- Prononciation de l'occitan
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Pour connaître la liste des lettres de l'occitan, voir : alphabet occitan.
La prononciation de l'occitan, en norme classique occitane, est faite selon des règles de lecture constantes et régulières, avec bien peu d'exceptions. Pour des raisons de clarté pédagogique et d'économie, cet article présente les règles de prononciation les plus générales, en fonction des modalités régionales les plus répandues de l'occitan, sans tenir compte de toutes les nuances locales. Dans le tableau, la prononciation par défaut, située dans la colonne centrale, est celle du languedocien, laquelle est aussi la prononciation de la plupart des autres dialectes ; la prononciation régionale différenciée est indiquée dans la colonne de droite seulement lorsqu'elle est différente de celle du languedocien..
- Note - Pour le vivaro-alpin, on indique ici surtout les tendances phonétiques du vivaro-alpin de l'est (alpin). Il faut savoir que le vivaro-alpin de l'ouest (vivaro-dauphinois) a une prononciation assez similaire à celle de l'auvergnat.
Sommaire
Le principe des graphies englobantes
L'orthographe de l'occitan (dans la norme classique) a des règles de prononciation variables selon les dialectes. Un des principes est de privilégier les "graphies englobantes" ou "graphies support" : une même manière d'écrire accepte des règles de prononciation selon les dialectes. Ce principe s'insère dans le principe plus général de la "diasystémacité", c'est-à-dire, que l'on met en valeur les correspondances régulières entre les différents dialectes, lesquels sont unis dans le même diasystème (le système des correspondances interdialectales qui font la cohésion de la langue occitane).
Voyelles
Graphème Prononciation par défaut Prononciation régionale différenciée a en général [a] auvergnat et limousin : -a final, atone [ɔ] niçois et vivaro-alpin : [a] (aussi vers Nîmes, Montpellier, Sète et le sud de l'Auvergne) -as final, terminaison atone [ɔs] -an final, terminaison tonique [a] ([an] dans certains mots internationaux) - provençal, niçois, vivaro-alpin : [aⁿ]
- limousin et auvergnat : [ɔ] ([aⁿ] dans certains mots internationaux). Cette prononciation se retrouve aussi dans les parlers languedociens et vivaro-alpins du Massif central.
-an final, terminaison atone dans les verbes à la 3ème personne du pluriel [ɔn] - provençal, niçois, vivaro-alpin, auvergnat, limousin : [ɔⁿ]
- Note - À côté de la prononciation de référence [ɔn], [ɔⁿ], on peut aussi entendre [un], [uⁿ] dans plusieurs parlers.
à [a] á [ɔ] ai [aj] provençal, vivaro-alpin, auvergnat, limousin : - [aj] si elle est tonique
- [ej] si elle est atone
au [aw] provençal, vivaro-alpin, auvergnat, limousin : - [aw] si elle est tonique
- [ɔw] si elle est atone
è [ɛ] e, é [e] i * [i]
* [j] après une voyelle
* [i] ou [j] avant une voyelleí [i] -ion final [ju] - provençal : [juⁿ (jeⁿ)]
- niçois, vivaro-alpin : [juⁿ]
- limousin : [ju (i)]
ò [ɔ] niçois : [wa] en général, mais [ɔ] dans certains mots (aussi [wɔ, ɔ] dans certains parlers provençaux, languedociens, vivaro-alpins et auvergnat) ó [u] o * [u]
* [u] ou [w] devant une voyelleoi, ói [uj] limousin : [wej] (aussi en provençal maritime) oï, oí [ui] ou [wi] u * [y]
* [w] après une voyelle
* [y] ou [ɥ] devant une voyelleDans certains parlers de la côte méditerranéenne, u passe de [y] à [œ]. uè, ue [ɥɛ] uò [jɔ (ɥɔ)] Voyelle + s en limousin et en auvergnat
- En limousin, un s en fin de syllabe est souvent muet, mais prend la prononciation de la voyelle précédente :
- En auvergnat, un s en fin de syllabe est souvent muet, mais n'apporte pas la voyelle précédente.
