- Pierre Vaudès
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Pierre Valdo
Pierre Valdo (également Pierre Valdès ou Pierre Vaudès selon les sources) dit Pierre de Vaux (1140-1206) est un riche marchand de Lyon. Passant par une crise religieuse, à la suite de laquelle il fit traduire le Nouveau Testament en langue vulgaire, il vendit (plus probablement "donna") tous ses biens et devint prédicateur itinérant. D'autres en firent autant. Ce mouvement, appelé la fraternité des Pauvres de Lyon, est fondé vers 1173 ; il rencontra tout de suite de l'hostilité.En 1179, Valdo et un de ses disciples se rendirent à Rome. Ils furent bien accueillis par le pape Alexandre III, mais plus fraîchement par la Curie. Ils durent expliquer leur vision de la foi devant un collège de trois ecclésiastiques et notamment des points qui faisaient alors débat au sein de l'Église comme le sacerdoce universel, l'évangile en langue vulgaire, une plus grande pauvreté de l'Institution... Valdo et ses amis ne furent pas pris au sérieux, on les questionna sur des points précis de théologie où ils furent incapables de répondre. La rencontre n'aboutit donc à rien, et Valdo et ses disciples d'abord vus avec méfiance furent condamnés au concile Latran III de cette même année mais non encore excommuniés.
Persécutés, chassés de Lyon, Valdo et ses disciples s'installèrent dans les hautes vallées du Piémont, puis, en France, dans le Luberon : l'Église vaudoise est née. Excommuniés par le Concile de Vérone en 1184, sa doctrine fut condamnée par le Concile de Latran en 1215.
Lacordaire résume ainsi les raisons de cette condamnation : « Il crut impossible de sauver l'Église par l'Église. Il déclara que la véritable épouse de Jésus-Christ avait défailli sous Constantin, en acceptant le poison des possessions temporelles; que l'Église romaine était la grande prostituée décrite dans l'Apocalypse, la mère et la maîtresse de toutes les erreurs; que les prélats étaient des Scribes, et les religieux des Pharisiens; que le pontife romain et tous les évêques étaient des homicides; que le clergé ne devait avoir ni dîme ni terres; que c'était un péché de doter les églises et les couvents, et que tous les clercs devaient gagner leur vie du travail de leurs mains, à l'exemple des apôtres; enfin que lui, Pierre Valdo, venait rétablir sur ses fondements primitifs la vraie société des enfants de Dieu. »
C'est sous son impulsion, payant de sa poche la traduction de plusieurs livres de la Bible en provençal vers 1180, que naîtra un engouement populaire pour la lecture et la propagation de la Bible en langue vernaculaire.
Il serait intéressant d'établir un parallèle entre Pierre Valdo et son contemporain François d'Assise : tous deux ont renoncé à la fortune pour Jésus-Christ. Tous deux ont lancé des prédicateurs sur les routes. Pierre Valdo n'était pas contre l'Église [réf. nécessaire] mais voulait une église plus pure, plus simple. Le fait qu'il soit un laïc et ignorant dans le domaine de la théologie le décrédibilisa auprès du clergé. Toutefois, à la différence de François, Valdo niait la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie.
Il serait intéressant de signaler l’existence encore à présent en Italie (avec une diaspora en Amérique Latine) d’une Chiesa Valdese, dont Pierre Valdo serait l’inspirateur. Les Vaudois piémontais réfugiés dans les villages abrités des pentes alpines orientales avaient maintenu les principes des Pauvres de Lyon.
Mis en contact au début du XVIe siècle avec la Réforme genevoise de Jean Calvin et Guillaume Farel, ils s'y rallièrent lors du synode de Chanforan en 1532. Les Vaudois deviennent protestants et leur francophonie les pousse à financer la première traduction de la Bible en français à partir de l'hébreu et du grec : c'est la Bible dite d'Olivétan (1535), étape importante dans la promotion de la langue française.
Le protestantisme vaudois connaîtra une existence difficile, faites de persécutions souvent parallèles à celles subies par leurs coreligionnaires de France. Ce n'est qu'en 1848 (le 17 février) que leur liberté religieuse fut reconnue par la monarchie piémontaise. La Chiesa Valdese se revendique d’une conception non hiérarchique et démocratique de l’Église, considérée comme l’assemblée des croyants.
Voir aussi
Article détaillé : Guyart des Moulins.Article détaillé : La Bible au Moyen Âge.Article détaillé : Bible historiale.Bibliographie
- Les Vaudois du Luberon par Bernard Appy. Editions Ampelos.
- "L'hérésie des pauvres, Vie et rayonnement de Pierre Valdo" par Bernard Félix, 224 pages • Labor&Fides • ISBN 2-8309-1045-1 • 27 € • FS 38 • mai 2002.
- Les Vaudois du Dauphiné par Eugène Arnaud. Editions Ampelos.
- "Vie de saint Dominique" par Henri-Dominique Lacordaire, 339 pages • Cerf • ISBN 978-2-204-08484-0 • 24 € • 2007.
Lien externe
- Pierre Valdo par Jean Jalla. 1934. Ouvrage en ligne.
- Pierre Valdo et l'épopée Vaudoise par Jeanne Decorvet 1935. Ouvrage (partiellement) en ligne.
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