- Pont de l'île de Ré
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Pont de l’île de Ré Pays France Région Poitou-Charentes Département Charente-Maritime Localité La Pallice - Rivedoux-Plage Latitude
LongitudeType Pont à poutres cantilever Longueur 2 927 m Largeur 15,5 m Hauteur 42 m Matériau Béton précontraint Construction 1986 - 1988 Géolocalisation sur la carte : Charente-Maritime
Géolocalisation sur la carte : France
Listes Ponts remarquables • les plus longs • suspendus • à haubans • en arc • romains • cantilever
modifier Le pont de l'Île de Ré, d'une longueur de 2 926,5 mètres[1],[2], est situé en Charente-Maritime et a été inauguré le 19 mai 1988. Le pont relie l'île de Ré au continent par une courbe de 2 926,5 mètres de longueur[3] culminant à 42 mètres au-dessus de la mer. Il va du lieu dit La Repentie, proche du port de La Pallice au nord-ouest de La Rochelle, à la pointe de Sablanceaux à Rivedoux-Plage à l'Est de l'île de Ré.
Il détient aujourd'hui le record du 2e plus long pont de France derrière le pont de Saint-Nazaire.
Sommaire
Histoire
Destiné à assurer la continuité territoriale entre le continent et l’île de Ré, le pont a été construit en régie par le département (sans recourir à un concessionnaire) et est classé dans la voirie départementale. Sa construction a été décidée suite à l'augmentation de trafic exponentielle des bacs entre La Pallice et Sablanceaux. De 40 000 passages en 1947, on était passé à 872 000 passages en 1957 puis 2 071 000 passages en 1967[4]. C'est l'entreprise Bouygues qui a été choisie pour la réalisation de l'ensemble.
Projet financé par le conseil général de la Charente-Maritime, le coût total s'élève à 385 millions de francs (58,7 millions d'euros), et plus de 600 millions de franc avec les voies d'accès[5]. Un tunnel a été pendant un temps envisagé, mais bien que moins long (2,4 km) serait revenu à 620 millions de francs (94,5 millions d'euros).
Caractéristiques
Le pont de l'Île de Ré était le plus long pont de France lors de sa construction avec ses 2 926,5 mètres de longueur[6].
Le pont de l'Île de Ré est constitué de six viaducs distincts reliés entre eux par des joints de chaussée. L'ensemble de l'ouvrage présente un rayon de courbure horizontale de 5 000 mètres.
Les viaducs sont des ponts en poutres mono-caisson (en un seul bloc) de type cantilever réalisés en béton précontraint. Ils sont constitués au total de 29 travées s'appuyant sur un ensemble de 28 piles. Il y a 23 travées de 110 mètres de long, encadrées de travées de longueurs variables de part et d'autre.
Le tirant d'air au point le plus haut, à savoir la distance entre la ligne d'intrados du pont et la ligne des plus hautes eaux, est de 30 mètres sur 4 passes navigables entre ses piles. Large de 15,5 mètres, le tablier offre 2 voies de circulation (9 m de voies routières), une piste cyclable à double sens d'un côté et une autre réservée aux piétons de l'autre (2,5 mètres).
Le pont a nécessité pour sa construction 50 000 m³ de béton, 6 000 tonnes d'acier et 796 voussoirs pesant de 80 à 130 tonnes.
Trafic
Le trafic initialement prévu était évalué à 10 000 véhicules par jour en basse saison et 25 000 véhicules par jour les mois d'été. En 2007, la circulation routière a dépassé les trois millions de véhicules (3 042 637 véhicules), soit 1,91 % de plus qu'en 2006[7]. Le trafic 2007 est un peu plus du double de celui de 1989 (1 510 959 véhicules). La barre des 2 millions a été dépassée en 1996, et celle des 2,5 millions en 2000. En 2008, 45 millions d'entrées ont été enregistrées depuis l'ouverture[5]. Le 11 juillet 2009 le record des passages sur une journée, qui datait du 8 mai 2002, a été porté à 16 429 véhicules[8].
