Mme d'Etiolles

Mme d'Etiolles

Madame de Pompadour

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Jeanne-Antoinette Lenormant d’Étiolles, marquise de Pompadour
Jeanne-Antoinette Poisson
La marquise de Pompadour par François Boucher (1756)Munich, Alte Pinakothek
La marquise de Pompadour par François Boucher (1756)
Munich, Alte Pinakothek
Naissance 29 décembre 1721
Paris
Décès 15 avril 1764 (à 42 ans)
Versailles
Enfant de François Poisson
et de
Madeleine de la Motte
Conjoint Charles-Guillaume Lenormant d'Étioles
Enfants Alexandrine Le Normant d'Étiolles
Madame de Pompadour par François Boucher (vers 1758)
Édimbourg, National Gallery of Scotland

Jeanne-Antoinette Lenormant d’Étiolles née Poisson, marquise de Pompadour, née le 29 décembre 1721 à Paris et morte le 15 avril 1764 à Versailles, fut une favorite célèbre du roi de France et de Navarre Louis XV.

Sommaire

Sa jeunesse

Son père officiel, François Poisson, avait débuté comme conducteur dans le service des vivres. Remarqué par les frères Pâris, il avait rendu de grands services en Provence, au moment de la peste, mais chargé comme commissaire aux vivres du ravitaillement de Paris pendant la disette de 1725, il avait été accusé de faux marchés et contraint de quitter le pays. Pendant son éloignement, sa femme Madeleine de la Motte, « belle à miracle » avait eu entre autres amants le riche fermier général Charles François Paul Le Normant de Tournehem, célibataire et amateur d’art. Celui ci, après avoir veillé à l’éducation des deux enfants de sa maîtresse, Jeanne et Abel-François Poisson de Vandières, fit épouser à la première, dès qu’elle eut vingt ans en 1741, son neveu Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles. Ses contemporains la considèrent comme assez belle, d’une taille au-dessus de l’ordinaire, svelte, aisée, souple, élégante; son visage était d’un ovale parfait, ses cheveux plutôt châtain clair que blonds. Ses yeux avaient un charme particulier, qu’ils devaient peut-être à l’incertitude de leur couleur, elle avait le nez parfaitement bien formé, la bouche charmante, les dents très belles, un sourire délicieux, la plus belle peau du monde. Elle donne naissance en 1741 à un fils qui meurt en bas âge, puis en 1744 à une fille, prénommée Alexandrine. Sa beauté et son esprit la font connaître et elle devient l'hôtesse des salons cultivés et mondains de Paris. Elle donne des représentations intimes dans le petit théâtre qu'elle a fait construire au château d'Étiolles, où le couple s’installe à côté de Sénart où le roi Louis XV vient souvent chasser. C'est au cours d'une de ses chasses qu'il la remarque.

La maîtresse du roi

La marquise de Pompadour par Maurice Quentin de La Tour (1748-55)
Paris, Musée du Louvre

Proche du père de Jeanne, Joseph Paris avait été exilé de 1726 à 1729 sous le gouvernement du cardinal Fleury. La mort de celui-ci, en 1743 donne l'occasion aux frères Paris, au cardinal de Tencin, à sa sœur la marquise de Tencin et au maréchal de Richelieu de rentrer en grâce. Ce cercle dispose d’une occasion pour se placer auprès de Louis XV. La jeune Jeanne-Antoinette, qui est très proche des Paris, paraît susceptible de plaire au roi. Le stratagème mis en place fonctionne et porte ses fruits en 1745:

En février 1745, Jeanne-Antoinette est invitée à un bal masqué royal à l’occasion du mariage du fils du roi, le dauphin Louis-Ferdinand avec l’infante Marie-Thérèse d'Espagne. Remarquée par le roi, elle devient une visiteuse régulière et Louis XV l’installe au château de Versailles dans un appartement situé juste au-dessus du sien, relié par un escalier secret[1].