Consonnes
Graphème Prononciation par défaut Prononciation régionale différenciée b [b] ([β] entre deux voyelles ou au contact de [ɾ], [l] et [z]) -b final [p] provençal, auvergnat, limousin : muet (rarement : [p] dans les mots internationaux) bt [tt] c * [k]
* [s] devant e, i-c final [k] provençal, auvergnat, limousin : muet (rarement : [k] dans les mots internationaux) ç [s] devant a, o, u -ç final [s] cc placés devant e, i [t͡s] ch [t͡ʃ] -ch final [t͡ʃ] d [d] ([ð] entre deux voyelles ou au contact de [ɾ], [l] et [z]) -d final [t] dd [dd] provençal, niçois, vivaro-alpin, auvergnat, Limousin : [d] f [f] g * [g] ([ɣ] entre deux voyelles ou au contact de [ɾ], [l] et [z])
* [d͡ʒ] devant e, i-g final * [k]
* [t͡ʃ] dans certains motsgd [t] gu devant e, i [g] ([ɣ] entre deux voyelles ou au contact de [ɾ], [l] et [z]) gü (ou gu, diérèse facultative) [gw] ([ɣw] entre deux voyelles ou au contact de [ɾ], [l] et [z]) provençal, niçois, vivaro-alpin, auvergnat, limousin : [gw] h muet j [d͡ʒ] k [k] l [l] -l final [l] ll [ll] provençal, niçois, vivaro-alpin, auvergnat, limousin : [l] lh [ʎ] provençal : [j] -lh final [l] m * [m] en général
* [m] devant p, b, m
* [n] devant une consonne excepté p, b, m-m final [n] mm [mm] provençal, niçois, vivaro-alpin, auvergnat, limousin : [m] n
* [n]
* [m] devant p, b, m
* [ŋ] devant c/qu, g/gu
* [ɱ] devant f-n final muet en général ([n] dans certains mots) - auvergnat, limousin : muet en général ([ⁿ] dans certains mots : semi-nasalisation de la voyelle précédente)
- provençal, niçois, vivaro-alpin : [ⁿ] (semi-nasalisation de la voyelle précédente)
nn [nn] provençal, niçois, vivaro-alpin, auvergnat, limousin : [n] -nd final
-nt final[n] - limousin, auvergnat, provençal : [ⁿ] (semi-nasalisation de la voyelle précédente)
- niçois : [ⁿt, ⁿ]
- vivaro-alpin : [ⁿt]
nh [ɲ] -nh final [n] p [p] -p final [p] qu [k] qü (ou qu, tréma facultatif) [kw] r * [ɾ] apicale breve (batue)
* [r] apicale longue (roulée) au début d'un mot
* [r] apicale longue (roulée) après "n, l"rr entre deux voyelles [r] apicale longue (roulée) -r final muet en général ([ɾ] dans certains mots) - limousin :
- [ɾ]
- muet dans les verbes à l'infinitif se finissant en -ar [a], -ir [i], -er [ej]
- muet dans les terminaisons -ier, -er.
- muet après une diphtongue
- auvergnat :
- [ɾ]
- muet dans les verbes à l'infinitif se finissant en -ar [a], -ir [i], -er [ɪj]
- muet dans les terminaisons -èir, -er, -dor.
- muet après une diphtongue
- provençal, niçois :
- [ʀ]
- muet dans les verbes à l'infinitif se finissant en -ar [a], -ir [i], -er [e]
- muet dans les terminaisons -ier, -er, -dor.
- muet après une diphtongue
- vivaro-alpin : [ɾ]; se prononce toujours dans les terminaisons, en fin de mot et dans les verbes à l'infinitif
-rm final [ɾ] - provençal, niçois : [ʀ]
- vivaro-alpin : [ɾm]
-rn final [ɾ] - provençal : [ʀ]
- niçois : [ʀp]
- vivaro-alpin : [ɾn]
s * [s]
* [z] entre deux voyelles-s final * [s]
* muet dans quelques mots comme pas, pus, res, dins placés devant une consonne* gascon : [s] - auvergnat, limousin :
- muet en général ([s] dans les mots internationaux)
- tout en étant muet, il peut influencer la prononciation de la voyelle précédente, voir plus haut la section "Voyelle + s en limousin et en auvergnat".
