Produit mercatique

Produit mercatique

Bien (économie)

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Un bien est un objet quelconque (matériel ou immatériel) produit par intervention de l’homme ou disponible spontanément dans la nature et qui est approprié ou non par un individu. Cette première définition peut sembler très vague car selon la démarche économique adoptée et même le niveau d'analyse, il apparaît qu'on ne peut qualifier un bien économique dans l'absolu.

Dans le langage courant, on admet qu'un bien est synonyme d'objet matériel: un fruit, une télévision, un fauteuil, un tableau de maître, une maison. Dans une définition élargie, une prestation de soins, un concert, une assurance sont autant de biens économiques. La liste est infinie.

Sommaire

Bien et démarche économique

Une première différenciation entre les biens que nous venons d'évoquer concerne la démarche économique qui cherche à les analyser.

Les biens en comptabilité

Généralités

Historiquement, c'est la comptabilité qui développe un modèle (très rudimentaire à l'origine) pour l'enregistrement des biens matériels que les hommes possèdent. L'idée est toujours celle de la mesure de la richesse d'un individu à partir de la diversité et de la quantité des objets qu'il possède. La gestion des biens acquis et vendus sous un compte appelé "stock" montre que le substrat matériel est nécessaire. En fait, c'est la démarche comptable qui ne cherche pas à décrire fidèlement les biens présents dans l'économie: la quête de la valeur ajoutée n'a nullement besoin d'une autre distinction. Elle a toutefois le mérite de séparer clairement les biens facteurs de production d'une entreprise (ou input en anglais) de ses biens produits (ou output en anglais).

Comptabilité nationale

La comptabilité nationale, née seulement au milieu du XXe siècle, a une vision dualiste des biens économiques: les tableaux économiques séparent les produits de l’économie en biens, qui sont matériels, et en services, qui sont immatériels. Cette distinction a là encore un but comptable: la séparation bien/service s'adapte avec les trois secteurs de l'économie : primaire et secondaire d'une part, tertiaire d'autre part. On comprend que l'on veuille savoir au sein d'une système économique d'où provient la majorité de la valeur ajoutée constituante du PIB.

Cette distinction, intuitive et souvent vue comme ultime, n'est en réalité pas retenue en économie appliquée.

Les biens en microéconomie

La microéconomie regorge de définitions pour savoir ce qu'est un bien. Nous essaierons simplement de synthétiser les différents apports.

Du besoin économique au bien de consommation

L'existence d'un bien économique répond toujours à un besoin d'un ou de plusieurs individus de l’économie. Dans ce cadre, on nomme l'individu consommateur ou son groupe ménage : l'assouvissement de ces besoins est procuré par la consommation d'un bien appelé simplement bien de consommation. Ce type de bien s'oppose à bien de production, utilisé dans un processus de fabrication (voir ci-dessous), mais la distinction est parfois absconse (un composant électronique diffère selon qu'il est vendu à un consommateur ou à une entreprise d'électroménager, par exemple une ampoule LED). Le bien de consommation est souvent en quantité abondante ou au moins supérieure à 1. Dans le cas contraire, on parle de bien non-reproductible (ex: une œuvre d'art).

Il est également convenu que chaque bien économique constitue un marché propre, c'est à dire qu'il existe une demande et une offre pour ce bien équilibrée par un prix strictement supérieur à 0. Les biens économiques s'opposent en ce sens aux biens libres, que l'on trouve gratuitement et en abondance (comme le soleil, l'air, l'eau dans certaines régions). En réalité les biens libres ne répondent pas aux forces du marché car ils sont naturellement en équilibre (le soleil et la lune nous éclairent tour à tour sans contrainte). Mais un jour ils peuvent devenir biens de consommation et répondre à la logique d'un marché, à titre d'exemple pessimiste, l'air s'il devient trop pollué.

Les deux dernières distinctions sont hors du champ d'analyse standard.

Théorie du consommateur

Un bien de consommation étant défini, la théorie conduit à la formulation par le consommateur d'une demande positive[1] et non-nulle pour ce bien: il s'agit de la quantité désirée pour un prix donné. On suppose que les biens sont divisibles c'est-à-dire que leurs quantités décrivent l'ensemble des nombres continus (ensemble \R) et pas seulement les entiers naturels (ensemble \N). Cela peut parfois poser problème car tous les biens ne sont pas divisibles (on ne peut pas avoir 1,56 automobile), mais pour simplifier, on étend le domaine de définition des quantités sur l'ensemble continue que l'on ramène après l'avoir étudié à un ensemble discret.

