Parti franciste

Parti franciste

Le Francisme, ou Parti franciste ou Mouvement franciste (1933-1944), était un parti politique fasciste français dirigé par Marcel Bucard. Sous l'occupation nazie, le Francisme sera l'un des principaux partis collaborationnistes, derrière le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot et le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat.

Sommaire

Le Francisme, ligue fasciste (1933-1936)

La création : une scission de la MSN (1933)

Le Francisme est créé en août-septembre 1933 par Marcel Bucard (1895-1946), ancien séminariste et héros de guerre, qui était déjà passé par un bon nombre de mouvements d'extrême droite et fascistes (Action française, Faisceau, Solidarité française, Croix de feu, puis la Milice socialiste nationale et le journal La Victoire du chantre du « socialisme national », Gustave Hervé. C'est d'ailleurs dans La Victoire de Gustave Hervé, que le 20 août 1933, Marcel Bucard annonce la future naissance du Parti franciste.

La création officielle a lieu le 29 septembre 1933, à 23 heures, lors d'une cérémonie organisée à l' Arc-de-Triomphe de Paris. Marcel Bucard déclare alors vouloir : « (..) fonder un mouvement d'action révolutionnaire dont le but est de conquérir le pouvoir » et d'« arrêter la course à l'abîme »[1].

Le Francisme est créé par scission de l’équipe de Gustave Hervé. Les premiers dirigeants du Francisme sont, en septembre 1933 : Marcel Bucard, Jean-Baptiste Lhérault (venu de l’équipe de Gustave Hervé), Paul Lafitte (venu de l’équipe de Gustave Hervé), Louis Crevau (Les Petites affiches), Paul Germaix, Sussfeld, Claude Planson, André Truchard, Maurice Larroux, Gaillout et quelques autres. Aussi Léon Husson ancien chef de cabinet du ministre modéré André Maginot (source : Lambert et Le Marec).

Le Francisme se veut tout de suite membre français d’une internationale fasciste. « Notre Francisme est à la France ce que le Fascisme est à l’Italie. » écrit Bucard (20 août 1933 dans La Victoire, cité par Lambert et Le Marec).

Développements

En 1934-1935, le Francisme est rallié par des hommes d'origines politiques diverses de droite comme de gauche, notamment plusieurs responsables départementaux et de rayons du Parti communiste (tels Tavernier et ses camarades en Champagne). Pour obtenir ces ralliements, le Francisme soutient certaines grèves (telle celle du textile à Roanne en novembre 1934) (source : Lambert et Le Marec). En 1935, il est rejoint par Jean Pérault (ancien secrétaire général de la Fédération des Jeunesses communistes au VIIe Congrès de la JC et ancien membre du comité central du PC) (source : Lambert et Le Marec). En 1935, le Parti populaire socialiste national (PPSN) d’André Chaumet rejoint le Francisme (source : Lambert et Le Marec).

Si un historien affirme que le Francisme « avait puisé dans la gauche et ses éléments et son esprit » (Eugen Weber, cité dans Robert Soucy, « Fascisme français ? », 2004, introduction page 24), il n’en reste pas moins que, peut-être en raison de la personnalité de Bucard, le Francisme gardera l’image d’un fascisme français clérical, catholique et réactionnaire. Ils déclarent à cette époque : « Notre philosophie s'oppose sur l'essentiel à celle de nos aînés. Nos pères ont voulu la liberté, nous réclamons l'ordre. Ils ont professé l'égalité, nous affirmons la hiérarchie des valeurs... ». Le Francisme va également recevoir le ralliement des membres de la ligue d'extrême-droite de la Solidarité française après la mort du président de cette dernière, François Coty. Le mouvement devient de plus en plus antisémite à partir de 1936.

Les francistes, que l'on nomme aussi les « Chemises bleues », portent l’uniforme et saluent à la romaine, comme la Solidarité Française. Le francisme est doté d'un service d’ordre secret, La Main Bleue (dès 1933).

Malgré les ralliements et le soutien financier de l’Italie fasciste en 1934-1936, le Francisme ne décollera pas : les historiens ne lui accordent que 5 500 membres en 1934, tandis que le journal du parti, Le Franciste, ne tire qu’à 15 000 exemplaires en 1935 (Alain Déniel cité par Robert Soucy).

Dans le cadre de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées destinée à « prendre des mesures exceptionnelles de défense républicaine en raison de la prolifération des ligues et de l'agitation qu'elles entretenaient dans la rue », le Francisme est dissous par le Décret du 18 juin 1936, en même temps que d'autres ligues d'extrême-droite.