Péage
La traversée du pont est soumise à un péage (en 2006 : gratuit pour les insulaires, les piétons et les vélos, 16,50 € pour une berline de mi-juin à mi-septembre et 9 € hors saison, dont une écotaxe de 3,05 €), mais il était question qu'elle devienne gratuite à partir du 1er janvier 2012. Le 22 septembre 2009 l'Assemblée nationale a voté l'amendement n° 123 et le sous-amendement 141, déplafonnant le montant de l'écotaxe et le maintien de celle-ci pour le passage du pont de l'île de Ré au-delà du 1er janvier 2012[9].
Depuis 2008 est testé, auprès de certains insulaires volontaires utilisant le pont quotidiennement, un procédé de reconnaissance optique des plaques minéralogiques pour un accès automatique, libérant ainsi le trafic des cabines à péage traditionnelles.
Construction
Fruit d'une décision du conseil général de la Charente-Maritime datant de 1980, et d'un arrêté d'utilité publique signé par le préfet de Charente-Maritime le 28 août 1984, la construction, confiée à l'entreprise Bouygues débute le 26 février 1987 et voit la pose du dernier voussoir le 15 février 1989; elle met en œuvre des techniques de pointe. L'utilisation d'une plateforme maritime a permis aux équipes de travailler par tous les temps, et de réaliser dans le calcaire des fonds marins plusieurs pieux forés de 2 mètres de diamètre sur 12 mètres de profondeur, d'une inclinaison de 20 degrés, et dans lesquels fut coulé du béton armé, permettant ensuite aux piles, des cylindres de 5,50 mètres de diamètre, de prendre appui sur ces fondations.
Les études de cet ouvrage ont été conduites par Pham Xuan Thao; le chantier était dirigé par Charles-Étienne Perrier, et Michel Placidi coordonnait l'ensemble de cet ouvrage complexe.
La technique mise en œuvre est la méthode de construction en encorbellement par voussoirs préfabriqués, permettant au pont de progresser de plus de 20 mètres par jour. Une centrale à béton fabriquait les voussoirs sur place à La Repentie/La Pallice. Un engin nommé « poutre de lancement » et mesurant 285 mètres de long, conçu par Pierre Richard le directeur scientifique de Bouygues, prenait appuis sur deux piles et déposait des voussoirs sur une troisième; il les assemblait ensuite en formant des demi-arches de façon symétrique par rapport à cette pile, la progression de l'ensemble se faisant dans le sens continent-île de Ré.
L'utilisation de poutre-caissons (l'intérieur des voussoirs est vide) permet le passage des approvisionnements en eau et en électricité de toute l’île, ainsi que l’inspection de l’ouvrage.
Achevé relativement rapidement en 23 mois à peine, il a été inauguré le 19 mai 1988.
Sécurité
L’ensemble des voussoirs est relié par des câbles de précontrainte, permettant ainsi au pont de résister à la dilatation causée par la chaleur, aux contraintes causées par le vent, ou aux phénomènes sismiques (le dernier en date ayant eu lieu le 24 août 2006). Le tablier du pont est libre et posé simplement sur des patins fixés sur chaque pile.
Les piles du pont sont prévues pour résister au choc des plus gros navires lancés à pleine vitesse pouvant passer sous l'ouvrage.
Tous les neuf ans, le pont subit une inspection intérieure et extérieure complète (obligatoire pour ce genre d'ouvrage d'art), y compris des parties aériennes et sous-marines. La dernière, qui a duré un mois entier, a été réalisé en juillet 2006 pour les 18 ans du pont par les services de la SNCF, pour un coût estimé de 200 000 euros. Les piles du pont étant creuses, des plongeurs sont descendus à l’intérieur inspecter la partie hors d’eau, puis sous-marine, de chacune.
Depuis septembre 2008 l'éclairage du pont a été modernisé, les têtes de réverbères ont été remplacées, avec la possibilité de moduler l'intensité lumineuse pour une meilleur visibilité en fonction des conditions lumineuse, météorologiques ou d'accident; ainsi que dans un but d'économie d'énergie.