- provençal, niçois :
- [s]
- muet après une diphtongue
- muet dans certains mots comme pas, pus, ges, dins
- muet dans les pluriels se finissant par -s
- Cependant, -s muet est prononcé de nouveau [z] devant un mot qui commence par une voyelle
ss entre deux voyelles [s] sh [ʃ] En gascon, le i est muet entre une voyelle et sh: peish [ˈpeʃ] t [t] -t final [t]
* muet dans les adverbes en -ment
* muet dans les participes présentstg devant e, i
tj devant a, o, u[t͡ʃ] tl [ll] tm [mm] tn [nn] tz entre deux voyelles [t͡s] -tz final [t͡s] v [b] ([β] entre deux voyelles ou au contact de [ɾ], [l] et [z]) w [w], [b (β)] selon les mots x * [t͡s]
* [s] devant une consonne- gascon :
- [ks (ts)]
- [gz (dz)] dans le préfixe ex- devant une voyelle
- [s] devant une consonne
- limousin, vivaro-alpin, niçois, provençal :
- [ks (s)]
- [gz (z)] dans le préfixe ex- devant une voyelle
- [s] devant une consonne
- auvergnat :
- [ks]
- [kʃ] devant i, u
- [gz] dans le préfixe ex- devant une voyelle
- [gʒ] dans le préfixe ex- devant i, u
- [s] devant une consonne
y [i], [j] selon les mots z [z] -z final [s] Particularités languedociennes
Il faut aussi tenir que pour le languedocien :
- Les séquences [ps], [t͡s] et [ks] deviennent [t͡s] : los còps [lus ˈkɔt͡s], los baobabs [luz βauˈβat͡s], la sinòpsi [la siˈnɔt͡si], los amics [luz aˈmit͡s], occitan [ut͡siˈta], bòxa [ˈbɔt͡sɔ], fax [ˈfat͡s].
- Il y a souvent une assimilation dans une groupe de deux consonnes : la première consonne prend le son de la seconde : captar [katˈta], acte [ˈatte], subjècte [sydˈdʒɛtte], fotbòl [fubˈbɔl].
Quelques exceptions
Les mots à la prononciation irrégulière sont peu nombreux.
- Amb (emb, dab) est une graphie unifiée qui dissimule une prononciation assez diverse selon les parlers :
- Languedocien: amb [amb] devant une voyelle, [am] devant p, b, m, [an] devant les autres consonnes (pronúncies més locals: [ambe, ame, abe, ɔmb, ɔn, ɔmbe, ɔnd, ɔnde...]).
- Provençal: amb [am] devant une voyelle, [ame] devant une consonne (pronúncies més locals: [em, eme, me...])
- Niçois: emb [emb] devant une voyelle, [embe] devant une consonne (pronúncies més locals: [em, eme, me...])
- vivaro-alpin: amb [amb] devant une voyelle, [ambe] devant une consonne (pronúncies més localas: [ɔw, abu, bu...])
- Auvergnat: amb [ɒmb] devant une voyelle, [ɒⁿ] devant une consonne (pronúncies més locals: [bej...])
- Limousin: emb (rarement amb) [emb (ɒmb)] devant une voyelle, [eⁿ (ɒⁿ)] devant une consonne
- Gascon: dab [dap] (pronúncies més locals: [tamb, damb...])
- Paur ("peur") se pronunce en général ['pɔw]. Cependant il peut être prononcé ['paw] en auvergnat et en niçois.
- Il y a benlèu et bensai ("peut-être") (gascon bensè) qui ont le n de l'élément ben- qui n'est pas prononcé.
- Il y a tanben et tanplan qui ont les deux n qui ne sont pas prononcés en general. Malgré tout, ils se prononcent en provençal, niçois et vivaro-alpin.
Signes diacritiques
Quelques signes diacritiques sevent pour modifier ou préciser la prononciation des lettres de l'alphabet occitan.
- L'accent grave (_`) peut se trouver sur à, è, ò. Dans certaines conditions, il indique que la voyelle porte l'accent tonique et qu'elle a un son ouvèrt:
- L'accent aigu (_´) peut se trouver sur á, é, ó, í, ú. Dans certaines conditions, il indique que la voyelle porte l'accent tonique et qu'elle a un son fermé:
- Le tréma (¨) peut se trouver sur ï, ü.
- Il indique que ces lettres forment une syllabe différente (un hiatus) que celle de la voyelle précédente. Par exemple aü [a.y] fait deux syllabe distinctes (ou un hiatus), alors que au [aw] fait une seule syllabe (ou une diphtongue). Exemples: aï (arcaïc, païsatge), eï (Preïstòria), iï (en niçois diïi pour disiái), oï (Soïssa, oïstití), aü (aürós, ataüc), eü (reünir), oü (groüm).