En juillet, il lui fait don du domaine de Pompadour, récemment acquis par la Couronne, la créant ainsi marquise, tandis que Jeanne-Antoinette obtient de son mari une séparation légale. Le 14 septembre 1745, elle est officiellement présentée à la cour. Elle a 23 ans. Les milieux dévots d’une part et les milieux aristocratiques conservateurs d’autre part concentrent leurs attaques sur la nouvelle maîtresse du roi, pécheresse et parvenue puisqu’issue de la bourgeoisie et non de la noblesse.

En 1748, la marquise acquiert le château de la Celle, à quelques kilomètres de Versailles. La reine et le Dauphin, appuyés par les milieux dévots, pressent le roi de faire cesser cette relation adultérine notoire et finissent par le faire céder après de nombreuses années de résistance.

Après 1752, si les relations entre le roi et sa favorite prennent un tour platonique, voire simplement amical, Jeanne-Antoinette ne quitte pas la cour pour autant et reste dans l’entourage immédiat de la famille royale alignant sa conduite sur celle qu’avait eu en son temps la marquise de Maintenon.

Elle fournit cependant à son ex-amant des jeunes femmes ou jeunes filles, logées dans la maison du Parc-aux-cerfs, actuel quartier Saint Louis, à Versailles. Les plus célèbres furent Anne Couppier de Romans qui donna un fils que le roi reconnut sans le légitimer (ce qui fit trembler la marquise) et Marie-Louise O’Murphy de Boisfaily, dite Morphyse avec qui il eut une fille

En 1753, Louis XV achète l’hôtel d’Évreux (plus connu aujourd’hui sous le nom de Palais de l’Élysée) et l’offre à son amie pour en faire sa résidence parisienne.

En 1754, sa fille unique Alexandrine, née de son mariage, dont elle avait obtenu la garde et qu’elle élevait depuis telle une princesse royale, contracte une péritonite aïgue dans le couvent parisien où elle est éduquée. Madame de Pompadour, retenue à Versailles, n’est pas présente. Lorsque la nouvelle lui parvient, Louis XV dépêche en urgence deux de ses médecins personnels au chevet de l’enfant mais ils arrivent trop tard. La jeune Alexandrine, âgée de neuf ans, a déjà succombé. La marquise, profondément affectée, ne se remet jamais vraiment de ce drame.

Pendant son « règne » de vingt ans, elle maintient des relations cordiales avec la reine. Mme de Pompadour maintient également des relations avec les ministres et en fait venir dans ses appartements.

Elle appuie la carrière du cardinal de Bernis, du duc de Choiseul et soutient le Renversement des Alliances de la Prusse vers l’Autriche qui se concrétise par la guerre de Sept Ans et la perte de la Nouvelle-France. La légende veut que la marquise, pour consoler le roi très affecté par la déroute de Rossbach, l’aurait exhorté à ne pas s’affliger outre mesure, concluant par ces mots : « Au reste, après nous, le Déluge ».

Epuisée par vingt années de vie, de travail et d’intrigues à la cour, sa santé chancelle ; à Versailles, elle se plaint constamment de l’air froid et humide de ses grands appartements[2], regrettant le petit appartement de l’attique nord, plus facile à chauffer, qu’elle avait occupé les cinq premières années de son installation. Elle meurt d’une congestion pulmonaire, à l’âge de 42 ans le 15 avril 1764 à Versailles, ultime privilège, puisqu’il était interdit à un courtisan de mourir dans le lieu où résidait le Roi et sa cour.

On raconte que considérant le mauvais temps alors que le convoi funéraire de Jeanne-Antoinette quittait Versailles pour Paris, Louis XV aurait fait cette remarque : « La marquise n’aura pas beau temps pour son voyage » et voyant le cortège s'éloigner sans avoir pu rendre officiellement hommage à celle qui avait été si longtemps sa confidente « Voilà tous les honneurs que j’ai pu lui rendre, une amie de vingt ans ».

Jeanne-Antoinette est enterrée à Paris, dans la chapelle du couvent des Capucines[3].

Ses passions

Madame de Pompadour était particulièrement favorable aux philosophes et au parti intellectuel. Les écrivains ont ainsi pu avoir la relative liberté de répandre des idées contestataires en faisant l’éloge du système politique anglais et en prônant une monarchie éclairée. Elle favorisa, par exemple, la publication des deux premiers volumes de l’Encyclopédie de Diderot et D'Alembert pourtant condamnée par le parlement de Paris.

