Précipité

Précipité
Page d'aide sur l'homonymie Pour l’article homonyme, voir Précipitation (homonymie)

En chimie et en métallurgie, un précipité est la formation d'une phase dispersée hétérogène dans une phase majoritaire. La formation d'un précipité est la précipitation. Le terme est aussi utilisé en biochimie, pour désigner la formation d'un agrégat moléculaire, par exemple d'anticorps, qui sédimente (ou est sédimenté par centrifugation) au fond du tube.

En chimie, cela désigne en général la formation d'un cristal solide d'un sel dans un liquide. En métallurgie, cela peut en outre désigner la formation d'un cristal de composition donnée au sein d'un alliage. En météorologie, cela désigne la formation de gouttes d'eau ou de cristaux de glace dans l'atmosphère, voir Précipitation.

Sommaire

Approche en chimie

Produit de solubilité

La présence d'un précipité stable résulte d'un équilibre thermodynamique entre la phase liquide (solution) et la phase solide (sel).

Considérons une solution, par exemple une solution aqueuse de chlorure de sodium NaCl (sel de cuisine). Si l'on met une faible quantité de sel dans l'eau, ce sel se dissout. À partir d'une quantité Cs donnée, qui dépend de la température, le sel ne se dissout plus : la solution est dite « saturée ».

Dans le cas où Cs croît avec la température, on peut avoir une dissolution d'un précipité par chauffage qui se reformera au refroidissement de la solution. Si C est la concentration de sel, alors :

C < Cs(T) : le sel est dissous ;
C > Cs(T) : le sel précipite (saturation).

La précipitation est notée comme une équation chimique :

Na+ + Cl- ↔ (NaCl)cr

où « Na+ » et « Cl- » désignent les espèces dissociées (le sel dissous) et « (NaCl)cr » désigne le sel cristallisé. En général, on note l'espèce dissoute sans indice, et on place une flèche sous l'espèce cristallisée :

Equation precipitation NaCl.png

Comme pour toute réaction d'équilibre, on peut définir une constante d'équilibre Ks, appelée produit de solubilité :

Ks(T) = [Na+]·[Cl-]
(lorsqu'il y a précipitation)

et le potentiel de cette constante pKs :

pKs = - log (Ks)

L'utilisation du Ks est plus générale, car les ions Na+ et Cl- peuvent provenir de plusieurs sels différents. Si les concentrations sont exprimées en fraction molaire, alors dans ce cas précis on a jusqu'à la précipitation

C = [Na+] = [Cl-]

soit

Ks = Cs2

Dans le cas général, on a deux ions Am+ et Bn- qui peuvent former un sel AnBm ; le produit de solubilité s'écrit :

Ks = [A m + ] n·[B n - ] m

Les mécanismes de précipitation

Les diverses utilisations de la précipitation en chimie

La formation d'un précipité peut caractériser la présence d'une espèce en solution en chimie analytique. C'est aussi le moyen de séparer une espèce présente dans un mélange, un ion métallique pour préparer le métal ou une espèce synthétisée à partir du mélange réactionnel.

Approche en métallurgie

En métallurgie, et en science des matériaux en général, on s'intéresse à deux phénomènes :

  • la formation des premiers cristaux lors de la solidification ;
  • la formation d'une nouvelle phase solide alors que l'on est déjà en phase solide.

Dans les deux cas, la formation de cette phase hétérogène se fait en deux étapes :

  • germination (parfois désigné par l'anglicisme « nucléation ») ;
  • croissance.

En phase solide, après la croissance des précipités, ces derniers peuvent continuer d'évoluer par coalescence. Enfin, il existe également un mode de précipitation particulier, la décomposition spinodale.

Solidification

Article détaillé : Solidification.

Germination

Dans le cas de la solidification, la germination se fait en général lors du refroidissement.

Prenons le cas d'un corps pur. Pour une pression P donnée, en dessous d'une température Tf donnée (le point de fusion, dépendant de la pression), seule la phase solide est stable, donc en théorie, la température reste stable à Tf(P) le temps que tout le liquide se solidifie (la solidification libère de la chaleur, la chaleur latente de fusion, qui compense la diminution de température).

