Pierre-Claude Nivelle de La Chaussee

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Pierre-Claude Nivelle de La Chaussée

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Nivelle de La Chaussée
Nivelle de la Chaussée.jpg
Activité(s) Auteur dramatique
Naissance 14 février 1692
Paris
Décès 14 mars 1754
Paris
Genre(s) Comédie larmoyante

Pierre-Claude Nivelle de La Chaussée, né le 14 février 1692 à Paris où il est mort le 14 mars 1754 est un auteur dramatique français.

La Chaussée avait près de quarante ans lorsqu’il débuta dans les lettres par un petit poème, une Épître de Clio publiée en 1731 (Paris, in-12) dans laquelle il prenait le parti de Jean-François Leriget de la Faye dans sa controverse avec Antoine Houdar de la Motte, qui soutenait que les vers n’étaient pas indispensables à la tragédie.

Deux ans plus tard, à quarante ans passés, il fit jouer sa première pièce, la Fausse Antipathie, en trois actes, en vers, représentée le 12 octobre 1733 et qui annonçait le drame, tout en conservant encore les règles canoniques de la comédie classique, en vers et respectant strictement la règle des trois unités. C’était le premier essai d’un genre nouveau, qu’on appela d’abord le comique larmoyant ou la comédie mixte, et qui n’était autre chose que le drame, mais bien modeste encore, conservant avec soin les règles classiques des trois unités et la forme du vers. Le public prit simplement la Fausse Antipathie pour une comédie dépourvue de comique et La Chaussée lui-même n’avait peut-être fait qu’entrevoir le genre qu’il allait développer avec succès, surtout dans les cinq pièces suivantes, toutes en cinq actes, en vers données comme des comédies sans comique, où le but était d’intéresser par le spectacle des infortunes domestiques : Le Préjugé à la mode (3 février 1735), tourne en ridicule l’idée reçue selon laquelle un homme de naissance ne peut manifester de l’amour pour sa femme ; L’École des amis (26 février 1737), où le personnage principal, affligé de malheurs imaginaires, est placé entre trois amis dont un seul mérite ce nom. Mélanide (12 mai 1741), constitue le modèle du genre de la « comédie larmoyante » : l’héroïne est séparée de l’époux de son choix par un arrêt du Parlement ; elle le retrouve longtemps après sur le point d’épouser la fille d’un ami, dont il dispute la main à son propre fils. Geoffroy l’appelait « Mélanide la dolente » parce qu’elle était constamment en larmes. L’École des mères (24 avril 1744) met en relief le danger de la prédilection aveugle des parents pour l’un de leurs enfants ; cette pièce avait la préférence de La Harpe « parce qu’elle réunit à l’intérêt du drame des caractères, des mœurs et des situations de comédie ». La Gouvernante (18 janvier 1747), enfin, prend pour base un fait réel arrivé à M. de La Faluère, premier président du parlement de Bretagne : trompé par un secrétaire qui avait soustrait une pièce décisive, il fit rendre un arrêt injuste et ruina la personne qui perdait son procès ; instruit de son erreur, le magistrat remboursa sur sa propre fortune la somme perdue ; dans la pièce, le président, après avoir cherché la victime de son erreur, la retrouve dans une femme de qualité qui a changé de nom et qui est employée chez lui comme gouvernante.

Tirant ses principaux effets de la triste situation de personnages qui ne sont pas au-dessus de l’ordre commun, La Chaussée leur prêtait dans tous les moments où l’action n’est pas très vive, un entretien sérieux dont la langueur va facilement à l’insipidité, et comme il avait en vue l’instruction morale plus directement que dans la comédie véritable, les préceptes et les sentences sont multipliées au point que quelques scènes ne sont que des traités de morale dialogués. Avec ses tendances et ses défauts, La Chaussée prêtait à la fois aux attaques des envieux, des amis du sel comique et de ceux qui voyaient dans ses œuvres une sorte de profanation contre la comédie et en même temps contre la tragédie.

Collé donna à l’auteur de Mélanide le surnom de « Cotin dramatique ». Piron plaisanta les « homélies du révérend père La Chaussée » et prodigua contre lui plusieurs épigrammes fameuses, dont celle-ci :

Connaissez-vous, sur l’Hélicon,
L’une et l’autre Thalie ?
L’une est chaussée et l’autre non,
Mais c’est la plus jolie.
L’une a le rire de Venus,
L’autre est froide et pincée :
Salut à la belle aux pieds nus,
Nargue de la chaussée.

