- Ossétie du Sud
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République d'Ossétie du Sud
Республикӕ Хуссар Ирыстон (os)
სამხრეთ ოსეთის რესპუბლიკა (ka)
Республика Южная Осетия (ru)Drapeau Armoiries Administration Statut politique Sécessionniste de la Géorgie, reconnue au niveau international par la Russie, le Nicaragua, le Venezuela,Nauru, Vanuatu, Tuvalu, ainsi que par d'autres républiques sécessionnistes tels que l'Abkhazie et la République moldave de Transnistrie Capitale Tskhinvali Gouvernement
- Président
- Premier ministreRépublique
Edouard Kokoïty
Vadim BrovtsevGéographie Superficie 3900 km2 Démographie Population (2004) ~ 40 000 hab. Densité ~ 18 hab./km2 Langue(s) Ossète, géorgien, russe Économie Monnaie Rouble russe et lari Autres Fuseau horaire UTC +3 Hymne Respublikæ Hussar Irystony Paddzahadon Gimn Devise \ L'hymne national de l'Ossétie du Sud fut adopté le 5 mai 1995 et fut écrit par Totraz Kokaev. L'Ossétie du Sud, en forme longue la République d'Ossétie du Sud, en ossète Xussar Iryston, Хуссар Ирыстон et Respublikæ Xussar Iryston, Республикӕ Хуссар Ирыстон, en russe Ioujnaïa Ossetiïa, Южная Осетия et Respoublika Ioujnaïa Ossetiïa, Республика Южная Осетия, en géorgien Samkhreti Osseti, სამხრეთი ოსეთი, est un territoire situé dans le Caucase au statut contesté (la Géorgie place la république dont elle ne reconnaît pas le statut dans sa province de Shida Kartli, tandis que la Russie a reconnu son indépendance en 2008). L'Ossétie du Sud a fait unilatéralement sécession de la Géorgie en 1992.
Sa capitale est Tskhinval(i) et son président est Edouard Kokoïty (depuis le 18 décembre 2001).
Le plus grand lac d'Ossétie du Sud est le lac Kelistba.
Sommaire
Histoire
Moyen Âge et débuts des temps modernes
Arrivés dans le Caucase après avoir été chassés du Sud du Don par les invasions mongoles, les Ossètes, descendants des Alains, sont devenus chrétiens au Moyen Âge sous l'influence de leurs voisins géorgiens[1]. Dans le Caucase, ils forment trois entités territoriales distinctes, Digor, Tualläg et Iron. Digor, à l'Ouest, était sous l'influence des Kabardes, qui introduisent l'Islam. Tualläg, au Sud, qui correspond à l'actuelle Ossétie du Sud, fait partie de la communauté historique géorgienne de Samachablo. Iron, au Nord, sur le territoire de l'actuelle Ossétie du Nord, tombe sous la domination impériale russe en 1767[2].
Le gouvernement soviétique géorgien, mis en place par le onzième régiment de l'Armée rouge en 1921, crée l'Oblast autonome d'Ossétie du Sud le 20 avril 1922, territoire d'une superficie de 3 900 km2, qui était alors peuplée de 99 400 habitants, et qui fut incluse au sein de la RSS de Géorgie. La partie dénommée Ossétie du Nord fut insérée dans la Fédération de Russie comme région autonome, officiellement car la chaîne du Caucase, très difficilement franchissable (cols à plus de 2 000 m) est un défi à toute administration commune. Depuis 1925, les Ossètes réclament l'unification[3]. Bien que les Ossètes aient leur propre langue, le russe et le géorgien sont institués langues administratives de l'oblast[4].
L'ère post-soviétique
Depuis l'indépendance de la Géorgie vis-à-vis de l'URSS le 9 avril 1991, après une prise de contrôle militaire, l'autonomie accordée aux Ossètes a été supprimée par l'État géorgien. Le leader géorgien Gamsakhourdia impose la langue géorgienne comme idiome officiel du pays. Ces décisions provoquent l'exode d'une partie de la population vers la république autonome d'Ossétie du Nord (sujet de la Fédération de Russie). L'essentiel de son territoire est désormais constitué de la partie nord de la région de Shida Kartli.