- Note 1 - L'accent graphique, posé après une voyelle, indique que il y a un hiatus en fin et qu'il y a un accent tonique irrégulier: país (mais païses, païsatge), Loís (mais Loïsa, Loïson), soís (mais soïssa, Soïssa), et en niçois aí (= òc).
- Note 2 - Les séquences oï/oí sont prononcées comme un hiatus [u.i] mais peut aussi se lire comme une diphtongue [wi]: Loís, Loïsa, Loïson, soís, soïssa, Soïssa. C'est différent de la séquence oi/ói qui se lit [uj]: conoissi, conóisser; en gascon batoi, digoi.
- Note 3 - Le Conseil de la Lengue Occitane a abandonné le tréma sur ë en 1997: poesia, coerent (au lieu de poësia*, coërent*).
- Aussi le tréma est utilisé, facultativement, pour indiquer que les dans les groupes gü [gw] et qü [kw] il faut prononcer le ü: lingüistica, igüana, bilingüe bilingüa, eqüacion, aqüifèr, ubiqüitat. Étant facultatif, le tréma, peut aussi s'écrire linguistica, iguana, bilingue bilingua, equacion, aquifèr, ubiquitat. Dans la pratiue courante du gascon, les mots très usuels s'écrivent sans le tréma: guardar, quan, quate (eventuellement güardar, qüan, qüate).
- Il indique que ces lettres forment une syllabe différente (un hiatus) que celle de la voyelle précédente. Par exemple aü [a.y] fait deux syllabe distinctes (ou un hiatus), alors que au [aw] fait une seule syllabe (ou une diphtongue). Exemples: aï (arcaïc, païsatge), eï (Preïstòria), iï (en niçois diïi pour disiái), oï (Soïssa, oïstití), aü (aürós, ataüc), eü (reünir), oü (groüm).
- On peut trouver la lettre modifié comme en français, le c cédille (ç). Cette lettre indique qu'elle est prononcé [s] devant a, o, u et en fin de mot: balançar, çò, dançum, brèç. Sans la cédille, la lettre c se prononce [k] dans ces positions.
- Le point médian (·) peut se trouver entre les consonnes suivantes: n·h et s·h. Il s'utilise en gascon. Il indique que les lettres séparées par le point médian sont prononcées distinctement:
- n·h [n]+[h] se différencie de nh [ɲ] Par exemple: le mot gascon in·hèrn (dans les autres varités d'occitan: infèrn).
- s·h [s]+[h] se différencie de sh [ʃ]. Par exemple: le mot gascon des·har (dans les autres variétés d'occitan: desfar).
Il faut noter que les diacritiques sont obligatoires aussi bien sur les majuscules que sur les minuscules. Cette règle aide à la précision de la lecture: Índia, Àustria, Sant Çubran, FÒRÇA, SOÏSSA, IN·HÈRN (et non pas India*, Austria*, Sant Cubran*, FORCA*, SOISSA*, INHERN*).
Règles d'accentuation
En occitan, l'accent tonique peut se trouver:
- sur la dernière syllabe: mots oxytones (ou mots aigus).
- sur l'avant-dernière syllabe: mots paroxytones (ou mots plats).
- sur l'avant-avant-dernière syllabe: mots proparoxytones (ou mots esdrúixols): ceci est seulement possible en niçois et en cisalpin.
Dans certain cas, l''accent tonique (prononcé) est indiqué avec un accent graphique (écrit).
- a. L’accent tonique tombe sur la dernière syllabe dans les mots qui finissent:
- par une consonne: revelh, occitan, magnific.
- par une diphtongue (voyelle + -u ou voyelle + -i): progressiu, verai.
- b. L’accent tonique tombe sur l’avant-dernière syllabe dans les mots qui finissent:
- c. Aussi, l’accent tonique tombe sur l’avant-dernière syllabe dans les mots qui finissent par deux voyelles, quand elle forment deux syllabes différentes (l’accent tonique sur l'avant-dernière voyelle): Tanzania (accent tonique sur le i), filosofia (accent tonique sur le i), energia (accent tonique sur le i), assidua (accent tonique sur le u), estatua (accent tonique sur le u), avoï (avoe, avoo) (accent tonique sur l'avant-dernier o).
