Police d'écriture

Police d'écriture
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Une police d’écriture, ou police de caractères, en typographie, est un ensemble de glyphes, c’est-à-dire de représentations visuelles de caractères d’une même famille, qui regroupe tous les corps et graisses d’une même famille, dont le style est coordonné, afin de former un alphabet, ou la représentation de l’ensemble des caractères d’un langage, complet et cohérent.

Sommaire

À propos du terme

À l’origine, ce terme désigne la liste du contenu d’une casse de caractère à l’époque du plomb. On décrivait ainsi le nombre de caractères par signe, par exemple 500 « e », 400 « s », etc.

Il est fréquemment confondu avec le terme « fonte » qui désigne l’ensemble des caractères correspondant aux mêmes caractéristiques de corps, graisse et italique au sein d’une même police. Par exemple :

  • Garamond est une police de caractères ;
  • le Garamond romain gras 12 points est une fonte.

Cette confusion remonte à l’époque du plomb, où un caractère était le dessin particulier d’un alphabet, une fonte était la manifestation de ce dessin en tant que caractères d’imprimerie en métal et une police listait le nombre de ces caractères. Un imprimeur voulant utiliser le caractère Garamond commandait un jeu de fontes Garamond pour chaque corps désiré, ce jeu étant défini par une police.

Puisque les alphabets sont désormais stockés sous forme numérique, ils peuvent être redimensionnés dans une certaine mesure et ne sont jamais à court de lettres. Les termes fonte et caractère ne sont néanmoins pas interchangeables. En effet, les caractères sont les éléments signifiants du langage. Par exemple, la lettre "a" peut avoir plusieurs dessins appelés glyphes. On aura donc tendance à choisir une fonte donnée pour composer du texte, dont on installera les fichiers correspondants sur son ordinateur. Les différents caractères sont codés selon des codages (ASCII, latin1, unicode par exemple) qui sont utilisés par les logiciels pour choisir les glyphes adéquates.

Classifications

Afin de mieux appréhender la richesse offerte par les différents caractères, des typographes ont tenté de regrouper les caractères présentant des caractéristiques graphiques similaires en familles. Ces classifications sont arbitraires.

Classification Thibaudeau

Le Garamond, avec ses empattements triangulaires (voyez la partie supérieure de la hampe de la lettre « d »), est typique de la famille des elzévirs (classification Thibaudeau), ou de la famille des garaldes (classification Vox).
Le Didot, qui se caractérise par des empattements filiformes, est avec le bodoni le principal représentant de la famille des didones (classification Vox).
La famille des égyptiennes (classification Thibaudeau), ou des mécanes (classification Vox), se caractérise par des empattements rectangulaires.

La première de ces classifications est l’œuvre d’un français, en 1921. Elle repose sur la présence et la forme des empattements et est exposée dans l’ouvrage La Lettre d’imprimerie. Les quatre familles qui la composent (auxquelles il faut ajouter les « écritures ») sont encore fréquemment utilisées aujourd’hui pour classer les caractères de manière simple. Ces quatre familles (plus les écritures) sont les suivantes :

  • l’Elzévir aux empattements triangulaires (« gothique ») ;
  • le Didot aux empattements filiformes ;
  • l’Égyptienne aux empattements carrés (les égyptiennes modernes ont plusieurs graisses) ;
  • l’Antique ou Bâton sans pleins, sans déliés, sans empattements, très sobre (convient à tous les types de travaux) ;
  • les caractères Écriture dans lesquels se classe la textura.

Classification Vox-Atypi

La « classification nouvelle des caractères d’imprimerie » proposée par Maximilien Vox en 1952 se fonde elle sur une organisation chronologique. Outre des traits de caractères en commun (contraste des pleins et déliés, axe d’inclinaison, empattements) la date d’apparition du prototype de chaque famille est prise en compte. Vox distingue ainsi neuf familles.
Cette classification est adoptée en 1962 par l’Association typographique internationale (ATypI) qui l’étend de deux nouvelles familles ce qui lui donne un certain caractère officiel et universel.
Ces dix familles et une onzième dans laquelle se rangent les caractères grecs, arabes… sont les suivantes :