Le « révérend père La Chaussée » n’allait cependant pas jusqu’à appliquer les stricts principes moraux qu’il mettait en scène dans ses pièces à sa vie privée : il fréquentait des cercles libertins et a également laissé plusieurs œuvres grivoises. De même, lorsqu’il fut reçu à l’Académie française en 1736, il s’opposa constamment à l’admission d’Alexis Piron, ainsi qu’à celle de Jean-Pierre de Bougainville, qui finit par lui succéder.

On a de lui, outre les pièces déjà citées : Maximien, tragédie, jouée en 1738 ; Amour pour amour, comédie en trois actes, jouée en 1742 ; Pamela, comédie en cinq actes, jouée en 1743 ; le Rival de lui-même, comédie en un acte, jouée en 1746 ; l’Amour castillan, comédie en trois actes, jouée au Théâtre-Italien en 1747 ; l’École de la Jeunesse, comédie en cinq actes, jouée en 1749 ; le Retour imprévu, comédie en trois actes, jouée au Théâtre-Italien en 1756 et les pièces suivantes non représentées, du moins sur un théâtre de Paris : Élise, comédie en un acte ; le Vieillard amoureuse, comédie en trois actes ; l’Homme de fortune, comédie en cinq actes ; les Corinthiens, comédie en trois actes ; la Princesse de Sillon, tragicomédie en trois actes.

On a encore La Chaussée même quelques œuvres grivoises : le Rapatriage, comi-parade en un acte et les Contes en vers. Sablier a publié les (Œuvres complètes de La Chaussée (Paris, 1762, 5 vol. in-12). On a ses Œuvres choisies (Ibid., 1813, 2 vol. in-18 ; 1825, in-18).

Postérité littéraire

La Chaussée a pavé la voie, avec sa comédie larmoyante qui ne visait plus le comique mais les larmes, au drame bourgeois. Brisant la séparation rigoureuse alors en vigueur entre la tragédie et la comédie, cette innovation s’inscrivait dans le fil des pièces de Marivaux et allait conduire tout naturellement au drame bourgeois de Diderot et de Sedaine.

Cette innovation conquit le public mais suscita de vives oppositions dans le monde des lettres. Voltaire, qui ne négligea pourtant pas le genre de la comédie larmoyante avec l’Enfant prodigue, affirma qu’il démontrait l’incapacité de l’auteur à produire soit des comédies, soit des tragédies, et écrivit dans le Pauvre Diable :

Souvent je bâille au tragique bourgeois,
Aux vains efforts d’un auteur amphibie,
Qui défigure et qui brave à la fois,
Dans son jargon, Melpomène et Thalie.

Au-delà de leur intérêt pour l’histoire de la littérature, les pièces de La Chaussée sont aujourd’hui difficiles à lire et le seraient plus encore à représenter. Les personnages y sont très nombreux et insuffisamment caractérisés. La morale y est omniprésente et s’épanche en longues et ennuyeuses tirades. Le style, facile, parfois bien trouvé, est le plus souvent relâché et négligé.

Œuvres

  • Épître de Clio à M. de B*** au sujet des opinions répandues depuis peu contre la poésie, 1731
  • La Fausse Antipathie, comédie en 3 actes, en vers, 12 octobre 1733
  • Le Préjugé à la mode, comédie en 5 actes, en vers, 3 février 1735
  • L’École des amis, comédie en 5 actes, en vers, 26 février 1737
  • Maximien, tragédie, Paris, Comédie-Française, 28 février 1738
  • Mélanide, comédie en 5 actes, en vers, Paris, Comédie-Française, 12 mai 1741
  • Amour pour amour, comédie en 3 actes, en vers, avec un prologue, Paris, Comédie-Française, janvier 1742
  • Paméla, comédie en 5 actes, 1743
  • L’École des mères, comédie en 5 actes, en vers, 27 avril 1744
  • Le Rival de lui-même, comédie nouvelle en 1 acte, en vers, précédée d’un prologue, avec des divertissements, Paris, Comédie-Française, 20 avril 1746
  • La Gouvernante, Paris, Comédie-Française, 18 janvier 1747
  • L’Amour castillan, comédie en 3 actes, en vers, avec un divertissement, Paris, Théâtre-Italien, 11 avril 1747
  • L’École de la jeunesse, comédie en 5 actes, 1749
  • Le Retour imprévu, comédie en 3 actes, Paris, Théâtre-Italien, 1756
  • Le Vieillard amoureux, comédie en 3 actes
  • L’Homme de fortune, comédie en 5 actes
  • Les Tyrinthiens, comédie en 3 actes
  • La Princesse de Sidon, tragicomédie en 3 actes
  • Le Rapatriage, comi-parade en 1 acte
  • Contes en vers

Sources

  • Gustave Lanson, Nivelle de La Chaussée et la comédie larmoyante, 1887.

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