La tension dans la région s'accroît en même temps que l'accroissement des nationalismes géorgien et ossète en 1989. Précédemment, à l'exception du conflit de 1920, les deux communautés avaient cohabité pacifiquement, avec un haut degré d'interaction et un taux élevé de mariages interethniques.
La même année, l'influent Front populaire de l'Ossétie du Sud (Ademon Nykhas) réclame l'unification avec l'Ossétie du Nord afin de défendre l'autonomie ossète. Le 10 novembre 1989, le soviet suprême de l'Ossétie du Sud vote l'unification avec l'Ossétie du Nord, entité faisant partie de la République fédérative socialiste de Russie. Le lendemain, le parlement géorgien révoque cette décision et abolit l'autonomie de l'Ossétie du Sud. En outre, le parlement autorise la suppression des quotidiens et des manifestations.
Un conflit armé a lieu après la proclamation de l'indépendance d'Ossétie du Sud quand la Géorgie décide de reprendre le contrôle de la région. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 1991, la Géorgie tire au mortier sur Tskhinvali puis y introduit des forces de police, accusées de massacres de nombreux civils[5], cette journée étant souvent qualifiée depuis de "Noël sanglant" en Ossétie[6]. Face à la résistance de milices ossètes, les forces géorgiennes quittent la région[7].
Le 1er février 1991, la Géorgie impose un blocus économique à l'Ossétie du Sud. Toute l'année de 1991 la lutte armée entre Géorgiens et Sud-Ossètes appuyés par la Russie et des volontaires de l'Ossétie du Nord continue. Plusieurs habitants du sud se réfugient en Ossétie du Nord et dans le reste de la Géorgie.
La guerre entre janvier 1991 et mi-1992 fait environ 2 000 morts du côté géorgien et plus de 800 du côté ossète[3] lors de la sécession de cette région de la Géorgie.
Le 26 juin 1992, la Géorgie représentée par Chevardnadze et la Russie représentée par Eltsine signent un traité à Dagomys mettant fin au conflit. En accord avec ce traité, des forces de maintien de la paix composées de troupes russes, ossètes et géorgiennes sont introduites en Ossétie du Sud à partir du 14 juillet 1992. La Russie reconnaît l'intangibilité des frontières géorgiennes, tandis qu'une commission trilatérale visant à décider du statut de cette région est créée.
Proclamation d'indépendance
En 1992, les nationalistes ont proclamé l'indépendance de l'Ossétie du Sud en se basant sur les résultats d'un référendum, lequel n'a cependant pas été reconnu au niveau international[8]. Ce nouvel État s'est rapproché de la République d'Ossétie du Nord, avec laquelle elle a une frontière et une culture communes.
Depuis le retour d'un pouvoir nationaliste à Tbilissi en 2004, l'Ossétie du Sud est un enjeu politique entre le président géorgien Saakachvili qui souhaite la réintégration des régions sécessionnistes au sein du territoire de la Géorgie et les indépendantistes ossètes, majoritaires en Ossétie du Sud, qui souhaitent une indépendance complète. De son côté, la Fédération de Russie ne fait pas d'avancées pour résoudre la situation, préférant garder le statu quo et ainsi laisser le pouvoir géorgien dans l'embarras, d'autant plus que celui-ci a posé sa candidature à l'OTAN. Celle-ci n'a pas été acceptée au printemps 2008 (opposition de l'Allemagne et de la France), mais les États-Unis et Israël ont envoyé des conseillers et du matériel militaires. Les indépendantistes d'Ossétie du Sud souhaitent également une réunification avec l'Ossétie du Nord, mais ni la Fédération de Russie, ni l'OSCE et encore moins la Géorgie ne soutiennent cette solution.