Dans les faits, on assiste à de la surfusion : les cristaux créés à Tf sont dissous par l'agitation thermique. Il faut que la température baisse suffisamment pour que ces micro-cristaux soient stables ; on peut amorcer la germination en mettant un inoculant (ce sont des grains ou atomes interstitiels amenés volontairement pour accélérer le processus de germination et rendre l'alliage plus résistant et plus dur; on parle aussi d'impuretés (des grains d'une composition différente qui ne fondent pas et qui vont former l'amorce des cristaux)). Ces impuretés améliorent les caractéristiques de l'alliage formé car elles provoquent une formation plus élevée, et en plusieurs endroits, de germes qui eux donneront naissance aux grains.

Thermodynamiquement, la création d'un cristal libère de l'énergie mais en nécessite aussi du fait de la création d'une interface solide-liquide (tension superficielle) ; pour que la germination se fasse, il faut que celle-ci soit favorable thermodynamiquement, c'est-à-dire que l'énergie libérée par la mise en ordre des atomes compense la tension superficielle.

Croissance

Précipitation en phase solide

La précipitation en phase solide a lieu au sein d'un alliage. En général, on a un métal majoritaire M contenant une quantité minoritaire d'alliage A. Lorsque la concentration en élément d'alliage A est faible, on a une phase homogène constituée d'une solution solide de A dans M (voir l'article Défaut ponctuel).

Lorsque la concentration de A dépasse une valeur limite Cs(T), il y a formation de cristaux d'un alliage stœchiométrique, en général ordonné, de M et de A : MmAa (m et a étant les proportions stœchiométriques). Ce faisant, l'alliage s'appauvri en A, le processus s'arrête donc lorsque la concentration globale de A dans le M restant est devenue inférieurs à Cs(T). Si A est aussi un métal, MmAa est appelé « intermétallique ».

Si l'on augmente la température et que Cs(T) devient supérieur à la concentration de A dans la phase M, on assiste alors à une dissolution des précipités, toujours en phase solide.

Par exemple, un acier ou une fonte est un alliage de fer contenant une faible proportion de carbone. Dans certaines conditions de température, il peut se former des précipités de carbure Fe3C (cémentite)au sein de l'acier ou de la fonte.

Le phénomène est en fait plus complexe car il y a en général plusieurs éléments d'alliage qui influencent la stabilité des phases.

Germination

La précipitation en phase solide se fait également lors d'un refroidissement lent (une trempe peut empêcher la précipitation).

Dans le cas des alliages d'aluminium, localement, la sursaturation en élément d'alliage provoque une mise en ordre des atomes qui viennent former une zone dite de « Guinier-Preston » ou « zone G-P ». Cette zone de Guinier - Preston forme l'amorce de germe : ce n'est pas encore un cristal ordonné. Le mouvement des atomes de l'élément d'alliage a appauvri le mélange localement, et cet appauvrissement est compensé par une migration des atomes, la diffusion. La zone de Guinier-Preston est donc alimentée en atomes d'élément d'alliage, et peut donc se transformer en germe.

Comme dans le cas de la solidification, la tension superficielle fait que la germination a lieu en dessous de la température de dissolution du précipité.

Croissance

Coalescence

Approche en biochimie / immunochimie

La précipitation de biomolécules, particules ou cellules, leurs agrégats ou leurs complexes avec d'autres composés résulte d'une perte de solubilité et d'une augmentation de masse moléculaire ou pondérale (ex: formation de complexes antigènes/anticorps; agrégation de cellules (=agglutination); association de particules et cellules)). Elle peut aussi résulter d'un changement de la composition du milieu (devenant de polarité opposée aux biomolécules, ou par changement de la force ionique), ou des caractéristiques des biomolécules (perte ou gain de groupes polaires par réaction chimique).

