses, péniches, et la vie et le travail sur un bateau de commerce.
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