- Poésie urbaine
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Slam (poésie)
Pour les articles homonymes, voir Slam.Basé sur le principe de la joute oratoire, le slam de poésie est un type d'expression populaire dans laquelle des poètes s'affrontent et reçoivent les notes d'un jury choisi au hasard parmi le public.
Sommaire
Étymologie
L'origine du terme Slam est donnée par l'initiateur du mouvement, Marc Smith, lors de son intervention en 2005 au Grand Slam national de Nantes : il explique avoir choisi ce terme pour son sens sportif et ludique de "chelem" (en tennis, basketball, baseball, bridge, etc.)[1].
Histoire
Le slam est né en 1984 lorsque Marc Smith, alors simple entrepreneur en bâtiment, mit en place un jeu de poésie dans un club de jazz à Chicago[2]. Il cherchait à donner un nouveau souffle aux scènes ouvertes de poésie en faisant participer le public aux scènes.
Marc Smith indique ainsi qu'il « détestait les scènes ouvertes de poésie - souvent longues et ennuyeuses ». Son but était de créer une mise en scène ludique pour améliorer la qualité du spectacle, mais aussi de mettre à mal la notion de qualité dans la poésie : quelques personnes, membres d'un jury arbitraire, exprimaient leur goût subjectif. Il a suscité un engouement populaire qui a permis peu à peu au Slam de se propager à New York puis jusque dans le monde entier[3].
En France diverses pratiques oratoires (poétiques ou non) se sont trouvées confondues sous le nom de Slam. Le terme est ainsi souvent appliqué à différentes pratiques : spoken word, one-man show poétique, et scènes ouvertes de poésie, qui sont l'expression la plus commune. Contrairement à une scène ouverte, les scènes de slam se construisent sur des règles bien concrètes et expliquées ci-dessous.
Règles habituelles des scènes de slam
Les règles du slam de poésie sont généralement les suivantes, avec ou sans adaptation selon les organisateurs :
- inscriptions ouvertes à toutes et tous.
- performance a cappella.
- peu de décorations sonores, lumineuses ou vestimentaires.
- liberté de l'expression.
- temps de parole de 3 minutes maximum.
- un texte dit, un verre offert (non cumulable).
- textes issus de sa propre création.
L'entrée est le plus souvent libre ou à prix minime. La plupart des scènes sont des scènes ouvertes. Il n'y a pas de limites d'âge ou de style. On vient y dire, lire, scander, chanter, ou jouer des textes de son cru sur des thèmes libres ou imposés. Le jugement est très rare pendant les scènes slam. Les débutants sont encouragés plutôt que critiqués. Chacun, artiste ou non, participe généralement pour le plaisir de partager son texte[4].
Les règles des joutes ou slam de poésie y ajoutent :
- un jury, choisi au hasard dans la salle, note les poètes ou équipes de poètes (poèmes collectifs) ;
- l'objet de la joute n'est pas de gagner ou ce que l'on gagne — c'est la poésie elle-même (et le spectacle).
Les scènes slam pratiquant ces règles du jeu incluent : le Grand Slam National, le Slam United, le Slam So What et divers slams sessions et ateliers en France (Chaumont, Nantes, Reims, Rennes, Tours, Troyes...). Cette approche, inventée par Marc Smith, est majoritairement pratiquée au niveau international: IWPS (individual world poetry slam), German International Poetry Slam, Harlem Poetry Slam (Hollande)...
Un petit nombre de scènes font voter toute la salle avec des cartons colorés comme dans les matchs d'improvisation ou au moyen d'un applaudimètre.
Considérations critiques et sociales
Le slam est une forme de poésie sonore considérée comme un mouvement d'expression populaire, initialement en marge des circuits artistiques traditionnels, aujourd'hui largement reconnu et médiatisé. C'est un art du spectacle oral et scénique, focalisé sur le verbe et l'expression brute avec une grande économie de moyens, un lien entre écriture et performance.
Si des poètes, en particulier issus de la mouvance hip-hop, le revendiquent comme issu de la rue ainsi que le rap à ses débuts, il est néanmoins pratiqué par des poètes de tous styles, de tous milieux sociaux, en ville comme à la campagne.
« Marc Smith n'aura eu qu'à modifier le concept de départ pratiqué par les poètes-beat, en l'adaptant à son époque, aux goûts et désirs d'un public moins disposé à la spontanéité: il aura su saisir une opportunité circonstancielle, s'approprier une formule existante en l'ajustant aux nécessités contextuelles de l'heure et du lieu, et donner à une nouvelle génération le privilège de la prise de parole mais, ici encadrée et limitée dans la durée de la prestation (3 minutes!), se plaçant ainsi à l'opposé des aspects déflagrateur et iconoclaste, (voire libertaire et anarchique), intrinsèques aux manifestations scéniques propres à la Beat generation et à la contre-culture québécoise des années 1970... Marc Smith aura relancé la prise de parole poétique sur la place publique et à l'échelle planétaire. Il incombe désormais à chacun d'avoir les mots pour se dire ! »— Lucien Francoeur.
