PAIGC

PAIGC

Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert

Le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (portugais Partido Africano para a Independência da Guiné e Cabo Verde, PAIGC) est un parti fondé, en 1956, par des militants indépendantistes, autour d'Amílcar Cabral, dans le but de réaliser l'indépendance du Cap-Vert et de la Guinée portugaise alors sous domination coloniale portugaise.

Naissance du mouvement et début de la guerre

Lopposition à la domination portugaise avait commencé dans les années 1950. Le PAIGC est fondé, en 1956 par Amílcar Cabral, Aristides Pereira (futur président de la République du Cap-Vert), Abilio Duarte (futur ministre et président de lAssemblée nationale du Cap-Vert), Luís Cabral, demi-frère d'Amílcar, Fernando Fortes et Elisée Turpin. C'est à l'origine un mouvement pacifique, dont la stratégie première est de demander aux Portugais de se retirer paisiblement de leurs colonies de Guinée et du Cap-Vert. Le Portugal ayant attaqué des militants indépendantistes en Guinée-Conakry ils avaient établi leur base, les militants du PAIGC décident d'entrer dans la lutte révolutionnaire armée. La PIDE, police politique portugaise réprime dans le sang des manifestations et des réseaux du PAIGC jusquen Guinée voisine, des camps dentraînement et des écoles formaient les cadres et les combattants de lindépendance, avec laccord du président guinéen Ahmed Sékou Touré

le PAIGC déclenche la guerre de libération nationale. Les attaques, dune redoutable efficacité, deviennent un piège pour les Portugais tant sur le plan humain que financier (au plus fort de la guerre le Portugal dépense plus de 50% de son budget pour mater la « rébellion ». Des Casamançais traversent la frontière pour soutenir les Bissau-guinéens. Le PAIGC soutenu par lURSS et Cuba contrôle deux tiers du pays et déclare lindépendance le 24 septembre 1973.

Les manœuvres portugaises

Le Portugal a indéniablement joué sur la vieille rivalité entre Capverdiens et Bissau-guinéens ou en dautres termes entre métis et noirs. Il a chargé le Général António Spínola, responsable du commandement militaire en Guinée portugaise contre la lutte indépendantiste, de mettre en place le « Front Uni de Libération » pour concurrencer le PAIGC. Pour ce faire, le général devait remettre le Front à des nationalistes capturés et qui avaient retourné leur veste en faveur du Portugal. Lobjectif des Portugais était de réussir à casser lunion entre le Cap-Vert et la Guinée-Bissau. Le « Front » était un instrument en vu de conserver le Cap-Vert et daccorder lindépendance à la Guinée portugaise. Avec le soutien des États-Unis, il comptait ainsi occuper la position stratégique fournie par larchipel du Cap-Vert. Bien que lambassadeur de Guinée-Conakry envoyé par Ahmed Sékou Touré l'ai averti le jour de même de son assassinat, il fut tué à Conakry, par des dissidents guinéens proches du Portugal. Sékou Touré mettra aux arrêts les militants du PAIGC qui venaient lavertir du drame. Le leader de la révolution sera tué donc tué avant lindépendance.

En outre un projet de Grande Guinée existait et était débattu entre Bissau et Conakry, qui se sentaient proches idéologiquement (socialisme) et sociologiquement. Ce projet a été combattu par les Capverdiens jusquà leur éviction car il promettait la suprématie des Noirs. Cest avec la mort de Sékou Touré en 1984 que ce projet sera mis aux oubliettes. Le Portugal na pas réussi son pari car le PAIGC néclate pas ; des chefs du maquis comme João Bernardo Vieira apportèrent leur soutien aux successeurs dAmilcar Cabral.

La Révolution des Œillets au Portugal en 1974 qui déposa le dictateur Caetano (successeur de Salazar) permit lindépendance simultanée de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert formant un seul pays tout comme les autres pays lusophones (Angola, Mozambique, São Tomé-et-Príncipe).

La crise ethnique

Après lindépendance de ce pays, le demi-frère dAmilcar Cabral, Luís Cabral (métis de mère portugaise contrairement à son frère Amilcar de mère guinéenne) est devenu le premier président en sentourant de la population métissée déjà mise en avant à lépoque des Portugais.

Le clivage entre Noirs et Métis qui s'était établi avec les Portugais se retrouve au niveau de ladministration et du parti au pouvoir le PAIGC. La Guinée-Bissau, indistincte juridiquement du Cap-Vert se voit dominée par les Capverdiens et la crise économique (pénuries alimentaires, etc) ajoutée aux malversations des dirigeants politiques favorise le coup dEtat du 15 novembre 1980. Le premier ministre Joao Bernardo Vieira, noir sans aucun métissage biologique, prend le pouvoir et justifie sa décision aussi bien par la situation économique désastreuse que par la ségrégation institutionnalisée par la nouvelle Constitution du Cap-Vert du 7 novembre 1980. Cette Constitution précise que seuls les Capverdiens (constitués de 71% de métis) nés de parents capverdiens seront éligibles au sein des instances du parti et de lEtat (communs aux deux pays). La mesure signifie que les Noirs dorigine bissau-guinéenne nauront pas accès aux postes de responsabilité du Cap-Vert, alors que les Capverdiens sont chez eux à Bissau et constituent lélite. La nouvelle Constitution bissau-guinéenne non seulement naborde pas cette question mais concentre tous les pouvoirs entre les mains de Luis Cabral (chef de lÉtat, du gouvernement et des armées) au détriment du premier ministre. Si les métis étaient plus indiqués pour la direction politique et technocratique du pays à cause de circonstances historiques qui navaient pas favorisé les Noirs pendant la colonisation, ces nouvelles mesures constitutionnelles institutionnalisaient lappropriation du pouvoir par un groupe social. Lors du coup dÉtat, de nombreux dirigeants métis qui ont refusé de se soumettre ont été tués. Avec ce putsch, cest lalliance historique et institutionnelle avec le Cap-Vert qui est remise en cause. Désormais, le pouvoir est aux mains des Noirs et permet laccès à des postes de responsabilité aux vétérans de la guerre dindépendance qui partagent avec les Casamançais les mêmes origines ethniques, si ces vétérans ne sont pas eux-mêmes Casamançais. Ces vétérans, formés par les Soviétiques et dans le cadre de la coopération des armées de lutte anti-coloniale portugaise, sont rompus aux tactiques de guérilla et aident Vieira à diriger un gouvernement militaire à ses débuts fortement marxiste-léniniste. Sept ans après la mort du guide de la révolution bissau-guinéenne, le Portugal voit son rêve dun divorce entre le Cap-Vert et la Guinée portugaise se concrétiser. Mais il est désormais trop tard car entre temps les deux pays ont eu leur indépendance et le salazarisme a été défait. Cest peut-être Sékou Touré qui a réussi son pari de séparer la Guinée Portugaise du Cap-Vert, cela devant être la première étape vers la Constitution dune Grande Guinée. Vieira était depuis longtemps sensible aux thèses du président guinéen mais lunion ne se fit par car ce dernier mourut en 1984.

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