Depuis l'accord de Dagomys en 1992, une « force de maintien de la paix » composée de militaires géorgiens, russes, nord- et sud-ossètes est en place, mettant, dans les faits, les Géorgiens en minorité dans le territoire qui est internationalement reconnu comme le leur.En octobre 2006, les deux pays faillirent rompre leurs relations diplomatiques, la Géorgie expulsant des officiers russes accusés d'espionnage. La Russie à son tour répondit par le rappel de son personnel diplomatique[9].
Deuxième référendum
La République d'Ossétie du Sud a tenu un deuxième référendum sur son indépendance le 12 novembre 2006 : plus de 90 % des votants s'y sont prononcés pour l'indépendance[10]. Le gouvernement géorgien, les États-Unis et l'UE considèrent ce référendum comme illégal alors que la Russie le reconnaît sans toutefois reconnaître l'indépendance de la république.
Août 2008 : deuxième conflit armé
Article détaillé : Deuxième Guerre d'Ossétie du Sud.Le troisième conflit armé débute avec une offensive géorgienne, dans la nuit du 7 au 8 août 2008[11] et entraîne une réaction de la Russie notamment après la mort de civils dont la plupart avaient la citoyenneté russe et la destruction d'une grande partie de la capitale Tskhinvali. En moins de quatre jours, les Forces armées de la fédération de Russie venues de l'Ossétie du Nord, en renfort à celles présentes sur ce territoire dans le cadre la mission JPKF de maintien de la paix confié par l'ONU à la CEI en 1992, ont contre-attaqué, et, appuyées par l'aviation russe, ont effectué des raids contre l'armée géorgienne, la repoussant hors d'Ossétie du Sud et allant jusqu'à occuper une partie du territoire géorgien[12].
Le bilan humain de ce conflit est estimé par la Russie à 162 Sud-Ossètes tués. En août 2009, la Russie a déboursé 19,5 milliards d’euros pour la guerre et les subventions accordées ensuite à l’Ossétie du Sud. La Russie a versé plus de 13 600 dollars d’aide par Sud-Ossète alors qu’une partie de la population vit toujours sous les tentes[13].
Reconnaissance de l'indépendance
Le 25 août 2008, le Parlement de la Fédération de Russie vote une motion invitant Moscou à reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Le lendemain, le président Medvedev signe les décrets reconnaissant l'indépendance de ces deux régions[14].
La Biélorussie a annoncé qu'elle allait reconnaître prochainement l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie[15]. L'OTSC, l'OCS, l'ALBA et la Serbie, elle, a annoncé qu'elle soutient la décision de la Russie sans pour autant lui emboîter le pas. Pour la Serbie, les indépendances de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie sont comparables à celle du Kosovo.
Les puissances occidentales ont immédiatement réagi en annonçant qu'elles ne reconnaissaient pas l'indépendance de l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. La Géorgie a dénoncé « une annexion » par la Russie.
États ayant reconnu l'indépendance
États statuant sur l'indépendance
Territoires non-reconnus ayant reconnu l'indépendance
Démographie
Avant le conflit géorgiano-ossète, la population de l'Ossétie du Sud était composée d'environ deux-tiers d'Ossètes et 25-30 % de Géorgiens. La composition actuelle de la population est inconnue, certaines estimations parlent de 45 000 Ossètes et de 17 500 Géorgiens en Ossétie du Sud en 2007[27]. En août 2008, plus de 70 % des citoyens de l'Ossétie du Sud avaient la citoyenneté russe. 54,5 % de ces 70 % ont la double citoyenneté (géorgienne et russe), du fait des circonstances prises en compte par les ambassades.
