- Mouvements des droits civiques aux États-Unis
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Mouvement des droits civiques aux États-Unis
Le Mouvement des droits civiques aux États-Unis (civil rights movement) se réfère principalement à la lutte des Noirs américains pour l'obtention et la jouissance de leurs droits civiques. Si on peut considérer, dans un sens large, qu'il se réfère à toute lutte pour les droits civiques aux États-Unis, en particulier depuis la fin de la Guerre de Sécession (1861-1865) et jusqu'à aujourd'hui, et comprenant donc l'American Indian Movement, le Chicano Movement, le Black Panther Party, le Black Feminism, la Gay Liberation movement, etc., on entend habituellement par cette expression les luttes menées entre 1945 et 1970 afin de mettre un terme à la ségrégation raciale, en particulier dans les États du Sud.
Il s'agissait principalement d'un mouvement non-violent afin d'accorder l'égalité des droits politiques à tout citoyen Américain. Symbolisé par la figure emblématique de Martin Luther King, un pasteur protestant noir, le mouvement des droits civiques a eu une influence durable sur la société états-unienne, à la fois dans les tactiques employées par les mouvements sociaux, la transformation durable du statut des Noirs américains, et l'exposition publique d'un racisme persistant au sein de la société, en particulier, mais pas seulement, au Sud. Le terme lutte pour les droits civiques est plus spécifiquement utilisé pour désigner la période qui commence en 1955 avec le boycott des bus de Montgomery, en Alabama (ou les Noirs demandaient à avoir accès aux même places assises que les blancs), et qui se termine en 1964 avec le Civil Rights Act, loi qui interdit toute forme de discrimination dans les lieux publics et en 1965 avec le Voting Rights Act qui supprime les examens et autres impôts pour devenir électeur aux États-Unis.
Le Mouvement des droits civiques était composé d'un grand nombre de groupes divers. Au cours de la première partie du XXe siècle, certains mouvements, tels l'Universal Negro Improvement Association de Marcus Garvey, obtinrent de grand succès sans toutefois laisser d'héritage probant, tandis que d'autres, comme les offensives juridiques de la NAACP, créée en 1909, contre la ségrégation gouvernementale, n'ont atteint que des résultats modestes à leurs débuts, avant d'obtenir une conquête majeure par l'arrêt rendu par la Cour suprême en 1954 lors de Brown v. Board of Education.
La lutte pour les droits civiques de 1896 à 1954
Article détaillé : Mouvement des droits civiques aux États-Unis de 1896 à 1954.Après la Guerre de Sécession (1861-1865), dont l'un des enjeux fut l'abolition de l'esclavage dans les États du Sud, le gouvernement fédéral a étendu les droits légaux des Noirs. Le Congrès vota en 1865 le treizième amendement à la Constitution, ratifié par les États, qui abolissait l'esclavage. Celui-ci, néanmoins, n'accordait ni la citoyenneté ni, a fortiori, des droits égaux aux Afro-Américains. Le quatorzième amendement, voté en 1868 et également ratifié, leur accorda la citoyenneté. Les Noirs nés aux États-Unis jouissaient désormais de l'égalité devant la loi, tandis que le quinzième amendement, en 1870, accorda le droit de vote à tous les individus de sexe masculin, quelle que soit leur « race ». Lors de la reconstruction (1865-1877), les troupes du Nord occupèrent le Sud et imposèrent cette nouvelle législation avec l'aide du Freedmen's Bureau (Bureau des Hommes libres). Plusieurs Noirs affranchis occupèrent des positions plus importantes dans la société, y compris électorales.
La Reconstruction prit fin avec le Compromis de 1877 entre les élites blanches du Nord et celles du Sud. Le Compromis appelait au retrait des troupes fédérales, permettant ainsi aux Blancs du Sud (en majorité des WASPs) de réinstaurer des pratiques de discrimination raciale. En échange, ils promettaient de soutenir Rutherford B. Hayes, candidat des Etats du Nord, à la présidence, contre son adversaire Samuel J. Tilden. Nombre de Noirs du Sud ont répondu à ce nouvel état des choses en quittant massivement le Sud, dans ce qui a été appelé l'Exode du Kansas de 1879.
Les Républicains radicaux, qui avaient été en charge de la Reconstruction, ont tenté d'éliminer, au moyen du droit, les discriminations raciales publiques et privées. Mais la Cour Suprême mis un point final à ces initiatives, en jugeant lors des Civil Rights Cases (Cas sur les Droits Civiques), en 1883, que le 14e amendement n'autorisait pas le Congrès à mettre hors-la-loi la discrimination raciale opérée par des individus ou des entreprises privées.
Le mouvement des droits civiques
Article détaillé : Mouvement des droits civiques aux États-Unis de 1954 à 1968.Après l'arrêt historique Brown v. Board of Education de 1954, la lutte pour les droits civiques entre dans une nouvelle phase: d'une part, il s'agit de faire voter une série de lois, qui culmine dans le Civil Rights Act de 1964 interdisant toute discrimination raciale; d'autre part, il s'agit de rendre effectif les nouvelles règles de droit, dans un climat de tensions dangereuses, en particulier au Sud, rétif à l'abolition de la ségrégation. Une série de campagnes sont mises en place par diverses organisations (Freedom ride, Marches de Selma à Montgomery de 1964, etc.), culminant dans la Marche sur Washington de 1963, où Martin Luther King délivre son discours célèbre, I have a dream.
Mais l'arrivée des années 1960 marque aussi le début de la contestation contre la guerre du Vietnam et le renforcement de la culture underground américaine, les beatniks laissant la place aux hippies. Dans ce contexte où s'épanouit la contre-culture, les revendications du mouvement des droits civiques débordent bien vite la lutte modérée prônée par la NAACP, qui se bat pour l'assimilation et sur un terrain principalement juridique. D'autres mouvements, plus radicaux, émergent, tels le Black Power (Malcolm X, etc.), lui-même contesté, à l'intérieur de lui-même et en jonction avec d'autres organisations, défendant le droits civiques pour les Amérindiens (occupation d'Alcatraz en 1969 par l'American Indian Movement) ou les Chicanos (Chicano Movement), par le Black Feminism. Ce dernier relie la lutte contre le racisme à la lutte contre le sexisme et le capitalisme, élargissant ainsi les horizons du mouvement des droits civiques vers d'autres problématiques.
Des organisations telles que le Student Nonviolent Coordinating Committee, pionnier dans les campagnes pour les droits civiques du début des années 1960, se tournent à la fois vers le Black Power et vers la contestation contre la guerre du Vietnam, fédérée au niveau étudiant par la Students for a Democratic Society (SDS), co-dirigée au départ par Tom Hayden. Avant de se dissoudre, la SDS participe à l'élaboration de la Deuxième Gauche, née de l'expérience plurielle et hétérogène de ces années.
Voir aussi
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