- d. Dans certains mots qui suivent les règles précédentes, les voyelles toniques ouvertes è i ò s'écrivent avec un accent grave pour faire une distinction entre les voyelles fermées e i o: tèsta ~ cresta; còrsa ~ corsa.
- Note — En ces cas, le limousin ne distingue pas le è et le e en général: testa, cresta.
- e.L' accentuation irrégulière — Les mots qui ne respectent pas les règles (a), (b) i (c) doivent porter l’accent tonique dans le lieu de l'irrégularité. Donc l’accent tonique y est indiqué systématiquement avec un accent tonique. Les voyelles toniques ouvertes doivent porter un accent grave (è, ò, à) i les voyelles fermées un accent tonique (é, ó, á, í, ú).
- Mots irréguliers, se terminant par une voyelle ou une voyelle + -s: parlarà, parlaràs, teniá, teniás, cafè, cafès, casinò, casinòs, perqué, aquí, aquò, cangoró, precís.
- Mots irréguliers, se terminant par une consonne: crèdit, cóser, ténher, èsser, Fèlix, àngel, títol, cònsol.
- Mots irréguliers, verbes se terminant par un -n de la 3ème personne du pluriel: parlaràn, parlarián, gascon parlarén, gascon vengón.
- Mots irréguliers, finissant par deux voyelles, avec l'accent tonique avant: comèdia, gràcia, tendéncia, Varsòvia, lópia.
- Selon le même principe, en niçois et en cisalpin, pour les mots ayant l'accent tonique sur l'avant-avant-dernière syllabe (proparoxytones) celui-ci est souvent marqué grâce à un accent: pàgina, ànima, síngaro, Mónegue.
Evolution de la phonétique latine à la phonétique occitane
L'occitan en général va connaître, avec le reste des langues romanes, des grandes mutations phonétiques qui vont le distinguer du reste des langues venant du latin et du latin lui-même. Les traits les plus significatifs de ces mutations vocaliques et consonantiques sont les suivants:
Vocalisme
- O fermé du latin vulgaire (procédant du U bref ou du O long du latin classique) n'est pas diphtongué mais se ferme en [u] (DOLORE, FLORE, PASTORE> occ. dolor [dulur], flor, pastor; cat. dolor, flor, pastor; fr. douleur, fleur, pasteur; esp. dolor, flor, pastor; it. dolore, fiore, pastore).
- U fermé du latin vulgaire procédant du U du latin classique est palatalisé en [y] (voyelle fermée antérieure arrondie) (MATURU, TUU> occ. madur, tu).
- O atone se ferme en [u] (PORTALE> occ. portal[purtal], dolor; cat. portal[portal]/[purtal], dolor [duló], [doló], [dolor]; fr. portail; esp.portal).
- Maintient du A latin tonique (CAPRA, PRATU> occ. cabra, prat; cat. cabra, prat; fr. chevre, pré; esp. cabra, prado; it. capra, prato).
- Maintient du AU (CAULIS, PAUCU> occ. caul, pauc; cat. col, poc; fr. chou, peu; esp. col, poco; it. cavolo, poco).
- Diphtongaison de E, O précédés de /j/, /w/, soit palatal ou velair (LECTU, OCULUM OCTO, FOCU, TRES, DEBERE> occ.lièit/lèit, uèlh, uèit, fuòc; tres, dever/deure; cat. llit, ull, uit/vuit, foc, tres; fr. lit, oeil, uit, feu, trois, devoir; esp. lecho, ojo, ocho, fuego, tres, deber; it. letto, occhio, otto, fuoco, tre, dovere).
- ACT- > ait (LACTE, FACTU> occ. lait, fait; cat. llet, fet; fr. lait, fait; esp. leche, hecho; it. latte, fatto).
- Chute des voyelles atones finales, excepté A (MURU, FLORE, PORTA> occ. mur, flor; porta; cat. mur, flor, porta; fr. mur, fleur, porte; it. muro, fiore, porta).
- A final > o ouvert (AMICA> occ. amiga, pòrta).
Consonantisme
- C +e, i, TI intervocalique > [z] (puteale, ratione > occ. posal, rason; cat. poal/galleda, raó; fr. raison; cast. razón; it. raggione).