On dit qu'un bien est typique si, quand le prix du bien augmente, le consommateur en demande une quantité moindre. On dit que le bien est a-typique si, quand le prix du bien augmente, le consommateur en demande une plus grande quantité (ex: un bien de luxe, tel un parfum ou une montre en or).

On dit qu'un bien est normal si, à prix constant, quand les revenus du consommateur augmentent, il désire acheter plus de ce bien. On dit que le bien est inférieur si, quand les revenus augmentent, le consommateur veut en acheter moins.

Le consommateur ne se contente pas d'un seul bien: supposons qu'il en existe au moins un deuxième. Les deux biens que nous désignons par bien 1 et bien 2 peuvent avoir une certaine substituabilité c'est-à-dire que leurs quantités sont liées pour ce consommateur. Si quand le prix du bien 2 augmente, le consommateur réduit sa demande en bien 1, on dit que les biens sont des biens complémentaires. Si quand le prix du bien 2 augmente, le consommateur augmente sa demande en bien 1, on dit que les biens sont des substituts bruts (ou par abus biens substituables).

Ces six appellations n'ont qu'une portée didactique, la réalité est tout autre et combine des effets variés (effet revenu, effet substitution, effet King, effet Giffen, effen Veblen). Le calcul précis des élasticités permet de détailler ces phénomènes.

Théorie du producteur

La théorie du consommateur ne précise pas vraiment d'où proviennent les biens de consommations: soit ils sont déjà présents dans l'économie soit ils sont produits par une firme.

Le schéma de la firme est assez simple, elle utilise des facteurs (ou inputs) qui sont souvent souvent résumé par le seul travail[2], mais qui peuvent aussi être d'autres biens de production. On appelle capital toute machine ou instrument utilisée dans le processus de production et qui n'est pas détruit. On appelle bien consemptible un bien qui au cours du processus de production est entièrement détruit (ex: l'essence utilisée pour faire tourner une machine). La production du bien final par l'entreprise (dite output) est alors représentée par une fonction de production, combinaison d'au moins un de ces trois facteurs: Q = f(L,K,F) où Q est le bien produit, L le travail (pour labour en anglais), K le capital et F le bien fongible.

Typologie au sens de Samuelson

Paul Samuelson propose une classification théorique très simple des biens économiques, en comparant deux principes.

  • Le principe de rivalité: plusieurs agents économiques ne peuvent pas utiliser simultanément le même bien (il est alors rival).
  • Le principe d'exclusion: l'usage du bien par un agent économique peut toujours être empêché (il est alors exclusif ou excludable)

En combinant ces deux principes on obtient deux dénominations élémentaires :

Exclusif Non-exclusif
Rival Bien privatif pur Bien collectif impur
Non-rival Bien privatif impur Bien collectif pur

Mais la microéconomie a développé de nombreuses théories concernant ces biens et elle a plus volontiers recours à une dénomination simplifiée, par abus de langage :

Exclusif Non-exclusif
Rival Bien privé Bien commun
Non-rival Bien club Bien public

Les biens en macroéconomie

L'essence même de la macroéconomie est l'agrégation. Elle synthétise alors tous les biens existants comme un seul et unique bien fictif et recours rarement à la distinction de la comptabilité nationale. Par constructions successives, on peut tout à fait affiner un modèle macroéconomique et introduire n groupes de biens jusqu'à retomber sur la précision microéconomique.

Modèle IS-LM

Par définition, le modèle IS-LM décrit une économie fermée, c'est-à-dire n'échangeant pas avec le reste du monde. Il existe dans cette économie un stock initial de biens économiques appelé capital initial et noté K0. Hérité du passé, ce capital est directement utilisé par les entreprises (souvent agrégées en une firme monopolistique) où combiné au travail des salariés noté N il permet de produire une quantité Y de biens économiques. Il s'agit de la transformation standard par la fonction de production de l'économie qui s'écrit: Y = g(K0,N). Comme le capital initial est donné, il ne varie pas. La relation précédente peut être résumée par: Y = f(N).