1926 1939 1959 1970 1979 1989 Ossètes 60 351 (69,1 %) 72 266 (68,1 %) 63 698 (65,8 %) 66 073 (66,5 %) 65 077 (66,4 %) 65 200 (66,2 %) Géorgiens 23 538 (26,9 %) 27 525 (25,9 %) 26 584 (27,5 %) 28 125 (28,3 %) 28 187 (28,8 %) 28 700 (29,0 %) Russes 157 (0,2 %) 2 111 (2,0 %) 2 380 (2,5 %) 1 574 (1,6 %) 2 046 (2,1 %) Arméniens 1 374 (1,6 %) 1 537 (1,4 %) 1 555 (1,6 %) 1 254 (1,3 %) 953 (1,0 %) Juifs 1 739 (2,0 %) 1 979 (1,9 %) 1 723 (1,8 %) 1 485 (1,5 %) 654 (0,7 %) Autres 216 (0,2 %) 700 (0,7 %) 867 (0,9 %) 910 (0,9 %) 1 071 (1,1 %) 5 100 (4,8 %) Total 87 375 106 118 96 807 99 421 97 988 99 000 Notes et références
- David Marshall Lang, The Georgians, New York, p. 239.
- Roger Rosen, History of Caucasus Nations, London, 2006.
- Quid 2000, p. 1060
- D.M. Lang, History of Modern Georgia, 1963.
- L'indépendance, c'est comme la justice, ça marche à plusieurs vitesses, Ria Novosti, 17 octobre 2006.
- (en) South Ossetia and Georgia: historic roots of the conflict
- http://cominf.org/2008/02/14/1166476404.html
- Le Figaro - 14/08/2008 : L'accord Géorgie-Russie ne règle pas tous les contentieux
- Russie-Géorgie : la tension monte, La Croix, 3 octobre 2006
- Ossétie du Sud : large victoire électorale des séparatistes, Le Monde, 14 novembre 2006.
- « La Géorgie a lancé l'assaut sur l'Ossétie du Sud », Ouest-France, 8 août 2008.
- « Ossétie du Sud : la Russie promet des mesures de rétorsion », Ouest-France, 8 août 2008.
- Lisa Alissova, « Ossétie du Sud : Moscou pris à son propre piège », dans [Libération], 10 août 2009 [texte intégral (page consultée le 11 août 2009)]
- Moscou reconnaît l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, Le Figaro, 26 août 2008.
- http://fr.rian.ru/world/20080908/116616030.html
- Le Nicaragua reconnaît l'Ossétie, Le Figaro, 3 septembre 2008.
- L'Ossétie du Sud et Nauru établissent des relations diplomatiques RIA Novosti, 16 décembre 2009.
- Le Venezuela reconnaît l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, RIA Novosti, 10 septembre 2009.
- http://en.rian.ru/world/20110531/164348947.html
- http://www.liberation.fr/monde/01012361592-le-tuvalu-reconnait-l-abkhazie-et-l-ossetie-du-sud
- http://news.xinhuanet.com/english/2008-08/29/content_9731534.htm
- Équateur
- http://themoscowtimes.com/news/article/370554.html
- http://www.todayszaman.com/tz-web/detaylar.do?load=detay&link=151456&bolum=102
- http://www.regnum.ru/news/1057659.html Gagaouzie
- La Transnistrie reconnaît l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, Le Point, 31 août 2008.
- Georgia: a toponymic note concerning South Ossetia The Permanent Committee on Geographical Names for British Official Use.
Voir aussi
Articles connexes
- Le tunnel de Roki
- Deuxième Guerre d'Ossétie du Sud
- Armée sud-ossète
Liens externes
- (en) Site officiel de l'Ossétie du Sud
- (fr) Site d'information du gouvernement ossète (avec traductions françaises)
- (fr) Dossier spécial sur l'Ossétie du Sud sur Caucaz.com
- (en) Site sur l'histoire de l'Ossétie du Sud
Bibliographies
- (fr) Tracey C. German (traduit de l’anglais par Benjamin Bloch), « Le conflit en Ossétie-du-Sud : la Géorgie contre la Russie », Politique étrangère, no 1, 2006, IFRI/Armand Colin.
- (fr) Samuel Lussac, Géopolitique du Caucase. Au carrefour énergétique de l'Europe de l'Ouest, Éditions Technip, Paris, 2009. (ISBN 9782710809395)
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