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Éducation prioritaire en France
Sommaire
Les origines de l’éducation prioritaire
Naissance du concept d’égalité à l’école
Le but de l’école républicaine, obligatoire et gratuite de Jules Ferry était de permettre l’égalité entre les citoyens. Malheureusement ce souci d’égalité s’est avéré impossible à mettre en place par la suite. C’est donc dans un contexte mondial de lutte contre les inégalités dans les années 70 que la notion d’éducation prioritaire fait son apparition. Elle est au départ issue d’un militantisme idéologique. C’est avec le souci de démocratisation du système éducatif et de lutte contre les inégalités sociales qu’apparaît l’idée de relever le défi pour l’égalité des chances. En France, c’est au Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 1er juillet 1981 que la première circulaire sur l’éducation prioritaire, signée par Alain Savary, paraît.
Une première démarche
Alain Savary fait en 1981 un constat alarmant sur l’égalité des chances à l’école. Cette réflexion amène à une prise de conscience sur l’inadaptation du système éducatif et à une volonté de le faire évoluer. Le projet de Zone Prioritaire (ZP) voit le jour. Ce projet veut délimiter les zones géographiques où une action éducative spécifique serait nécessaire et souhaite mettre en place 11 625 nouveaux postes. Chaque ZP doit adopter un projet éducatif propre en concertation avec les différents acteurs de la communauté éducative et les représentants des collectivités territoriales après une « étude préalable de l’ensemble des déficiences éducatives d’une zone et des facteurs positifs sur lesquels peut s’appuyer l’école », précise Alain Savary en 1983. L’idée qui sous-tend cette politique est que « l’inégalité de traitement doit rétablir l’égalité. »[1]En 1988, le terme de Zones d’Éducation Prioritaire (ZEP) apparaît.
Enrichissements de la politique des ZEP
Dans les années 1990, on assiste à différentes étapes :
- La circulaire du 7 décembre 1992 introduit les notions de prévention et de formation de personnels en ZEP.
- La circulaire du 26 janvier 1994 souhaite renforcer la collaboration avec la politique de la ville et insiste sur la réussite de tous les élèves.
- Le rapport Moisan-Simon de 1997 insiste sur les objectifs pédagogiques et le pilotage. Il existe alors 563 zones.
- En 1999, la politique des ZEP est jugée insuffisante. 869 Réseaux d’Éducation Prioritaire (REP) sont créés afin de lutter contre l’isolement des ZEP qui, cependant, restent un noyau central du dispositif.
Trois niveaux de l’éducation prioritaire
La troisième relance de 2006 distingue trois types d’établissements :
- les établissements EP1 : ils font partie des 249 réseaux « Ambition réussite », concentrent les plus grandes difficultés et disposent de moyens supplémentaires ;
- les établissements EP2 : ils se caractérisent par une plus grande mixité sociale et continuent à recevoir les mêmes aides qu’auparavant ;
- les établissements EP3 : ils sortiront progressivement du dispositif dans un délai de trois ans à partir de la décision si les conditions sont remplies. Les moyens seront adaptés en fonction du nombre d’élèves restant en difficulté.
Les objectifs de l’éducation prioritaire
Égalité des chances
L’objectif majeur de l’éducation prioritaire est de promouvoir l’égalité des chances. Les enseignants ont pour mission dès la rentrée 2007 de mettre en place de nouvelles méthodes de travail et de pédagogie afin de permettre la réussite de tous et d’améliorer l’ambiance et la vie scolaire dans les établissements les plus difficiles.
Les projets d’application
- Orientation positive
- Améliorer l’ambiance et la vie scolaire
- Acquérir le socle commun des connaissances et des compétences :
- la maîtrise de la langue française ;
- la pratique d'une langue vivante étrangère ;
- les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique ;
- la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication ;
- la culture humaniste ;
- les compétences sociales et civiques ;
- l'autonomie et l'esprit d'initiative.
- Continuité des apprentissages école/collège
- Renforcer le lien école/famille
- Réduire les écarts à l’entrée en 6ème et à la réussite au brevet : Il faut chercher à réduire les écarts de la proportion d’élèves entrant en 6ème avec au moins un an de retard et l’écart de la réussite au brevet.
- Réduire les écarts entre les établissements : Avec la refonte des ZEP en réseaux ambition réussite (RAR) l’objectif est de réduire les écarts entre établissements « ambition réussite » et établissements hors « ambition réussite ».