Le bien produit qui constitue l'offre est alors vendu sur son marché face à une demande tripartite :

  1. Les ménages de l'économie veulent consommer une quantité C de ce bien qui est donc un bien de consommation.
  2. Le gouvernement achète pour l'optimalité de l'économie une quantité G de ce bien qui est aussi un bien public.
  3. Les entreprises veulent elles aussi réutiliser une partie pour la production future. Elles en demandent une quantité I, le bien est donc aussi un bien d'investissement.

Il s'agit de la démonstration intuitive de l'équation définissant la courbe IS représentative du marché des biens: Y = C + I + G. Comme il s'agit d'un marché unique le bien est vendu au même prix pour tous noté P. Cet argument n'est pas dénué de sens. Pour un pays européen, ce prix peut par exemple être l'IPCH (indice des prix à la consommation harmonisé). Pour les États-Unis, on peut penser au PPI (Producer Price Index) qui remonte jusqu'en 1891[3].

Le modèle contient aussi trois autres biens tout à fait singulier qu'il convient de mentionner :

  • La monnaie est un second bien, offert par la banque centrale (donc le gouvernement) et destiné aux ménages et aux entreprises: elle permet la simplification des échanges dans la mesure où les biens ont des natures diverses. Il est vrai qu'ici il s'agit d'un paradoxe car pour le bien unique tel qu'il est défini, échanger des quantités ne poserait pas vraiment de problèmes, mais l'agrégation des biens ne correspond qu'à une image et la monnaie reste un bien économique particulier. Dans la mesure où la monnaie devient une unité de compte, son prix est posé égal à 1 et son offre est rigide.
  • Le titre financier est un troisième bien qui est souvent synthétisé par une obligation courte négociée sur son marché au prix R appelé taux d'intérêt (rate of interest en anglais). Une somme d'argent (de monnaie) S placée aujourd'hui rapportera (1+R)S euros à la période suivante. Dans le modèle, les ménages arbitrent entre détenir de la monnaie non rémunérée et détenir ce titre (épargner) ce qui influe sur les variables économiques. On peut tout à fait introduire d'autres titres financiers comme les actions.
  • Le travail enfin est un bien qui se négocie sur un marché au prix W (le salaire, wage en anglais). Comme pour la monnaie, l'offre de travail est considérée comme rigide: c'est le nombre maximum de travailleurs de l'économie.

Autres modèles

Dans le modèle de Mundell-Fleming, l'économie s'ouvre sur l'extérieur et inclut notamment des importations. On appelle reste du monde ou étranger l'ensemble des autres pays. Toutes les variables étrangères sont dites exogènes car elles s'équilibrent à l'extérieur de l'économie étudiée. Ainsi si * (étoile) note tout ce qui correspond à l'étranger, on considère d'emblée 2 biens économiques le bien Y et le bien Y* vendus aux prix P et P * .

Bien et niveau d'analyse

Les modèles d'analyse économiques sont souvent statiques, c'est-à-dire qu'ils ne reflètent pas l'évolution inhérente des comportements individuels en se plaçant dans une unique période représentant l'alpha et l'oméga (Équilibre général). L'introduction du temps et de l'incertitude fait apparaître de nouvelles distinctions entre les biens. Cela concerne d'abord leur longévité, ensuite la subjectivité du temps, et enfin une notion liée au futur plus ou moins imprévisible.

Les biens durables

Dire qu'un bien est durable signifie qu'il a une durée d'utilisation se prolongeant sur plus d'une période[4], avec des caractéristiques inchangées. Deux exemples: le mobilier et l'automobile. Raisonnons sur trois périodes (1, 2 et 3), comprenant un individu et un unique bien. L'individu a le choix entre acheter ce bien en période 1 et en profiter en 2 et 3, ou l'acheter en période 2 pour en profiter en 3 seulement. Si le bien est durable on montre qu'il est tout à fait intéressant pour l'individu d'acheter ce bien en période 1 (premier choix). La satisfaction procurée par le bien durable de demain est identique à celle du bien d'aujourd'hui. Tout dépend de la préférence qu'entretient l'individu avec le présent mais en général il existe pour tout individu un facteur d'impatience (ou taux psychologique) qui pousse au premier choix. Les biens durables forment ainsi un groupe particulier de biens datés dont le TMS vaut presque certainement 1.