  • Humane : type gras et trapu. Origine : écriture humaniste du début de la renaissance.(vieux romain, etc.)
  • Garalde : nom composé de « Garamond » et de « Alde ». Origine : famille Elzévir (vendôme, garamond, etc.)
  • Réale : réuni des caractères Elzévir et Didot (times, baskerville, etc.)
  • Didone : origine : Didot. (bodoni, didot, etc.)
  • Mécane : origine : Égyptienne. Marque l’époque du machiniste. (égyptienne, italienne, rockwell, etc.)
  • Linéale : caractère bâton « antique ». (univers, simplex, Europe, caravelle, gill, helvetica, etc.)
  • Incise : caractère bâton dont les terminales s’élargissent. Servent aux inscriptions monumentales de l’Antiquité. (latine, etc.)
  • Scripts : caractère écritureaux ligatures continues. (mistral, choc, diane, banville, étoile, rondo, etc.)
  • Manuaire : caractère dans lequel on ressent l’influence de la main, mais dont les lettres ne sont pas liées entre elles. (banco)
  • Fraktura : caractère spécifiquement allemand connu sous le nom de « gothique » (médicis, fractura, etc.)

C’est également le référentiel de l’AFNOR et de la norme DIN (quoique les termes utilisés soient différents).

Classification chronologique

Classification Novarese

Le dessinateur de caractères italien Aldo Novarese propose en 1956 une classification en dix familles suivant le même principe que Thibaudeau.

Alessandrini-Codex 1980

W3C

Article détaillé : Famille de polices (CSS).

Le World Wide Web Consortium, organisme de normalisation des technologies du Web, a défini pour sa norme de présentation CSS cinq familles de polices génériques[1] :

  • serif : des familles de police à empattement
  • sans-serif : des familles de polices sans empattement
  • cursive : des familles de polices simulant l’écriture à la main
  • fantasy : des familles de polices dont les glyphes sont exotiques et plus décoratives qu’utilisables pour du long texte. Peuvent convenir pour des titres
  • monospace : des familles de polices à chasse fixe, comme sur des machines à écrire ou des terminaux d’ordinateur. Informellement traduit en monochasse, elles fonctionnent sur le principe du stoïchédon.

Cette classification a ceci de particulier qu’elle ne sert pas à classifier tous les caractères existants, juste à donner des guides d’affichage — d’où leur appellation de « familles de polices génériques ». On notera aussi que les noms sont en anglais. L’adverbe sans est un gallicisme relativement fréquent dans la langue anglaise.

Les polices en informatique

En informatique, il a existé plusieurs formats de fontes ; les bitmaps (à taille fixe), et deux types de vectorielles : les polices type Hershey, que l’on se contentait de mettre à l’échelle sans correction particulière propre à leur taille et les polices plus récentes à correction d’échelle. Les deux pouvaient être agrandies, orientées ou étirées sans perte de qualité, mais la « qualité » des Hershey les a fait plutôt réserver aux traceurs de courbes et affichages grossiers sur écran.

Les police matricielles

On trouvera dans Police matricielle une description technique de ces polices.

Les polices pour affichage à l'écran

Les polices prévues pour l'affichage à l'écran dans une définition donnée donnent toujours un résultat meilleur que des polices vectorielles.

Les polices d’imprimantes

Pendant des années, les logiciels PC usuels ne pouvaient exploiter une police de caractères que si celle-ci se trouvait codée dans l’imprimante. De plus, chaque police n’était définie que dans quelques tailles ou corps bien précis. Par exemple, on disposait du « Courrier 10 et 12 » et du « Times 8, 9, 10, 11, 12, 18 ».

Avec ce système, chaque lettre de chaque police dans chaque taille était représentée par un ensemble de points plus ou moins important selon la résolution de l’imprimante. Ce système avait néanmoins l'avantage d'imprimer uniquement des glyphes tels qu'ils avaient été conçus.

Les utilisateurs de TeX à travers le système METAFONT disposaient alors des avantages des polices vectorielles et des polices d'imprimantes. En effet, METAFONT converti un format vectoriel en un format matriciel parfaitement adapté à l'imprimante utilisé. Actuellement, les utilisateurs de TeX utilisent des formats de sortie vectoriels (généralement Portable Document Format).

