Vaudès

Vaudès
Statue de Vaudès sur le Mémorial Luther de Worms.

P.(?) Vaudès (ca. 1130 – ca. 1217), généralement connu sous le nom de Pierre Valdo ou Valdès est un marchand de Lyon qui, à la suite d'une crise religieuse, donne tous ses biens pour suivre l'idéal de pauvreté apostolique et fonde un mouvement connu sous le nom de fraternité des Pauvres de Lyon. Il finit par être excommunié et son mouvement interdit.

Sommaire

Son nom

Son nom tel qu'il existait alors en francoprovençal n'est pas clairement connu. Nous n'en n'avons qu'une traduction latine. Il ne peut donc s'agir que d'une reconstitution. "Valdo" est une forme italienne et nulle part attestée. En 1980 G. Gonnet propose "Vaudès" et exclut l'hypothèse "Valdo[1]". C. Thouzellier est du même avis, car Vaudès lui semble plus conforme à la réalité du francoprovençal d'alors[2]. Enfin, pour Gabriel Audisio, la proposition "Vaudès" est préférée à "Valdès" car la première évoque plus le Midi à une époque où on ne parlait pas encore le français à Lyon[3]. Le prénom Pierre qu'on lui attribue parfois remonte quant à lui au XIVe siècle, soit 150 après la mort du Vaudès. Il s'agit probablement d'une construction a posteriori en référence à l'apôtre homonyme[4]. Par souci de précision, il est préférable d'appeler ce personnage "Vaudès", sans son prénom.

Biographie

En 1179, Vaudès et un de ses disciples se rendirent à Rome. Ils furent bien accueillis par le pape Alexandre III, mais plus fraîchement par la Curie. Ils durent expliquer leur vision de la foi devant un collège de trois ecclésiastiques et notamment des points qui faisaient alors débat au sein de l'Église comme le sacerdoce universel, l'évangile en langue vulgaire, une plus grande pauvreté de l'Institution... Vaudès et ses amis ne furent pas pris au sérieux, un "comité" auquel participait Walter Map, représentant du roi d'Angleterre Henri II, les questionna sur des points précis de théologie où ils furent incapables de répondre[5]. La rencontre n'aboutit donc à rien, et Vaudès et ses disciples d'abord vus avec méfiance furent condamnés au concile Latran III de cette même année mais non encore excommuniés.

Tout d'abord protégés par Guichard de Pontivy, archevêque de Lyon sensible aux thèses réformatrices du mouvement, ils furent chassés de la ville par son successeur Jean Belles-mains, élu par un chapitre cathédral hostile[a 1]. Persécutés, Vaudès et ses disciples s'installèrent dans les hautes vallées du Piémont, puis, en France, dans le Luberon : l'Église vaudoise est née. Excommuniés par le Concile de Vérone en 1184, sa doctrine fut condamnée par le Concile de Latran en 1215.

Lacordaire résume ainsi les raisons de cette condamnation : « Il crut impossible de sauver l'Église par l'Église. Il déclara que la véritable épouse de Jésus-Christ avait défailli sous Constantin, en acceptant le poison des possessions temporelles ; que l'Église romaine était la grande prostituée décrite dans l'Apocalypse, la mère et la maîtresse de toutes les erreurs ; que les prélats étaient des Scribes, et les religieux des Pharisiens ; que le pontife romain et tous les évêques étaient des homicides ; que le clergé ne devait avoir ni dîme ni terres ; que c'était un péché de doter les églises et les couvents, et que tous les clercs devaient gagner leur vie du travail de leurs mains, à l'exemple des apôtres ; enfin que lui, Vaudès, venait rétablir sur ses fondements primitifs la vraie société des enfants de Dieu. »

C'est sous son impulsion, payant de sa poche la traduction de plusieurs livres de la Bible en provençal vers 1180, que naîtra un engouement populaire pour la lecture et la propagation de la Bible en langue vernaculaire.

Il serait intéressant d'établir un parallèle entre Vaudès et son contemporain François d'Assise : tous deux ont renoncé à la fortune pour Jésus-Christ. Tous deux ont lancé des prédicateurs sur les routes. Vaudès n'était pas contre l'Église[6] mais voulait une église plus pure, plus simple. Le fait qu'il soit un laïc et ignorant dans le domaine de la théologie le discrédita auprès du clergé. Toutefois, à la différence de François, Vaudès niait la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie.

Le mouvement vaudois

Il serait intéressant de signaler l’existence encore à présent en Italie (avec une diaspora en Amérique Latine) d’une Chiesa Valdese, dont Vaudès serait l’inspirateur. Les vaudois piémontais réfugiés dans les villages abrités des pentes alpines orientales avaient maintenu les principes des Pauvres de Lyon.

Mis en contact au début du XVIe siècle avec la Réforme genevoise de Jean Calvin et Guillaume Farel, ils s'y rallièrent lors du synode de Chanforan en 1532. Les vaudois deviennent protestants et leur francophonie les pousse à financer la première traduction de la Bible en français à partir de l'hébreu et du grec : c'est la Bible dite d'Olivétan (1535), étape importante dans la promotion de la langue française.

Le protestantisme vaudois connaîtra une existence difficile, faite de persécutions souvent parallèles à celles subies par leurs coreligionnaires de France. Ce n'est qu'en 1848 (le 17 février) que leur liberté religieuse fut reconnue par la monarchie piémontaise. La Chiesa Valdese se revendique d’une conception non hiérarchique et démocratique de l’Église, considérée comme l’assemblée des croyants.

Voir aussi

Église évangélique vaudoise

Article détaillé : Guyart des Moulins.
Article détaillé : La Bible au Moyen Âge.
Article détaillé : Bible historiale.

Bibliographie

  • Père Antoine Dondaine, Aux origines du valdéisme, Une profession de foi de Valdès, in «Archivum Fratrum Praedicatorum», 16, Roma, 1946
  • Jean Gonnet et Amedeo Molna, Les Vaudois au moyen-âge, Éditions Claudiana, Turin, 1974
  • Jean Jalla, Pierre Valdo, Éditions "Je sers", Paris et Labor et Fides, Genève, 1934
  • Amedeo Molnar, Storia dei Valdesi, Tome 1 : Dalle origini all'adesione alla Riforma, Éditions Claudiana, Turin, 1989
  • Giorgio Tourn, Les Vaudois, L'étonnante aventure d'un peuple-église, Éditions Claudiana, Turin, 1999, ISBN 88-7016-322-9
  • André Pelletier, Jacques Rossiaud, Françoise Bayard et Pierre Cayez, Histoire de Lyon : des origines à nos jours, Lyon, Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2007, 955 p. (ISBN 978 2.84147 190 4) [présentation en ligne] 
  1. page 189

Notes et références

  1. Gonnet G., Pierre Valdo ou Vaudès de Lyon ? Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, t. CXXXV, 1980, P 247-150.
  2. Thouzellier C., Considérations sur les origines du valdéisme. I Valdesi e l'Europa. Torre Pellice, 1982, p3-25.
  3. Gabriel Audisio, Les Vaudois : Naissance, vie et mort d'une dissidence XIIe – XVIe siècles, Éditions Albert Meynier, Turin, 1989, P9-10.
  4. Gabriel Audisio, Les Vaudois : Naissance, vie et mort d'une dissidence XIIe – XVIe siècles, Éditions Albert Meynier, Turin, 1989, P9.
  5. Walter Map - De nugis curialium (Anecdotes de courtiers).
  6. Annick Sibué, Luther et la réforme protestante, Eyrolles, 2011, coll. « Eyrolles Pratique », p. 12

Lien externe


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