Controverses
Construction
Le pont de l'île de Ré a été l'objet d'une vive controverse, se déplaçant de tribunaux en émissions de télévision (qui valut notamment son éviction de TF1 à Michel Polac). Lors de l'élaboration du projet, des voix se sont élevées contre l'idée de relier l'île au continent par un pont, et ont œuvré jusqu'au bout pour enterrer le projet.
Aussi, lorsque les travaux ont débuté, un recours a été déposé au tribunal administratif. Cependant, en raison de la vitesse à laquelle ont été menés les travaux et des lenteurs de la justice française, le pont était déjà achevé lorsque le juge administratif a statué sur les demandes tendant à l'arrêt des travaux (fin novembre 1988). Le pont n'a pas été démoli car il était dès lors protégé par son statut d'ouvrage public. En tout état de cause, la règle générale qui dispose que l'intérêt général doit prévaloir sur quelques intérêts particuliers a été appliquée. C'est ainsi qu'il y eut la bataille entre les «anti-pont» et les «pro-pont».
Cependant que les premiers cherchaient à n'importe quel prix à préserver leur île, les seconds, de loin les plus nombreux, voyaient les avantages que pouvait leur apporter une liaison fixe, notamment pour une grande partie de Rétais allant travailler quotidiennement sur le continent, pour les enfants scolarisés dans les collèges et lycées de La Rochelle et pour les évacuations sanitaires urgentes. En effet, les bacs qui assuraient précédemment le passage entre Ré et le continent (en général de 6 heures du matin à minuit), outre l'attente d'embarquement (jusqu'à plus de six heures l'été) et la durée de la traversée (entre 45 min et 1 h 30 au total selon les heures pour une traversée de 5 km), étaient immobilisés lorsque la mer était trop mauvaise. Si une évacuation sanitaire d'urgence devait être effectuée, il était nécessaire de faire venir un hélicoptère du CHU de Poitiers, un tel mode de transport n'étant pas à l'époque disponible à La Rochelle. Sous ces aspects-là, il apparaît que le pont a apporté un confort indispensable aux insulaires[10].
Péage
Une majorité des Rétais et certains résidents issus du continent s’opposent à la gratuité du pont prévue en 2012 mais uniquement en ce qui concerne les continentaux ; l’île étant déjà sur-envahie par la circulation automobile principalement chaque grand week-end. Le village de Rivedoux-Plage est traversé obligatoirement par tous véhicules rentrant ou sortant de l’île, les fins de week-end, ceux-ci figent intégralement la circulation des habitants, comme des secours, de 16 à 21 heures. À ces périodes, le temps de sortie de l’île est généralement de plus de deux heures pour un véhicule venant d’un autre village. Cette situation est également vécue sur l'autre grand pont du département, à l'île d'Oléron.
Les Rétais avaient un tarif préférentiel du passage du pont jusqu'au 1er janvier 2004, date où ils ont obtenu la gratuité[5]. Les résidents secondaires, les travailleurs non insulaires ou saisonniers ont accès à un tarif réduit.
Galerie
Notes et références
- Le pont sur Structurae voir
- Bases de données des ouvrages d'art du conseil général de Charente-Maritime
- Ponts et viaducs remarquables d'Europe - Marcel Prade - Collection Art et Patrimoine - 1990
- Gérard Blier, Histoire des transports en Charente-Maritime, Le Croît vif, 2003, 252 p. (ISBN 2-907967-80-0), p. 157
- Magazine du conseil général de la Charente-Maritime N°25, p 8
- Site du Conseil National des Ingénieurs et des Scientifiques de France
- conseil général de la Charente-Maritime chiffres du
- Le Phare de Ré du 22/07/2009
- Journal Sud Ouest du 23 septembre 2009
- Gérard Blier, Histoire des transports en Charente-Maritime, Le Croît vif, 2003, 252 p. (ISBN 2-907967-80-0), p. 159
Pour approfondir
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