Les polices vectorielles

Les polices vectorielles à correction d’échelle comportent plusieurs technologies différents dont les Fontes SVG décrites dans un article dédié. Les fontes SVG, permettent les assemblages de caractères ainsi que la transparence et le remplissage par motifs ou dégradés de couleurs. Les utilisateurs utilisent souvent les fontes vectorielles dans des tailles pour lesquelles elles n'ont pas été prévues. Même si une fonte vectorielle peut être redimensionnée à volonté, les versions prévues pour de petites tailles d'impression ou d'affichage sont moins élancées pour être plus lisibles. Les versions prévues pour des grandes tailles sont plus élancées.

Les polices PostScript

Avec l’adoption du langage PostScript comme norme d’impression, l’utilisation des polices de caractères a pu évoluer, car les modèles d’imprimantes qui disposaient de la technologie PostScript pouvaient s’affranchir de la limitation de la taille des glyphes.

Les fontes PostScript permettent des ligatures de glyphes. Il existe deux types de police PostScript : celles de courbe de Bézier) décrivant la forme de chaque lettre plutôt que par des points. L’imprimante se charge de recalculer les points lors de la sortie en fonction de sa résolution ; ainsi on peut « rastériser »[2] (« flasher ») un document conçu pour une imprimante laser en 1 200 ppp.

Les polices dites de PDF. De plus, elles ne supportent pas en:Font hinting et ne sont pas pas belles à l'écran.

Les polices PostScript de dernière génération sont de format OpenType avec l'extension «.otf». Les polices PostScript reprennent les dessins des typographes professionnels et sont donc préférées dans les arts graphiques.

Les polices TrueType

Les polices TrueType de Apple, déclinées aussi en OpenType par Microsoft, sont équivalentes aux Adobe à une exception près : leur gestion est entièrement intégrée à Microsoft Windows (à partir des versions 3.0 et 3.1) grâce à un programme spécialisé appelé Adobe Type Manager (ATM). Au départ, elles utilisaient des courbes nommées « splines » et étaient impossibles à imprimer en impression professionnelle ; toutefois le Type 42 a rendu possible cette impression. Ce format est créé par le PostScript ou par Distiller (Adobe).

Elles ont connu un succès extraordinaire, en grande partie lié au succès de Microsoft Windows lui-même. Paradoxalement, pendant longtemps elles ne furent que peu employées sur l’Apple Macintosh car, le Mac étant surtout utilisé pour les arts graphiques, ceux-ci n’utilisaient pas ce genre de polices, lesquelles ne pouvaient pas à l’époque être gérées par les RIP (raster image processor).

Les polices TrueType de dernière génération sont de format OpenType avec l'extension «.ttf». Les polices TrueType peuvent être complétées par des instructions extrêmement puissantes. Les logiciels OpenOffice.org et LibreOffice supportent ces extensions depuis leur versions 3.3.

Aspects légaux dans les pays anglophones

Les réglementations américaines ne permettent pas de protéger par copyright le design des polices (typefaces), alors qu’elles permettent le dépôt de brevet d’un design novateur.

Les polices numériques ayant un design particulier deviennent souvent protégeables par copyright en tant que logiciel informatique. Les noms des polices de caractères peuvent devenir des marques déposées. La conséquence de ces protections légales est que certaines polices existent sous de multiples noms, et sous des implémentations différentes.

Certains éléments de moteurs logiciels utilisés pour afficher les polices sur des ordinateurs étaient associés à des brevets logiciels. En particulier, Apple avait déposé un brevet sur certains des algorithmes de hinting pour TrueType, obligeant les alternatives open-source telles que FreeType à utiliser des algorithmes différents. Ces brevets n'ont plus cours dans le monde depuis mai 2010. En conséquence, depuis la version 2.4, FreeType fait usage de ces techniques par défaut[3].

Notes et références

  1. (en) Generic font families, Cascading Style Sheets Level 2 Revision 1 (CSS 2.1) Specification.
  2. Terme technique à expliciter davantage par une définition d’un ouvrage spécialisé de référence (par exemple : un dictionnaire terminologique). L’apposition « flasher » apparaît également insuffisante comme explication à un lecteur non initié. Une suggestion : rapprocher de « raster » qui est lié à la représentation matricielle d’une image.
  3. The TrueType bytecode patents have expired!, sur freetype.org
  • Yves Perrousseaux, Manuel de typographie française élémentaire, atelier Perrousseaux, 1995 (ISBN 2-9112-2001-3) 

Annexes

Articles connexes


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