- Préhistoire (discipline)
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La préhistoire (sans majuscule) est une discipline qui a pour ambition de reconstituer l'histoire et la vie des humains depuis leur apparition jusqu'à l'apparition de l'écriture, au cours de la période chronologique du même nom (la « Préhistoire », avec majuscule). Elle se fonde donc essentiellement sur l'examen et l'interprétation des témoignages de la présence humaine tels que les vestiges archéologiques découverts lors de fouilles ou les œuvres de l'art pariétal.
Sommaire
Histoire de la discipline
La préhistoire s'est progressivement constituée en discipline au cours du XIXe siècle en se nourrissant des travaux des géologues tentant de montrer la très grande ancienneté de la Terre et des naturalistes défendant l'idée de l'évolution des espèces, au premier rang desquels Charles Darwin.
Parmi les précurseurs de la discipline, il convient de citer C.J. Thomsen qui a proposé la classification dites "des trois âges" en 1820, Paul Tournal[1] le fondateur du musée de Narbonne qui fait ses premières découvertes en 1827, Philippe-Charles Schmerling qui affirme la contemporanéité de l'homme et d'espèces animales éteintes en 1833, J. Lubbock qui a introduit les termes « Paléolithique » et « Néolithique » en 1865, J. Boucher de Perthes qui a contribué à faire admettre l'idée de la très haute antiquité de l'humanité, Jean-Baptiste Noulet qui apporte le premier la preuve irréfutable de l'ancienneté des fossiles, et G. de Mortillet qui a proposé une classification encore en partie utilisée aujourd'hui.
La découverte d'œuvres d'art mettant en scène des animaux disparus tels que les mammouths a contribué à faire accepter l'existence d'un "Homme fossile". Toutefois, la découverte des restes de l'Homme de Néandertal en 1856, près de Düsseldorf en Allemagne n'a pas été immédiatement reconnue à sa juste valeur : la forme particulière du crâne a d'abord été considérée comme l'expression d'une déformation pathologique. Ce n'est qu'avec les découvertes de squelettes de néandertaliens, d'abord dans la Grotte de Spy en Belgique en 1886 puis à la Chapelle-aux-Saints en 1908, que l'existence d'une forme humaine disparue a été définitivement acceptée. Elle est appuyée par la découverte du Pithécanthrope par E. Dubois à Java en 1891 puis de l'Australopithèque par R. Dart en Afrique du Sud en 1920.
Les efforts des premiers préhistoriens, dont H. Breuil, ont été consacrés à l'établissement d'une chronologie d'ensemble, basée sur des études stratigraphiques et des classifications des industries fondées sur la présence d'outils particuliers considérés comme des fossiles directeurs.
L'étude des industries lithiques a évolué dans les années 1950 sous l'impulsion notamment de F. Bordes ou de G. Laplace, avec l'introduction de listes typologiques et du traitement statistique des données.
Suite notamment aux travaux à Pincevent d'A. Leroi-Gourhan, fortement influencé par sa formation d'ethnologue, la discipline a ambitionné de reconstituer les modes de vie des populations du passé, en une sorte d'ethnologie préhistorique. Parallèlement, les expériences de taille des roches dures, d'abord anecdotiques, se sont constituées en méthode jusqu'à renouveler profondément l'approche des industries lithiques préhistoriques.
Moyens et méthodes
La préhistoire est donc aujourd'hui à la croisée des sciences humaines et des sciences naturelles : si elle relève des premières par son objet et ses ambitions, elle dépend souvent des secondes par ses méthodes et ses outils.
L'époque où un préhistorien généraliste pouvait réaliser l'ensemble des études liées à la fouille d'un site est désormais révolue : s'il dirige les opérations et réalise des choix méthodologiques, il fera nécessairement appel à de nombreux spécialistes exerçant dans des disciplines connexes : géologie, géomorphologie, pétroarchéologie, sédimentologie, micromorphologie, palynologie, anthracologie, paléontologie, archéozoologie, taphonomie, malacologie, tracéologie voire physique nucléaire pour la réalisation de datations absolues et génétique pour la recherche et l'analyse d'ADN fossile. Plus que jamais, les résultats obtenus sont pluridisciplinaires, voire parfois interdisciplinaires.
En un peu plus d'un siècle, la préhistoire a acquis un statut de discipline scientifique, ses résultats pouvant en permanence être falsifiés par de nouvelles fouilles, de nouvelles découvertes ou par l'archéologie expérimentale.
Notes et références
Bibliographie
- Marc Groenen, Pour une histoire de la préhistoire, Éd. J. Millon , (1994), ISBN 2-905614-93-5
- André Leroi-Gourhan (dir.) : Dictionnaire de la Préhistoire, PUF (1988).
- Nathalie Richard (dir.) : L'invention de la préhistoire - une anthologie, Presses Pocket, coll. Agora, (1992), ISBN 2-266-04243-2
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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