- Odinette de Champdivers
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Odette de Champdivers
Odette de Champdivers, dite la Petite Reine est née en 1391, certainement en Bourgogne, et morte peut-être en 1425, dans le Dauphiné, est une maîtresse de Charles VI, roi de France.
Sommaire
Biographie
La haute domesticité royale
Selon Georges Bordonove, Odinette aurait été la fille d'un maître d'hôtel de la Maison du roi, un certain Guyot de Champdivers, qui est en réalité son frère. D'après, le père Anselme, Odette de Champdivers est la fille d'Odin, ou Oudin, seigneur de Champdivers, et écuyer d'écurie du Roi en 1387[1]. Marescallus equorum, appliqué à un Champdivers ou de Ghampdivers , peut parfaitement se traduire écuyer d' écurie. Le marescallus mansionum constitue pendant des siècles un office noble et de cour et Marescallus equorum ne peut en rien se traduire par marchand de chevaux, comme certains romans l'affirment[2]. Il est après 1387 écuyer tranchant, un de ses gentilshommes de cuisine.
Elle appartient à la famille seigneuriale de Champdivers ,qui tire son nom d'un fief ainsi désigné, sis près de Dole et de Saint-Jean-de-Losne, dans le comté de Bourgogne. Rousset, dans son étude sur les Communes du Jura[3], nous dit que l'ancienne maison des Champdivers serait probablement une branche cadette de la Maison de Longwy. On trouve des Champdivers seigneurs de Champdivers depuis 1160. Le 20 avril 1154, le nom est mentionné en tant que lieu dans une bulle du Pape Urbain IV. Au Moyen-âge, les Champdivers sont les vassaux des ducs de Bourgogne, ils habitent un manoir qui sera détruit en 1477 par Louis XI de France.
Odette est la sœur d'Henri de Champdivers, marié à Jeanne de Toulongeon (1382-1419), veuve de Tristan de Montholon, commandant de la cavalerie des ducs de Brabant et de Bourgogne, le 25 octobre 1415, à la bataille d'Azincourt, où il est tué[4]. Jeanne de Toulongeon est la sœur de deux maréchaux de Bourgogne et d'un grand écuyer de France. Elle a aussi comme frère Odinet de Champdivers, chevalier, qui l'an 1394 suivit Philippe le Hardi lors de son voyage en Bretagne[5].
Guyot de Champdivers, un autre de ses frères, est mentionné sous la date de septembre 1391 dans les comptes royaux a comme l'un des pages ou écuyers qui servaient en l'hôtel de la reine, Isabeau de Bavière. En 1407, Guyot de Champdivers reparaît, auprès du duc de Bourgogne, comme écuyer panetier avec deux cents livres de pension. Ce même Guyot ou Guillaume de Champdivers s'attache dès lors et définitivement à la cause de Jean sans Peur, puis de Philippe le Bon. Il sert ses deux princes avec le titre de conseiller du roi et du duc dans les affaires les plus importantes notamment de 1413 à 1425 environ.
Odette de Champdivers est choisie par Isabeau de Bavière (1407)
Sa famille, née bourguignonne, sert le parti des ducs Philippe et Jean sans Peur. Il paraît vraisemblable qu'Odette est donnée par ce dernier prince à Charles VI de France, après la mort de Louis Ier d'Orléans, comme un nouveau moyen d'assurer auprès du roi l'influence bourguignonne. A cette époque, 1407, Isabeau de Bavière avait pourvu a la postérité du roi de France en fournissant à la couronne douze rejetons[6]. Ses rapports avec son époux, malade et insensé sont accompagnés de sévices et de coups, dont elle est victime.
Isabelle condescend sans beaucoup de peine, ni de répugnance, à cette substitution, certainement après la conception du dernier enfant de la reine, né en novembre 1407. La fille d'Odette de Champdivers est née en 1407, elle-aussi. Donc la relation avec le roi commence probablement vers début 1407 et dure 15 ans.
Douée d'une grande beauté, la petite reine (c'est ainsi dès lors qu'Odette est désignée par ses contemporains) succède de la sorte à la reine.
Du vivant de Charles VI, de riches dons servirent de récompense au dévouement de la petite reine. Odette est gratifiée de deux beaux manoirs avec toutes leurs dépendances situés l'un à Créteil et l'autre à Bagnolet, sans doute situé aux Malassis[7].
Pendant vingt ans, elle partage le long calvaire du roi de France atteint de démence. On dit même qu'elle invente pour le distraire les cartes à jouer. Selon certains auteurs, Odette porte les vêtements de la reine dans le lit royal chaque nuit, et Charles ne repère pas la substitution.
Elle est près du roi, lors de sa mort, le 21 octobre 1422. La reine Isabeau de Bavière est même absente aux funérailles de son époux.
Après la mort de Charles VI de France (1422-1425)
En 1423, après la mort de Charles VI de France, Oudine de Champdivers se réfugie à Saint-Jean-de-Losne, en Bourgogne Là n'étant plus payée de sa pension imputée sur les revenus royaux, elle reçoit aux mois d'octobre et de décembre diverses gratifications du duc Philippe le Bon. Car, après la mort de Charles VI de France, les revenus royaux sont livrés à la discrétion des Anglais. Odette, avec sa fille déjà grande, se trouve réduite à la misère par la suppression de ses émoluments.