- Non palatalisation de ca- (capra, vacca; occ. cabra, vaca; cat. cabra, vaca; fr. chevre, vache; cast. cabra, vaca; it. capra). Mais dans les dialectes du nord-occitan (lat. cantare donne chantar).
- Sonorisation de -P-, -T-, -C- intervocaliques en -b-, -d-, -g- (CAPRA, CATENA, SECURU> occ. cabra, cadena, segur; cat. cabra, cadena, segur; fr. chevre, chaine, sur; esp. cabra, cadena, seguro; it. capra, catena, sicuro)
- -C + e, i, final > -tz (CRUCEM> occ. crotz, cat. creu; fr. croix; esp. cruz; it. croce).
- -D- intervocalique > [z] (NUDA, SUDARE> occ. nusa, susar; cat. nua, suar; fr. nue, suer; esp. desnuda, sudar; it. nuda, sudare).
- -D- intervocalique en position final s'amuit ou devient -i (PEDE, CREDIT> occ. pè, crei; cat. peu, creu; fr. pied, croit; esp. pie, cree; it. piede, crede)
- Vocalisation de T, D des groupes post-toniques '-TR-, '-DR- en -i- (PETRA, CREDERE> occ. peira, creire; cat. pedra/pera; creure; fr. pierre, croire; it. pietra, credere).
- Maintient du F inicial (FURNU, FILIA> occ. forn, filha; cat. forn, filla; fr. four, fille; esp. horno, hija; it. forno, figlia).
- Maintient d'afriquées protoromanes de J, G + e, i (JACTARE, GELARE> occ. getar, gelar; cat. gitar, gelar; fr. jeter, geler; esp. hechar, helar; it. rigettare, gelare).
- Maintient du T du groupe CT (FACTU, NOCTE> occ. fait, nueit; cat. fet, nit; fr. fait, nuit; esp. hecho, noche; it. fatto, notte).
- Non palatalisation de -is- procédant de -X-, SC- (COXA, PISCE> occ. cuèissa, peis; cat. cuixa, peix; fr. cuisse, poisson; esp. cuja -ant.-, pez; it. coscia, pesce).
- Chute de -N intervocalique en position finale (PANE, VINU> occ. pan, vin; cat. pa, vi; fr. pain, vin; it. pane, vino).
- Maintient de -MB-, -ND- (CAMBA, CUMBA, MANDARE, BINDA> occ. camba, comba; mandar, benda; cat. cama, coma, manar, bena; fr. jambe, combe, mander, bande; esp. cama (ant.), mandar, venda; it. gamba, mandare, benda).
- -NN- > -n- (CANNA> occ. cana; cat. canya; fr. canne, esp. caña; it. canna).
- Maintient de L- inicial (LUNA, LEGE> occ. luna, lei; cat. lluna, llei; fr. lune, loi; esp. luna, ley).
- LL intervocalique et final > l (BELLA, GALLINA, BELLU, VITELLU> occ. bèla, galina; bèl, vedèl; cat. bella, gallina, bell, vedell; fr. belle, geline -ant.-, beaux, veau; it. bella, gallina, bel, vitello).
- Maintient des groupes iniciaux PL, CL, FL- (PLICARE, CLAVE, FLORE> occ. plegar, clau, flor; cat. plegar, clau, flor; fr. plier, clé, fleur; it. piegare, chiave, fiore; esp. llegar, llave, flor; port. chegar, chave, flor).
- [kw] > [k], [gw] > [g] (QUATTUOR, GUARDARE> occ. quatre; gardar; cat. quatre, guardar; fr. quatre, garder; esp. cuatro, guardar)
- -ARIU > -ièr (IANUARIU> occ. genièr; cat. gener; fr. janvier; esp. enero; it. gennaio).
Bibliographie
- Pèire Bec, La lengue occitane, Edicions 62, Barcelona, 1977.
- Jordi Bruguera, “Influence de l'occitan dans la lengue catalane”, dans le Centre Internacional Escarré sur les Minorités Èthniques et Nacionales, Premiers jours du CIEMEN. Droit et minorités nocionales. Relations linguistiques oocitano-catalanes Publications de l'Abadia de Montserrat, Montserrat, 1977, p. 91-139.
Voir aussi
Liens externes
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