- Nicolas Vassiliévitch Gogol
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Nicolas Gogol
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Portrait par Alexandre Ivanov.Activité(s) écrivain Naissance 20 mars 1809 Décès 4 mars 1852 Langue d'écriture russe Œuvres principales Nicolas Vassiliévitch Gogol (en russe : Николай Васильевич Гоголь, Nikolaï Vassilievitch Gogol et en ukrainien : Микола Васильович Гоголь, Mykola Vassyliovytch Hohol) est un écrivain russe d'origine ukrainienne, né à Sorotchintsy le 20 mars 1809, et mort à Moscou le 4 mars 1852 (21 février 1852, ancien style).
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Gogol est né dans un village du gouvernement de Poltava, au cœur de l'Ukraine, au sein d'une famille de nobles campagnards à la fortune limitée.
Son père, décédé alors qu'il est encore adolescent, écrit de petites pièces de théâtre et développe son goût pour la littérature. Sa mère lui donne une éducation religieuse traditionnelle qui contribuera, au fil des ans, à son évolution vers un mysticisme maladif (angoisse du mal et du jugement dernier)[1].
Après de médiocres études, Gogol quitte l'Ukraine pour Saint-Pétersbourg, avec l'ambition de faire une grande carrière dans l'administration. Il prétend que la première chose qu'il fit, une fois arrivé dans la capitale de l'Empire, fut de courir chez Alexandre Pouchkine qui, mal remis d'une nuit de fête, ne put malheureusement le recevoir. Mais ce qui l'attend, pour le moment, à Pétersbourg, c'est un modeste emploi dans un ministère.
Premières œuvres
En 1829, Gogol fait ses premiers pas littéraires en publiant, sous un pseudonyme et à compte d'auteur, le médiocre poème romantique Hanz Küchelgarten. Éreinté par la critique, il retire les exemplaires des librairies pour les brûler. Suite à cet échec, il s'échappe une première fois de Russie et passe deux mois dans le nord de l'Allemagne, sous couvert de mensonges successifs.
De retour à Pétersbourg, il est forcé de s'engager à nouveau dans l'administration, pour un salaire de misère. Il poursuit également ses écrits, regrettant le soleil d'Ukraine. C'est ainsi que l'année suivante paraît sa première nouvelle, inspirée par le folkore ukrainien: la Nuit de la Saint-Jean.
Des contes ukrainiens aux nouvelles pétersbourgeoises
En 1831, Gogol quitte l'administration et devient professeur à l'Institut patriotique pour filles d'officiers nobles. Il est introduit dans les milieux littéraires et présenté à Pouchkine qui l'encourage à écrire. L'éloignement de l'Ukraine lui inspire les Soirées du hameau (1831-1832). Ce recueil de nouvelles grotesques, drolatiques et fantastiques, inspirées de la vie des paysans ukrainiens, lui assure la célébrité.
En 1833, Gogol traverse une profonde crise morale. Toujours à la recherche de sa "mission", il se découvre une vocation d'historien. Nommé professeur adjoint d'histoire à l'université de Saint-Pétersbourg en juillet 1834, ses premiers cours (auxquels assistera Tourgueniev) entraînent l'enthousiasme des étudiants. Son intérêt pour l'histoire comme sa popularité en tant que professeur s'éteignent cependant rapidement.
Gogol publie, en 1835, le recueil Arabesques, qui contient notamment La Perspective Nevski, Le Portrait et Le Journal d'un fou. Quant au recueil Mirgorod, on y retrouve entre autres le conte fantastique Vij et une première version de Tarass Boulba.
