Psychologie de la sante

Psychologie de la sante

Psychologie de la santé

la psychologie de la santé est une des disciplines du champ de la psychologie, à l'interface entre psychologie et santé.

Sommaire

Définition

Bruchon-Schweitzer en 1994 la définissait comme l' « étude des troubles psychosociaux pouvant jouer un rôle dans lapparition des maladies et pouvant accélérer ou ralentir leur évolution ». S'intéressant autant aux causes qu'aux conséquences, qu'elles soient directes ou indirectes), la psychologie de la santé propose des méthodes et des solutions préventives ou curatives impliquant généralement des changements de comportements en matière de santé.
Faisant appel à différentes discipines (psychanalyse, psychosomatique, hygiène, traumatologie, toxicologie, psycho-neuro-immunologie, psychopharmacologie, etc.), cette branche de la médecine considère que la maladie résultepour partie au moinsdun conflit psychique. Son intérêt est d'identifier les dimensions socio-psychologiques et leurs répercussions biologiques, de manière à aider l'individu à trouver en lui et autour de lui des ressources pour faire face à la maladie et à adopter des comportements préventifs. Une des ses limites est une faible prise en compte de l'environnement de la personne.
Elle peut inclure une dimension épidémiologie, en étudiant certains facteurs individuels, sociaux et psychoaffectifs et d'environnement matériel, en jeu dans lapparition et le développement des épidémies et pandémies.

Domaines d'application

Ce sont surtout :

  • le monde du travail (en appui à la médecine du travail)
  • la médecine-chirurgie, souvent en milieu hospitalier. Cette clientèle (hospitalisée, dite « interne » ou ambulante, dite « externe ») est en effet aux prises avec des problématiques physiologiques souvent complexes, chroniques ou fatal (diabète, douleur chronique, problèmes cardio-vasculaires, dialyse, hémato-oncologie, troubles vasculaires, problèmes de fertilité...) très perturbantes pour la vie de couple, familiale, professionnelle et sociale. De nombreux problèmes physiologiques amènent souvent l'apparition des difficultés psychologiques voire psychiatriques (trouble de l'adaptation, dépression, réactions anxio-dépressives, délirium...) qui nécessitent une aide extérieure.
  • les institutions pour personnes âgées
  • le soin et l'aide aux jeunes enfants, aux handicapés physiques ou mentaux, ou des traumatisés (souvent dans les institutions en accueillant)
  • les services daide sociale et tous les domaines visant à améliorer la qualité de vie des malades, la relation soignants-soignés, l'observance thérapeutique, etc ;
  • tous les cas il faut faciliter le processus d'adaptation à la maladie, travailler certains deuils, améliorer l'observance du traitement médical et paramédical et finalement réduire les comportements ou attitudes pouvant favoriser le maintien d'une symptomatologie délétère.

Histoire de la psychologie de la santé

Le concept de « psychologie de la santé » serait en 1976 dans un groupe de travail créé par lAssociation américaine de psychologie. Elle a été théorisée et diffusée vers le milieu des années 1980 aux États-Unis et en Europe.

Trois facteurs au moins ont permis son développement rapide :

  • un intérêt croissant pour d'une part la psychologie et les savoirs afférents et pour - d'autre part- les sciences de la vie ; la psychologie de la santé constituant un des ponts entre ces deux domaines.
  • un intérêt économiques : la prévention et la promotion des comportements et de styles de vie plus « sains » et « sûrs », la compréhension des facteurs salutogènes et protecteurs (Matazarro, 84), permettent de fortement diminuer les frais de santé (sécurité sociale, etc).
  • des changements dans les maladies dominantes et les causes de mortalité ; ils ont forcé les cliniciens à sinterroger sur les prédicteurs des maladies ; à sintéresser aux déclencheurs, cest-à-dire aux « stresseurs » de la vie quotidienne, à lisolement social ou psychologique des sujets. De plus, les antécédents biomédicaux et sociodémographiques comme lâge, le sexe, la situation familiale et professionnelle, etc. sont étudiés mais cest essentiellement sur les antécédents psychosociaux que les recherches ont portés.
    Ainsi, deux grands styles de vie à risque ont été dégagés :
    le style A (personnes compétitives, impatientes, hostiles, agressives, hyperactives etc.) a plus de probabilités de développer des maladies cardio-vasculaires, mais si ces facteurs jouent un rôle dans le déclenchement, ils les protègent par ailleurs, d la nécessité de prévention chez ces sujets ;
    le style C (fortes défenses pour parler des leurs émotions, les reconnaître, coopératives, se résignent, mauvaise perception du soutien social) serait prédictif de lévolution dun cancer, notamment le cancer du sein chez la femme (étude de Grossarth Maticek).
    On va aussi sintéresser aux traits pathogènes de lindividu (dépression, anxiété-trait, névrosisme, affectivité négative etc.) et aux traits immunogènes, par exemple loptimisme, un lieu de contrôle interne, lendurance psychique (Kobasa), le sens de la cohérence (Antonovski), laffectivité positive, etc.

