- Phénomène de Runge
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Dans le domaine mathématique de l'analyse numérique, le phénomène de Runge se manifeste dans le contexte de l'interpolation polynomiale, en particulier l'interpolation de Lagrange. Avec certaines fonctions (même infiniment dérivables), l'augmentation du nombre n de points d'interpolation ne constitue pas nécessairement une bonne stratégie d'approximation.
En étudiant cette question, le mathématicien Carle David Tolmé Runge découvrit un résultat contraire à l'intuition : il existe des configurations où l'écart maximal entre la fonction et son interpolation augmente indéfiniment avec n.
Sommaire
Exemple où le phénomène de Runge se produit
Considérons la fonction suivante :
On considère (n + 1) points équirépartis dans le segment [ − 1,1]:
Enfin, on considère le polynôme interpolateur de f aux points (xi), c'est-à-dire l'unique polynôme P de degré inférieur ou égal à n tel que P(xi) = f(xi) pour tout i. On note Pn ce polynôme.
Runge a montré que l'erreur d'interpolation entre Pn et f tend vers l'infini lorsque n augmente. Autrement dit, plus on fixe de points où le polynôme a la même valeur que f, moins bien on approche la fonction. Formellement :En fait, lorsqu'on augmente le nombre de points, on constate que le polynôme se met à osciller fortement entre les points xi avec une amplitude de plus en plus grande, comme l'illustre la figure.
Explication
Par applications répétées du théorème de Rolle, on peut montrer que pour le cas d'une interpolation avec (n + 1) points équirépartis, il existe un point tel que
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Dans l'exemple choisi, les valeurs des dérivées successives de la fonction augmentent avec le nombre de points, ainsi les oscillations entre chaque point d'interpolation s'amplifient.
Solutions au problème posé par le phénomène de Runge
Le phénomène de Runge met en lumière le fait que l'interpolation polynomiale n'est pas toujours bien adaptée à l'approximation de fonctions.
Choix des points
On peut minimiser l'oscillation des polynômes interpolateurs en utilisant les abscisses de Tchebychev au lieu de points équirépartis pour interpoler. Dans ce cas, on peut montrer que l'erreur d'interpolation (c'est-à-dire ) décroît lorsque n augmente.
Segmentation
Pour approcher une fonction avec des polynômes, on peut préférer utiliser des splines par exemple (ce sont des polynômes par morceaux). Dans ce cas, pour améliorer l'approximation, on augmente le nombre de morceaux et non le degré des polynômes.
Minimisation sous contraintes
Il est possible d'obtenir de bons résultats en cherchant un polynôme de degré supérieur (par exemple 2 n), mais en formulant le problème en termes d'optimisation sous contrainte (afin de résorber les degrés de liberté excédentaires). Parmi tous les polynômes croisant la fonction aux points d'interpolation, on recherche celui qui minimise
- l'intégrale du carré de sa dérivée première (pénalisation des « pentes raides »).
- l'intégrale du carré de sa dérivée seconde (pénalisation des faibles rayons de courbure, polynôme « tendu »).
- une combinaison des deux termes précédents.
Il s'agit de minimiser une forme quadratique sous contraintes linéaires, ce qui revient finalement à résoudre un système d'équations linéaires[réf. nécessaire].
Voir aussi
On pourra comparer le phénomène de Runge au phénomène de Gibbs qui se produit lorsqu'on interpole des fonctions par des polynômes trigonométriques.
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