La reconnaissance: Le Revizor
En 1836, la pièce de théâtre Le Revizor (dont le sujet lui a été fourni par Pouchkine), applaudie par les libéraux, attaquée par les réactionnaires, connaît un succès de scandale à Saint-Pétersbourg. Une remarque attribuée au tsar Nicolas Ier calmera les esprits : « tout le monde en a pris pour son grade, moi en premier ». Gogol se sent incompris. Il est tout autant irrité par ceux qui le soutiennent que par ceux qui le critiquent : tous détournent sa pensée profonde, pensant que Le Revizor est une satire politique, alors qu'il a voulu y dénoncer la mesquinerie humaine. En plein désarroi, il fuit la Russie [2].
Un exil volontaire de douze ans
Gogol entame alors une longue période de pérégrinations à travers l'Europe de l'ouest. Celle-ci, interrompue de brefs retours en Russie, ne prendra fin que douze ans plus tard, en 1848. Il se consacre d'abord au tourisme, avant que ses problèmes de santé (principalement psychologiques, selon toute vraisemblance) ne l'obligent à passer une grande partie de son temps dans des villes d'eau. Profitant autant que possible de l'hospitalité de ses admirateurs fortunés, l'écrivain impécunieux visite ainsi l'Allemagne (Francfort chez Joukovski), la Suisse, la France (Paris, chez le comte Alexandre Tolstoï et Nice, chez la comtesse Vielgorski), la Belgique. Il prétend aussi s'être rendu en Espagne; mais ceci semble être un de ses nombreux mensonges. Cependant, de tous les pays d'Europe, c'est l'Italie qu'il préfère de loin, et Rome en particulier.
Le chef-d'œuvre: Les Âmes mortes
Dans son maigre bagage, outre quelques habits, Gogol emporte le manuscrit de son grand roman, Les Âmes mortes. Il avait commencé à l'écrire en 1835, sur une idée donnée par Pouchkine. Dans sa foi de plus en plus exaltée en sa « mission », il l'envisage comme son chef d'œuvre (surtout après la mort de Pouchkine dans un duel, en 1837). Après cinq années de travail, principalement à Rome, Gogol termine l'ouvrage. Il essaie de le faire publier en 1841, mais il est interdit par le comité de censure de Moscou. Ce n'est qu'après de nombreuses manœuvres que l'œuvre est autorisée par celui de Pétersbourg et qu'elle peut paraître, en 1842. Aventures amusantes d'un petit escroc, ce roman est aussi une critique (involontaire) de la Russie tsariste, et une satire de la médiocrité humaine. Le succès et le scandale sont à nouveau au rendez-vous. Gogol, lui, a déjà fui la Russie.
Son expérience passée de médiocre employé de ministère lui inspire aussi une nouvelle fantastique, Le Manteau, dont le héros Akaki Akakiévitch est devenu l'archétype du petit fonctionnaire russe[3]. Elle sera publiée en 1843, dans ses Œuvres complètes.
Dépression et mysticisme
À partir de ce moment, Gogol devient de plus en plus mystique. Il se persuade ainsi que sa mission est de sauver moralement la Russie, en la guidant vers le paradis. Ce cheminement vers le bien, Gogol entend la décrire dans une suite aux Âmes mortes (dont il voit désormais la première partie comme une représentation de l'enfer sur terre). Mais, pour cela, il estime qu'il doit lui même se perfectionner moralement. Gogol s'absorbe dès lors dans la lecture des livres saints, telle que l'Imitation de Jésus-Christ ou le Ménologe. Hélas, ni son perfectionnement, ni l'écriture n'avancent comme il le voudrait. Rongé par le doute, il brûle à plusieurs reprises la suite aux Âmes mortes[4].
Il s'oriente simultanément vers un conservatisme politique extrême (défense de l'autocratie et de l'orthodoxie). C'est ainsi que sa dernière œuvre, les Passages choisis d'une correspondance avec des amis, cause un véritable scandale lors de sa parution en 1846. Il s'agit d'un ouvrage réactionnaire, où Gogol dévoile une vision tellement obscurantiste du monde qu'elle en est comique[5].
