Politique budgétaire contracyclique

Politique budgétaire contracyclique

Politique conjoncturelle

Les politiques conjoncturelles, ou politiques de stabilisation, sont les mesures de politique économique prises par un gouvernement à court terme, en fonction de la position de l'économie dans les cycles économiques. Ces politiques conjoncturelles se veulent avant tout contracycliques[1].

Sommaire

Présentation

Une politique budgétaire contracyclique est une politique dans laquelle l'État s'active à relancer l'économie lorsque la croissance économique est inférieure à la croissance potentielle, et à améliorer l'état de ses finances lorsque la croissance est forte.

Ainsi, durant une période de conjoncture économique mauvaise, notamment de récession économique, l'État peut mener une politique de relance, qui passe par une politique budgétaire expansionniste, c'est-à-dire l'augmentation de ses dépenses.

À l'inverse, lorsque la conjoncture économique est bonne, l'État peut alors mener une politique budgétaire plus restrictive, c'est-à-dire baisser ses dépenses, et « engranger » des rentrées fiscales (ou plutôt réduire la dette publique), qui lui permettront de relancer l'économie, si la conjoncture se détériore.

Une politique contracyclique sert en quelque sorte d'amortisseur pour l'économie du pays.

En France, jusque dans les années 70, le gouvernement faisait des politiques de Stop and Go. C'est-à-dire, alternativement, une politique restrictive (baisse de l'inflation) puis une politique de relance quelque temps après, puisque la politique restrictive avait provoqué une augmentation du chômage. La relance produisant à son tour de l'inflation, le gouvernement s'appliquait ensuite à la réduire par une politique restrictive et ainsi de suite...

Selon les instruments

Les politiques conjoncturelles sont d'abord déterminées par les outils dont dispose le gouvernement.

Politique budgétaire

Article détaillé : Politique budgétaire.

Il peut en premier lieu utiliser l'outil budgétaire, c'est-à-dire jouer sur ses recettes (donc la fiscalité des différents acteurs économiques) ainsi que sur l'utilisation des ressources de l'État.

Par exemple si le gouvernement d'un pays décide de diminuer les impôts, cela permettra normalement d'augmenter le pouvoir d'achat des ménages et donc la demande tout en diminuant la charge imposée aux entreprises, leur permettant ainsi de produire plus et d'embaucher. Ainsi l'offre pourra répondre à la demande et il y aura croissance économique. Si ce même gouvernement décide au contraire d'augmenter les impôts, cela permettra par exemple de calmer la demande et donc l'inflation, d'augmenter ses recettes, ... L'État pourra ainsi soit diminuer le déficit public, soit augmenter ses dépenses et ainsi augmenter l'offre de services publics (utilisation des fonds supplémentaires pour la construction de nouvelles infrastructures, pour la hausse des prestations sociales, ...).

Il pourra même provoquer un déficit volontaire afin d'enclencher le processus du multiplicateur keynésien.

Cependant cet outil a ses limites : un déficit de l'État élevé augmente la dette publique et les changements dans le budget de l'État peuvent entraîner des contestations de certaines CSP.

Politique de revenus

Le gouvernement peut également appliquer une politique de revenus, c'est-à-dire jouer avec les salaires afin d'augmenter ou non la croissance économique.

Il peut par exemple jouer sur les traitements des fonctionnaires ou des salaires des salariés des entreprises nationalisées, mais surtout il peut jouer sur les minima sociaux (SMIC, RMI, minimum vieillesse,…).

Ainsi en augmentant les plus bas salaires, l'État fait augmenter la demande du pays, d'autant plus que ces populations ont une propension à consommer proche de 100%).

Cependant, en augmentant les salaires ou ne serait-ce que les salaires d'une partie de la population active, on augmente la charge financière qui pèse déjà sur les entreprises, ce qui peut les amener à augmenter leurs prix, créant ainsi de l'inflation. Par ailleurs, cela réduira leur compétitivité et réduira les embauches.

De plus, en augmentant trop les revenus de transfert, on peut entraîner un découragement du travail de la part des personnes qui les touchent qui, après avoir fait un rapide calcul coût-avantages, peuvent se rendre compte qu'il vaut mieux ne pas travailler et toucher les revenus de transfert, plutôt que de travailler, étant donné la proximité des deux revenus (trappe à l'inactivité). [idéologie libérale]

Politique de l'offre

Article détaillé : Politique de l'offre.

Enfin, l'État peut appliquer une politique de l'offre, c'est-à-dire jouer sur les choix des entreprises à embaucher par exemple, ou encore à innover, à investir, via des mesures incitatives telles que des défiscalisations, une diminution de l'Impôt sur les sociétés...

Politique monétaire

Article détaillé : Politique monétaire.

Le deuxième outil disponible est la politique monétaire, souvent aux mains de la banque centrale.

Une baisse des taux directeur de la banque centale peut entraîner une baisse des taux d'intérêt d’emprunt et donc une hausse de la demande de la part des ménages, puisqu'il diminue ainsi le coût des emprunts et donc augmente les achats à crédit des ménages, tout en assurant aux entreprises des possibilités d'investissement à bas coûts leur permettant ainsi de répondre à cette accélération de la demande tout en évitant l'inflation.

En les augmentant, la banque centrale contribuera à freiner la demande, car les emprunts deviendront plus coûteux et les achats à crédits plus rares.

Ce deuxième outil a également ses limites, puisqu'il peut favoriser l'inflation, élément perturbateur dans l'économie.

Pour les pays utilisant l'euro, la politique monétaire est nécessairement unique pour toute cette zone monétaire ; elle est confiée à la BCE, qui détermine la politique monétaire optimale en fonction de la situation conjoncturelle moyenne dans la zone euro.

Critiques

Les politiques conjoncturelles ont été attaquées, en particulier sur la possibilité de les mettre en œuvre. Le Prix Nobel d'économie Milton Friedman en particulier en formula une critique dans son essai de 1951, Effects of a Full-Employment Policy on Economic Stability, repris dans son recueil Essays in Positive Economics, publié en 1953. Pour Friedman, une politique conjoncturelle est impossible à mener car l'action étatique souffre de nombreux délais (lags) : entre le moment où la crise est à son sommet et le moment où les effets de telles politiques se font sentir, il peut s'écouler deux ans. Au délai avant la prise de conscience du problème s'ajoute le délai de la prise de la décision et celui de sa mise en œuvre pratique. Ces délais ont des conséquences très négatives selon Milton Friedman, qui estime que les politiques conjoncturelles, loin de lisser les cycles économiques ne font que les amplifier, les politiques contracycliques devenant en fait procycliques[2]. Robert Lucas ira encore plus loin suite à la publication de son célèbre article "La critique de Lucas" où il reprend à John Muth le concept d' anticipation rationnelle pour prouver l'inefficacité de politiques discrétionnaires.

Notes et références

  1. Recent developments in macroeconomic analysis: reviving the case for stabilisation policies, Jean-Philippe Cotis, Économie internationale, 2004
  2. Effects of a Full-Employment Policy on Economic Stability, in Essays in Positive Economics, 1953, University of Chicago Press

Voir aussi

Articles connexes

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