Alors elle vient chercher un refuge dans son pays natal invoquant, pour subsister la protection du duc de Bourgogne. Peu satisfaites des libéralités fort mesurées de Philippe le Bon, les deux princesses se souviennent que Mathilde a du sang royal dans les veines.
Au mois d'avril 1424, Odette de Champdivers est logée à Dijon en l'hôtellerie de La Croix de Fer. Frère Étienne Chariot, natif de Bourbonnais, et religieux du couvent de Beuvray-lès-Autun, en Bourgogne , passe en ce moment par Dijon. La petite reine, car c'est ainsi que tout le monde l'appelle alors mande par son écuyer, fils de Jean Trestelet, de Saint-Jean-de-Losne, à ce religieux de venir la voir et lui parler. Ce Frère Étienne est un émissaire député par le roi Charles VII de France, en Bourgogne, afin d'y épier sous main les mouvements du duc, son adversaire.
A partir de cela, certains concluront que cet Étienne est son frère et qu'il est cordelier, car il fait partie des Cordeliers, comme d'autres raconteront que son père est un marchand de chevaux ou même un maréchal-ferrant.
Odette de Champdivers, par l'intermédiaire de ce Frère Étienne Chariot, avertit Charles VII d'un massacre de ses partisans lyonnais, programmé par les Bourguignons et les Anglais[8].
Le Dauphin c'est à dire Charles VII fait prévenir incontinent de ce qui se trame le sénéchal de Lyon et un écuyer est mandé en même temps auprès de la petite reine pour lui en porter la nouvelle. Frère Étienne a ordre de faire savoir à la petite reine avec laquelle il doit se trouver à Chalons, pendant la semaine sainte ce que lui a dit et commandé le Dauphin.
Le Cordelier est arrêté par les Bourguignons. Il parle. Odette de Champdivers est aussi appelée en justice ainsi que sa fille mais on y met une certaine solennité, car c'est le chancelier Rolin qui les interroge en présence des gens du grand conseil du duc. Mademoiselle de Champdivers et sa fille soutiennent cette épreuve avec beaucoup d'adresse d'intelligence et de fermeté.
Odette de Champdivers disparaît après le 6 septembre 1424. Tout porte à croire qu'elle meurt dans le plus grand dénuement.[9]. Elle est peut-être morte dans le Dauphiné en 1425, effectivement dans la misère[10].
C’est la seconde plus ancienne maîtresse d’un roi de France connue, après Biette de Casinel, maîtresse de Charles V.
Descendance
Odette de Champdivers et Charles VI ont une fille, Marguerite de Valois (1407-1458), qui est légitimée.
En 1418, le roi, gouverné par le duc de Bourgogne, donne à Odette de Champdivers et à Marguerite de Valois, sa fille, les produits du péage de Saint-Jean-de-Losne, en Bourgogne, et du rouage de Troyes. En 1422, d'avril à octobre, le gouvernement de Charles VI de France moribond alloue à Marguerite de Valois (1407-1458), fille d'Odette de Champdivers, la somme de cinq cents livres par an, sa vie durant, sur le péage de Saint-Jean-de-Losne.
Charles VII de France reconnait pour sa sœur naturelle, Marguerite de Valois (1407-1458) et la fait légitimer par lettres datées à Montrichard du mois de janvier 1427.
Marguerite de Valois (1407-1458) épouse en 1428 le seigneur de Belleville-en-Poitou et Montaigu, Jean III de Harpedane, Sénéchal de Saintonge, Chambellan de Charles VII de France, fils de Jean II de Belleville et de Jeanne de Mussidan. Il lui est promis par son contrat de mariage vingt mille moutons d'or[11]. Charles VII de France lui accorde le droit de porter les armes de France brisées d'une barre d'or.
Certains romanciers verront aussi en Jeanne d'Arc, une fille cachée d'Odette, du même coup demi-sœur de Charles VII de France.
Notes et références de l'article
- ↑ Père ANSELME-POTIER de COURCY, Histoire de la maison royale de France... 4e édition corrigée et complétée..., Tome IX, P.828.
- ↑ Bibliothèque de l'École des chartes, par Société de l'École des chartes (France), p. 172 et suivantes
- ↑ T.1, 1855
- ↑ La Chesnaie-des-Bois et Panthéon de la Légion d'honneur - Page 497, de Théophile Lamathière
- ↑ Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos ..., par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand), Firmin-Didot, p.474.
- ↑ Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos ..., par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand), Firmin-Didot, p.474.
- ↑ Les femmes célèbres de l'ancienne France, mémoires historiques sur la vie ..., par Antoine Le Roux de Lincy, p.420.
- ↑ Bibliothèque de l'École des chartes, par Société de l'École des chartes, p.178.
- ↑ Bibliothèque de l'École des chartes, par Société de l'École des chartes, p.179.
- ↑ Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos ..., par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand), Firmin-Didot, p.475.
- ↑ Mémoires historiques, critiques, et anecdotes des reines et régentes de France, par Dreux du Radier (Jean-François), p.169.
Bibliographie
- Georges Bordonove, Charles VII le Victorieux, Pygmalion, coll. « Les Rois qui ont fait la France », 1985
- Général J.-T. de MESMAY, , Dictionnaire historique, biographique et généalogique des anciennes familles de Franche-Comté, S.l., 1958-1863, 3 vol. in-4 mult., tome : 1, B.n.F. : 4° Lm2. 641
Articles connexes
- Liste des maîtresses des rois de France
- Antoine de Toulongeon
- André de Toulongeon
- Jean II de Toulongeon
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