En 1848, Gogol quitte l'Europe pour l'Orient. Il visite les lieux saints, sans y trouver de remède à sa dépression. Ensuite, il rentre définitivement en Russie. Il y est libéré de tout souci matériel, trouvant refuge chez ses riches admirateurs, mais se sent toujours plus malade et désemparé. En ultime recours, Gogol cherche l'assistance de moines fanatiques (tels que le père Matthieu) ou, même, de fols en christ.
Mort tragique
Dans la nuit du 11 au 12 février 1852, Gogol brûle une dernière fois le manuscrit de la deuxième partie des Âmes mortes, dans son appartement du boulevard Nikitsky. Au matin, il accuse le diable de l'avoir trompé. Il se laisse ensuite mourir, refusant nourriture et soins. Finalement livré aux mains de médecins, ceux-ci lui infligent des traitements d'une violence inouïe (bains froids, saignées, cataplasmes et sangsues). Gogol décède le 21 février 1852[6].
D'abord enterré au monastère Saint-Daniel, sa dépouille sera transférée, en 1931, au cimetière de Novodiévitchi à Moscou.
Gogol a eu une grande influence dans la littérature russe de la seconde moitié du XIXe siècle, par exemple sur Fedor Dostoïevski. Ceci a fait dire à Vogüé : « Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol ». Son aura s'est sans doute encore accrue au XXe siècle. On peut le noter dans l'œuvre de Bulgakov, qu'il inspirera grandement pour son chef d'œuvre, Le Maître et Marguerite, ou de Alexandre Soljenitsyne.
Œuvres
- Poésie
- Hanz Küchelgarten (1829) (idylle romantique)
- Nouvelles
- Soirées du hameau (aussi connu sous le titre des Veillées du village de Dikanka) (1831-1832) : La Foire de Sorotchintsy - La Nuit de la Saint-Jean - La Dépêche disparue - Une terrible vengeance - Ivan Fiodorovitch Chponka et sa tante - Le Terrain ensorcelé
- Mirgorod (Nouvelles servant de suite aux Soirées du hameau) : Un Ménage d’autrefois – Tarass Boulba – Vij – La Brouille des deux Ivan (1835)
- Le Portrait (1842), deuxième rédaction
- Nouvelles de Pétersbourg : 1. Arabesques : La Perspective Nevski - Le Journal d'un fou - Le Nez - La Calèche - Le Manteau. 2. L'Apport de Rome: Le Portrait (première version) - Rome - Les Nuits de la villa (1835-1836).
- Romans
- Tarass Boulba, (1835; 1839 - version définitive et augmentée)
- Les Âmes mortes, première partie (1842)
- Les Âmes mortes, deuxième partie -inachevée- (édition posthume).
- Théâtre
- La Matinée d'un homme d'action
- Le Procès
- L'Antichambre
- Les Joueurs (1836)
- Les Épousailles ou Hyménée (1835)
- Le Revizor (1836)
- Correspondance
- Passages choisis d'une correspondance avec des amis (1846)
- Lettres de Gogol présentées par V. Chenrok (1901)
Notes et références
- ↑ Henri Troyat, Gogol, Flammarion, 1971, p. 7 à 56
- ↑ Henri Troyat, Gogol, Flammarion, 1971, p. 193 et suivantes
- ↑ Vladimir Nabokov souligne le caractère extrêmement moderne de cette nouvelle, dans Littérature II.
- ↑ Gustave Aucouturier, chronologie de Gogol, dans Nicolas Gogol, Les âmes mortes, Gallimard, 1973, p. 448 et 449
- ↑ Gustave Aucouturier, chronologie de Gogol, dans Nicolas Gogol, Les âmes mortes, Gallimard, 1973, p. 450 et 451
- ↑ Henri Troyat, Gogol, Flammarion, 1971, p. 561 et suivantes
Sources
Gustave Aucouturier, Chronologie de Gogol, dans Nicolas Gogol, (1973), Les Âmes mortes, Gallimard, 1973. Henri Troyat, Gogol, Flammarion, 1971.
Liens externes
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