Opération Phantom Fury

Opération Phantom Fury

Bataille de Falloujah

Bataille de Falloujah
Fallujah 2004 M1A1 Abrams.jpg
Un char des Marines en action
Informations générales
Date Du 6 novembre 2004 au 29 novembre 2004
Lieu Falloujah, dans le centre de l’Irak
Issue Victoire tactique des États-Unis
Belligérants
Américains,
Armée irakienne
Djihadistes internationaux,
Guérilla irakienne
Commandants
Général George Casey commandant les forces en Irak, Général John Sattler (USMC) commandant les forces à Falloujah Abou Moussab Al-Zarqaoui
Forces en présence
10 000 à 15 000 hommes Environ 3 000 hommes au départ, probablement moins de mille hommes
restants au 15 novembre
Pertes
95 soldats américains et 11 soldats irakiens tués[1] 2 130 morts, rebelles et civils
1 600 prisonniers
Guerre en Irak
Batailles
Operation Southern Focus
Opération libération de l'Irak
Opération Cajun Mousetrap II
Bataille de Falloujah
Siège de Tall Afar
Opération Restore Peace III
Opération Bashaer al-Kheir

La bataille de Falloujah est la conquête d’un des bastions de la guérilla irakienne par les forces armées des États-Unis et l’armée irakienne gouvernementale. Elle est déclenchée dans la nuit du 6 au 7 novembre 2004 sous le nom d’opération Phantom Fury (al-Fair pour le gouvernement Irakien), et la conquête est officiellement déclarée achevée le 29 novembre 2004.

Sommaire

Situation

Falloujah, deuxième ville de la province d'Al-Anbar, est au cœur du triangle sunnite bassiste, au centre de l’Irak. Elle est située à 65 km de Bagdad et elle forme une sorte de carré de 3 km de large sur 3,5 km, soit une surface de 10,5 km2 comprenant plus de 50 000 bâtiments. C’est également une ville abritant de nombreux "contrebandiers". Enfin, la doctrine islamiste sunnite salafiste y est aussi très suivie.

Attaque du printemps

La ville est depuis longtemps identifiée comme un bastion Baasite et des fidèles de Saddam Hussein, et un refuge pour les résistants salafistes, à l'époque alliés aux Baasistes. Les États-Unis avaient, au mois de mars, lancé une offensive contre la ville. 2 000 Marines et deux bataillons de la nouvelle armée irakienne avaient conquis les deux tiers de la ville dans ce combat urbain et tué 600 combattants adverses pour 15 morts dans leur camp. Toutefois, selon des renseignements recueillis par l'Armée française, les deux bataillons irakiens qui participaient à cette opération s'étaient "évanouis" au premier accrochage[2], et n'avaient pas participé à l'opération. Néanmoins, après 3 semaines de combats, le commandement américain avaient renoncé devant les pertes civiles (et moyennant la promesse des chefs des insurgés de se "soumettre").

Pour éviter ces pertes, ils ont annoncé longtemps à l’avance cette offensive, mais cela n’a permis qu’aux trois-quarts des civils de quitter la ville.

Déroulement

Les Britanniques ont envoyé des troupes pour contrôler Bagdad, ce qui a permis aux Américains de libérer des unités pour le combat.

Unités alignées :

  • 2 000 hommes des forces de sécurité irakienne
  • 10 à 15 000 hommes du IIIe corps américain répartit en 6 bataillons, dont :

La bataille débute par des bombardements aériens et d’artillerie après un bouclage de la ville par la coalition. La première offensive terrestre est la prise de l’hôpital de Falloujah, et l’occupation des ponts orientaux. La progression des troupes irako-américaines se fait du nord au sud, à partir du quartier de Chahuda, lentement, gênée par les ruines. Le commandement cherche également à éviter les pertes au maximum.

Dès le premier jour, la gare (nord de la ville) est prise.

Des caches d’armes, des bunkers et des réseaux de tunnels sont découverts.

Au 15 novembre, il reste quelques centaines de rebelles combattants bien équipés. L’essentiel des combats porte alors sur la réduction de poches de résistance.

Cette fois, les unités irakiennes sont en deuxième échelon, elles aident à s'emparer de points critiques comme les mosquées et, surtout, à occuper les territoires conquis. Malgré ce retrait, le comportement des soldats irakiens ne se serait amélioré que très lentement, et les jugements portés par les Marines sur leurs alliés à Falloujah en novembre restent très sévères[2].

Au 15 décembre, l’armée des États-Unis lutte encore pour réduire les derniers résistants, dont elle estime les effectifs à 200 hommes environ. Ceux-ci auraient encore eu 45 morts entre le 11 et le 14 décembre.

Dans la mesure du possible, les Américains s’efforcent de confier la fouille et le nettoyage des lieux de culte aux troupes Irakiennes pour éviter tout litige sur d’éventuelles dégradations ou des accusations d’« utilisation excessive de la force ».