Les moyens de l’éducation prioritaire
Les mesures à mettre en place
Selon la circulaire de 2006[2], l’éducation prioritaire doit renforcer la structuration et le pilotage pédagogique dans les réseaux de l’éducation prioritaire ; et renforcer et accompagner les équipes pédagogiques dans les écoles et les collèges des réseaux « ambition réussite ». Aujourd’hui, il faut redonner aux zones d’éducation prioritaires les moyens d’exercer. Cela passe par plus de personnels d’éducation, d’orientation et d’assistantes sociales. A l’échelle nationale, il faut généraliser le travail en équipe, entre les différents intervenants scolaires et assurer un meilleur suivi individuel de l’élève. Améliorer la formation des enseignants semble également nécessaire. À la rentrée 2007, les modalités de l’accompagnement et des aides ciblées sont inscrites dans le projet de l’établissement : des dispositifs de soutien méthodologique et/ou disciplinaire, tutorat, études surveillées ou accompagnées, colles…
Les moyens mis en œuvre
Dans le débat public, la priorité accordée aux ZEP se traduit principalement par des moyens supplémentaires et par des avantages statutaires pour les personnels affectés dans ces zones. Même si la politique de l’éducation prioritaire couvre un champ plus large, il importe cependant de mesurer la réalité de cette priorité dans l’attribution des moyens. Pour la mesurer, il faut distinguer, dans l'attribution des moyens, ce qui est lié à la taille de l'établissement, à la ruralité et à des facteurs tels que la fréquentation des internats et demi-pensions. Pour les emplois d'enseignants, la priorité se traduit par des classes moins chargées (Nicolas Sarkozy a promis de consacrer 1 milliard au soutien des ZEP en leur garantissant « des classes de 15 élèves »), et des postes supplémentaires pour l'animation pédagogique, les remplacements et les décharges de direction d'école. Le surcoût peut être estimé à 8 300 postes pour les écoles et 3 600 pour les collèges. Les aides-éducateurs et les personnels sociaux et de santé sont les deux autres priorités significatives. Presque tous les collèges (98 %) et une majorité d’écoles (57 %) relevant de l’éducation prioritaire ont reçu une dotation en postes d’aides éducateurs. En 2007, les moyens ont été dispersés sur 15 à 20 % des établissements scolaires. Autrement dit, on constate une augmentation des moyens.
Les différents dispositifs
- Programmes Personnalisés de Réussite Éducative (PPRE)
Ils sont étendus au cycle d’approfondissement à l’école et à la 5e et 4e au collège. Ils sont présentés comme l’outil permettant à tous les élèves d’acquérir le socle commun surtout dans le domaine de la lecture. Pour qu’ils soient plus efficaces, il faut de nouvelles façons de travailler, de nouvelles approches pédagogiques : un travail d’équipe qui permet un décloisonnement des disciplines et modifie les pratiques des enseignants. De plus, ils nécessitent de concevoir des outils pédagogiques. Ce dispositif demande du temps pour les enseignants et aussi des moments de dialogue entre la famille et l’équipe pédagogique. Ils permettent également de nouer un lien affectif avec les élèves. Les PPRE représentent 12140 emplois. Cependant, les PPRE posent certains problèmes. On constate en effet un manque de moyens : problème de budget, formation des enseignants inadaptée, manque d’accompagnement pédagogique des enseignants et de temps, suppression de postes. Ajoutons également que les PPRE sont souvent la reprise d’activités qui existaient déjà avant.