Le slam dans la francophonie
En France
Le Banquet de Gérard Ansaloni, édité par les éditions Saravah en 1995, est la porte ouverte à la médiatisation du slam français. L'album Midi 20 du jeune slammeur de Saint-Denis (93) Grand Corps Malade est le second disque issu du mouvement slam français à bénéficier d'une bonne couverture médiatique radio/TV. Il connaît dès sa sortie un succès publique inattendu et, se hissant aux premières places des ventes d'albums, fait connaître le genre à un très large public, dépassant de fait son audience initiale. Parmi les grands noms du slam français, figurent notamment Souleymane Diamanka, D' de Kabal, Rouda (du collectif 129 H[réf. nécessaire])...
En Guadeloupe le slam a été accueilli avec engouement d'autant plus qu'il s'inscrit dans la tradition orale de l'île.
En Belgique
Les premières scènes slam apparaissent en 2001 à Bruxelles, quelques années après l'arrivée du slam à Paris, introduit entre autre par l'asbl Léz'arts Urbains. Liège a suivi le mouvement dès 2005, aussi bien à l'Aquilone qu'au Centre de Jeunes La Zone. Depuis 2007, les scènes slam permanentes se sont développées à Mons (Maison Folie), et en 2008, à Namur (Maison de la Poésie). On commence seulement à voir s'ouvrir des scènes slam un peu partout, y compris en Flandre du côté de Gand. En 2007, un Championnat de Slam fut organisé à Bruxelles, mêlant les langues officielles, avec traduction des textes. En effet, dans le contexte actuel du conflit linguistique belge, le slam démontre plus que jamais ses valeurs dépourvues de frontières. On peut y trouver des scènes slam bilingues et des échanges Nord-Sud fréquents. En avril 2008, La Zone de Liège organisa les "24H du Mot", réalisant la plus longue scène slam d'Europe et sans doute du monde : 24h de scène ouverte sans aucune interruption. Elle a ainsi réuni des acteurs de la scène slam belges, français et suisses. La seconde édition de l'événement est attendue le 26 et 27 septembre 2009.
Au Québec
Au Québec, la scène slam trouve ses racines dans la riche tradition de lectures publiques de poésie qui remonte au moins à la fin du dix-neuvième siècle avec l'École littéraire de Montréal, mais dont on peut plus raisonnablement situer les origines modernes aux nombreux événements de poésie qui eurent lieu dès le début des années 1970 et dont le film La Nuit de la poésie 27 mars 1970 constitue un témoignage remarquable. Ces lectures-performances rassemblaient alors autant des poètes de différents courants littéraires comme Denis Vanier, Gaston Miron, Claude Gauvreau, Gilbert Langevin et Michèle Lalonde que des rockeurs-poètes comme Raoul Duguay (souvent accompagné par l'Infonie et le Jazz Libre du Québec) ou Lucien Francoeur (flanqué de son groupe pop-rock Aut'Chose). Ces événements se poursuivirent tout au long des années 1970 et 90 à la Casa Pedro sous l'égide du mécène Pedro Rubio et de l'animateur-écrivain Pierrot-le-Fou-Léger et plus tard, lors des soirées "Place aux Poètes" animée par la poétesse Janou St-Denis. À ce courant, il faudrait ajouter l'influence, dans les années 1990, de la scène anglophone montréalaise de spoken word.
Ce n'est qu'en 2006 que la scène slam, proprement dite, est née, sous l'initiative de Ivy. Il a d'abord initié les soirées SlaMontréal, soirées mensuelles reprenant les règles du jeu telles que balisées par Mark Smith. Ensuite, il a fondé la Ligue québécoise de slam (LIQS), afin d'encourager la formation d'équipe ailleurs dans la province. Le premier Grand Slam comportait l'équipe de Québec et de Montréal et fut présenté dans le cadre du Festival International de la Littérature au Lion d'or à Montréal. Mark Smith était l'invité d'honneur. On compte en 2009 une équipe de slam poésie à Québec, à Trois-Rivières, à Gatineau et à Sherbrooke.
Depuis 2007, on peut suivre l'activité des slams de poésie de la ville de Québec sur les blogues de LeRoy K. May et de SlamCap[5]. Ce dernier est animé par André Marceau, le slamestre de la ville de Québec, et Annie Beaulac, déclarée championne slameuse de la ville de Québec en 2008.
En Algérie
Le slam en Algérie s'est fait connaître par le groupe Sétifien Rime-Urbaine en 2006 qui organisait notamment des slam sessions.
Le slam au cinéma
Quelques films de fiction se sont penchés sur le phénomène slam : c'est principalement le cas de Slam (1998), avec Saul Williams, "8 mile" de Curtis Hanson avec Eminem également, une battle d'improvisation, sans accompagnement musical.
Également quelques documentaires tels que "Histoire de dires" de Yann Francès & Matthieu Chevallier, lequel aborde les enjeux singuliers d'un langage pluriel, avec notamment la participation de Marc K Smith (vivement lundi! 2008)
Notes et références
- ↑ Smith, M. : Communication orale, Grand Slam national (Nantes, 2005).
- ↑ Smith, M. : Crowdpleaser, Jeff Helgeson Éditions (1996)
- ↑ (en) FAQ: National Poetry Slam
- ↑ Smith, M. & Kraynak, J. : The Complete Idiot's Guide to Slam Poetry, Penguin/Alpha Press (2004).
- ↑ Blogue de SlamCap
Voir aussi
Liens externes
- Le-slam.org - Agenda et centre de ressources
- Arte.tv - Arte / Le dossier Slam
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