Prise en charge

Le modèle intégratif et multifactoriel en Psychologie de la santé de M. Bruchon-Schweitzer (2002) permet de comprendre que la prise en charge des patients va essentiellement se situer au niveau de leurs processus perceptivo cognitifs :

- Dans ces modérateurs, on va donc se pencher en premier lieu sur la problématique de lévaluation. Au niveau primaire, on trouve le stress perçu ; il va sagir pour le psychologue de savoir comment le sujet évalue la situation, à quel point elle déborde ses ressources et menace son bien-être. Lazarus et Folkman ont dégagé trois manières dappréhender le stress perçu : vécu comme une menace pour lintégrité psychique et corporelle, une confrontation à une perte irrémédiable ou encore appréhendé comme un défi. Dans lévaluation secondaire, on sintéresse au contrôle perçu, qui peut être informationnel, comportemental et/ou décisionnel. Cette notion est liée à celle de lauto-efficacité développée par Bandura qui désigne le sentiment defficacité personnelle et qui représente une variable modératrice clef au niveau du changement. Notons enfin que lexpérience de Seligman a permis de développer la notion de résignation apprise lors de stresseurs incontrôlables, avec en lien la dépression. Dans lévaluation, on sintéresse également au soutien social réel mais surtout perçu, cest-à-dire à lensemble des relations interpersonnelles dun individu qui lui procure un lien affectif (le rôle du partage des émotions est très important), une aide pratique, lui donne des informations sur la situation menaçante. Leffet direct du soutien social perçu va être la moindre propension de conduites à risque, et des effets indirects, notamment sur la modération de létat de détresse à lannonce ou au vécu de la maladie. Enfin, on peut relever dans ce modèle lévaluation émotionnelle de lanxiété-état de lindividu.

Dautre part, le psychologue va être amené à repérer quelles stratégies dajustement déploie le sujet. Le coping est défini par Lazarus comme « lensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources dun individu ». Deux grands types de coping ont pu être relevés : le coping centré sur le problème (recherche dinformations, planification dactions) cest-à-dire faire des efforts cognitifs et comportementaux pour modifier la situation et le coping centré sur lémotion qui tente de réduire la tension émotionnelle (par évitement, distraction, résignation etc.) Si on ajoute à ces modérateurs le fonctionnement de divers systèmes physiologiques, on peut appréhender lactivité du sujet qui joue un rôle tampon sur les issues somatiques, qui correspondent à la fois à létat de santé physique de lindividu mais aussi à son état de santé comportemental, émotionnel et cognitif (bien-être subjectif, qualité de vie, satisfaction etc.), ce qui semble essentiel pour une meilleure prise en charge du malade.

Traitement de la douleur

Létude de la douleur a pris son essor ses dernières années en Psychologie de la Santé. Définie par Merkley et al. comme « une expérience sensorielle et émotionnelle déplaisante, associée à un dommage réel ou potentiel des tissus, ou décrits en les termes dun dommage ». Le psychologue va donc sintéresser à la dimension affectivo-émotionnelle, à la douleur exprimée dans ses rapports avec la gravité des dommages et aux modulateurs de lintensité de la douleur.

Le Modèle du Gate Control en trois composantes reprend ces données essentielles : on va sintéresser à la composante sensori-motrice (sensations), à la sphère affectivo-émotionnelle et enfin à la composante cognitive et comportementale cest-à-dire le sens, lexplication, linterprétation, la amnésie des expériences passées que lindividu donne à sa douleur et toutes les manifestations verbales et non verbales. Le travail va donc résider en la compréhension des styles dapprentissage liés aux émotions, la réinterprétation des symptômes pour requalifier la douleur, connaître les circonstances dapparition de la douleur afin dappréhender les enjeux pour le patient et la situation, car si on agit sur lun des portillons, on fait bouger aussi les autres.

Cest dans cette lignée qua été établie lanalyse fonctionnelle de la douleur chronique. Cet outil danalyse des comportements, propre aux TCC, permet de poser une hypothèse de travail qui se répétera régulièrement à des moments différents afin dévaluer lefficacité des thérapeutiques :

-spécifier le ou les comportements à modifier
-dévaluer dans quelles conditions le comportement problème a été acquis et maintenu
-dapprécier lévolution du comportement ciblé pour la prise en charge
-dorienter la stratégie de traitement

En considérant le comportement douloureux comme nimporte quel autre comportement qui répond aux règles et principes dapprentissage, le modèle de Cosyns et Vlaeyen propose dexplorer cinq aspects dans la prise en charge :

-le lieu de contrôle de la douleur et les attributions
-les cognitions erronées
-les attentes thérapeutiques
-les facteurs émotionnels
-les répercussions dans la vie quotidienne.

Références

  • Bruchon-Schweitzer, M., (2002). Psychologie de la santé, modèles, concepts et méthodes. Paris: Dunod
  • Bruchon-Schweitzer, M., Dantzer, R. (1994/2e. 1998). Introduction à la psychologie de la santé. Paris: PUF
  • Cosyns, P., Vlaeyen, J. (1984). Cliniques de thérapie comportementale, chapitre XXII. La douleur chronique rebelle. Paris : Pierre Mardaga, 371-374.
  • Ophoven, E. (1999). Analyse fonctionnelle de la douleur chronique. Doul. et Analg.4, 273-279.
  • Site de l'Association francophone de Psychologie de la Santé (Afpsa)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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