Les biens datés

Une première extension de l'équilibre général concerne le temps (modèle introduit par Irving Fisher). On définit dans l'économie T périodes, mais généralement, on se contente de T=2 périodes (présent/futur, jeunesse/vieillesse, etc). Si t représente une période quelconque, et i un nombre pas forcément positif, alors un bien économique disponible à la période t n'est pas équivalent au même bien économique disponible en période t+i. On dit que le bien est daté. Pour un individu un bien daté n'apporte plus forcément la même utilité selon qu'il l'obtient en période t ou t+i. Si les biens durables forment un groupe particulier de biens datés, le cas standard reste celui des biens périssables. Ainsi, à caractéristiques égales, du blé de la récolte 2000 n'est pas équivalent au blé de la récolte 2001: ceci est particulièrement vrai pour les denrées alimentaires.

Cette définition permet d'obtenir des fonctions d'utilité intertemporelles où un individu arbitre entre les biens des T périodes et ainsi construire le modèle d'Équilibre général intertemporel qui repose en grande partie sur le principe financier de l'actualisation. Sa force réside dans la compréhension de la formation des taux d'intérêt qui apparaissent comme les prix relatif des biens entre les différentes périodes.

Les biens contingents

Une seconde extension de l'équilibre général (proposée par Kenneth Arrow) concerne l'incertitude. Dans cette analyse l'incertitude est dite mesurable c'est-à-dire qu'on peut la modéliser par des probabilités (cela correspond à la notion de risque en finance). L'incertitude non-mesurable n'est pas appréhendée ainsi mais avec des outils plus puissant comme la théorie des jeux ou l'économie de l'information. On peut définir dans l'économie plusieurs états du monde, c'est-à-dire plusieurs évènements (ou situations) de diverses probabilités. La somme des probabilités de tous les états du monde pour un même bien vaut obligatoirement 1 (100%). Si il existe J états du monde, alors deux biens sont contingents s'ils correspondent au même bien disponible dans chacun des J états du monde. Un exemple simple: une semaine de vacances de bord de la mer n'est pas le même suivant s'il pleut ou s'il fait beau.

Cette définition permet de construire un Équilibre général sous incertitude, puis en le combinant à la notion de bien daté un équilibre général intertemporel sous incertitude. Ce dernier niveau d'analyse très complexe montre la multiplicité des facettes d'un même bien économique.

Conclusion : biens et ressources

De par la multitude des biens, on peut établir plusieurs différenciations:

  • biens économiques / biens libres
  • biens « matériels » / services

En fonction de l’utilisation faite du bien :

En fonction de la durabilité :

En fonction des utilisations possibles, collectives ou individuelles :

L'économie s'intéresse de ce fait essentiellement à l'allocation des ressources rares servant à produire des biens.

Cette vision est trop étroite : l'économie d'un système, de tout système, est le traitement de ses utilités relatives, c'est-à-dire la consommation de ressources rares ou non, qui lui permettent de maintenir son existence et son projet, dans un environnement déterminé et en évolution ; ceci entraîne la production de "déchets" divers qui sont autant de ressources pour d'autres éléments-systèmes de cet environnement.

La question de l'équilibre de ce système et de son environnement sont donc vitales et complexes, donc jamais garanties. Ainsi l'économie devient l'étude des économies réelles, celle des systèmes existants, dont principalement les êtres humains et leurs diverses formes de société.

La question de la rareté intervient alors comme facteur de problème dans de nombreux cas, mais pas toujours.

Notes

  1. En gestion, on parle parfois de demande négative. Il s'agit d'un bien répondant à un besoin pour lequel un consommateur exprime de l'aversion (ex: les pompes funèbres).
  2. Le travail est considéré comme un bien économique radicalement différent des autres. Pour l'employeur, le bien-travail se négocie sur un marché à un salaire d'équilibre. Pour l'employé le bien travail n'en est pas vraiment un, on a recours à son son opposé, à savoir le loisir. Le salaire représente alors le "prix" du loisir.
  3. Voir l'article suivant sur Wikipedia en anglais: U.S. Producer Price Index
  4. On admettra que les différentes périodes ne s'étalent pas sur des siècles, au maximum la durée de vie humaine. En effet, l'analyse d'un bien sur deux périodes séparées de 500 ans n'aurait pas de sens pour un individu mortel.

Voir aussi

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