La continuation après la dissolution (1936-1939)

Cependant, de 1936 à 1939, le Francisme se poursuit sous diverses appellations :

  • d'abord l’association des Amis du Francisme (1936-1937),
  • puis le Parti unitaire français d’action socialiste et nationale (Pufasn) (1938). Organisé sur un modèle paramilitaire fasciste, fascisme dont il était par ailleurs le seul mouvement politique français d'extrême-droite d'avant-guerre à se réclamer officiellement, il devait regrouper des militants activistes, peu nombreux mais très motivés et prêts à participer à des coups de main contre le régime. Au total, il ne dût guère rassembler plus de 8.000 adhérents avant 1939 pour atteindre un total de 12 à 13.000 après 1940.

Le Francisme, parti collaborationniste (1940-1944)

Durant l' Occupation, le Parti Franciste sera l'un des principaux partis collaborationnistes derrière le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot et le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat.

Le 5 mai 1941, Marcel Bucard et Paul Guiraud (agrégé de philosophie, fils de Jean Guiraud, rédacteur en chef de La Croix) relancent le Francisme. Paul Guiraud tente de donner au Francisme un allure plus « socialiste ». De même, Bucard défend sous l’occupation la CGT (dissoute) et critique la Charte du travail élaborée par le régime de Vichy, jugée pas assez sociale (Lambert et Le Marec). Rien n’y fait cependant et, de nouveau, le Francisme conservera son image ultra-conservatrice (Pascal Ory, les Collaborateurs).

Le Francisme sera, comme les autres mouvements de la collaboration, un échec. À son apogée (été 1943), il compte 5 500 membres (4 000 en province 1 500 en région parisienne) (selon Lambert-Le Marec) ou vers 8 000 (selon une autre source). Le journal « Le Franciste » atteint un tirage maximum pendant la guerre de 20 000 exemplaires, ce qui donne une idée de son audience maximale.

Sur le plan qualitatif, le Francisme est également un échec : « Le mouvement ne réussira pas à s’imposer. Le recrutement se fait de plus en plus au-delà de la très petite bourgeoisie qui l’emportait jusqu’alors, dans les milieux marginaux, chômeurs déclassés, travailleurs immigrés. » (Pascal Ory, les Collaborateurs).

En 1943, le Francisme participe à l‘éphémère Front révolutionnaire national, dominé par le RNP. Comme les autres partis collaborateurs, le Francisme s’implique fortement dans la collaboration militaire avec l’Allemagne (création des Équipes spéciales pour lutter contre la Résistance) même s’il voit la Milice de Vichy, concurrente, d’un mauvais œil. Nombreux furent ses membres qui participèrent à des opérations de police et de répression antisémite et anticommuniste. Particulièrement bien implantées dans les départements de Seine-et-Oise, Morbihan et Nord, ses sections locales furent impliquées dans de nombreux incidents d'une rare violence.

A la suite d’un quiproquo, Bucard, qui tue deux policiers en juillet 1944, est emprisonné à la prison de la Santé et manque d’être fusillé. Libéré le 29 juillet, il a juste le temps, devant l’avancée des Alliés, de fuir en Allemagne le 12 août avec les autres Francistes. Bucard est jugé, condamné à mort et fusillé en 1946.

Principaux membres du Francisme

Dirigeants du Francisme sous l’occupation (selon Lambert et Le Marec) :

  • Chef : Marcel Bucard.
  • n°2 et Action politique : Paul Guiraud (agrégé de philosophie).
  • Organisation : F. Blanchard
  • Propagande : Maurice Maurer (publicitaire, cofondateur du Parti français national-communiste en 1934, puis passe au Francisme sous l’occupation).
  • Action sociale : Godefroy Dupont.
  • Jeunesse : Claude Planson (cofondateur du Francisme en 1933). La Jeunesse franciste se renforce en juin 1942 d’un bon nombre de cadres des JFOM qui venaient d'ailleurs du Francisme. Puis Robert Poïmiroo (à la place de Claude Planson à partir d’octobre 1943).
  • Service d'ordre : docteur André Rainsart (ancien chef d'un minuscule Parti socialiste national indépendant dans les années 1930).

Notes et références

  1. Alain Deniel, Bucard et le Francisme, Éditions Jean Picollec, Paris, 1979, Modèle:P.6

Sources

Monographies

  • Deniel, Alain, Bucard et le Francisme, Éditions Jean Picollec, Paris, 1979.
  • Jacomet Arnaud, Marcel Bucard et le mouvement franciste (1933-1940), maîtrise d'histoire, Université de Paris X Nanterre, 1970 (Dir. René Rémond).
  • Jacomet Arnaud, Les chefs du Francisme: Marcel Bucard et Paul Guiraud, in Revue d’Histoire de la deuxième guerre mondiale, n°97, 1975.

Ouvrages généraux

  • Lambert, Pierre Philippe et Le Marec, Gérard, Partis et mouvements de la collaboration, Paris, Éditions Jacques Grancher, Paris, 1993.
  • Ory, Pascal, Les collaborateurs, Paris, 1980.
  • Soucy, Robert, « Fascismes français ? 1933-1939 : mouvements antidémocratiques, Paris, Autrement, 2004.

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