La précipitation entre en jeu dans:

  • les méthodes d'extraction et de purification, par "fractionnement",
  • les techniques d'analyse comme l'immunodiffusion/précipitation (radiale, Ouchterlony,...) très utilisées dans les tests sérologiques de diagnostic: le composé à analyser (usuellement une toxine, cytokine...) diffuse dans un gel (ex: de gélose) et précipite à une distance proportionnelle à sa concentration en se complexant à un anticorps qui lui est spécifique et présent dans le gel, ou un autre ligand diffusant d'un autre puits. La technique "Fused Rocked Immuno-Electrophoresis" réalise cela dans un gel soumis à électrophorèse.
  • les techniques d'analyse utilisant des cellules ou particules (agglutination): les tests d'hémagglutination et inhibition de l'hémagglutination font réagir des anticorps ou des lectines avec des globules rouges qui agglutinent et sédimentent au fond du tube (ex: test de Coombs); les tests de diagnostic rapides font précipiter des particules d'or, des billes de latex ou de polystyrène, en solution ou sur une membrane ou migre par capillarité les réactifs ou l'échantillon.
  • l'immunoprécipitation réalise une purification à partir de milieux complexes dans un but analytique.

Voir aussi

Articles connexes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Précipité de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • précipité — précipité, ée (pré si pi té, tée) part. passé de précipiter. 1°   Jeté de haut en bas. Manlius précipité du haut de la roche Tarpéienne.    Fig. •   Ah ! madame, faut il me voir précipité De l espoir glorieux dont je m étais flatté, MOL. D. Garc …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • Precipite — Précipité  Pour l’article homonyme, voir Précipitation (homonymie).  En chimie et en métallurgie, un précipité est la formation d une phase dispersée hétérogène dans une phase majoritaire. La formation d un précipité est la… …   Wikipédia en Français

  • precipité — Precipité, [precipit]ée. part. pass. Il a les significations de son verbe. Precipité de haut en bas. course precipitée. départ precipité. mercure precipité …   Dictionnaire de l'Académie française

  • precípite — (del lat. «praeceps, ipĭtis») adj. En peligro de caer o *despeñarse. * * * precípite. (De lat. praeceps, ipĭtis). adj. p. us. Puesto en peligro o riesgo de caer o precipitarse. * * * ► adjetivo Puesto en peligro o riesgo de caer o precipitarse …   Enciclopedia Universal

  • precipite — /pre tʃipite/ agg. [dal lat. praeceps cipĭtis, der. di caput capo , col pref. prae pre ], lett. 1. [che cade, scende o scorre con impeto] ▶◀ e ◀▶ [➨ precipitoso (1. a)]. 2. (estens.) [di pendìo, che presenta una forte pendenza] ▶◀ e ◀▶  …   Enciclopedia Italiana

  • precípite — adj. 2 g. 1. Que está em risco de precipitar se. = PRECIPITOSO 2. Rápido, veloz.   ‣ Etimologia: latim praeceps, cipitis, que vai ou cai com a cabeça para a frente …   Dicionário da Língua Portuguesa

  • precípite — (De lat. praeceps, ipĭtis). adj. p. us. Puesto en peligro o riesgo de caer o precipitarse …   Diccionario de la lengua española

  • précipité — 1. précipité, ée [ presipite ] adj. • 1531 sens 2; p. p. de précipiter 1 ♦ (1587) Très rapide dans son allure, son rythme. ⇒ pressé, rapide. « La vie si précipitée dans sa course » (Bossuet). Respiration précipitée. ⇒ haletant. Pas précipités. 2… …   Encyclopédie Universelle

  • PRÉCIPITÉ — n. m. T. de Chimie Corps solide prenant naissance dans une réaction en milieu liquide et tombant au fond du récipient. Précipité jaune, rouge. Précipité cristallin. Précipité cailleboté de chlorure d’argent. Un précipité d’oxyde de mercure.… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

  • precipite — pre·cì·pi·te agg. LE 1a. di persona che cade a capofitto o comunque rovinosamente dall alto: fu ... gittato precipite da quello Campidoglio (Machiavelli) 1b. estens., di cosa, spec. di acqua, che scende verso il basso con violenza: il tonare… …   Dizionario italiano

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”