Les autorités militaires ont annoncé avoir utilisé des « armes à précision chirurgicale ». D’après les vidéos diffusées dans le monde, des bombes à fragmentations, auraient été utilisées[réf. nécessaire]. Un article du Washington Post a dénoncé l’utilisation de bombes au phosphore blanc, détruisant toute forme de vie dans un rayon de 150 mètres, confirmée par plusieurs médecins irakiens présents sur place, et par de nombreux témoignages de corps humains trouvés "fondus" dans les rues, le film documentaire italien « Falloujah, le massacre caché », décrit notamment les effets de ces armes. L’utilisation de ces armes a été officiellement reconnu par le gouvernement de Washington[réf. nécessaire]. D’après la chaîne de télévision Al-Jezira, du napalm aurait également été utilisé[3] mais ces armes sont rayés de l’arsenal américain en 2001.

Tireurs de précision à Falludja

Les deux camps mirent à contribution les tireurs de précision de manière intensive.

Du côté des insurgés, on estime à une cinquantaine le nombre de snipers, certains d’entre eux firent preuve d’un courage indiscutable. On cite le cas d’un (ou plusieurs) homme qui continua à tirer sur les militaires américains alors que l’immeuble depuis lequel il tirait avait subi deux raids aériens et avait reçu 35 obus d’artillerie de 155 mm, 10 obus de char de 120 mm ainsi que 30 000 projectiles tirés par des armes légères. Son action a bloqué la progression d’une compagnie de 150 Marines pendant une journée entière.

Du coté de l’USMC, ses tireurs d’élites se sont également distingués. Ainsi l’un d’entre eux a été crédité de ce qui était alors le plus long tir au but confirmé pour une arme de calibre 7,62 × 51 mm OTAN en Irak. Le Chief scout sniper Herbert Hancock, réserviste de 35 ans, policier dans le civil, appartenant à la Company B, 1st Battalion, 23rd Marine Regiment abattit avec son M40 A3 deux servants de mortier à 960 mètres de distance, distance ayant été confirmée après-coup grâce à un relevé GPS. Un autre, le sergent John E. Place, tua 32 insurgés en treize jours d’engagement et reçut la Silver Star pour sa participation à ces combats.

Pour la coalition, lutter contre les tireurs embusqués ennemis se résumait occasionnellement à un dilemme politiquement sensible : les minarets furent souvent utilisés comme poste de tir par les insurgés. Or les mosquées sont, en terre d’Islam, choses sacrées, d’où l’obligation dans laquelle le commandement américain se trouva souvent de publier un communiqué de manière à faire savoir que le sacrilège de tirer à l’arme lourde sur un lieu de culte était parfois inévitable en temps de guerre.

À cette seule anecdote, on saisit à quel point la bataille de Falloujah se joua certes sur le terrain mais également et surtout sur le terrain médiatique.

Bilan

Des hommes de la 1ere division de cavalerie avant d'entrer prudemment dans une batisse.

Les chiffres officiels font état de 470 morts et 1 200 blessés, parmi lesquels 243 femmes et 200 enfants (le 12 décembre, les combats font encore 12 morts dans les rangs américains), mais plus de 1 350 morts (sans distinction subtile entre "insurgés" et "civils")[4] et/ou de 4 000 à 6 000 civils tués selon d'autres sources[5] (nombre de blessés inconnu), et 106 morts du coté de la coalition, au 23 décembre 2004[4].

La ville est conquise : il continue cependant d’y avoir quelques combats sporadiques. La conquête a permis de découvrir des salles de torture et de libérer des otages (dont le chauffeur syrien Mohammed Al-Joundi, interprète de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, otages français), et de mettre au jour les plus grosses caches d’armes jamais découvertes en Irak par l’armée américains, ainsi que près de 1 000 tonnes d’explosifs[réf. nécessaire]. 60 des 100 mosquées de la ville auraient été utilisées comme caches d’armes et points d’appui pour les rebelles.

Une grande partie des insurgés a pu s’échapper et s'est dispersée dans l’ouest irakien, menant en septembre 2005 au siège de la ville de Tall Afar. D’autres sont revenus quelques semaines après la fin de la bataille[6].

Pour certains experts militaires[7], cette bataille est l’illustration du fourvoiement idéologique du commandement américain en Iraq, qui consiste à rechercher une bataille décisive à la Jomini, ce qui, dans une guérilla, est un non-sens, et de tuer un nombre important de bad guys (illustré par le nom d’une opération similaire menée en mai 2005, l’opération Matador). Ce nombre de victimes ennemies est atteint plusieurs fois, ce qui prouve que les deux camps n’ont pas les mêmes conceptions de victoire et de défaite, et que le nombre de combattants potentiels du côté de la guérilla est sous-évalué par les États-Unis. Une tactique de pacification progressive à la Hubert Lyautey est préconisée.

Notes et références

  1. http://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Phantom_Fury#cite_ref-1$
  2. a  et b (fr) Ministère de la Défense, Centre de Doctrine de l'Emploi des Forces : "Irak, L'adaptation au son du canon", p. 17
  3. Source
  4. a  et b Seconde bataille de Falloujah Phantom Fury (en) Operation Phantom Fury
  5. The Guardian A name that lives in infamy
  6. Anne Nirat. Le Point, 6 octobre 2005
  7. Yves Rols. Conflits asymétriques et stabilisation, l’illusion de la bataille décisive, Défense nationale et sécurité collective, mars 2006, p. 132

Voir aussi

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