- Nanar
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Un nanar est, dans le langage familier, un film tellement mal réalisé et ridicule qu'il en devient involontairement amusant et comique.
Normalement, le nanar diffère du navet par son aptitude à divertir. Le nanar amuse par ses défauts, tandis que le navet est simplement mauvais et ennuyeux (en référence au goût fade du légume du même nom). Le terme nanar est cependant parfois utilisé abusivement pour désigner des films sans intérêt. Il fait alors double emploi avec le terme de navet auquel il devrait s'opposer.
Dans le jargon des brocanteurs et bouquinistes, le nanar désigne un livre ou un objet médiocre et invendable.
Sommaire
Étymologie
Selon Bernard Pivot, le terme nanar serait en fait dérivé de navet, qui daterait lui-même d'avant même l'invention du cinéma : on l'utilisait au XIXe siècle dans les salons pour désigner des tableaux de peu de valeur (le terme employé aujourd'hui serait plutôt « une croûte ») ou des œuvres littéraires ennuyeuses. Le terme s'est semble-t-il répandu dans les années 50 à partir des cinémas du Quartier latin de Paris.
Selon le dictionnaire Le Robert, le terme nanar date bien du XIXe siècle mais s'orthographiait alors nanard. Il ne dériverait pas de navet mais de l'ancien mot d'argot panard signifiant vieil homme. Un nanard est donc aussi à l'origine une vieille « croûte » (une vieille personne étant d'ailleurs parfois surnommée un « vieux croûton »), une œuvre que l'on trouve mauvaise et risible car elle est désuète. Ce dernier point est parfois pris en compte, des dictionnaires traduisant nanar par mauvais car démodé (ce qui n'est pas toujours faux d'ailleurs...).
On peut aussi employer le mot nanar comme adjectif dans tout ce qui est drôle car mauvais. Par exemple, parler d'un livre nanar pour un livre qui fait rire parce qu'il est très mal écrit. Dans de nombreuses régions (notamment en Franche Comté), ce mot est rentré dans l'argot des jeunes pour décrire les situations improbables et ridicules. Il est aussi utilisé pour parler de personnes un peu bêtes (avec parfois une drôle d'attitude) et qui nous semblent malgré tout sympathiques.
Citations
- « Il est des nanars qui se bonifient non pas avec l'âge, mais avec le temps qui sépare le spectateur de la vision du film » — Nanarland
- « Le Nanar est plus un état d'esprit qu'un simple genre de cinéma » — Nanarland
- « Le pire n'est jamais décevant » — Claude Lelouch, cité par Nanarland
Nanars volontaires
Certains films sont volontairement réalisés comme des nanars, formes de parodies qui se donnent l'air sérieux sans l'être, et qui se distinguent des nanars « involontaires » par une facture soignée, de la même verve que les films volontairement kitsch qui sont des hommages aux vieilles séries B. Une société de production comme Troma a de nombreux nanars volontaires à son actif.
Articles connexes
- Nanarland, site internet spécialisé dans le nanar.
- Bruno Mattei, réalisateur de nombreuses séries B italiennes, à qui l'on doit notamment Les Rats de Manhattan et Virus cannibale.
- Ed Wood, surnommé « le plus mauvais réalisateur de tous les temps » ; ses films sont considérés comme des classiques du nanar, en particulier le célèbre Plan 9 from Outer Space.
- Godfrey Ho, réalisateur hongkongais de films d'arts martiaux (très souvent impliquant des ninjas) souvent considérés comme des nanars. Il a par ailleurs beaucoup utilisé la technique du « 2 en 1 » qui consiste à utiliser des scènes de deux films différents pour en faire un seul.
- Joseph Lai, qui a travaillé avec Godfrey Ho et qui a notamment fondé la société IFD, responsable de nombreux films considérés comme nanars, dont des films d'animation.
- Menahem Golan, producteur israélien qui produisit et réalisa de nombreux films considérés comme des nanars, parmi lesquels plusieurs films avec Chuck Norris.
- White Fire, film franco-turc considéré comme le plus grand nanar de tous les temps par Nanarland.
- L'homme qui va sauver le monde (appelé aussi "Turkish star wars"), un film turc qui rivalise sérieusement avec White Fire au rang d'ultime nanar selon Nanarland[1].
- Weng-weng, acteur nain philippin ayant joué dans des films très appréciés des amateurs de nanars (parodies de James Bond aux titres évocateurs comme 007 1/2 ou For your Height Only).
- Max Pécas, qui a la réputation d'être un grand réalisateur de nanars français, mais de nombreux amateurs ne sont pas d'accord avec cette idée. Pécas n'a d'ailleurs qu'un seul film chroniqué sur Nanarland, où il est qualifié de « roi du navet » plutôt que de « roi du nanar »[2].
- Escale à Nanarland, émission consacrée aux nanars, diffusée sur le site Allociné
Bibliographie
- Jean-Pierre Putters, Ze craignos monsters (3 tomes), éd. Vents d'Ouest, 1991 - 1998.
- François Forestier, 101 nanars : une anthologie du cinéma, affligeant mais hilarant, éd. Denoël, 1996.
- François Forestier, Le retour des 101 nanars : une nouvelle anthologie du cinéma navrant (mais désopilant), éd. Denoël, 1997.
- François Kahn, Encyclopédie du cinéma ringard : le cinéma de bazar et d'essais, éd. Jacques Grancher, 2004 (ISBN 2733908960).
- Laurent Aknin, Cinéma bis : 50 ans de cinéma de quartier, éd. Nouveau Monde, 2007.
- Laurent Aknin, Les Classiques du cinéma bis, éd. Nouveau Monde, 2009.
- J.M. Erre, Série Z, roman, éd. Buchet-Chastel, 2010.
Notes
Catégories :- Analyse et esthétique du cinéma
- Expression argotique
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