Madame de Pompadour à son métier à tapisserie par François-Hubert Drouais (1763-4)
Londres, National Gallery
Son portrait commémoratif, commencé de son vivant et terminé en 1764 après sa mort.

Arts

La marquise de Pompadour se faisait toujours représenter par des portraits livre en main, à côté d’un globe ou feuilletant une partition de musique... Elle fit travailler de nombreux artisans et permit le réaménagement de la manufacture de porcelaine de Sèvres. Elle fut favorable à la construction de monuments comme la place Louis-XV (actuelle place de la Concorde) et le Petit Trianon. Elle participa également au projet de financement pour la réalisation de l’école militaire aux côtés de son ami Joseph Paris Duverney. Personnellement, elle apprit à danser, graver et jouer de la guitare. Son frère, le marquis de Marigny, fut Surintendant des bâtiments du roi et, à ce titre, l’un des promoteurs du style à l’antique.

Femme de goût, elle n’a peut-être pas eu sur les arts l’influence qu’on lui a quelquefois attribuée. Le style Pompadour était en plein épanouissement avant qu’elle devînt la maitresse du Roi. Mais elle exerce un véritable mécénat par de nombreuses commandes aux peintres Boucher, La Tour et van Loo. Elle encouragea un grand nombre d’artistes comme le peintre Nattier, le graveur Cochin, l’ébéniste Oeben, le sculpteur Pigalle ou encore l’écrivain La Place.

Châteaux

Elle résida ou posséda les châteaux et demeures suivantes :

En 1762, sous l’impulsion de la marquise, Louis XV ordonna la construction d’un nouveau Trianon dans le parc de Versailles. Madame de Pompadour surpervisa elle-même les plans et la construction de ce qui allait devenir le Petit Trianon et devait être sa future résidence à la cour. Mais son décès en 1764 ne lui permit pas d’assister à l’achèvement de son œuvre et ce fut la nouvelle favorite du roi, Madame du Barry, qui l’inaugura à ses côtés et s’y installa.

Chocolat

La légende veut que la marquise de Pompadour ait eu une passion pour la soupe de truffes et de céleri arrosée de tasses de chocolat ambré « échauffant les esprits et les passions ».

Champagne

Grande amatrice de champagne, dont elle aurait dit, selon la légende, qu’il est « le seul vin qui laisse la femme belle après boire »[4], elle favorisa sa consommation à Versailles (il avait été introduit à la cour sous la Régence). Une autre légende veut que la première coupe de champagne fut moulée sur son sein.

Descendance

Madame de Pompadour par François Boucher (1759)
Londres, Wallace Collection

De son mari, Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles, elle n’eut qu’une fille, Alexandrine, morte à l’âge de neuf ans d’une péritonite aiguë et un fils mort en bas âge. La marquise n’eut jamais d’autres enfants.

De sa liaison avec le roi Louis XV, elle n’eut que des fausses couches entre 1746 et 1749.

Le Normant, en revanche, vécut en concubinage avec une danseuse qu’il épousa une fois devenu veuf de la marquise. La famille entière fut emprisonnée sous la Terreur. Charles-Guillaume avait alors 74 ans.

Références

  1. Société des Amis de Versailles – Château de Versailles Appartement Madame de Pompadour
  2. Au second étage du corps central du bâtiment.
  3. Cette chapelle a été détruite en 1806. Elle serait aujourd’hui située à l’intersection de la rue de la Paix et de la place Vendôme (anciennement place Louis-le-Grand).
  4. XVIIIe siècle : Succès et consommation - 2

Bibliographie

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  • Baudel, Pierre-Philippe, Les Beaux Esprits se rencontrent…, Edilivre, 2008.
  • Gallet, Danielle, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Fayard, 1985 ;
  • Lever, Évelyne, Madame de Pompadour, Perrin, coll. « Tempus », 2003.
  • Salmon, Xavier (sous la direction de), Madame de Pompadour et les arts, RMN, Paris 2002.

Filmographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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