- L’École après les cours
Elle consiste en un accompagnement éducatif de 16 à 18 heures et 4 jours par semaine. C’est un dispositif destiné à l’ensemble des collèges de l’éducation prioritaire qui met en place un temps d’aide aux devoirs et aux leçons, activités sportives, ouverture aux pratiques artistiques et culturelles. Participent à ce dispositif des enseignants volontaires, assistants d’éducation ou acteurs locaux ou associatifs
- Les réseaux Ambition réussite
Les 249 réseaux « ambition réussite », mis en place depuis la rentrée 2006, ont pour objectif de répondre aux besoins scolaires de tous les élèves. Cela vise à permettre à ces élèves d’acquérir les connaissances et les compétences du socle commun dans le respect du principe de réussite pour tous. De même, les lycées labellisés « ambition réussite » doivent répondre aux besoins des collégiens issus des établissements de l’éducation prioritaire et des réseaux « ambition réussite ». De plus, l’orientation des élèves doit également être au cœur des projets de ces établissements : « il importe que ces élèves s’engagent autant qu’ailleurs dans des filières d’excellence. »
Mise en place d’évaluations
Des évaluations sur la période 1982-1992 ont été mises en place dès 1980 pour lutter contre l’échec scolaire. L’effet de ces évaluations sur la réussite des collégiens entre 1982 et 1992 reste difficile à évaluer. Au cours de la décennie 90, des indicateurs successifs sont mis en place afin de comparer les résultats en ZEP et hors ZEP, d’identifier les facteurs de réussite des élèves, donnant lieu enfin à des évaluations plus poussées, en CE2 puis en 6ème. La note de service du 8 janvier 1985 demande « la mise en place de dispositifs de suivi et d’évaluation des résultats. »[3]Un guide méthodologique est alors mis à disposition des enseignants afin de faciliter cette évaluation. A partir de 1997,on s’intéresse plus à l’évaluation des ZEP entre elles et non plus en comparaison avec les autres zones scolaires. Depuis 2005, un nouveau contexte d’évaluation apparaît avec les indicateurs LOLF et la circulaire de relance de l’éducation prioritaire
Les limites de la politique de l’éducation prioritaire
Les difficultés rencontrées
- En raison de leurs origines sociales, les familles ne sont pas à même de répondre convenablement aux besoins de leurs enfants en matière d'éducation.
- Les difficultés présentes dès l'élémentaire et le pré-élémentaire ne sont pas assez prises en compte alors que se creusent les inégalités dès la petite enfance.
- Les enseignants ont du mal à percevoir les capacités réelles des élèves, de plus face à la proportion d'élèves défavorisés dans les classes, les enseignants ont tendance à être moins exigeants et donc à diminuer leurs attentes.
- Il est difficile pour les nouveaux enseignants d'exercer dans les ZEP, pourtant plus d'un nouvel enseignant sur cinq débute sa carrière dans l’Académie de Créteil. Le problème de stabilité des équipes éducatives fait qu'il est aussi difficile d'assurer un suivi pédagogique des élèves (près d'un enseignant sur deux aura quitté l’Académie de Créteil dans les trois années qui suivent son affectation).
Un constat d’échec en 2006
Les objectifs de l'éducation prioritaire n'ont pas réussi à combler de façon significative les écarts entre les élèves en éducation prioritaire et hors éducation prioritaire. Ainsi, selon l’Inspection Générale3, en 2006 « les moyens supplémentaires importants - environ un milliard d’euros attribués à l’éducation prioritaire - n’ont pas réussi à augmenter sensiblement les performances des élèves ».
Liens externes
Les origines : http://www.educationprioritaire.education.fr/textes.asp http://www.association-ozp.net/article.php3?id_article=2652 http://media.education.gouv.fr/file/35/7/3357.pdf http://www.association-ozp.net/article.php3?id_article=2654
Les objectifs : Circulaire n°2007-011 du 9 janvier 2007 : http://www.education.gouv.fr/bo/2007/3/MENE0700047C.htm
B.O. n°33 du 11 septembre 2003 : http://www.education.gouv.fr/bo/2003/33/MENE0301905C.htm
Loi d’orientation et de programmes pour l’avenir de l’école, n°2005-380 du 23 avril 2005 : http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/PEEBC.htm
Les mesures : http://www.20minutes.fr/article/175956/France-Redonner-aux-zones-d-education-prioritaire-les-moyens-d-exercer.php
Les moyens : http://www.education.gouv.fr/cid5282/quelle-priorite-dans-l-attribution-des-moyens-a-l-education-prioritaire.html
Les dispositifs : http://www.education.gouv.fr/bo/2007/14/MENE0700833N.htm
Les évaluations : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/es380a.pdf
Les limites : http://www.ac-creteil.fr/zeprep/indic_mode.html
Notes et références
- ↑ La Contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves, Rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation nationale, n° 2006-076, octobre 2006, http://media.education.gouv.fr/file/35/7/3357.pdf [en ligne]
- ↑ Circulaire du 30 mars 2006 intitulée Principes et modalités de la politique de l’éducation prioritaire
- ↑ La contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves, Rapport de l’Inspection Générale d’octobre 2006
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