- Mixité (éducation)
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La mixité ou dans son sens ancien, la coéducation[1] est l'instruction et l'éducation en commun des garçons et des filles, dans des groupes mixtes. Un groupe de personnes est dit mixte s'il est composé de personnes des deux sexes. On parle de « classes mixtes » à l'école, ou encore de groupes de jeunes mixtes (par exemple dans le scoutisme) ou encore des groupes sportifs mixtes.
La mixité dans les écoles publiques ou privées s'est généralisée dans les années 1960.
Sommaire
Histoire
Scolarisation des filles
Article détaillé : Histoire de l'éducation des filles.L'idée d'éduquer de la même façon les garçons comme les filles procède de d'idée de fournir une même éducation à tous; elle fut formulée pour la première fois par Comenius, pédagogue tchèque du XVIIe siècle.
Les précurseurs : l'éducation libertaire
Parmi les premiers pédagogues à poser en principe la nécessité de la mixité en éducation, et à la mettre en pratique, figurent plusieurs pédagogues anarchistes.
Paul Robin instaura la « coéducation » des sexes à l'orphelinat de Cempuis, qu'il dirigea à partir de 1880. Il partait du principe d'instituer une éducation morale basée sur le sens des responsabilités, le respect de chacun et la solidarité du groupe, comme dans une vie familiale. L'expérience de l'orphelinat de Cempuis fut dans un premier temps soutenue administrativement, en particulier par Ferdinand Buisson. Mais elle subit des campagnes virulentes de la presse catholique, qui parlait de « la porcherie de Cempuis » en raison de la mixité[2]. Sébastien Faure s'inspira de l'expérience de Cempuis pour fonder la Ruche à Rambouillet en 1904.
Francisco Ferrer mit en œuvre les mêmes principes en Espagne en 1901 lorsqu'il fonda la première Escuela moderna. Au début, l'école fut financée par un legs d'une mécène. Quelques années plus tard, plus d'une centaine d'écoles de ce type existaient en Espagne, en dépit du fait qu'elles soient payantes et mixtes, et du poids de l'Église catholique dans ce pays[3].
La « coéducation » dans l'éducation nouvelle
L'éducation nouvelle fit de la mixité un de ses chevaux de bataille au début du XXe siècle, on parlait à l'époque de « coéducation »[4].
L'école de Bedales fut la première école mixte d'Angleterre; en Allemagne ce fut l'Odenwaldschule de Paul Geheeb.
Quand Adolphe Ferrière rédigea en 1918 les « 30 points qui font une école nouvelle », la mixité y figurait en bonne place : il y affirme « 5 - La coéducation des sexes a donné des résultats incomparables. »[5].
Généralisation de la mixité dans les années 1960
En fait les choses ne sont pas aussi simples que l'on veut bien le dire généralement. En effet, selon les types d'écoles les choses sont différentes notamment au cours du XXe siècle. On comprend par exemple que les classes uniques dans des petits villages et dans une France très rurales sont mixtes le plus souvent. On oublie aussi le plus souvent que le second degré de l'enseignement est composé jusqu'en 1959 de Collèges et Lycées mais surtout plus massivement d'Ecoles Primaires Supérieures (jusqu'en 1941) et de Cours Complémentaires. Si les Collèges, les Lycées et les EPS sont démixés, les Cours Complémentaires sont la plupart du temps une classe unique, donc mixte. Dans les années trente des rapports recensent jusqu'à 1/3 de classes mixtes. Mais de fait la généralisation a bien lieu au cours des années soixante-dix, sauf peut-être pour les cours d'Education Physique où les enseignants continuent à démixer assez systématiquement jusqu'aux années quatre-vingt-dix et dans les lycées professionnels où certaines sections mettent en œuvre de très forts stéréotypes de genre.http://trema.revues.org/1064
Points de débat
La mixité des classes est périodiquement remise en question par des livres ou les médias. Lors de ces débats, les arguments suivants sont mis en avant par les partisans et les opposants de la mixité dans l'éducation :
Aspect « moral »
Mixité et sexisme
- Une école mixte doit proposer des activités pédagogiques complémentaires convenant mieux, traditionnellement, à certaines polarités sans qu'elles soient exclusives, la virilité ou la féminité doivent s'exprimer et se discuter librement, surtout pour leurs excès.
- Les écoles mixtes ont pour mission de respecter les polarités naturelles, par exemple dans l'orientation du raisonnement, afin qu'elles soient perçues comme complémentaires dès l'enfance. Elles ont aussi comme responsabilité de respecter les genres masculin et féminin dans leur expression, particulièrement physique, ce qui contribue à l'apprentissage du respect des différences plutôt qu'à l'uniformisation.
- Les enfants qui ont une polarité mal définie, qui se sentent précocement transgenres ou que l’on constate intersexués, ne pourraient pas bénéficier d'une éducation non mixte, car ils ne rentrent dans aucune des catégories habituelles.
Impact sur les apprentissages
- Beaucoup des opposants à la mixité pensent qu'une éducation séparée des filles et des garçons favoriserait leur apprentissage.
Notes et références
- Éditorial du n° 18-2003 de CLIO. Mixité et coéducation par Michelle Zancarini-Fournel et Françoise Thébaud
- Ferdinand Buisson et l'innovation pédagogique : l'exemple de l'Orphelinat Prévost de Cempuis par Christiane Demeulenaere-Douyère sur le site de l'INRP
- Quinze pédagogues, leur influence aujourd'hui. Direction Jean Houssaye, Bordas pédagogie
- La coéducation dans l’Éducation nouvelle Article de Annick Raymond dans CLIO 18/2003
- L’éducation nouvelle : utopies d'hier, innovations d'aujourd'hui ? article de Jean Houssaye
Bibliographie
- La mixité dans l'éducation : enjeux passés et présents Rebecca Rogers, ENS éditions, 2004
Liens internes
- Étude des Genres
- Genre
- Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes
Liens externes
- Dossier de presse sur la mixité
- (en)Site militant contre la mixité scolaire en Anglais
- Interview de Miche Fize sur le site Doctissimo
- La non-mixité scolaire nuirait aux garçons sur sisyphe.org
- Sénat.fr Rapport d'information sur colloque n° 448 (2003-2004) de Mme Gisèle GAUTIER, fait au nom de la délégation aux droits des femmes, déposé le 15 septembre 2004
- dates importantes Mixité et égalité professionnelle hommes-femmes.
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